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 breath in deep and cleanse away our sins _ cahal

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Message Sujet: breath in deep and cleanse away our sins _ cahal   breath in deep and cleanse away our sins _ cahal Empty Lun 28 Oct - 18:26


Tu l’as fait venir jusqu’à toi. On ne peut pas vraiment dire que tu l’aies convoqué, dans son prisme à lui, ça n’existe pas. Comme l’on aurait bien du mal à te convoquer quelque part en vérité. Vous avez cette habitude, qui consiste à régner et quand deux têtes couronnées se rencontrent, c’est l’aube dorée de l’alliance ou le crépuscule sanglant de la guerre. Vous avez choisi de vous allier, cela fait des années maintenant. Peut-être n’était-ce même pas un choix, toi tu te dis que c’était une foutue destinée. Parce que tu as fini par ne plus savoir vivre uniquement de ta musique, aussi stellaire fusse-t-elle. Et lui, et lui, il était sur la route de tes autres affinités. Celle de la débauche, et de la came. Tu as pris prétexte de lui montrer, les installations, le nouveau matos. La qualité un poil plus médiocre de la cocaïne que les colombiens ont fait passer. Tu as tenu à le prévenir, même si Marco a déjà sévi de son côté. Mais ce qui te chagrine, ce qui te donne l’envie de hurler, c’est ce type, qui fraye sur ton territoire à la nuit tombée. Un parasite sur tes terres brûlées. Hier encore, sous l’aplomb de la musique, tu l’as distingué dans la foule, tu l’as désigné à Gregory et il t’a conforté dans ton impression. Ce type-là croit qu’il peut dévoyer vos clients, sans vous être rattachés… Il croit que le couvert de la foule trop nombreuse et trop dense vous empêche de le considérer. Ça pourrait être un type comme un autre, un mec sans importance, qui aborde les filles, les mecs, pour discuter, ou sympathiser. Mais tu as appris à les reconnaître, les types nerveux, et trop assurés de leur légitimité. Tu remontes l’escalier, Cahal est devant. Tu lui dis de continuer, de gagner l’étage VIP, qui consiste à une sorte de passerelle métallique, qui joint différents espaces, au-dessus de ce que tu nommes la fosse. Les corps s’agitent en dessous, et vos pas sont assourdis par les basses, ça résonne dans ta cage thoracique, et tu aimes ça. Vos silhouettes sont masquées par les projecteurs, qui se braquent sur les muscles luisants de transpiration. T’attends de gagner ton perchoir, ton poste d’observation privilégié, pas très loin de la régie. Une sorte de bureau, avec un canapé qui a vu quelques filles souvent consentantes. Parfois pas tant que ça… Il n’y a que vous deux ce soir, et tu ouvres la porte coulissante qui te permet de voir en contrebas, le vide, la foule, les couleurs criardes des néons. Tu lui sers un verre. Un irish, tu n’as pas besoin de demander, tu picoles la même chose. Et tu cesses de parler business un instant, de l’installation à rôder, et des types qu’il te faut recruter. Tu cesses de parler calendrier, et des jours où Morgan doit venir récupérer la cargaison. Tu t’arrêtes, avant de faire un signe du menton, en direction de l’enfer tout en bas.
_ Le mec, avec le blouson bleu. Tu l’vois ?
T’as pas besoin d’en dire plus que ça, parce que ton timbre est assombri, et ça ne provient pas uniquement du hard-rock qui rugit tout autour de vous, non. Tu ajoutes, avec un petit sourire en coin, et l’agressivité de ton caractère en bandoulière. Car il ne faut pas te chercher non, il ne faut pas frôler les moments où tu es comme ça. À la limite. À la marge. De tes humeurs vagabondes.
_ Ça fait trois soirs. Trois soirs de trop. Je veux qu’il disparaisse, qu’importe comment. Et les noms de ceux qui l’envoient.
Et tu zyeutes dans sa direction, car le sang appelle le sang, et que tu en as la saveur inique sur la langue. Tu ploies la nuque, comme pour en chasser une raideur due à la haine qui grimpe petit à petit dans tes nerfs.
_ Fais ça pour moi Cahal, pour nous, et j’dormirai mieux. Tu sais que j’ai besoin de dormir.
C’est sourd et trouble. Parce que c’est un soir comme ceux-là. Où tu as envie de descendre. Et de chopper le gars devant tout le monde, pour serrer, serrer. Les os, et les briser. Puis de déchaîner Arès sur sa jugulaire. Cahal, c’est presque le seul à l’avoir senti, immédiatement, cette étoffe enflammée qui te constituait. Il sait, il sait. T’ajoute alors que ton souffle se tend :
_ Si tu fais ça, alors ça ira mieux. Oui ça ira mieux.
Car en ce moment ça ne va pas. C’est un soir comme ça. Un soir comme ça...
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Message Sujet: Re: breath in deep and cleanse away our sins _ cahal   breath in deep and cleanse away our sins _ cahal Empty Mer 30 Oct - 21:08

