if you need me. (Thomas)

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{ if you need me }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

– Chambre 206. D’un bref hochement de tête, elle remercie silencieusement la jeune femme installée à l’accueil de l’établissement pour suivre la direction qu’elle lui indique. Elle ne se repère pas si facilement dans cet endroit, elle n’y a pas mis les pieds depuis un sacré bout de temps. Plus elle évite les hôpitaux, mieux c’est pour elle. Si elle est dans ces lieux lugubres, en ce jour nuageux, c’est uniquement pour lui, Thomas. Apprendre qu’il a subi une agression lui a fait un choc. Les conséquences qui en résultent un peu plus encore. Peut-être que c’était un règlement de comptes entre dealers, peut-être que c’était le fruit du hasard. Peut-être qu’il a juste été la victime aléatoire d’un connard. Elle ne sait pas, Ella. Elle ne lui a pas tant demandé de détails sur le déroulement de cette agression. Elle a juste voulu savoir comment il va, comment il se sent. Mal, indéniablement, il avait l’air des plus mal. Et, évidemment, elle n’a pas pu rester indifférente. Parce que t’es comme ça, toi. Attirée par les écorchés, attirées par les âmes abîmées. Tu n’as pu que te sentir concernée, de le savoir aussi blessé. De nouveau, aussi cassé. L’on ne peut pas dire, pourtant, qu’ils sont en osmose parfaite. Leur dernière rencontre ne s’est pas déroulée à merveille. Si elle s’est sentie proche de lui, quand il lui a confié son plus noir secret, la suite a vite déraillé. Elle, elle a pris peur, quand il y a commencé à lui livrer son cœur. Lorsqu’il lui a avoué, les sentiments qu’il peut lui porter. Elle n’a pas compris, Ella. Parce qu’ils ne se connaissent pas, pas assez. Ou peut-être parce qu’elle se refuse d’aimer. Elle se refuse plus encore d’être aimée.

Parce que tu ne le mérites pas,
Parce que tu ne sais pas,
Aimer, tu ne sais plus.

Cette nuit-là, il est parti sans un mot. Sans une explication. Les paroles étaient superflues, au fond, parce que la jeune femme avait déjà tout dit. Avec une sincérité qui ne lui est pas habituelle, elle a tenté d’agir comme quelqu’un de bien. Elle n’est pas sûre d’y être vraiment parvenue. Sinon, il ne se serait pas enfui. C’est à croire que même quand tu essaies de faire le bien, tu fais tout de travers. Comme si tu ne sauras jamais vraiment faire. Mais elle essaie, pourtant. Elle ne sait pas pourquoi, avec lui, elle essaie vraiment. Parce qu’il y a malgré tout une forme d’attachement. Un besoin irraisonné de le garder auprès d’elle. De veiller sur lui, peut-être, quand plus personne ne semble vouloir le faire. Il est un ange à qui l’on a coupé les ailes, Thomas.

L’ange déchu et la diablesse réunis,
C’est peut-être la pire chose pour lui,
C’est peut-être la meilleure chose pour elle.

Elle n’a aucune idée de la manière dont leur échange va se dérouler. Pour dire la vérité, elle ne pense pas tant à leur relation, mais seulement à lui. Lui qui se retrouve dans cet hôpital, seul, avec personne pour venir le chercher. Personne pour être à ses côtés. Et ça lui fend le cœur, Ella. Elle ne redoute pas l’état dans lequel elle va pouvoir le trouver. Elle a déjà l’impression d’avoir tout affronté. Mais elle sent ce petit pincement en elle quand elle arrive devant la porte de sa chambre. Sans attendre, elle toque doucement à la porte, avant de l’ouvrir pour lui faire face. – Salut Thomas. lance-t-elle avant d’entrer. Tout doucement, elle approche de lui, comme si elle avait peur de le casser. Peur d’un peu plus l’abîmer. – Comment est-ce que tu te sens ? Elle ne sait pas du tout dans quelle optique il est vis-à-vis d’elle. Mais, à sa manière, elle essaie de lui montrer qu’il peut compter sur elle.  

