beautiful liar. (ismaël)

Elle a l’démon en elle.
Le mal qui se propage à chacun de ses pas sur le bitume de cette ville ravagée d’inégalités. Elle s’perd dans les dédales de sa mémoire, elle retrace chaque mots qui a fracassé l’silence pour trancher sa peau comme des dagues. L’monde est noir ce soir, et l’bruit des clefs dans la poche de son pull l’emmerde. Cami c’est qu’une étoile prête à exploser la voie lactée d’sa rage qui redouble d’intensité.
Elle veut pas l’voir. Elle veut plus l’voir.
Non, elle veut l’voir. Toute cette nuit et toute la vie.
Elle se contredit elle-même, s’laisse emporter par ses désaccords internes et ses discordances sentimentales. Ce soir elle mettra un terme ou elle retombera dans ses travers. La gosse est foutue, la gosse s’est dévoilée. Et la gosse n’assume plus de ne plus être un désir. De n’être qu’une réalité insipide et si banale. Cami, l’paradoxe invivable, tiraillée entre le noir et le blanc, le oui et le non. Protagoniste d’une histoire sans fin dont elle fait subir ses déboires à qui ose l’approcher. Au fond elle se sent coupable, la honte infeste le pantin comme une vulgaire poupée de bas quartier. Elle est ruinée Cami, souffre le martyr de s’imaginer être sans lui. D’une amitié d’or et d’un amour fragile il ne restera rien. Qu’des poussières dans un désert de souvenirs. Toquer à la porte est la première épreuve, elle retient sa respiration quand la porte s’ouvrir. Salut. sèche et froide, elle cultive avec ardeur ce goût de la tragédie. Sa main s'colle au torse en face d'elle. Tiens tes pauvres clefs de merde, t’en feras cadeau à ta meuf, ton plan cul, la pâle copie d'moi que tu te trouveras, j'm'en branle. elle le regarde avec rage, les doigts qui lâchent intentionnellement les clefs sur l'sol. Bon. J’vais pas rester ici plus longtemps.Tu penseras à supprimer mon numéro aussi, parce que je veux plus te parler. Ni voir ta gueule ni rien. Elle y croit même pas, se noie dans ses mensonges alors que la seule envie qui la tiraille c’est d’rester encore cette nuit.

Elle frappe à la porte.
Le feu au corps il se lève.
C’est qu’il avait eu le temps de ruminer le blond. Qu’il avait jeté son portable à l’autre bout de la pièce, dégommant sur son passage ce qui se trouvait sur le bar. Qu’il l’avait insulté de tous les noms avant de se vautrer comme une merde devant une nouvelle émission de télé réalité. Il avait vrillé Ismaël, sans la moindre raison. Ses idées noires devenant beaucoup trop envahissantes. Il l’avait attendu de pied ferme. S’enfumant la gueule à coups de nicotine, avalant d’une traite un ou deux verres de whisky.
Et maintenant, il ouvre la porte l’héritier. Le regard noir et un vieux sourire en coin accroché aux lèvres. Il la regarde, Cami et son visage fermé, sa mine de gosse boudeuse, ses mots d’un froid glacial. Il encaisse le coup qu’elle lui file contre le torse, les clés froides s’impriment presque sur sa peau à travers le t-shirt et il arque un sourcil. C’est qu’elle était sérieuse. Que la gamine veut faire valoir ses droits. Elle se met à son niveau, comment à sortir des phrases qui ne prennent pas sens dans le cerveau malade du blondinet. Ce n’était qu’un caprice parmi tant d’autres. De ceux qu’il avait toujours fait, depuis son plus jeune âge. L’gosse voulant toujours être sous le feu des projecteurs, en toutes circonstances. Il s’était senti délaissé Sartier. Et ce soir, c’est pour toujours qu’elle veut l’abandonner.
Il ricane l’imbécile.
vraiment, tu vas te barrer là ?
Il se baisse, ramasse ses clefs pour la forme, avant d’les jeter dans le loft sans plus de cérémonie.
pourquoi t’es toujours là alors ? vas-y, bouge.
