when the stars go blue. (warston)

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{ when the stars go blue }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Elle n’a pas beaucoup dormi cette nuit. Elle s’est couchée relativement tôt pourtant, plus que son petit-ami. Mais elle a eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. Beaucoup de mal, surtout, à faire abstraction de toutes ses pensées venues tout droit des ténèbres. Elle ne devrait ressentir que du soulagement, du bonheur, à l’idée de savoir que tout va bien pour son âme sœur. Qu’il est sain et sauf, hors de danger, toutes les menaces enfin écartées. Mais ce n’est vraiment pas ce qui s’est passé. Ce qu’elle réalise, Isabella, c’est qu’il est loin d’appliquer les choses qu’il lui demande, à elle, de faire depuis qu’ils se sont rencontrés. Si souvent, il lui a reproché de le laisser à distance. Si souvent, il s’est opposé à ses moments d’absence. Si souvent, il a voulu s’immiscer dans sa souffrance. Pourtant, quand c’est lui qui a un problème, il décide de le régler sans la consulter. Sans même lui en parler.

Comme si tu ne comptais pas,
Comme si tu n’existais pas.

Comme si elle avait disparu au profit de sa famille. Elle ne comprend pas comment il peut tant insister pour qu’elle lui confie tout ce qui peut bien la hanter… Sans rien lui raconter de son côté. Elle se sent trahie, elle se sent meurtrie. Elle se sent blessée d’être ainsi mise de côté. C’est tellement douloureux, tellement difficile, qu’elle a été incapable d’en faire abstraction. Et elle n’a même pas pu avoir avec lui une véritable conversation. Il ne lui a pas laissé le temps de lui poser la moindre question. Rien, absolument rien, à part de vagues explications loin de tout éclairer. Loin de l’aider à comprendre ce qui s’est passé. Elle a dû accepter son silence, par respect pour sa famille. Elle s’est juste effacée, Isa. Et ce n’est pas bon signe qu’elle s’efface. C’est celui qu’elle prend de la distance. Qu’elle n’est plus prête à lui faire face. Qu’elle lui en veut, à Nikolaï, sans pour autant lui en parler. Il a peut-être remarqué qu’elle n’allait pas bien. Elle peut faire bonne figure auprès des autres. Elle peut parfaitement faire illusion. Mais pas avec lui, certainement pas avec lui. Il la connaît déjà trop par cœur. Ou peut-être que non, car il ne lui a rien demandé, lui non plus. C’est dans le plus grand silence, bien avant lui, qu’elle est partie se coucher. A fait mine d’être déjà endormie quand il l’a rejointe dans le lit. Mais son esprit a continué de se torturer, encore et encore, une bonne partie de la nuit. Sans comprendre comment il a pu lui taire ce qui était en train de se passer. Elle a beau avoir tout retourné dans ses pensées, sa seule explication, c’est qu’il refuse de lui laisser avoir cette place dans sa famille. Peut-être même dans sa vie.

Tu remets vite tout en question,
Mais c’est normal,
Tu n’as eu droit à aucune explication,
Et ça fait mal.

Le matin, aux aurores, il est encore relativement tôt quand elle ouvre les paupières. Les opales réveillées par les premières lumières du jour, elle se redresse doucement dans le lit. Elle veut éviter de le réveiller, surtout si tôt. Elle est encore envahie par les tourments de la veille. Les démons du soir ne la quittent jamais au réveil. Elle se lève pour quitter le lit, pour fuir les lieux, sans un bruit. Mais c’est peut-être déjà trop tard, car il commence déjà à remuer à son tour. Mais elle ne sait même plus, Isa, si elle a vraiment envie de parler avec lui. Elle y a déjà tellement pensé, elle a déjà tellement tout remué. Elle a l’impression que rien ne pourra changer la réalité. Il l’a juste délaissée. Il a juste choisi de la mettre de côté.