Chambre 206. ça fait déjà plusieurs jours que t'es là, dans cet hôpital. Un soir, alors que tu tu rentrais chez toi, tu t'es fait agressé par trois types qui n'avaient pas froid aux yeux. Les médecins ne cessent de te répéter que cela aurait pu être pire, t'aurais pu mourir sous les coups que t'ont infligés ces types. Au fond de toi, tu pense que cela aurait été mieux pour tout le monde. Tu n'apporte rien à ce monde. Ta mère est loin de toi et elle doit sans doute te détester d'être partie comme cela, du jour au lendemain. Tu n'as pas d'amis. Si tu venais à disparaitre, personne ne pleurera ta mort. Il y a deux jours, tu as reçu un message sur ton smartphone pour le moins étrange. Il s'agit d'Ella. Tu ne sais pas si c'est une bonne idée de la laisser venir te chercher. De toute façon, c'est soit elle, soit on te force à rentrer chez toi avec un inconnu. Sauf que tu n'as plus de chez toi. T'as rendu ton appartement sur un coup de tête. Personne n'est au courant. Toute ta vie tient désormais dans l'énorme sac à dos qui trône à côté de ton lit. Quelques fringues, des photos de ta mère et toi, des livres, un carnet afin d'avoir de quoi écrire. Tout tient dans ce sac. Tu ne sais pas où aller. Tu ne peux pas demander à Ella de t'héberger, ça ne se fait pas et vu comment cela s'est terminé la dernière fois entre vous, la situation en serait pour le moins étrange. Tu l'as fuis Ella. Tu l'as fuis sans te retourner. Si elle ne t'avais pas envoyé de message texte, peut-être bien que jamais tu n'aurais fait le premier pas. Au fond, elle n'est rien pour toi. Elle est juste une de tes anciennes clientes. Elle ne représente rien pour toi, la jeune femme te l'a fait clairement comprendre. Tu lui as ouvert ton coeur et elle l'a broyée d'une seule main. Tant pis, c'est la vie.
– Salut Thomas. Une voix se fait entendre lorsqu'elle pénètre ta chambre d'hôpital. Peu de personnes savent que tu te trouve ici. Il n'y a qu'Elle qui le sait. Il n'y a qu'Elle qui connait ton prénom et l'utilise. Tu réponds par un simple sourire très faible. – Comment est-ce que tu te sens ? Bien. Tu vas bien, tu pète la forme. Question idiote ! Tu n'as jamais été un homme très expressif, ça fait bien longtemps que tu n'as pas été heureux. T'es même pas sûr de savoir ce que ce mot signifie aujourd'hui. "Je vais bien.." Dis-tu à la jeune femme. Ou tu lui mens plutôt. Tu viens t'assoir sur le bord du lit et tente de remettre tes vêtements soigneusement pliés sur la chaise à côté de toi. Tu tourne la tête vers la demoiselle, toujours un faible sourire sur le visage. "tu vas bien .. ?"

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C’est la première fois qu’elle va le revoir. Depuis ce soir-là, celui où il lui a avoué ses sentiments pour elle, c’est la première fois. Elle n’est pas nerveuse, non, cela fait longtemps que plus rien ne la rend nerveuse, n’est-ce pas ? Elle a juste… une petite appréhension. Elle ne sait pas comment il va l’accueillir, comment il va réagir. Mais c’est Thomas lui-même qui lui a demandé si elle pouvait le ramener chez lui. C’est peut-être qu’il ne la déteste pas totalement. Elle ne sait pas, Ella. Mais, de toute manière, elle préfère en avoir le cœur net. Plutôt que de se retrouver à hésiter à lui demander ses services, plutôt que rester dans les non-dits. Peut-être qu’il ne voudra plus jamais revoir celle qui l’a rejeté mais, au moins, elle aura fait son devoir. Elle aura fait ce qu’elle était censée faire même si elle lui a fait mal. Elle ne pouvait pas le laisser croire à un conte de fées qu’elle ne serait jamais capable de réaliser. Alors elle est là, Ella, devant sa porte. Pas en tant qu’élue de son cœur, encore moins en tant que cliente. Elle est une amie, simplement une amie qui vient le soutenir dans un moment difficile.

C’est ce que n’importe qui ferait.

Sur cette idée, elle frappe à la porte avant d’entrer. Instantanément, son regard se pose sur le jeune homme. Debout, apparemment en train de ranger ses vêtements, il lui adresse un sourire. Un très faible sourire. C’est déjà un peu plus que ce qu’elle attendait. Il lui affirme qu’il va bien même si elle n’en est pas si sûre, elle. Il a l’air si faible, comme s’il était épuisé. Pourtant, il devait rester ici pour se reposer. – Euh, moi, ça va. Rien de spécial tu sais. Il y a une montagne de choses qui ne vont pas dans sa vie. Mais elle n’est pas là pour lui parler de ses soucis. Elle s’approche un peu plus de lui. – Les médecins t’ont dit quoi ? Est-il vraiment prêt à sortir ? Elle veut juste s’en assurer. Les prunelles posées sur lui, la sirène contemple chaque parcelle de son corps, comme si elle pouvait voir ce qu’il avait, simplement en le regardant. – Je suis tellement désolée pour ce qui t’est arrivé, Thomas... laisse-t-elle échapper dans un faible murmure. Parce qu’elle voit bien qu’il va mal, pas seulement physiquement. Il a l’air, ailleurs, comme s’il était là sans être présent. Ou c’est juste son corps qui est là, tout le reste est loin. Beaucoup trop loin.

