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 Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada]

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Message Sujet: Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada]   Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada] Empty Sam 23 Nov - 8:53

Des étagères de livres à perte de vue, un temple de la connaissance. Un vieux temple. Pas le genre d'endroit qu'elle fréquente le plus, parce qu'elle sature de cette connaissance et du fardeau que représente tous ces livres bien rangés dans les rayonnages, avec leur reliure ancienne. Néanmoins, c'est un lieu plein de charme et sacrément beau, même si on n’est pas sensible à l’architecture des vieux bâtiments et à l'ambiance du dix-neuvième. C’est le côté bois, les vieilles lampes vertes sur les bureaux, la forme des fenêtres et puis ces étagères qui montent jusqu’au très haut plafond. Les bibliothèques récentes sont tristes à souhait à côté, grises, mornes, répétitives. Qui peut vouloir travailler là-dedans ? Ou même lire ? Alors qu’ici, tu te sens humble et apaisé. Ada, elle y venait régulièrement avant pour bosser ses cours, parce que y’a plus vraiment que ce lieu pour se forcer à y plonger et si elle y vient moins, c’est bien parce qu’elle révise de moins en moins. Elle étouffe. Et elle plonge,se noie même dans les abysses d’une année qui pourrait ne pas se finir avec un carré sur la tête.

Dans une alcôve, elle le voit en train de l’attendre, révisant sans doute ses propres cours parce qu’elle est en retard, comme toujours. Wael. Elle se demande comment il fait pour supporter ce monde en noir, elle qui aime trop poser son regard vert un peu partout pour l'étudier, elle qui adore se perdre dans les objets brillants, dans l'infinité des reliefs d'une boule de verre soufflée, même si c’est archi con comme question. Juste qu’elle ne pourrait pas vivre sans voir, présume-t-elle. Ils se connaissent depuis longtemps, sans vraiment se connaître, la famille Kuhn c’est le genre de celles qui snobent les nouveaux riches comme eux, ce qu’elle peut comprendre vu comment ses parents se conduisaient comme des lèches-culs désespérés avec ses parents à lui tout en les détestant d'être méprisés. Ce dont la jeune femme se fout royalement. Elle a plutôt des bons souvenirs des frères Kuhn et eux, jouant et faisant des conneries à des soirées beaucoup trop chics. Et puis, elle ne les a que peu vu pendant son adolescence et le lycée jusqu’à ce que Wael débarque à Columbia. Ada n’a jamais été spécialement sympa avec lui, d’ailleurs elle ne l’a remarqué dans l’université que bien après la rentrée et n’a jamais joué les marraines afin de l'aider à s'intégrer, pas plus qu'elle ne s'est intéressée de savoir comment il se démerdait malgré son handicape. Surtout que depuis l’an dernier, depuis qu’elle a rejoint la partie Business School elle le croise moins. Jusqu’à ce qu’elle trouve un intérêt personnel à le voir régulièrement : ses compétences linguistiques, en bonne égoïste.

- Holà ! Qué Tal ?

Elle s’annonce en tapotant le mur de l’alcôve et en prenant une grosse voix grave, surjouée, dans une caricature du dragueur latino. Elle prend ensuite place en face de lui, pose son cahier et ses livres, son petit sac à dos sur le dossier de la chaise et bien sûr son téléphone à côté de ses affaires, jamais bien loin. Puis elle pose son regard sur le beau brun un peu pataud et s’arrête subitement dans son mouvement et ses idées.

- Wow, t’as quoi à la gorge ?


Des ecchymoses bien visibles, à se demander s’il n’est pas asphyxiophile, dans cette petite tête à l’esprit fort mal tourné.