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{ when the stars go blue }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Elle ne peut pas imaginer. Elle ne peut même pas imaginer les moments qu’il a traversés. Simplement parce qu’elle n’en a aucune idée. Il n’a rien voulu lui raconter. Rien hormis les quelques explications, trop vagues, offertes par sa sœur. Elle sait qu’il n’était, dans cette histoire, que son accompagnateur. Celui qui a accepté de jouer son rôle de grand frère en affrontant avec elle ses détracteurs. Mais ce n’est pas assez, ce n’est vraiment pas assez pour apaiser son esprit tourmenté. Pourtant, elle n’a pas cherché à lui faire part de son désarroi. Car elle n’est pas comme ça. De celles qui se renferment quand elles souffrent, elle apprend à changer pour Nikolaï mais, cette fois, elle retombe sans mal dans ses travers. C’est à se demander pourquoi elle ferait autant d’efforts, des efforts pour lesquels elle se surpasse réellement, quand lui est incapable de les faire. Quand lui est capable d’aller se mettre en danger, sans même la laisser l’épauler, sans même la tenir simplement informée. Elle ne comprend pas, Isabella, elle ne comprend même pas comment il a pu lui cacher une chose pareille. Lui, n’a même pas supporté quand elle a appris pour la maladie Peyton qu’elle ne partage pas son mal-être. Alors même qu’elle lui a confié ce qui se passait, elle. Et lui… Lui, il ne lui dit rien. Lui n’en ressent pas le besoin. Comme si elle devait s’ouvrir à lui quand il lui cache tout ce qui se passe dans sa vie. Parce qu’elle n’est pas idiote, Isa. Elle a parfaitement conscience que, ces histoires, elles ne sont pas si récentes. Mais il gardé ce silence, il a gardé ces secrets, alors qu’il l’a parfois presque obligée à révéler les siens. L’impression de s’ouvrir, lentement, délicatement, comme une rose fragile devant lui. Pour qu’en fin de compte, il ne lui révèle rien de sa vie.

Et la rose s’est repliée,
Et le cœur s’est renfermé.

Elle ne devrait peut-être pas se refermer, pas si vite. Pas sans lui dire. Qu’il sache, au moins, ce qu’elle peut ressentir devant la manière dont il a agi. Qu’il sache combien elle se sent blessée, combien elle se sent trahie. Mais elle n’a même plus le cœur à le faire. L’impression de devoir être constamment celle qui se révèle. C’est tellement difficile pour elle, bien plus qu’il ne peut l’imaginer. Elle dépasse des barrières douloureuses, même tortueuses, pour lui donner la place qu’il mérite dans sa vie. Et, en fin de compte, elle réalise qu’à la première occasion, il lui montre qu’il est incapable d’en faire autant. Non seulement il n’a pas pensé au mal qu’elle ressentirait si elle avait appris, brusquement, qu’il lui était arrivé quelque chose. Mais, en plus, il n’a pas ressenti le besoin de se confier à elle. Le besoin de tout partager avec elle. Il te l’avait dit, pourtant. Vous devez tout partager. N’avoir aucun secret. Elle a beaucoup de mal à croire en cette vérité, subitement. Alors ce serait trop facile, pour lui, qu’elle tente encore de s’ouvrir. Qu’elle tente encore de lui avouer tout ce qu’elle peut ressentir. Elle ne sait pas réellement comment agir avec lui. La veille au soir, elle a gardé une distance qui ne leur est pas habituelle. Ce matin, à peine réveillée, elle en fait de même. Déjà debout, la belle s’apprête à récupérer son peignoir en soie pour sortir de la chambre. Quand elle entend sa voix briser le silence. Elle aurait préféré qu’il ne se réveille pas, pas tout de suite. Qu’il lui laisse le temps de s’enfuir.

Le temps d’avoir les idées claires,
Le temps de savoir quoi faire.