Tu ne t'attendais pas à revoir Ella, pas de si tôt. Après votre dernière entrevue, celle où tu as fuis la demoiselle, tu pensais ne jamais la revoir. Et pourtant, Ella est là. Elle est venue te voir à l'hôpital, alors que personne d'autre n'est venue prendre de tes nouvelles. Personne ne sait que tu trouve ici, mis à part la brune. Qu'est-ce que cela veut-il dire ? Tu ne sais pas. Tu regrette de lui avoir dit que tu l'aimais parce qu'au fond, tu ne sais pas si c'est la vérité. T'es très attaché à elle, c'est certain mais est-ce véritablement de l'amour ? Tu n'en sais rien. Depuis ton aggression, tu ne parles quasiment plus. Juste le strict minimum, les infirmières n'ont entendus que très peu ta voix depuis le début de ton hospitalisation. Tu refuse même de t'alimenter. Hier soir, t'as bu simplement ta soupe et c'est tout. Rien depuis ton réveil ce matin. Ton hospitalisation t'as fait prendre conscience de beaucoup de choses. Tu ne peux pas continuer ainsi. Tu ne peux pas continuer de vendre de la drogue. Ce n'est pas pour toi ce monde. C'est sans doute pour cela que tu t'es fait aggresser. À moins que ça ne soit à cause de toi, tu les attires. D'abord ton beau-père il y a près de douze ans et maintenant ça. Tu les attire, il n'y a pas d'autres explications possible. T'as envie de hurler, voire même de partir. Fuir encore. Mais pour aller où ? Partir et tout recommencer ? Encore une fois ? Non, merci. Tu n'en as pas la force. T'es fatigué de fuir. Pourtant, tu n'as aucun ami dans cette ville et ta famille se moque éperdument de toi. Sinon, elle aurait chercher à te retrouver mais non, la vérité c'est que t'es seul. Entièrement seul. Du moins, c'est ce que tu croyais jusqu'à ce qu'Ella vienne te rejoindre dans cette chambre d'hôpital. [color=#009999Euh, moi, ça va. Rien de spécial tu sais.[/color] Tu souris faiblement face à la demoiselle. Elle est tellement belle Ella, elle ne devrait pas s'attacher à quelqu'un comme toi. T'avance une main faible vers la jeune femme et la pose vers sur celle de la demoiselle. – Les médecins t’ont dit quoi ? T'essais de te souvenir ce que les médecins t'ont dit, t'as tout enfouis les choses au plus profond de toi comme si tu souhaitais oublier ce cauchemar. "J'ai eu beaucoup d'chance apparemment .. J'aurais pu y rester .." T'as perdu pas mal de sang, ils ont dû t'en transfuser s'ils ne souhaitaient pas que tu perde la vie. Peut-être que cela aurait mieux fallu pour tout le monde. Le monde ne pleurera certainement pas ta perte. – Je suis tellement désolée pour ce qui t’est arrivé, Thomas... Tu ne comprends pas. Pourquoi s'excuse-t-elle ? Tu fronce les sourcils, première fois depuis un moment que tu as une expression sur le visage. "Pourquoi t'es désolé ? C'pas ta faute Ella !" Dis-tu en essayant de te lever afin d'attraper tes fringues. Cette chemise d'hôpital est loin d'être sexy et confortable. Le moindre effort te coûte énormément. T'enfile ton pantalon puis ton pull tâché de sang. "Pourquoi t'es venue Ella ?" Lui demande-tu sans jamais poser ton regard sur elle. La jeune femme ne te doit rien, elle n'est nullement obligée de s'occuper de toi.

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Elle ne sait pas pourquoi elle est venue. Elle n’a pas réfléchi, Ella, elle a laissé parler son instinct. Elle a juste réalisé, en le sachant à l’hôpital, qu’elle ne pouvait pas faire comme si elle l’ignorait. Elle ne pouvait pas faire comme si elle s’en fichait. Cela lui a fait quelque chose, comme un coup au cœur. Parce qu’elle l’a peut-être rejeté, Thomas, il n’empêche qu’elle n’a jamais voulu que son bien. Elle l’a toujours apprécié, elle l’a toujours considéré. Il est peut-être bien la personne qu’elle voyait le plus, Ella. Même si c’était pour lui fournir ses doses régulières, il n’empêche qu’elle a appris à le connaître. Plus qu’elle ne l’a insinué quand elle a réfuté ses sentiments. Et elle ne l’a connu que davantage encore lorsqu’il lui a confié tous ses tourments. Ce secret douloureux, terrible, avec lequel il doit vivre depuis tellement longtemps. Elle ne peut pas rester indifférente alors qu’elle le sait dans une situation difficile.

Il t’a touchée, Thomas,
Il y a longtemps que personne ne t’a touchée.

Elle ne se laisse plus vraiment approcher, Ella. Elle a ses amies, indéniablement, elle a toute confiance en elles. Mais, pour les autres, c’est bien plus compliqué. Pour les hommes, c’est bien plus compliqué. Thomas, il est entré dans sa vie sans qu’elle ne s’y attende. De simple dealer, il est devenu cet homme abîmé, ce cœur écorché qui atteint le sien, incontestablement. Elle se rapproche de lui quand elle sent sa main venir chercher la sienne, presque magnétiquement. Il y a quelque chose, dans la douleur, qui l’attire. Peut-être même qui la rassure. Parce que c’est quelque chose qu’elle connaît, parce que c’est quelque chose qu’elle a envie d’effacer. Elle a bien plus peur des gens heureux, l’impression qu’ils sont dans un autre monde que le sien. Thomas, lui, il est dans le même monde qu’elle. C’est peut-être bien pour cette raison qu’aujourd’hui, elle a choisi de venir auprès de lui. Ses doigts toujours entrelacés aux siens, elle les serre légèrement quand elle entend les mots de son interlocuteur. – Mais ils sont sûrs que tu peux sortir ? demande-t-elle, un peu inquiète. Parce qu’il a l’air si faible. Si démuni. Elle n’a qu’une seule envie, en le voyant ainsi, c’est prendre soin de lui.