@Wael Kuhn
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Message Sujet: Re: Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada]   Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada] Empty Mar 26 Nov - 1:58


No somos... Ángeles, no nos caímos del cielo. La gente que busca el amor verdadero. Gente que quiere un mundo sincero. La gente que unida lo cambiará


Sur le terreau boisé des tablettes de l’amphithéâtre Charles Berlitz éclosent de bien étranges belles-de-jour. De saugrenus végétaux quadrangulaires opalins aux pétales quadrillés, côtoyant de drôles de plantes grimpantes bioniques au chatouilleux feuillage carillonnant, sous le poids de la plus infinitésimale acupression. Détonnant mesclun de modernisme et de classicisme, pullulant dans les steppes et les plateaux de cette élitiste serre. Un incubateur du savoir, où toute une nuée de pépiniéristes en herbe bien nés et des beaux quartiers, écoutent religieusement l’enseignement dispensé dans la langue de Goethe, par l’éminent sylviculteur quinquagénaire bardé de diplômes et juché sur son estrade. Les rosiéristes les plus académiques griffonnent frénétiquement et habillent d’une kyrielle d’abréviations manuscrites la liliale corolle de leurs fleurons. Là où leurs homologues up to date, s’ingénient quant à eux à aiguillonner les ramées de leurs plantations afin que s’épanouissent d’immatériels akènes numériques. Et isolé sur un modique lopin d’humus, couvrant la crête de cette studieuse orangerie, il y a toi. Toi et cette insolite curiosité mécanique, que les profanes seraient en droit de considérer comme étant une loufoque invention, tout droit sortie du fantasque esprit d’un savant fou. L’abracadabrant mariage entre un laptop dernier cri et une archaïque sténotype. Tessons opalescents enlisés sur l’opaque écran inanimé rivé au mur et surplombant le tudesque orateur, ton dixtuor d’empreintes digitales martèle prestissimo les touches circulaires de l’appareil, retranscrivant ainsi scrupuleusement la pléthore d’interprétations à laquelle peuvent être sujets les innombrables éléments symboliques, jonchant l’œuvre wagnérienne de « Tannhäuser ».

Un consciencieux ouvrage, qui s’accompagne d’une incessante symphonie d’antédiluviens cliquetis métalliques, crevant et drapant la vacuité du silence. Arachnéen mémento sonore caressant l’ouïe des individus composant l’assistance et mettant parcimonieusement en exergue ton étique présence. L’assiduité ambiante commence à avoir du plomb dans l’aile. De-ci de-là bourgeonne une flopée de murmures et bruissements épars teintés d’impatience. Tu en déduis que dix-huit heures devrait bientôt se lever en haut des tours et que les trompettes de la délivrance tintinnabuleront incessamment sous peu. L’agitation balbutiante se dissipe dès lors que résonne un compendieux extrait de l’illustre opéra en trois actes du compositeur de Leipzig, en guise d’illustration auditive et de conclusion à ces deux heures de cours magistral. Le séraphique timbre hyalin de Cecilia Bartoli s’enlace à la puissante voix de stentor de Jonas Kaufmann, dans une fantasmagorique harmonie venue d’ailleurs. En lévitation au-dessus des touches du clavier de ta bizarrerie mécanographique, tu rapatries tes empans tannés sur tes quadriceps. Tel une fleur de tournesol flétrie et battue par les intempéries, ton cap ploie mollement vers l’avant. Elle revit devant tes gemmes diaphanes. Comme elle était avant. Avant qu’elle ne se noie dans les ascétiques abysses de la piété et ne s’abîme dans les tréfonds d’une pratique austère de la foi. Radieuse, pimpante, allègre. « Maman » … . Cette femme joyeuse, resplendissante et épanouie, qui s’en est allée le jour où les ténèbres se sont emparées de tes billes boréales. Tu la revois esseulée quand tombait le soir sur l’architectural manoir victorien, niché sur les cimes de votre fief de Cheyenne. Perdue dans l’immensité de la vaste salle de bal déserte. Tournoyant et virevoltant gracieusement tel une sylphide sur des fragments de la « Tétralogie ».