et le roi patiente en haut des marches. c'n'est pas son royaume qu'il surplombe mais celui d'un autre souverain. moins de traits tyranniques sur son visage mais l'efficacité aiguisée et l'regard moins serein. l'irlandais a la fâcheuse manie d'faire confiance qu'au sang et les émeraudes se parent toutes d'la même hémoglobine. il paraît.
alors cahal poireaute sans broncher, droit comme un i en surplomb des escaliers. ses rétines observent, calculent, repèrent. elles errent dans la foule en contrebas à la recherche d'un peu d'adrénaline à ingérer. mais il n'y a rien qui éveille du corbeau l'intérêt. rien qui dans ses veines fait frissonner l'illégalité. l'commun des mortels en pleine jouissance de futilités le laisse d'un marbre glacial. d'une indifférence impériale.

une silhouette se dessine entre les néons un peu plus bas. l'pas cadencé du type qui tient les rênes et la peau diaphane des âmes qui naissent dans les mousses irlandaises -à piétiner ou à déguster. l'ombre le salue et l'invite à rejoindre l'antre d'leurs magouilles déjà bien établies. cahal s'exécute -douce ironie- et sa démarche ouvre celle de son hôte qui semble pressé. qui trépigne derrière le long manteau du plus âgé.
une porte qui s'ouvre, des murs qu'il reconnaît, un verre entre ses mains abîmées et la longue mélodie qui reprend. deux semaines qu'ils n'avaient pas causé d'leurs royaumes en symbiose provoquée ; symbiose pourtant fragilisée par les mensonges de celui qui n'a d'cesse de s'agiter.
ciarán tourne dans sa cage à en compromettre la stabilité du corbeau qui l'épie. il tourne et vire avant d's'arrêter et d'faire vriller ses mâchoires vers la vitre teintée. mcgrath s'empare d'une gorgée d'plus et fait un pas vers la foule à la demande maquillée du brun énervé. hum, il confirme l'intru repéré. l'gars qui s'faufile entre les loupiottes colorées. qui passe du vert au rouge dans lequel il finira par suffoquer. qui s'octroie quelques mouvements d'bras anarchiques lorsqu'une naïve l'darde d'un regard suspicieux. qui joue l'rôle du gars alcoolisé alors qu'dans ses poches brille tout l'or qu'plus grand lui a confié.

cahal avance un poing et l'index pointe l'inconscient bien en vue. le même que les autres soirs, t'es sûr de toi ? question protocolaire pour un ami dont il connaît la fidélité et surtout les intuitions régulièrement avérées. les irlandais n'tuent pas pour plaisanter. il n'tuent pas pour voir l'temps défiler. ils préfèrent s'assurer qu'la mort vaut la peine d'être provoquée. éviter les conflits inutiles et les quiproquos insensés entre deux meurtriers qui se s'raient coupé l'herbe sous l'pieds.
parce que t'en as déjà une au-dessus du crâne, une sale épée qui n'arrête pas de tourner.
ces sales représailles en filigrane, depuis qu'ta flingué ta fiancée.
depuis qu'ta flingué la fille d'un type qu'tu voulais d'ton côté.

