halos for heros, dirt for the dead ± mercury

@nana fujimori

le studio bombardé de notes qui giflent. les murs qui renvoient la musique. les tympans qui crient d'euphorie. la symbiose de jouer à quatre. mercury s'écorche les doigts sur les cordes de sa basse. les heures jouent aux minutes. ne pas croiser le regard de bowie, sa gueule collée au micro. ne pas s'imaginer être entre ses phalanges, tenu par lui, à deux millimètres de ses lèvres. il est beau, tentant. roscoe avale difficilement. fucked. complètement fucked. ne rien dire. ne rien faire. ça n'efface pas ce qui le ronge, sous la surface. impassible amitié. désirer sa propre perte. le beat de cobain qui rythme les battements de son coeur, seule constante qui le garde de s'écrouler. de l'autre côté, mo fait pleurer sa guitare, évasive. impossible à capturer. roscoe se refuse à l'enfermer. mais ça n'efface pas les nuits d'acier à se buter contre son absence. ça n'empêche pas l'orgueil qui lui refuse de demander où elle était, avec qui. écho de sa propre infidélité. ne pas douter. c'est facile quand elle est contre ses lèvres, quand elle occupe son air, quand il voit les excuses qu'ils se promettent au fond de leurs prunelles. parce que la perfection n'est pas de ce monde. ils se font du mal pour tout l'amour qu'ils se donnent, incapables de colmater les vieilles blessures qui coulent, salissant la beauté du présent.

bowie s’éclipse. roscoe suit sa silhouette du regard, un pincement dans ses entrailles. toujours l'envie de le retenir, alors qu'il ne lui appartient pas, ne lui appartiendra jamais. roscoe l'efface de ses pensées pour ne pas imaginer comment il finira la soirée, dans quels bras il ira se perdre, tous les bras dans lesquels ils se perds pour ne pas se retrouver dans les siens. c'est ce qu'il a dit, non, avec trop de vodka dans la gorge. avant de dire des mots qui font mal, des mots qui bouleversent. mo semble avoir ailleurs où être. ou peut-être qu'elle l'évite. il ne demande pas quand elle rentrera, se contente de marquer ses lèvres d'un baiser, voulant qu'elle le goûte encore quand ils ne seront plus dans le même oxygène.

il ne reste que nana, des baguettes entre ses doigts, de la malice au coin des lèvres. « Bro' j'te jure tu t'fais la malle... » lance la brune, l'accusant d'une baguette. mercury hausse un sourcil, avec l'envie de la défier, pourtant certain qu'elle peut l’assommer à distance avec une de ses deux baguettes. le bassiste pose son instrument sur un stand, débranchant le fil, coupant le courant de l'ampli avant de s'asseoir dessus, un genou sous son menton, l'autre pendu dans le vide. « je les comprends, moi aussi j'en ai marre de ta sale gueule. » blague le bassiste, un sourire mesquin aux lèvres. agacer nana, son passe-temps favori. le grand gamin aux yeux bordés de noir, aux jeans déchirés et à la veste de cuir abandonnée. le grand gamin qui se considère enfant unique, ne ressentant aucun lien familial avec ses demi-frères et demi-soeur. croisés tout au plus une fois par an, vivant dans le midwest avec une mentalité à en grincer des dents. non, ces gens là ne sont pas sa famille. mais si mercury pouvait se choisir une soeur, ça serait nana. un amour vache, une propension aux mauvaises idées en sa compagnie, une certitude que rien ne pourrait la déloger de sa vie. ses erreurs pourraient lui coûter l'entité du groupe, mais pas le support de nana, il le sait, il le sent. ou peut-être que c'est qu'une utopie, de se dire que quelqu'un est là pour rester, sans attaches, sans conditions. qui sait. « nah, on va bien se serrer les coudes entre âmes errantes. » confirme roscoe. présent pour les conneries possibles. il tourne une de ses bagues dans son orbite, habitude, occupant ses doigts scarifiés par les cordes d'acier. « faudra faire payer les déserteurs. » propose le bassiste, se levant de son siège improvisé, complot au fond des yeux, perché du haut de ses six pieds deux pouces, gringalet aux jambes trop longues, vestige de ses années de course à pied, avant que la nicotine ne se coince sous ses ongles, à l'époque où l'état de ses poumons lui importaient. il hausse un sourcil vers nana, qu'est-ce que t'en dis, sis.