Mais t’es pas faite pour ça, Ella.

Tu ne sais pas prendre soin des autres,
Tu sais juste leur faire du mal.

Elle serait plus rassurée de le savoir à l’hôpital. Parce que, s’il est peut-être apte à sortir, il paraît tout de même au plus mal. Elle n’aime pas le voir dans cet état, elle finit même par lui dire combien elle est désolée. Des mots qui font réagir Thomas, pour la première fois, depuis qu’elle est entrée. Non, ce n’est pas sa faute, mais elle ne peut s’empêcher de se sentir concernée. C’est ce que la souffrance lui a toujours fait éprouver. – Mais tu méritais tout sauf ça… laisse-t-elle échapper dans un petit soupir, alors qu’il se relève pour s’habiller, de ses vêtements tachés. Le sœur serré, la belle se laisse poser quant à elle sur le lit, les prunelles toujours rivées sur lui. Elle ne s’attend pas à sa question, Ella. Comme il lui a fait lui-même cette demande, elle ne pensait pas qu’il reviendrait dessus. Elle garde plusieurs secondes le silence, comme pour trouver, une véritable réponse. Pas juste le fait qu’elle voulait lui rendre service. – J’ai eu peur quand tu m’as dit que t’étais ici… J’ai eu peur pour toi. elle lui avoue, un brin embarrassée. Parce qu’elle n’est pas de celles qui savent se livrer. La louve passe la main dans ses cheveux d’ébène avant de reprendre. – Je dois pas être la personne que t’as envie de revoir après… après ce qui s’est passé. Mais, je sais pas, je pouvais pas rester loin de toi.