Dans ses yeux, y’a que la lueur du défi qui y danse. Parce que dans l’fond, il sait, qu’il la laissera pas se traîner jusqu’au bout du couloir, que l’ascenseur elle en verra même pas la couleur. Appuyé contre l’encadrement de la porte, il donne un coup de menton en l’air et elle veut se faire la malle Cami alors il la suit dans le couloir, la dépasse même, se poste devant elle. Les idées en vrac, parce qu’il ressent le manque de plein fouet. Il a le cœur qui cogne dans sa poitrine, les sourcils froissés. Il ne dit rien. Il agit plus vite que ses connexions neuronales. Son corps qui s’avance et ses lèvres qui saisissent les siennes, ses mains qui suivent la cadence et s’accrochent à ses hanches, descendent sur ses cuisses pour la soulever et emmener son dos heurter le mur le plus proche. Il ne quitte sa bouche qu’après avoir aguicher sa langue, ses azurs s’accrochant aux siens.
ça va, vient les récupérer, tes clefs. il murmure, et de toute façon, j’le connais par cœur, ton numéro,
A vrai dire, il lui laisse pas l’choix, puisqu’il marche déjà jusqu’à son appartement, la brune qu’il porte comme une vulgaire plume.

Connasse est sa deuxième nature.
Elle transperce de ses mots pour v’nir le saigner à vif. Chaque réplique se transforme en dague meurtrière pour asséner la douleur autour d’elle. Faut pas s’mentir, elle est virulente Cami. Elle s’matérialise comme une satire personnifiée. Tous les versets d’elle n’sont qu’attaques pour mieux se défendre, pour n’pas laisser transparaitre cette amertume qui traine au fond de son coeur. Qui piétine son âme. La pétasse est contradictoire, incarne le paroxysme de l’incompréhension. Dit non quand elle veut oui. L’ouvre de trop quand elle devrait la fermer.
Elle veut les garder ses clefs. Elle veut continuer de rester.
Indéfiniment.
Eternellement.
Et son rire l’empoisonne de haine, elle exècre l’espace d’une seconde chaque pore de lui comme une obligation qu’elle s’inflige. Elle s’laissera pas avoir même si là-dedans ça s’égosille pour lui ordonner d’pas tourner les talons. Et ça mènera à quoi Cami? A clamser de tristesse de jamais être la bonne, à s’faire lyncher par l’étiquette sur son front qui lui indique qu’elle est qu’le putain de deuxième choix. L’ironie est grisante, elle s’fout de sa gueule alors qu’il pose ses lèvres sur les siennes. Le parfum est délicat, elle possède ce qui passe son temps à la fuir. Elle s’laisse fondre entre ses bras, s’laisse être portée jusqu’à l’intérieur. L’spectacle est de courte durée, quand ses pieds regagnent le sol c’est à son tour de coller son dos contre un mur. C’est ta façon de t’excuser ? ses yeux quittent pas les siens, le duel fait rage. L’blanc est long, trop long. Elle rit jaune, sa main part avec violence pour venir claquer sur sa joue. Tu crois que j’suis assez naïve pour t’excuser ? "Tu m’casses les couilles", c’est bien ce que tu m’as balancé non ? Je te l’ai dit, je veux plus voir ta gueule. Elle s’écarte Cami, tourne dans ce loft devenu trop grand pour elle. L’jeu n’existe plus et se faufile pourtant entre chaque tirade. Le bien, le mal, plus rien a de sens aux yeux d’la cause perdue. Elle tourne les talons jusqu’à la porte, pose sa main sur la poignée. Personne peut l’empêcher d’partir et pourtant l’monde lui dit de se retourner. Le front collé sur la porte elle se maudit déjà, crève sous les regrets.
Tu m’fais chier.