L’éclat du lustre en cristal de Bohème et de l’or des moulures ornant le plafond, qui dansait et paraît de reflets irisés ses chatoyantes robes de chambre en soie chinoise. Les fredonnements de son doucereux grain de voix. Ses cils qui s’entremêlaient et ses lippes carminées qui s’étiraient sur l’ovale de son archangélique minois cuivré. Autant de bribes d’une nostalgie heureuse à jamais perdue qui rejaillissent et te houspillent toujours un peu plus, à mesure que le flot des notes décochées par le duo de chanteurs se déverse dans tes tympans. Membranes cutanées fermement verrouillées afin d’endiguer la crue lacrymale ne demandant qu’à sortir du lit de tes étangs pellucides, tu laisses tes doigts harper rudement l’étoffe chlorée de ton jeans slim ornementé de zips et d’empiècements style motard. Puis tout s’éteint. Se tait. Disparaît. L’ordre et le calme cèdent leur place à l’entropie et à la cacophonie des sièges relevables se retrouvant vacants. Tel un essaim d’abeilles s’agglutinant à l’entrée d’une ruche, l’auditoire converge hâtivement vers la sortie. Soucieux de recouvrer une illusion de consistance et de te ragaillardir, tes narines frémissent sous l’entreprise d’une profonde inspiration chevrotante vivifiant tes poumons. Au sortir d’une longue et tonitruante expiration, tu te risques à relever la tête et t’acquittes de quelques dodelinements afin de te reconnecter à l’instant présent. Explorant à tâtons le dessous de ton assise, tu récupères la sacoche en cuir y somnolant et y confines l’alambiqué appareil aux allures de caisse enregistreuse. Teddy aux couleurs de l’université new-yorkaise revêtu et épaisse tignasse ébène emprisonnée dans un bonnet en laine anthracite, tu passes la bandoulière du paquetage et te relèves indolemment avant d’amorcer avec prudence la descente des escaliers bordant les gradins, en t’aidant de l’extrémité des tablettes écritoires.

Le plancher des vaches regagné, tu traînes malhabilement tes Converses groseilles jusqu’à quitter l’hémicycle. Deux minutes trente d’une précautionneuse déambulation à pas feutrés dans l’enchevêtrement de couloirs de l’aile ouest du bâtiment, te permettent d’atteindre le peloton d’ascenseurs. D’une pression hésitante de l’index, tu cueilles l’un d’entre eux et te faufiles dans la nacelle exiguë. Ereinté, tu n’aspires qu’à retrouver tes pénates, ôter ce factice masque d’alacrité grimant ta frimousse ocrée et t’ensevelir dans toutes les vagues de plis criblant les draps de ton lit. Mais il te faut encore feindre un simulacre de bonheur. Tu as promis à une amie d’hier - que les affres du temps et de l’absence ont métamorphosé en simple connaissance d’aujourd’hui - de mettre à profit ta modeste maîtrise de la langue de Cerventes afin de pallier quelques unes de ses lacunes. La pulpe moite de tes doigts effleure le bouton central de la dernière ligne du pavé numérique. Celui marqué d’un « 0 ». Le cap légèrement mis au nord-est, tu appuies sur le petit disque estampillé d’un « 2 ». L’élévation sitôt amorcée, tu prends ton mal en patience en te balançant d’avant en arrière sur les talons et triturant nerveusement la lanière en cuir léchant ton buste. Une voix robotisée féminine t’informe de ton arrivée au second étage. La cabine accuse un léger soubresaut secouant d’un fugace chatouillis ton bas-ventre. Un tintement de cloche électronique picote tes oreilles, avant que le ronronnement sourd des portes coulissantes ne les tarabuste. L’étroite navette verticale quittée, tu vires à bâbord et évolues lentement en apposant ton avant-bras contre les aspérités de l’enduit tapissant le mur. La porte de ta résidence secondaire poussée, tu laisses le rideau de tes paupières tombé sur tes orbes verglacés et la fragrance du vétuste papier ravir ton sens olfactif.