Jamais tu ne la regarde. Jamais tu ne lui accorde un regard. Il ne le faut pas. Tu sais que si ton regard croise celui de la jeune femme, tu seras fichu. Tu seras pris au piège. Ton coeur ne cesse de s'emballer à chaque fois que tu le vois, et même le simple fait de sentir la délicate odeur de son parfum te fait bondir le coeur. Tu ne sais pas ce que c'est mais tu ressens de fort sentiment à l'intérieur de ton coeur pour la jeune femme. De l'amour ? Un coup de foudre amical ? Tu ne sais pas. C'est bizarre, c'est nouveau. Tu ne connais pas ce sentiment. Tes mains se mettent à trembler. Ton coeur se met à battre bien plus vite que la normale. Qu'est-ce qu'elle fait là Ella ? Tu ne comprends pas. À ses yeux, tu n'étais que son dealeur avant ton accident. Tu ne comprends pas. Il n'y a qui peut t'expliquer, tu lui poses la question et attend, le coeur battant, la réponse de la jeune femme en espérant ne pas être trop déçu. Tu t'es confié à elle. Tu lui as raconté ce que ton horrible beau-père t'as fait lorsque tu n'avais que seize ans. Tu n'en as jamais parlé à personne avant de l'avouer à Ella et pourtant, ton coeur saigne encore.
Aujourd'hui, tu te retrouve à la rue. Tu ne sais pas où aller vivre, alors pourquoi ne pas rester à l'hôpital. T'es nourris, logé, blanchis. Le médecin a été clair hier, lors de sa visite d'hier : tu sors aujourd'hui. Tu n'as pas le choix. Mais du coup, ça t'angoisse. Tu n'as encore pas dormis cette nuit, pour le peu que tu dors de toute façon. T'as peur. Tu ne connais personne dans cette vie, tu n'as aucun ami. Les seuls que tu connais ce sont tes anciens clients à qui tu vendais leur dose quotidienne. Ella en fait partie, jamais elle n'accepterais de t'héberger. Il y a tant de choses en ce moment dans ta tête. Tant interrogations, de doutes. T'as peur, t'es mort de trouille et pourtant, tu ne l'avoue à personne. Qui en a quelque chose à faire de toi ? Personne ne connait Thomas Farrel et c'est très bien ainsi. Tu vis comme si t'étais un fantôme. – Mais ils sont sûrs que tu peux sortir ? Te demande Ella. Tu ne sais pas quoi répondre. T'as jamais été très doué avec les mots, tu te contentes de hausser les épaules et acquiescer la tête positivement. "Ouais .. Le truc c'est que .. j'suis à la rue. J'ai plus de travail, plus d'appart .. J'suis à la rue .." Avoues-tu en ravalant fièrement les larmes qui ne demandent qu'à couler le long de tes joues. T'es à la rue. Toute ta vie tient dans le sac à dos se trouvant dans au pied de ton lit d'hôpital. Qui aurait cru que ça serait si difficile d'aller de l'avant et de tout recommencer ? T'es épuisé et si faible. Tu tiens à peine debout et pourtant, tu n'hésite pas à te lever de ce lit afin de commencer à te rhabiller. – Mais tu méritais tout sauf ça… Peut-être que si. Peut-être que c'était écrit dans ton destin. Foutaise, tu ne crois pas au destin. Tu te rhabille lentement, très lentement. T'évite toujours de croiser le regard de la demoiselle, sachant très bien que sinon tu flancheras. – J’ai eu peur quand tu m’as dit que t’étais ici… J’ai eu peur pour toi. Peur, elle a peur pour toi. Ça veut donc dire que tu compte un tout petit peu pour elle. Faiblement, tu souris et, pour la première fois, depuis qu'elle est entrée dans la pièce, tu ose enfin poser ton regard sur la jeune femme. Et là, tout d'un coup, ton coeur fait un bond dans ta poitrine. C'est comme s'il venait se réveiller soudainement de sa sieste. – Je dois pas être la personne que t’as envie de revoir après… après ce qui s’est passé. Mais, je sais pas, je pouvais pas rester loin de toi. Tu ne comprends pas pourquoi elle dit ça. Tu secoue la tête de gauche à droit en enfilant ton pull. "J'ai pas d'amis Ella .. Tous ceux que je connais, ils étaient mes clients .." Elle y comprit. Tu viens t'approcher d'elle et dépose un baiser sur sa joue. "Merci .. Merci de te préoccuper de moi .." Tu met ton sac sur ton dos et viens prendre sa main. "Tu veux pas qu'on s'casse d'ici ? J'aime pas les hôpitaux .." Mais pour aller où ? T'as plus de toit au-dessus de ta tête et dehors, le froid semble s'être installé sur New-York. Du moins, tu l'imagine vu que tu n'as pas mis le nez dehors depuis une semaine. Tu passe par l'accueil et signe la montagne de décharge. Il faut aussi qu'Ella signe les papiers. "Vous êtes responsable de lui !" Annonce la personne de l'accueil.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Peut-être qu’elle ne devrait pas être ici. Peut-être qu’elle ne devrait pas être là, auprès de lui. Elle n’a pas cette place dans sa vie. Sa présence est probablement la dernière chose dont il a besoin, la dernière dont il a envie. Elle le décèle, sans mal, au fond de ses prunelles. Lui, il n’ose pas poser son regard sur elle, comme s’il avait peur de ce qu’elle pourrait faire, l’enchanteresse. Mais Ella, elle n’est pas venue pour lui faire plus de mal. Elle est venue uniquement pour une seule chose, être là pour lui. Elle n’a pas eu besoin de réfléchir. Elle se voyait mal rester loin de lui alors qu’elle lui a assuré qu’elle serait à ses côtés. Elle est incapable de lui donner l’amour qu’il lui a offert les yeux fermés. Mais elle lui a promis son amitié. D’autant plus qu’elle sait qu’il n’est pas bien entouré, elle a pu déjà le deviner. Mais elle ne s’attend pas une seule seconde aux révélations qu’il vient lui confier. Si elle peut aisément comprendre qu’il ne puisse pas travailler après son agression, elle a bien plus de mal à saisir comment il a pu si vite perdre son appartement. - Mais ton appart’, t’en as fait quoi ? elle lui demande, complètement paumée. Peut-être qu’il avait des problèmes d’argent, mais personne ne se fait virer de son logement si rapidement. Ou bien il a des soucis qui perdurent depuis bien plus longtemps qu’elle peut le soupçonner. Elle ne l’envisageait pas, Ella, elle pensait qu’avec la drogue, il n’avait aucune inquiétude au niveau financier.

Mais tu t’es visiblement trompée,
T’es tellement loin de la vérité.

Peut-être qu’elle le brusque beaucoup trop. Mais elle a besoin de comprendre, elle a besoin de savoir. Elle a eu peur pour lui, elle s’inquiète même encore pour lui. C’est devant cet aveu que, pour la première fois, le jeune homme relève ses opales vers les siennes, comme si elle avait dit les  mots qu’il faut. Peut-être que c’est ce dont il a besoin. Ce dont vous avez tous besoin. Un peu d’attention, un peu d’amour, juste quelqu’un qui fait du bien. Ses yeux se perdent quelques instants dans les siens alors qu’il s’approche d’elle. Pendant une seconde, son cœur manque un battement, comme si elle anticipait un baiser. Mais c’est sur la joue que Thomas vient l’embrasser, comme pour la remercier. - T’as pas à me remercier. Il saisit délicatement sa main. Il veut quitter l’hôpital... aller loin. Mais où ? Chez elle ? Elle n’était pas préparée à une telle éventualité. Elle se sent un peu chamboulée, Ella. Pourtant, elle ne dit rien, elle se contente de se relever du lit dans un signe d’acquiescement pour le suivre jusqu’à l’accueil de l’établissement. Il signe des papiers de sortie, sans grande surprise. Elle l’est davantage quand l’employé lui indique qu’elle doit en faire de même. Elle appose son nom sans discuter quand elle entend ses mots.