Ca fait qu’un putain de tour, elle retourne à lui. Le pôle négatif et le pôle positif se retrouvent, ne reforment plus qu’un comme un disque rayé. Elle se perd sur ses lèvres, ses doigts à son cou pour accaparer l’courant d’air qu’il est. Les baisers sont longs, deviennent sensuels, comblent un manque inexpliqué, désabusé. Cami elle s’arrête quelques instants, ses lippes près des siennes pour s’donner une pause. Je les emmerde tes clefs, demande moi de revenir au lieu de partir. Demande moi de rester au lieu de me jeter, est-ce que c’est trop demander ? elle s’exprime, délie les langues, s’confesse. Tu m’as dit que tu détestais le changement mais tu fais qu’ça changer. Avec moi c’est un jour oui, l’autre non, une semaine sans moi et j’existe déjà plus.
Elle est pourrie Cami. Pourrie par la dévotion envers Sartier.

C’est qu’un jeu, tout ça.
Une partie qu’ils ont entamé il y a des années. Se distribuant quelques cartes chances avant de mentir à merveille. Ils se perdent dans les dédales de leur réalité, une dimension créée de toutes pièces. Il est certain qu’Ismaël finira par lui ouvrir la poitrine pour lui arracher le cœur. Il est certain qu’elle marquera sa peau, mais jamais assez pour qu’il assume. L’gosse n’est qu’un connard séduisant. Voilà que son dos est plaqué au mur, il ne se défait pas de son sourire, la toise avec un désir maladif. La main de Cami vient s’imprimer contre sa joue, il grimace, serre les dents quand elle annonce une nouvelle fois qu’elle ne veut plus voir sa gueule. C’est que ça lui ferait trop de mal de la voir disparaître pour de bon. Qu’ici, elle est chez elle, autant que lui si ce n’est plus. Qu’il lui a ouvert la porte de sa vie, parfois même de son âme torturée. Il se veut seul décisionnaire dans leur monde. Veut assoir son égoïsme pour ne jamais avoir à flancher du côté sensible.
Il reste appuyé contre le mur, l’observe dans son manège, prête à franchir la porte.
Trois.
Deux.
Un.
Les corps se rejoignent.
Les lèvres en redemandent.
Les doigts perdus dans ses cheveux, il l’embrasse et se laisse happer par son souffle. Le besoin de la sentir contre lui s’immisce dans ses veines, alors ses mains descendent sur ses hanches pour s’accrocher davantage. Le moment dure et quand elle s’arrête, il se noie dans ses yeux clairs, perds sa respiration et galère à écouter ses mots. c’est pas c’que j’viens de faire ? qu’il répond, parce que t’es la pro de la constance toi peut-être ? il ricane, ça fait des années que tu passes ta vie ici. des années que je te vois presque tous les jours, excuse moi de m’être senti comme un con, il a pris de mauvaises habitudes Sartier, comme celles de se ruer sur sa bouche pour la faire taire, la drogue est douce, l’torture par moment. Comme maintenant. Il témoigne son manque et son attachement de la plus mauvaise des façons : en lui retirant son sweat, en l’obligeant à reculer à coup de baisers sur sa gorge, laissant ses lèvres descendre sur le haut de sa poitrine. t’étais où ? … raconte moi, qu’il vient soupirer à son oreille, l’acculant contre le comptoir de la cuisine. Ses bras de part et d’autre de son corps, son regard remonté au siens.

Elle crève sous la pulpe de ses doigts depuis toujours, son talon d’Achille s’est toujours vu renaître dans le plaisir damnable d’être flanqué entre ses bras. Elle s’déteste d’être co-dépendante à une drogue aussi puissante que c’putain de type mal luné. Elle s’déteste d’apprécier autant d’être désirée, d’être réclamée sans cesse par l’merdeux déphasé par la fortune d’la vie. La gosse y trouve son compte dans chacun des baisers sucrés qu’elle reçoit, se shoote de son aromate qui la fait vibrer dans l’obscurantisme de ses fantasmes.  
Encore.
Elle en veut encore, chaque baiser toujours plus fort.
L’myocarde veut imploser de l’intérieur.