Il la salue d’une drôle de façon. Comme si elle l’avait volontairement ignoré, alors qu’il y a quelques secondes, il avait encore les yeux fermés. Il doit se douter qu’elle lui en veut, il la connaît, Nikolaï. Mais elle n’a aucune envie de s’expliquer. Aucune envie de se justifier. Tu m’en veux au point de filer sans un mot ? Elle ne se tourne qu’à ce moment vers lui. – Tu dormais encore quand je me suis réveillée. fait-elle remarquer, le ton neutre. Beaucoup trop neutre. Elle pose ses prunelles sur lui, le contemplant de haut en bas quelques secondes, alors qu’il est assis, le regard fixé sur elle. – C’est douloureux ? demande-t-elle, prenant tout de même de ses nouvelles. Parce qu’elle peut au moins s’assurer de cela, au moins s’inquiéter de cela… à défaut d’avoir eu la chance d’être là pour lui avant.

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{ when the stars go blue }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Comme une rose délicate, dont les pétales s’ouvrent lentement, elle a pris le temps. Elle a pris un temps infini à se dévoiler. À lui confier bout à bout des parcelles de son âme écorchée. Elle ne s’est même pas encore totalement révélée, que la fleur se referme brutalement. Elle s’obstine dans son silence au lieu de lui parler comme elle a appris à le faire avec lui. Car elle n’a pas eu le choix, la veille au soir. Il a affirmé vouloir passer la soirée avec sa nièce, avec sa sœur, plutôt que se livrer enfin à l’élue de son cœur. Il a préféré se détendre auprès de sa famille que lui expliquer comment il a risqué sa vie. Elle n’a pas pu décidé, Isa, même si en théorie on lui a demandé ce qu’elle en pensait. Elle était mise au pied du mur, incapable de priver les siens de Nikolaï. Incapable de le priver, lui, de Cassey et Arya. Elle a été contrainte de subir ces heures, toujours sans savoir ce qui s’était passé. Avec l’impression de ne pas avoir le droit d’en parler. Aux secrets qu’il lui a cachés, elle a dû devoir supporter le manque d’explication. Aucune réponse à ses questions. Peut-être qu’elle lui en aurait parlé tout de suite, s’il avait tenté d’avoir ne serait-ce que cinq minutes avec elle. Peut-être qu’elle aurait pu au moins avoir une véritable conversation. Mais elle s’est retrouvée spectatrice de cette soirée, spectatrice de cette famille dont elle ne fait pas partie. Il n’est pas étonnant que, ce matin, elle ne lui saute pas dessus dès le réveil pour l’assaillir de sa curiosité. Elle n’est pas ainsi, Isabella.

Victime de son ignorance,
Coupable de son  silence.

Il ne lui a pas laissé l’occasion d’aborder le sujet. Ce n’est pas maintenant qu’elle va s’y risquer. Déjà refermée, elle ne s’est que davantage repliée. Redevenant la femme qui ne dévoile rien, la femme qui ne se laisse pas atteindre. Elle est déjà prête à quitter la chambre, prête à s’éloigner de lui sans plus attendre. Mais il essaie de lui parler. Comme si, tout à coup, il se souvenait. Il se souvenait de sa présence. De son existence. Un peu trop tard pour la Latina qui ne relève pas ses insinuations. Elle lui demande simplement comment il se sent, pas trop mal apparemment. Elle a bien remarqué les traces d’ecchymoses sur son corps. Elle ne sait même pas qui lui a fait une chose pareille, ni pourquoi, ni comment il s’en est sorti. Elle ne sait rien, en a-t-il seulement conscience ? – Bien, c’est le principal. dit-elle sans y croire elle-même. Elle s’apprête déjà à s’éloigner mais il prend à nouveau la parole. Il se justifie en parlant de Peyton, il ose parler de Peyton. Il met son attitude sous le compte de la maladie de sa sœur. Elle se sent encore plus blessée. Il aurait dû justement imaginer ce que cela lui aurait fait de le perdre, lui, au moment où elle est déjà terrorisée pour Peyton. Comment ne l’envisage-t-il pas ? Mais elle, elle ne dit rien. Elle encaisse sans broncher, parce qu’elle ne veut pas s’expliquer. Elle ne veut même pas lui parler. – Mais tu ne l’as pas fait. Fin de l’histoire. termine-t-elle comme pour clore le sujet. Lui faire comprendre qu’elle n’a aucune envie de se livrer. Ce serait un peu trop facile de lui demander une chose pareille, après l’avoir lui-même totalement mise de côté.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Tout ce temps. Tout ce temps à lui prouver qu’elle peut se confier à lui. Se livrer à lui. Et, en même temps, se délivrer de tous les tourments qui l’envahissent chaque fois, avec lui. Tout ce temps passé à lui apprendre l’amour, le vrai amour. Celui qui ne laisse pas de place aux secrets, celui pour lequel on accepte de tout partager. Cet amour qui ne fait plus d’eux seulement deux personnes distinctes, mais un couple uni, un couple lié. Un couple prêt à tout surmonter. Cela n’a pas été évident pour Isabella, aujourd’hui encore cela ne l’est pas. Il y a toujours cette chose en elle qui l’empêche de se révéler instinctivement. Mais elle la combat, comme une ennemie, elle l’affronte obstinément. Elle le fait pour Nikolaï, chaque jour, elle se dépasse pour lui. Mais il est incapable de lui renvoyer la pareille, incapable d’en faire de même. Incapable de lui montrer que, lui aussi, il a confiance en elle. Que, lui aussi, il a besoin d’elle.