Poli et rompu à l’art des bonnes manières, tu retires ton couve-chef et passes le râteau de tes phalanges ambrées dans ta dense forêt capillaire fuligineuse sertie électricité statique, afin d’y remettre un semblant d’ordre. Foulant prudemment les grinçantes lattes du parquet en tendant la dextre pour détecter les potentielles pièces de mobilier obstruant ton chemin, tu restes à l’affût d’une éventuelle apostrophe. Le silence est d’or. « Toujours autant en indélicatesse avec la ponctualité ». Silencieux constat que tu dresses en esquissant une labile risette et t’installant à une table nichée dans un petit renfoncement. Veste tombée et délesté de ta besace, tu exhumes des entrailles de cette dernière un trilleur fluo et te munis d’une feuille cartonnée dressant une liste non exhaustive des verbes italiens irréguliers, déclinés à tout les temps et tout les modes. Calots quartzeux échoués sur la ligne d’horizon, tes tiges digitales galopent de gauche à droite sur une ribambelle de points saillants. Les charnues se mouvant en un machinal play-back. Ton facétieux rendez-vous s’annonce en te hélant d’une voix de machistador, gréée à une accentuation hispanique manquant de tonus sur les voyelles ouvertes. Tentant laborieusement d’établir un contact visuel, ton regard d’opale rase sa tempe d’albâtre et s’écrase sur le vélin terni d’une reliure séculaire, entreposée sur un rayonnage juste derrière elle. « ¡ Hola nena ! Esta bien. ¿ Y tu ? Siéntate por favor. », rétorques-tu de ton onctueux timbre de basse en sotto-voce, afin de ne pas troubler la quiétude du lieu. L’intonation ibère souffrant de quelques inflexions résiduelles du reculé Mid-West américain. Tu joins le geste à la parole et invites la grenade dégoupillée à prendre place, en désignant hasardeusement la chaise inoccupée te faisant face. L’infante Sparks-Hope s’installe et dégaine ses affaires, tandis que tu fourgues dans ton classeur la paperasse virginale maculée de vocables ritals.

Une liasse de documents rédigés en espagnol dans la dextre, ta carcasse boucanée se crispe et se fige sitôt que la perspicace sybarite t’interroge quant à la provenance des ecchymoses magenta parsemant le fin derme praliné de ton cou. Un strass de sueur point à la naissance de tes cheveux et dévale ta nuque, avant de louvoyer le long de ton épine dorsale. Pantelant, ton myocarde carotique se met à réaliser d’incontrôlables loopings contre ta cage-thoracique. Chef inclinée, tu réajustes anxieusement le col de ton polo incarnadin griffé « Fred Perry », afin de dissimuler au mieux ces disgracieux stigmates avilissant ton port de tête. Un sommaire raclement de gorge pour t’éclaircir la voix. « Mauvaise rencontre. », expliques-tu laconiquement sur un ton truffé de trémolos, trahissant ta vive et palpable émotion. Les doigts gourds de ta patte tremblotante vacillent et laissent choir le bouquet de feuilles volantes sur le sol lambrissé. Le buste plié en deux, tes paumes erres sur les planches en bois traité et s’affairent rassembler la grappe de feuillets. Maladresse exacerbée par les feux de l’angoisse, ta rotule vient malencontreusement se fracasser contre un pied de la table. Canines implantées dans ton arc labial inférieur et sourcils convergeant vers l’arête du nez, tu ne peux hélas garder captif un lamentable gémissement qui parvient à franchir ton delta buccal. « Tu as le texte que je t’ai donné la dernière fois ? Est-ce qu’il y a des passages qui t’ont paru difficiles ? Ou des mots que tu n’as pas compris ? », demandes-tu comme si de rien n’était sur un ton empreint d’une candeur flirtant sur les rives de la naïveté. Vaine et illusoire tentative pour noyer le poisson et caresser l’espoir de pouvoir ainsi changer de sujet. Une douce chimère s’apparentant à un vœu pieux. A plus forte raison encore, lorsque l’on connaît le caractère pugnace, opiniâtre et tenace de la petite princesse de l’Upper East Side. Non … tu ne t’en sortiras pas comme ça. Toi qui ne sait pas bluffer. Toi qui est incapable de mentir. Toi qui n’est rien d’autre qu’un livre ouvert dans lequel tout à chacun peut lire. Le meilleur comme le pire. Les tourments et les éclats de rire. Les notes et les soupirs.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            