Tu es responsable de lui,
Comme si c’était à toi de prendre soin de lui,
Comme si tu avais entre tes mains sa vie.

Elle n’a jamais eu la vie de quiconque entre ses mains. Pas même ceux qu’elle a aimés. Ou bien elle les a déçus, elle les a trahis, elle est partie. Elle ne sait pas aimer, Ella, elle aime. Mais beaucoup trop fort. Elle finit par faire des ravages, simplement, parce qu’elle ne sait pas aimer correctement. Même garder un animal de compagnie, elle ne s’y serait jamais risquée. Elle est trop versatile, trop peu fiable. Trop irresponsable. Pour être responsable de lui. Mais c’est ce qu’on vient de lui assurer, elle est responsable de lui. Silencieusement, la belle quitte enfin l’hôpital, Thomas à ses côtés. L’ange gardien involontaire l’entraîne jusqu’à la voiture de luxe empruntée à l’un des hommes qu’elle fréquente. Elle s’installe derrière le volant, puis sans réfléchir, prend la direction de son appartement. - Et tes affaires, elles sont où ? l’interroge-t-elle, quelque peu intriguée de le voir sans rien d’autre que ce sac à ses pieds. Mais la question qu’elle se pose, en réalité, est tout autre. Thomas, que t’est-il arrivé ?

Tu ne sais pas pour quelle raison Ella est venue te rejoindre à l'hôpital. Vous n'êtes rien pour l'autre. De plus, t'es parti comme un voleur lors de votre dernière entrevue. Tu l'as laissé plantée au beau milieu d'une ruelle sombre et mal fréquentée. Elle aurait pu se faire agresser par n'importe qui et pourtant, Ella est venue te voir. C'est la première et la dernière personne à te rendre visite à l'hôpital. Ça fait maintenant que tu te trouve enfermé là-dedans. Alors que beaucoup de patients ne rêvent que de sortir, toi, tu rêve de rester ici. Au moins, tu as un toit au-dessus de la tête. C'est sur un coup de tête que tu as rendu ton appartement et arrêter de dealer de la drogue. Plus de travail, plus d'appartement. Tu te retrouve à la rue, sans argent. Tu pourrais tomber à genoux par terre, craquer et fondre en larmes. Mais non, tu tiens bon devant la jeune femme. Tu tente de sourire et de faire illusion, il y a quelque chose en elle qui t'obsède. Comme si tu ne pouvais rien lui cacher, même si tu le veux. Tu ne sais pas pourquoi elle est là, néanmoins sa présence te rend heureux. Un sentiment que tu n'as pas ressenti depuis des années. Il faut bien l'avouer, ça fait bizarre. Tu viens te confier à elle. Tu viens lui apprendre que tu n'as plus d'appartement. Et sa réaction ne se fait pas attendre. - Mais ton appart’, t’en as fait quoi ? Tu déglutis ne sachant pas quoi lui répondre. Lentement, tu viens prendre sa main et enlace tes doigts aux siens. Ton coeur bat fort et bien trop vite dans ta poitrine. "Jl'ai rendu .. J'pensais pas rester à New-York .. Mais en fait, je ne sais pas où aller .. j'ai plus d'maisons .. Plus d'famille .." Lui avoues-tu les sanglots dans la voix. Ton regard se pose sur la demoiselle, elle est si belle. Tu te demande bien ce qu'il se passe entre vous si ce n'est pas de l'amour "T'inquiète pas pour moi. J'trouverais bien par trouver une solution de replis.." Tu pourrais retourner à San Francisco et vivre à nouveau chez ta mère mais ça implique de revoir ton beau-père et ça tu refuse. Vivre dans un squat ? Ça pourrait être une solution temporaire. L'hiver s'est installé sur New-York, pas question de vivre dans la rue. Être dealeur semblait être une bonne planque pour se faire de l'argent facilement, ce n'est pas vrai. Ce monde n'est pas fait pour toi. Il est bien trop difficile et dangereux pour quelqu'un comme toi. Tu sens bien qu'Ella ne comprend pas pourquoi tu as rendu ton appartement. "dealeur c'était pas fait pour moi .. j'aimerais reprendre ma passion en fait .." Encore une fois, tu viens te confier à elle alors qu'elle ne te le demande pas spécialement. Peut-être n'en as-t-elle rien à faire. Ou au contraire, sera-t-elle flattée que tu lui fasses autant confiance ? Vous venez à quitter cette chambre d'hôpital ton sac -comportant toutes tes affaires- sur le dos. Tu as un petit pincement au coeur malgré tout. Après avoir signé la multitude de papier à l'accueil, vous quittez cet horrible endroit. Tu monte dans sa voiture et souffle lentement. Un peu de répit et de chauffage surtout, t'es frigorifié. Tu ne parviens pas à te réchauffer. - Et tes affaires, elles sont où ? Tu regarde ton sac à tes pieds et le désigne en souriant faiblement. "Là dedans .. tout tient là dedans .." Lui avoues-tu un peu honteusement. Soudainement, tu te rends compte que tu ne sais pas où elle t'emmène. Chez elle ? Tu n'as pas l'intention d'envahir son expace. Certainement pas. "On va où ? J'veux pas envahir ton appart' Ella hein.." Tu te sens soudainement gêné par tout ça. "On est quoi tous les deux .. ? Des amis ? Des gens qui se tournent autour ..?" Finis-tu par lui demander en espérant ne pas la gêner ou l'embarasser.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