Incapable de te prouver que, lui aussi, il a besoin de toi,
Peut-être parce que ce n’est pas le cas.

C’est ce qui lui fait le plus mal. Terriblement mal. Elle s’est tellement donnée à lui, Isabella. Bien plus qu’il n’a l’air de le réaliser. Bien plus douloureusement que personne ne l’imaginerait. Elle a tout dépassé pour lui, et aujourd’hui elle a besoin de lui. Elle a besoin de lui, mais il n’a pas besoin d’elle. Bien sûr, il est amoureux d’elle. Il est heureux, elle croit, avec elle. Mais il n’a pas besoin d’elle. Il a affronté sans elle toute cette histoire, tous ces problèmes familiaux. Ces problèmes dangereux. Comme s’il était ravi de l’avoir pour les bons moments, mais qu’il ne pouvait pas compter sur elle le reste du temps. C’est peut-être bien la première fois qu’elle a cette sensation, celle que l’on ne veut pas de son soutien. C’est bien pire encore que ce soit de la part de celui dont justement elle a tellement besoin. Elle se demande, Isa…

Est-ce qu’il est seulement capable de tout affronter sans toi ?
Est-ce qu’il n’a pas confiance en toi ? Besoin de toi ?
Est-ce qu’il n’arrive pas à t’imaginer comme une alliée ?
Est-ce que, t’es trop brisée, pour être capable de l’aider ?