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Message Sujet: Re: Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada]   Columbia University / Brian esta en la cocina [Wael & Ada] Empty Ven 29 Nov - 16:04

Un patchwork de reliures bling-bling, un clinquant d’un autre temps, où visiblement l’on accordait une grande valeur à l’archivage du savoir. Si on peut parler de savoir lorsqu’il s’agit de la Bible - ta mère te tuerait de penser ça - ou encore de tous ces textes de la Constitution - ton père t’étriperait à son tour - et même des romans. Pourtant tu les aimes ceux-là, ils renferment la liberté créative de leurs auteurs, ils t’emmènent ailleurs, en dehors de la cloche de verre familiale. Comme celle de la rotonde où vous vous trouvez actuellement.

Ce dôme de verre façon vitrail, tu t’es perdue dedans de nombreuses fois, contemplant ses majestueuses couleurs, cette œuvre qui devenait impressionniste quand tu fermais tes paupières, laissant ton filet de vision brouiller les losanges bariolés pour ne laisser que de simple points multicolores, façon Van Gogh. C’est d’ailleurs elle, cette voûte arc-en-ciel, qui t’a fait découvrir l’art, puis qui t’as permis de faire le lien entre ta fascination pour les flammes et la création du verre. Elle t’a en effet emmené vers des lectures insoupçonnés, sur l’architecture, sur la peinture, sur le verre, sur les couleurs, et même sur les coupoles. T’as dévoré des livres entiers, pourtant absolument imbuvables, faisant que tu en sais bien plus que tu ne le laisses entendre sur les secrets de cette bibliothèque, sur l’architecture, sur les vitraux, sur le soufflage du verre. De Paris à Venise en passant par Barcelone, tu as découvert autant de réalisations qu’il en existait et tu as même le fait déplacement pour prendre la mesure de leur beauté, telle une véritable passionnée. T’as passé tant de temps à parcourir de ta curiosité assoiffée les rayonnages de cette bibliothèque, souvent au hasard que t’étais devenue une de ses habitantes. La coupole était ton toit. Les livres tes oreillers. Les étagères tes murs. Il y avait des merveilles entre les couvertures épaisses, des choses curieuses aussi. Tu te remémores, amusée, ce bouquin de cuisine du dix-neuvième siècle où tu as trouvé cette recette originelle du cookie de la banlieue New-yorkaise et que tu avais essayé de suivre à la lettre, sans succès piètre pâtissière, avant de la confier à Clotilde, la gouvernante, qui ne se servait plus que de celle-ci depuis. Ce bâtiment recelait tout un tas de trésors, et tu t’imaginais des salles cachées avec autant si ce n’est plus de ces vieux bouquins, des contes oubliés, des histoires délavées. Il y avait un monde infini, autant en connaissances pures qu’en imaginaire, réel ou fantasmé. Tu n’en as entrevu qu’une infinitésimale portion et pourtant tu l’as délaissé, pour les gaudrioles, ou pour t’adonner à l’oubli.

Ada la studieuse, première de sa promotion. Tu as aperçu Wael quelques fois dans ce sanctuaire, il a sans doute entendu ton rire briser l’impérieux silence de ce lieu d’étude quelques fois, ton indélicatesse dans la discrétion qui ne s’est guère arrangée depuis. Même s’il ne doit pas s’en souvenir. T’as arrêté de venir presque du jour au lendemain, lorsque le toit de la rotonde t’as semblé devenir telle la coupole du palais de la musique Catalane, se rapprochant de ta tête comme une chape de plomb étouffante et meurtrière. Tu suffoquais alors que l’angoisse de la fin de tes études te faisait réaliser la fatalité de ton existence. Le diplôme bientôt, demain l’entreprise familiale, hier l’annonce de tes parents, toi l’héritière désormais. Ça te brûlait la gorge et tu rêvais de voir tout ce vieux papier réduit en cendres par les flammes de ton tourment. Dans ce lieu, dans cette coupole, t’as cristallisé toutes tes peurs et c’est sans doute pour ça que t’es toujours en retard pour tes cours du soir, que tu traines des pieds à y revenir, que tu ne supportes plus cette langue ibère qui t’évoque le dôme écrasant ta frêle figure, le trou de vers qui emporte ta vie dans une direction que tu n’as pas choisi, ou encore que tu ne prends plus aucun plaisir à admirer ce ciel arlequin. Peut-être qu’il serait temps que tu ailles affronter cette coupole inversée à Barcelone, la seule que tu n’es pas allée voir et tu pourrais l’inviter d’ailleurs, le beau Wael. Cela ferait partie de ton cursus de rattrapage. Travail de la langue dans le pays natal, entre deux shots de tequila, plutôt que d’étudier des textes pompeux. Les coupoles font parties du passé, le présent c’est l’espagnol, avec ton professeur particulier dont tu sens nettement le malaise à cet instant. Parce que comme toujours tu as mis le doigt exactement là où ça fait mal. Et en même temps, ça prouve que tu te préoccupes des autres parfois et tu pense que ça peut être une bonne chose aussi, notamment dans le cas présent.