l'irlandais sort de sa poche la boîte métallique qui retient l'cancer en otage. un tube dont il s'empare et l'reste qu'il refourgue sur la table à côté. le bruit d'une allumette qui craque et la nicotine qui s'embrase. ça ira mieux ciarán, première inspiration d'cette clope dégustée, je connais quelqu'un qui aime supprimer les indésirables. et mcgrath s'prend à penser à son p'tit protégé. prodige des lames et d'la bidoche à disséquer ; pointer là où la douleur hurle mais où la mort se tait. amen, ils n'ont plus rien à espérer.

une idée des gueules au-dessus de lui ? la clope danse entre ses lippes au son d'sa voix. avant qu'il ne revienne au brun qui n'a pas cessé d'agresser d'ses rétines le rat qui rampe juste en bas. tes nuits sont courtes, je m'trompe ? cahal rebondit sur les mots d'son ami. comprendre à cela ; qu'est-ce qui s'passe mon vieux ?
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Message Sujet: Re: breath in deep and cleanse away our sins _ cahal   breath in deep and cleanse away our sins _ cahal Empty Dim 17 Nov - 19:21


Sur les derniers mots qui quittent tes lèvres, la tête d’Arès se soulève de ses pattes élégamment croisées. Il les sent lui aussi, la fièvre et puis ce feulement qu’on exulte au combat. Il tend son museau, histoire de t’encadrer de son regard noir, comme s’il te peignait dans une fresque que lui seul saurait voir, et puis son attention revient, latente, sur Cahal. Le doberman ne bronche jamais lorsque l’irlandais est dans les parages, sa présence seule semble l’apaiser, toujours déposer un baume sur sa nature rendue nerveuse, en symbiose avec son maître. Dans les yeux du clébard, il y a une sorte de respect, qui glisse sur la silhouette rigide d’un autre humain qu’il a appris à tolérer. Et à compter comme un allié. Ces trucs-là, semi mystiques, entre les bêtes et les hommes, ça se noue dans le silence le plus sépulcral, celui qui semble vous étreindre après que tu as désigné la victime de votre futur jeu de massacre. Car c’est un jeu. C’est un jeu oui, et vous en dénoncez les règles pour mieux les trahir parfois, tant que vous demeurez au sommet. Et que les McGrath restent les leaders des trafics que vous manipulez. Mais ta nervosité, qui va croissant dans cet espace trop confiné, ça te démange, ça te ploie. Il y a les muscles qui jouent sous la peau marquée de tes omoplates. Marquée par elle, par sa soif, et ses ongles trop rouges. Marquée par la trahison que tu portes comme une croix. Sauf que c’est pas toi le traitre, non, c’est pas toi. Derrière la vitre qui déguise vos manigances, tu opines sombrement, tes yeux ne lâchent pas la proie, et tu penches ta tête comme l’animal que tu es avant d’ajouter :
_ Certain.
Sûr, jusqu’à tes nerfs qui crissent de cette infamie. C’est ton monde ici, ton monde. Celui que tu as ouvert à tes alliés devenus des amis, et qui ne souffre aucunement l’engeance de la concurrence. Tu t’énerves pas, contre Cahal, et sa méticulosité. C’est le job qui veut ça, et votre entente tacite qui implique toujours de ces mots sentencieux, entre deux gorgées d’alcool. Ta langue se silence derrière une grande lampée, mais pas pour très longtemps. T’as la bougeotte dans les pieds, tu tournes un peu, tu cherches dans la poche de ton jean noir, puis à défaut d’extirper ton propre paquet, tu choisis de piller celui de Cahal. La vérité c’est que t’en es pas à t’enfiler des lignes juste sous son nez, t’es déjà assez nerveux comme ça pour en rajouter. Sa voix, son timbre qui a les coloris suaves du whisky que vous dégustez, ça t’apaise un peu. T’es du même bois que le chien, une bête qu’a besoin d’un maître, et qui pourtant n’a jamais toléré bien longtemps d’en avoir un. C’est peut-être pour ça que ça marche entre vous, y a un pouvoir, y a un partage aussi, et y a pas le besoin de domination. Ce serait risible, et inutile. Tu inspires plus vivement que lui, une saccade dans la fumée que tu recraches en bredouillant :