Elle s’roule dans le plaisir Cami, oublie presque sa colère environnante alors qu’son sweat est balancé au travers de la pièce. Ca tambourine à l’intérieur, l’aliénation la ronge. Elle veut être enfermée pour mauvaise conduite, pécheresse angélique déchue dans les plaisirs sensuels. Elle s’croyait pas apte à ressentir autant, à n’être qu’la poupée salope dirigée par son obsession maladive envers la destruction sentimentale. Elle le dévisage, l’regard qui se fait la malle pour feindre l’honnêteté.  J’étais chez ma mère, fallait qu’je règle des trucs pas importants mais ça prenait du temps c’est tout. Elle reprend le contrôle, ses bras tirent son haut pour l’rapprocher d’elle, la fleur toxique. Et toi, t’as fait quoi pour être aussi énervé? qui est-ce que t’as vu, qu’elle aimerait demander. La jalousie la flinguera Cami, la fera bousillera avec mélancolie. Elle esquive pour mieux attaquer.
Domination inversée.
Elle finit par enlever l’tissu encombrant sur son torse, les doigts cherchent sa peau avec effronterie. L’rictus l’empare, elle sait qu’elle joue avec l’feu brûlant qui pourrait la faire clamser. L’opalescence de ses yeux est taquine, elle fixe pendant que ses mains descendent à sa ceinture. Ou qu’est-ce que t’as pas fait pour être aussi excité ? T’as oublié comment faire pleurer l’cyclope ? Rire cristallin, le stress lui monte et elle ne l’écoute plus. Elle s’plait à oublier ses démons. Cami n’sait plus où elle en est. T’as vu des gens? des filles. S’laisse dérouter avec passion, tiraillée entre le bien et le mal. Son index pointe le soutif avec malice Enlève-le, peut-être qu’aujourd’hui c’est oui. la damnation la guette, sa déchéance est au pas de cette porte.

Ils se fixent, s’étudient comme s’ils ne savaient pas déjà tout l’un de l’autre.
chez ta mère ?
Il sourit en coin, se laisse attirer à elle. Il voudrait en savoir plus, qu’elle s’exprime plutôt que de tenter de noyer le poisson sous ses questions. Il a le rire facile, peut-être parce qu’il ne sait pas lui-même ce qui l’met dans cet état. Ou alors, il le sait que trop bien. C’est elle. Ce sentiment qu’il ressent quand elle veut prendre la fuite. C’est elle. Ce goût irrépressible de la nouveauté. C’est elle et son statut de mâle alpha qui n’en a jamais assez, qui ne sait pas quand s’arrêter, qui voudrait toutes les dévorer. Son haut rejoint le sol. Il regarde les doigts manucurés s’approprier sa peau, les ongles qui accrochent son épiderme, il commence à se tendre, il frisonne d’impatience. Elle s’arrête sur sa ceinture, d’ses yeux il la bouffe l’innocente. Les crocs saillants, il ricane à chacune de ses phrases.
j’sais pas. y’a son pouce qui caresse ses lèvres, faut croire que c’est toi, qu’il assume le blond. C’est qu’un coureur de jupons qui apprécie mal le banc de touche. Il veut être en première ligne, à chaque instant. C’est purement égoïste, n’est-ce pas ? Une nouvelle manière de s’approprier ce qui ne lui appartiendra jamais, personne, c’était un mensonge. Mais pour les yeux bleus de Cami, pour goûter à sa peau dans l’instant, il se parjurerait devant un juge Sartier. Elle ordonne, il fait. Fait tomber une bretelle, puis l’autre sans la lâcher du regard. Dévoile enfin sa poitrine, la vision est aussi grisante que dans son imagination. Il attrape un sein et perd instantanément le nord. Y’a le petite ange sur son épaule qui lui hurle que l’idée est plus que mauvaise, il fait la sourde oreille. Préfère s’attaquer au pantalon de la femme qu’il lui retirer avec hargne, s’en suit le dernier sous-vêtement une fois ses fesses posées sur ce foutu comptoir. Il ne veut plus sa bouche, seulement ses courbes qu’il redessine de baisers brûlants.