L’incompréhension perceptible au fond de ses prunelles, elle le contemple, Thomas, sans un mot. Il y a compassion qu’elle éprouve de le voir atteint de tous ces maux. Elle est touchée par lui, par la tristesse qu’il semble ressentir. Mais il y a aussi cet air un peu perplexe en elle, les questions qui lui brûlent les lèvres. Elle ne saisit pas ce qui a pu se passer. Elle ne saisit pas comment il a pu tout arrêter. Tout laisser tomber. Qu’il ait arrêté le deal est une chose, qu’il rende son appartement sans savoir où aller une autre. Elle ne comprend pas ce qui lui est passé par la tête. Parce qu’Ella, c’est une survivante. Elle se laisse peut-être bien sombrer par ses vieux démons. Mais elle ne se laisserait pas couler, elle ne se laisserait jamais définitivement succomber. Elle est prête à beaucoup pour vivre, l’instinct de survie qui se fait ressentir chaque fois qu’elle se demande si la vie en vaut la peine. S’il y a vraiment une raison de vivre dans l’existence qu’elle mène. Parce qu’il y a toujours cette lueur d’espoir, au fond, très au fond d’elle. Il y a toujours cette partie d’elle qui s’accroche. C’est dans l’enthousiasme d’Ava, dans les sorties avec Opale, ou bien le sourire de Zephyr. Il y a ses amies pour l’aider à se raccrocher à la vie. Peut-être que c’est ce qu’il n’a pas, peut-être ce qui manque à Thomas.

Peut-être que tu pourrais avoir cette place dans sa vie,
Celle d’une véritable amie.

Mais elle ne sait pas si elle a cette force, Ella. Elle ne sait pas si elle peut pousser quelqu’un à se battre vraiment. Elle a échoué avec Morgan, elle n’a pas réussi avec Djawny et Meg. Elle est peut-être la pire alliée dans ce conflit au nom de la vie. Mais il est là, Thomas. Tout seul. En train de lui expliquer qu’il n’a plus maison, ni famille. Plus de foyer, plus d’ami. Personne. Personne sauf elle. La louve prend ue profonde inspiration, elle tente de retenir toutes ses objections. Mais elle est incapable de se taire longtemps, incapable de ne pas dire ce qu’elle pense. – T’aurais pu faire ça sans tout lâcher. Je crois que tu réalises pas bien la merde dans laquelle tu t’es foutu. lâche-t-elle, le ton toujours aussi calme, malgré la dureté de ses paroles. Parce qu’elle voudrait qu’il réalise, qu’il se met tout seul en danger. Parce que cela l’agace, Ella, de se dire qu’il se retrouve à la rue sans rien pour l’aider. Elle voudrait le secouer, lui dire qu’il doit se battre. Mais elle n’est définitivement pas la bonne personne pour ça.

Tu ne sais même pas ce que t’es,
T’as même pas ta place à ses côtés,
Mais tu continues de garder vos mains liées.

Elle ne lui demande même pas de quelle passion il parle. Les passions, pour Ella, c’est comme les rêves, uniquement de faux-espoirs. Elle a mis de côté les siens lorsqu’elle a compris qu’elle serait incapable de les réaliser. Elle ne peut pas l’approuver. Elle ne peut pas dire qu’il a bien fait. La sulfureuse, elle agit peut-être de façon pas vraiment morale à se jouer des hommes qu’elle fréquente. Mais elle a de quoi se payer une vie décente. Alors, non, il n’aurait pas dû arrêter la drogue pour assouvir ses passions, il aurait dû écouter sa raison. Mais elle ne lui dit pas, tout ça, elle le garde pour elle. Parce qu’elle n’a aucun mot à dire sur la vie qu’il mène. Elle peut juste choisir d’être là pour le soutenir, comme elle le fait aujourd’hui en l’invitant à partir. Ils quittent l’hôpital pour rejoindre la voiture. Elle est un peu surprise du peu d’affaires qui lui reste, mais il a le mérite de voyager léger. Il ne prendra pas trop de place chez elle finalement. Et comme s’il comprenait subitement, il lui affirme qu’il ne veut pas envahir son appartement. – Et tu vas aller où, hein ? elle lui demande, comme si c’était évident. Cela ne l’était-il pas dès le départ ? Elle ne peut pas se débarrasser de lui, pas comme ça, à la rue, sans rien. Devant ses questions, elle tourne la tête vers lui brièvement. Les prunelles sombres qui se perdent quelques secondes dans ses deux océans, elle finit par reposer son regard sur la route devant elle. – Il paraît que je suis responsable de toi. rappelle-t-elle, un fin sourire sur les lèvres. Responsabilité qui l’effraie, mais qu’elle semble pourtant bien accepter. – Je sais pas ce qu’on est, Thomas. Mais je sais que je te laisserais pas livré à toi-même. Elle ne lui laisse pas vraiment le choix. Elle pourrait s’étendre dans de longs discours, mais les déclarations ne sont pas pour elle. Il n’y a que les actes qui priment. – Alors, dis-moi, c’est quoi ta passion ? l’interroge-t-elle soudain, comme pour changer de sujet. Sa décision est prise, il ne pourra pas la changer.

