@love vandeleyTu t’es encore foutu en l’air tout seul. Paumé dans ta tête, à laisser ces putains de penser prendre le dessus et te faire crever à petit feu.
T’arriveras jamais à rien, Bel.
T’aurais aimé essayer, quand même. T’aurais aimé être capable d’essayer un peu, quelques secondes à peine. Mais t’es même pas capable d’engager la bataille - encore moins de la gagner. T’avais même cru avoir trouvé le remède. T’avais eu la naïveté de te dire que l’héroïne allait t’aider. Tu parles d’un effet placebo. Il a suffit de quelques minutes pour que l’illusion parte en fumée, pour que tu comprennes à quel point t’es pathétique.
Parce que t’es pathétique, Bel. T’es pathétique de croire que la drogue était la solution.Parce que t’étais loin, tellement loin quand la crise est arrivée. Tu planais sur ton nuage, au point de te jeter sur ton dealer comme si cela n’aurait aucune conséquence. T’as un beau oublié qui t’étais, hein ? Tu t’es un peu perdu, hein ?
Non. Tu t’es carrément paumé, ouais.
Le pire, c’est que t’as passé une bonne partie de cette crise de panique dans la rue, planqué derrière l’immeuble de Love comme un bon à rien - incapable de respirer correctement pour pouvoir te relever, incapable de trouver un semblant de force pour te pousser à bouger.
Pathétique.
Pathétique.
Pathétique.C’est ce que t’as écris en boucle sur plusieurs des pages de ton carnet à dessin quand t’es enfin rentré chez toi, laissant le crayon se consumer au fur et à mesure des lignes avec lesquelles tu le remplissais. T’as quand même réussi à envoyer un sms à joanne pour lui dire que tu prenais ta journée. T’aurais pas été capable de sortir, pas été capable de bosser.
Et puis les messages sont arrivés en masse une fois ton portable chargé et allumé. T’as cru halluciner au début.
Personne s’inquiète pour toi, normalement.
Ou bien il le font jusqu’à ce qu’ils en aient marre.Tu les as lus. Tous. Sans exception. Jusqu’au lendemain matin, jusqu’à ton réveil, jusqu’à ce que tu te rendes compte qu’ils étaient bien là sur ton écran, jusqu’à ce que tu comprennes que tu n’étais pas en train d’halluciner.
Et ça t’as fait te sentir comme une merde, hein ?
Parce qu’il est inquiet par ta faute, Love.
Putain de poison que tu es.text from bel :i’m ok.
sent at 11:52
C’est une semaine et demie plus tard que le manque t’arrive en plein visage. T’as pensé pouvoir le surmonter les premiers jours.
Bien sûr que t’en es pas capable.
Alors t’es obligé d’y retourner, la queue entre les jambes, les membres tremblant et la visage encore plus blanc qu’il ne l’est habituellement. T’as l’air d’un putain de fantôme sur le point de gerber, de l’ombre de l’ombre de toi-même tellement t’es déjà pas un humain entier.
Tout fait mal, sur ta peau, sur ton corps et dans ton corps quand t’arrives devant chez Love et que tu t’écroules, même pas capable d’aller l’alerter de ta présence. T’arrives même pas à pleurer. T’arrives juste à te laisser tomber au sol et à prier pour que ça s’arrête. Comment t’as pu croire une seconde que tu ne deviendrais pas accro si tu gérais les doses ? Comment t’as pu t’imaginer une seconde que tu prenais une bonne décision ?
Peut-être que t’avais envie de te punir.
Peut-être que t’avais envie de te détruire.
Peut-être même que t’espérais en crever, au fond.
Parce que t’as même pas les couilles de le faire de sang froid.La putain d’ironie dans tout ça ?
Pas d’anxiété pour t’emmerder depuis que t’es dans cet état.
« hey... » la porte qui se referme, le bruit qui se répercute dans ton crâne et sa voix qui vient adoucir les sons trop présents autour de toi. Tu crois bien que t’as gémit un peu - comme un chiot blessé, abandonné. Tu crois bien que t’as été pathétique, encore - à une dose plus poussée qu’habituellement.
« hey » que tu lâches trop vite, à bout de souffle, d’une voix rauque et cassée, encore plus que d’habitude, et qui ne te ressemble pas.
« je… » Trouver les mots serait bien trop facile, hein ? faut bien que t’en chie un peu plus. Faut bien que t’ajoutes à la liste des raisons qui te rendent absolument pathétique.
Pathétique.
Le mot de ces dernières semaines.
Il te définit bien, faut croire.