Il crevera sans doute pour être tombé à genoux entre ses cuisses qu’il dévore. Se mordra les doigts pour avoir osé profanner l’cœur de son anatomie de sa bouche impure. Le cerveau est en pause, le sang s’agite ailleurs et l’a rendu plus insouciant que d’ordinaire. Pourtant, quand il se redresse, que leurs opales se captent, qu’il se rend compte qu’elle n’est pas toutes ces autres, y’a ses lèvres qui s’animent. on est obligé d’rien, tu le sais, hein. pour la rassurer elle, ou se rassurer lui-même.

Ouais, chez ma mère. Tu sais celle qui m’a mise au monde ? Je squatte chez elle quand j’suis pas chez toi, y’a ma chambre et tout… son passé, ses souvenirs, les blessures, la haine, les bouteilles, les cicatrices, …un tas d’trucs administratifs à faire, les papiers, la vie d’adulte. Elle s’perd dans ses mensonges, et s’en tape d’être qu’une bonne à rien ce soir. Ses opales luminescentes restent figées sur les lippes en face d’elle. Son corps réclame, s’exalte sous les doigts inquisiteurs qui prennent possession de cette chair devenue propriété de l’héritier damné. Diablotin qui subjugue de l’azuré de ses billes, elle crèvera sous les baisers. S’vendra pour ses flammes crépitantes. Elle a la faiblesse du désamour Cami, cet univers vidé d’atome qui trône au milieu de son coeur. Il manque une pièce au puzzle déconstruit, et c’trou aspire sans cesse. Prend c’qui lui tombe sous la main pour oublier qu’il existe. La gosse est anéantie par la solitude de ses soirées imbibées d’alcool, trempée à l’éthanol qu’elle considère trop souvent comme thérapie. Cette nuit est différente, irradiée par la lumière d’enfin oser. Elle recule pas Cami, malgré sa pleutrerie habituelle et ses épouvantes d’être souillée. La frousse l’habite encore, la fait vibrer sous les lèvres de Sartier. Mais cette frousse n’est pas moteur à son évasion habituelle quand la chaleur devient étouffante. Son sarcasme s’éteint avec lenteur, y’a plus que le souffle court et l’extase de cette luxure affriolante. Elle croit même pas ses mensonges, oublie qu’elle s’ra jamais la seule dans sa vie. Cami se meurt, s’effondre comme un château de cartes, ses yeux sont plantés dans les siens. Elle enlève les dernières barrières de tissus et sans un mot l’égérie d’la mauvaise conduite l’emmène jusqu’au canapé alors qu’elle l’agrippe entre ses filets. Des baisers langoureux emprunts d’regrets du lendemain. Elle tentera de n’pas se souvenir comme c’était bon. J’crois que t’en as envie, et moi aussi. Les tétons pointent pour approuver, sa dégénérescence s’accroît face au désir. Cami elle a la perdition entre ses cuisses, l’exaltation d’appartenir à quelqu’un après s’être perdue pendant des années. Elle s’met à califourchon sur lui comme dernier stop, ses lèvres descendent à son cou pendant qu’sa main travaille le loup dressé. Fais-le. Mais oublie pas... Lèvre mordue par la honte ou la vérité, elle sait même plus réfléchir avec lucidité Morales. Elle arrivera même jamais à lui dire. Sois pas con pendant qu’on l’fait c’est tout. Et m’juge pas. Jamais. Elle flippe, elle est tétanisée. Elle osera, y arrivera. La muse s’met en place, ses lippes qui laissent suspendre ses derniers mots. Vas-y, je suis prête. Prête à s’foutre en l’air.

C’est elle qui fait tomber les dernières barrières, son pantalon et son boxer qui finissent dans un coin de la pièce. Au même temps que sa raison qui disparaît au fil des baisers qu’elle lui offre. Il se laisse guider jusqu’au canapé l’héritier, a le regard capturé par les formes de la femme qu’il rêve de posséder.