Ce sentiment désagréable en elle, celui de ne pas être à la hauteur. Ne pas être capable de lui donner autant qu’il peut lui donner. C’est bien ce qu’il doit penser, au fond de lui, pour l’avoir écartée. Et toute leur relation, qu’elle remet subitement en question. Parce qu’elle est vulnérable, Isa, bien plus qu’elle ne le laisse penser. Écorchée vive, elle peut si vite se refermer. Se laisser à nouveau sombrer. C’est peut-être pour cette raison qu’il a préféré ne rien lui dire. Il sait qu’elle est trop fragile. Mais il n’y a rien de plus douloureux que ce sentiment d’exclusion. Elle est blessée, trop meurtrie pour parler. Incapable de se confier. Elle veut juste s’éloigner, de lui, le fuir au plus vite. Elle lui fait savoir, mais il n’abandonne pas. Il insiste comme s’il ne voyait pas qu’elle n’a aucune envie d’avoir cette conversation. Comme s’il ne voulait pas le voir. La seule chose qui empêche la Latina de quitter la pièce, c’est son sens de la diplomatie. Elle ne peut pas lui tourner le dos alors qu’il s’adresse à elle. Elle ne comprend pas ce qu’il attend, en lui disant qu’il la comprend. Peut-être qu’il essaie de la rassurer, c’est peine perdue. Elle ne l’écoute déjà plus. Une inspiration qu’elle prend, lentement, pour garder contenance. – Nikolaï, qu’attends-tu de moi ? Non, il n’a pas voulu l’exclure. Il l’a fait par instinct, simplement parce qu’il n’en avait pas besoin. Pas besoin d’elle.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Toutes ces choses qu’elle pense tout bas. Toutes ces choses qu’elle ne dit pas. Elles sont là, dans l’encre de ses yeux. Dans chaque parcelle de son corps si fermé alors qu’elle tente de fuir Nikolaï comme elle peut. Il y a toutes ces remises en question qui commencent déjà à ronger son esprit torturé. Il y a toute cette déception envers lui, mais aussi, contre elle-même cette culpabilité. Mais c’est surtout la souffrance qui domine toutes ces émotions en elle. C’est cette souffrance qui la pousse à se replier si vite sur elle-même. Parce qu’elle a soudain l’impression qu’ils ne sont pas aussi fusionnels qu’elle le croyait, parce qu’elle a soudain le sentiment qu’ils sont comme les autres histoires qu’elle a partagées. Il s’est comporté, lui, comme elle l’aurait fait avec n’importe quel autre homme que Nikolaï. Elle l’aurait mis de côté, elle l’aurait écarté de ses problèmes de famille. Elle aurait préservé sa vie privée, comme elle l’a toujours fait. Son existence lui a appris à protéger ses arrières, Isabella. Elle n’offre pas facilement sa confiance, elle met un point d’honneur à conserver son indépendance. C’est ce qu’elle a toujours fait, c’est même certainement pour cette raison que ses relations n’ont jamais beaucoup duré. Elle s’est isolée avec tous, y compris son ex-mari. Mais ce n’est pas ce qu’elle a fait, avec lui. Elle ne tente plus de se protéger, plus avec lui. Elle se laisse aller, pas toujours instinctivement, mais elle accepte réellement de se livrer. Elle a accepté de se donner à Nikolaï, parce qu’il est différent de tous les autres. Ensemble, ils sont différents de tous les autres. Tout du moins, c’est ce qu’elle pensait.

Les démons qui ressurgissent,
les ombres qui l’envahissent,
il essaie de la retenir,

Mais elle est déjà trop loin, Isabella.

Elle n’a aucune idée de ce qu’il essaie d’obtenir avec ses paroles. Une rédemption, peut-être, mais elle n’a pas formulé le moindre reproche. Ou tente-t-il probablement d’effacer cette froideur persistante. Elle cherche à comprendre ce qu’il attend d’elle en poursuivant cette conversation tout seul. Voudrait-il qu’elle lui pardonne son ignorance ? Qu’elle abatte simplement toute cette distance ? Elle ne sait pas ce qu’il veut, Isa. C’est même ce qu’elle finit platement par lui demander. Mais c’est le silence qui vient lui répondre, pendant plusieurs secondes. Les mots qui viennent ensuite sont loin de lui apporter des réponses. J’ai besoin de toi. Il veut juste la rassurer. Ses opales viennent s’accrocher aux siennes sans rien dire, alors que lui insiste. Il semble même avoir compris qu’elle pense le contraire. Peut-être parce que c’est précisément ce qu’il a démontré dans ses actions. – Tes paroles ne vont pas avec tes actes. Et, il le sait, ce sont les actes qui comptent pour Isabella. Loin d’être de celles qui s’étendent dans les discours, elle a toujours préférer prouver ce qu’elle ressent plutôt que l’avouer. C’est plus facile pour elle, mais cela a également plus de valeur. Il peut bien prétendre ce qu’il veut, Nikolaï. Cela ne change pas le fait qu’il a décidé de la mettre de côté. Sa main qui saisit fébrilement une mèche de ses cheveux pour la glisser derrière son oreille, la belle baisse la tête un instant avant de reposer finalement ses prunelles sur lui. – Sincèrement, je ne sais pas quoi te dire. Comme une manière de lui faire comprendre qu’elle veut mettre un terme à cette conversation. Pourtant, c’est faux, elle sait ce qu’elle pourrait lui dire. Elle aurait plein de choses à lui dire. Elle s’est juste beaucoup trop repliée pour lui confier tout ce qu’elle peut ressentir.