_ Parfait, c’est parfait.
Qu’il ait mal surtout, qu’il ait mal. C’est ce que tu penses, c’est ce que tes gestes trahissent d’ailleurs, comme si les ombres exhalaient leurs élans de nuisance depuis la moelle de tes os. Tu finis par te poser, comme vaincu par tes idées, et tu passes une énième main dans tes cheveux, en clopant encore, rencogné dans des attitudes qui viennent de ta vie d’avant. Un brin suffisant, manque les lunettes noires et le tableau sera complet. Tu as songé, longuement. Tes insomnies ont été pavées de théories, d’abord alambiquées, puis de plus en plus resserrées autour de la vérité. Pour peu qu’elle puisse survivre dans votre milieu… Mais t’es presque persuadé de l’identité de ceux qui viennent rogner peu à peu l’empire que vous gardez avec la jalousie des fauves. T’inspires, la nicotine, et puis le calme que tu tentes de restaurer dans ton bide en plein manque :
_ Mes nuits sont inexistantes. Y a des phases comme ça, où tu regardes le temps défiler. Tu sais… Et puis tu crois y trouver des issues quand y en a plus. Y en a plus pour des gars comme nous. Faut regarder par dessus son épaule et accepter le vide qui continue…
Tu fais un geste ample, comme si tu dépeignais une sorte d’apocalypse qui, t’en es sûr, doit bien débouler dans ses insomnies à lui aussi :
_ … et continue encore de tout dévorer. Tes croyances, ton putain de passé. Tout. Faut accepter le vide.
Et accepter de plus pouvoir y pioncer. Car c’est incompatible. Et tu peux pas lui dire ce qui te ronge en plus du reste, Frida, ses appétits, les vôtres, et le marasme dans lequel vous vous enfoncez. Tu peux pas lui dire non plus que tu sais pour Ava, et que c’est la ligne que tu as tracée, une partie du vide et de l’effondrement de ton existence. Et que tu crèverais plutôt que de la donner. Et t’aimerais lui expliquer, que tout ça ça change rien, à ce que tu penses d’eux, des McGrath, et de l’admiration que tu nourris. Sauf que ça change tout, t’es pas con, tu le sais très bien. T’es perdu, Ciarán, t’es foutu.
_ Et qu’un connard puisse convoiter ce qu’on a, ça arrange rien à tout ce bordel. Rien. J’ai des suspicions, des vraies. Y a quelques mois, Marco m’a dit que les Keys, tu sais, le gang de portoricains qui se jouent leur revival des fusillades du temps de Capone à Chicago. Bah ils sont là. A grouiller comme des rats dans nos zones d’ombres. Ils sont à New-York depuis quelques mois… Et visiblement c’est pas pour se pamer d’vant la ville et son panorama. C’est pour nous casser les couilles. Y a des putes à eux sur les trottoirs maintenant. Il paraît même qu’elles crèvent si elles veulent en déguerpir.
Tu hausses les épaules, tu t’en tapes des putes et de leurs cadavres putréfiés. Ça n’est pas ton problème.
_ Si ça s’arrêtait à la prostitution on aurait pu s’en accommoder.
Mais la came ça va trop loin, tu sais qu’ils sont en train de jouer eux aussi, et de tâter le terrain pour savoir comment et surtout quand déclencher les hostilités. Tu grognes, sèchement :
_ Je m'attends à ce qu'Ellis me dise un de ces jours que les colombiens ont reçu une meilleure offre. Une offre empoisonnée.
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