- Mauvaise rencontre, t’es sérieux ? Ta voix enrouée prend des accents cristallins quand l’émotion s’en empare. Ça te fout en rogne qu’on ait pu lui faire du mal, même si tu ne le connais pas très bien, les cours vous rapprochent et tu le considères peu à peu comme un ami. Et puis même sans ça, tu détestes juste le principe, qui plus est pour quelqu’un comme lui qui ne voit pas les coups venir. Tu l’aides à ramasser ses feuilles, tout en tentant stupidement de le détendre. Vague tentative de dédramatisation ratée. - Dis moi qui sait que j’aille leur rendre leurs coups. Belliqueuse, il n’imagine pas à quel point, et carrément bornée, pour sûr. Elle ignore totalement sa remarque sur le cours, le texte à travailler, ce genre de chose qui lui passe complètement au dessus de la tête. L’humain est tellement plus important, non ? Et puis, elle serait folle pour ne pas voir que cette histoire le fait se sentir très mal ; sans doute qu’il n’a pas envie d’en parler, comme elle n’avait pas envie de parler de la bijouterie jusqu’à cette sentence maternelle “ n’en parlons plus ” qu’elle a suivi et qui la ronge. Alors c’est sur un ton bien différent qu’elle reprend, grave et posé, le regard perdu sur les alcôves les plus lointaines.

- Je sais que c’est… mais le pire c’est que j’saurais même pas quoi t’dire pour te réconforter... Y’a aucun mot qui m’a fait du bien. Enfin… Y’a eu plutôt des mots pour te faire du mal, en fait et la seule chose qui a soulagé ton âme c’était d’en parler avec un inconnu. “ Et maintenant, je voudrais être libre de faire tout ce que je veux, pourtant j’ai juste la trouille dès que j’suis seule.

Ses doigts se sont trouvés, partageant leurs angoisses en un bruit de friction quasi imperceptible. Chacun a ses traumatismes de vie, celui d’Ada est particulier, néanmoins elle s’est toujours considérée chanceuse dans cette histoire. Elle a vu la mort, et en même temps ce n’était rien, personne ne lui a vraiment fait du mal. Et c’est peut-être ça le pire, tout le monde pense qu’elle va bien de ce fait.

- T’sais que tu peux me parler si t’en as envie… Quand t’en auras envie bien sûr. J’suis pas qu’une traînée fêtarde et égoïste, j’sais écouter et être là pour mes amis. Même si c’est difficile à croire, j’te l'fais pas dire.

Un sourire qui chante, juste un éclat. Ada ne serait pas Ada sans une tentative d’humour pour adoucir cette vie qui ne vaut pas d’être vécu si on ne se marre pas tout le temps. Comme un cheveu sur la soupe, tu sors une boite de ton sac. L'ouverture de l'opercule déclenche immédiatement un délicieux fumet beurré et chocolaté qui réconforte contre n'importe quels maux.

- Tu veux un cookies ? Exquise recette à l'exclusivité des rats explorateurs de bibliothèque (et talentueux en cuisine).
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