Cami à califourchon sur lui, ses mains se perdent dans son dos, des soupirs s’échappent d’entre ses lèvres quand elle prend les choses en main. C’est une certitude, ils en ont envie tout les deux. Une autre certitude, ils ne se rendent pas compte des conséquences de leurs actes.
Il en sera fini de leur amitié, elle se désintégrera au même moment où il lui brisera le cœur. C’est ce qui arrivera pour sûr. Il ne saurait faire autrement Sartier, il esquinte tout ce qu’il touche. Ne sait pas y faire quand les sentiments s’en mêle, comme maintenant. Il le voit, au fond de ses yeux, que cette première fois sera aussi la fois de trop. Il le sent, dans les battements de leurs palpitants que tout va foirer une fois le soleil levé. je te le promet. qu’il annonce en récupérant ses lèvres, il veut marquer sa bouche avant de marquer son corps.
D’ses mains sur ses fesses il s’accompagne en elle. Ne retiens qu’à peine le feulement qui transperce ses lèvres. Ses yeux clairs dans les siens comme pour vivre pleinement ce moment avec elle. Il l’embrasse encore et encore, laisse quelques morsures au creux de son cou jusqu’à ses épaules. Chacun de ces coups de reins devraient être une délivrance, mais ils sont tout l’inverse, il cisaille son être, son cœur, ne font que l’attacher davantage à Cami qu’il n’avait jamais voulu souiller. Ce soir il se perd contre elle, s’embrase à mesure que l’envie et le plaisir le dévore. C’est de la douceur qui s’échappe de chacun de ses mouvements de bassin, réfrénant à merveille la bête qui sommeille dans ses entrailles.
Il ne pense plus à demain Ismaël, pourtant il devrait.

Il ne serait que déni de ne pas admettre qu’elle en a fantasmé toute une vie Cami. A se marbrer dans les silences interminables et ses mensonges finement brisés par un rictus provocateur qui élude son désir de n’être plus rien entre ses doigts. Elle se perd dans les dédales de la luxure, les lèvres inquisitrices qui s’octroient avec plaisir immoral l’écorce humaine offerte. L’battant fout tout en l’air, c’est des mois tout entiers tapie dans l’ombre de ses souffrances à n’être qu’une carte dans un jeu d’détraqué. L’pantin se doute qu’ses ficelles sont vouées à s’calciner sous la passion dévorante qui lui bouffe chacune des cellules cérébrales.
Une erreur annoncée.
Annoncée d’être consommée.
Consommée et euphorisante.
Sa jouissance n’a d’égal à sa façon d’se détester. Là, dans le creux d’sa raison se pavane les derniers débris d’une dignité envolée. D’une pureté égarée dans une promesse soufflée. Cami elle en oublie la douleur, désapprend ce que c’est l’mal d’être rejetée. Parce que ce soir elle éponge ses caprices et jubile d’avoir gagné. De n’plus être rien entre ses bras. L’diamant qu’elle est brille par la beauté du lapidaire, il taille son oeuvre l’héritier Sartier. L’oeuvre d’un échec programmé. L’artiste s’perd au creux d’ses reins, dans les contrées de ses seins là où l’destin d’être à deux s’éteint.
La brune a l’sourire malgré elle quand ses opales d’eau trouvent les siennes, ses lippes accrochées aux siennes redoublent de ferveur. Elle le sait au fond d’elle, dans les recoins d’son être abimé. Elle le sait qu’elle sonne le glas d’un myocarde brisé alors qu’un soupir s’échappe contre sa peau. Elle reste accrochée la poupée, a l’visage couleur supplice jouissif. Tiraillée entre aimer et détester. Ses ongles trainent sur sa peau, la vulnérabilité est une nuance qu’elle connait qu’entre ses mains. Qu’est-ce qui s’passera quand tout s’ra fini? Quand elle ne sera plus qu’une énième mannequin posée sur l’côté froid du canapé?
Elle est foutue Cami, flinguée d’trop aimer.