La vérité c'est que tu n'as jamais eu besoin de personne dans cette vie. Tu as toujours vécu seul, te débrouillant par tes propres moyens. Que tu vive à San Francisco, New-York ou n'importe où ailleurs dans ce monde, tu ne pourras jamais être heureux. Il y aura toujours cette image en toi de cet homme abusant de toidurant deux années. Tu n'as jamais rien dit à personne. Ni à ta mère, ni à personne. De toute façon, à qui aurais-tu bien pu le dire ?! T'as jamais eu d'amis au collège, ainsi qu'au lycée. Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir des amis, d'être proche de quelqu'un. Depuis qu'il a commencé à te toucher, tu n'as jamais laissé personne être proche de toi ou te toucher. T'as peur. Peur de souffrir, peur d'être abandonné. C'est pour cela que t'es partis lorsqu'Ella n'a pas voulu de toi. Tu ne lui as pas laissé le temps de s'expliquer, t'es parti comme un voleur. Tu préfère passer pour un connard, plutôt que de souffrir à cause de quelqu'un. Ella ne semble pas t'en vouloir. Elle est là. Elle est venue te voir et te ramène même chez elle. Ça te gêne, tu déteste cette sensation de t'imposer chez elle. Tu ne la connais pas Ella. La jeune femme est juste une femme qui fut ta cliente dans une autre vie. Vous n'êtes pas amis, vous n'êtes pas même pas un couple. Arrêter le deal et te retrouver sans revenus, rendre ton appartement et te retrouver sans domicile. N'importe qui pourrait être paniqué à l'idée de se retrouver dans ta situation mais pas toi, t'es même étonnement calme et serein. C'est un peu comme si tu préparais ta propre mort, afin que les rares personnes proches de toi puissent être tranquille et n'ont pas à se demander quoi faire de ton logement. Durant tout le trajet, tu ne dis rien. Tu laisse la musique émettre un son entrainant pour certains et assourdissants pour d'autres. Tu ne fais pas attention au son provenant du poste de radio. Ton regard se pose à travers le paysage défilant devant tes yeux, le menton appuyé sur le revers de ta main. "c'est l'hiver .. ?" Demandes-tu à la jeune femme se trouvant derrière le volant. Les arbres ont tous perdus leurs feuilles. Sur le trottoir, les gens ont l'air bien emmitouflés dans leurs manteaux, bonnets, gants et écharpes. Le temps passe si vite. La mort approche de plus en plus et plus ou moins rapidement pour les gens. T'arrive chez elle et tu la suis, sans dire un mot. Ton sac sur le dos qui contient l'entièreté de tes affaires. – T’aurais pu faire ça sans tout lâcher. Je crois que tu réalises pas bien la merde dans laquelle tu t’es foutu. Ella fait bien entendu référence à ton appartement. Tu te contente de hausser les épaules ne sachant pas quoi répondre d'autres. Peut-être cherche-t-elle à t'aider, à te secouer. Tu n'en as rien à faire et continue à n'en faire qu'à ta tête. T'es comme ça : têtu et obstiné. "De toute façon, c'est trop tard pour revenir en arrière ..." – Et tu vas aller où, hein ? Encore une fois, tu hausses les épaules ne trouvant aucune réponse à la question de la jeune femme. "J'ai quitté San Francisco sans savoir que j'allais atterrir à New-York. Qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de recommencer ?" Pas de retourner dans ta ville natale mais quelque part d'autre, ailleurs. Loin d'ici et, surtout, sans jamais te retourner. – Il paraît que je suis responsable de toi. Ce sont les mots du médecin de l'hôpital. Le pense-t-elle vraiment ? Ou n'en as-t-elle rien à faire ? – Je sais pas ce qu’on est, Thomas. Mais je sais que je te laisserais pas livré à toi-même. Tu fais soudainement les gros yeux face à la jeune femme. Tu te fige devant elle, comme si t'avais vu un fantôme. "Attends, t'es en train de me dire que tant que je n'aurais pas de solution tu vas m'obliger à rester ici ?" T'es pas certain de bien comprendre alors tu préfère lui poser la question pour être certain de bien comprendre le sens de sa phrase. – Alors, dis-moi, c’est quoi ta passion ? La plupart des gens que tu rencontre ne comprennent pas ta passion. Mais pour toi, c'est toute ta vie. "Jadore la danse. J'en fais depuis que j'ai six ans. Danse classique, moderne. J'ai joué du violon aussi mais ça remonte à des années.." Tu pose ton sac sur le sol et vient t'échouer dans le canapé de la jeune femme. Sentiment étrange qui s'empare de toi. Tu n'as pas pour habitude de trouver ailleurs dans ce qui fut ton appartement autrefois.