disaster, incoming (roscoe)

@roscoe bones

Tu penses avec ta bite. C’est un fait. C’est pas un truc nouveau. T’as appris à vivre et faire avec il y a pas mal de temps, alors que ta virginité s’envolait. Jusqu’à maintenant, t’avais pas vu le problème. Jusqu’à maintenant, tu t’étais dit que c’était pas quelque chose qui allait faire obstacle à quoique ce soit. T’avais pas prévu de te mettre en couple de sitôt, pas prévu de construire un futur durable - à part celui du groupe. T’as toujours été bien, comme ça, à vivre au jour le jour, à prendre les décisions sur le tas et gérer les conséquences quand elles te tombent sur le coin du pif. C’est une manière de vivre, un art limite. T’as jamais eu à t’en plaindre. Mais quand ton regard se pose sur la photo des membres des Guilty Pleasures posée sur le comptoir de la cuisine, t’avais pas prévu de ressentir de la culpabilité - et encore moins de la tristesse. C’est un sacré mélange, ces deux là, quand elles se donnent la main dans le simple but de venir te tourmenter. Ça te nique de l’intérieur, ça te fait poser ta tasse de café devant toi comme si t’avais plus soif, comme si t’avais plus faim, comme si t’avais soudainement plus envie d’avoir envie de rien. T’aimerais arrêter de penser avec ta queue… quand il s’agit de Roscoe.

Et pourtant. Pourtant, t’as jamais autant écrit que depuis que vous êtes intimes. Pourtant, t’as jamais autant été inspiré par un élément de ta propre vie. Ton crayon court sur le papier encore maintenant, alors que t’ignores ta tasse pour griffonner une nouvelle phrase dans ton carnet fétiche. Il est bientôt fini, bientôt à bout, rempli à rabord de tes mots. Et tu te dis que c’est un mal pour un bien, peut-être - non pas que coucher avec Roscoe soit mal.
Si. C’est mal. Très mal.
Et pourtant.
Tellement bien.

Tu ne t’es jamais senti aussi vivant que sur scène avant lui. Mais maintenant, tu sais que la sensation est comparable à celle d’être avec lui… comme ça. Tu sais que c’est là que tu veux être, sur scène ou dans ses bras.

Le visage de Mo apparaît dans ton esprit et tu blémis. La mine de ton crayon finit par se briser sous la pression que t’exerce. Tu sursautes, surpris par la force de tes sentiments, par la force de ce mélange de culpabilité et d’engouement. C’est tellement autre chose, de s’envoyer en l’air avec quelqu’un qui te comprends, hein ?
Pourquoi il y a fallu que ce soit lui ?
Pourquoi il correspond trait pour trait à la personne hypothétique avec qui tu pourrais passer le reste de ta vie ?

Ton portable sonne et te tire de tes pensées, s’allumant pour annoncer un message. Roscoe, bien sûr. Parce que dans votre peur d’être découverts, dans votre peur de voir Cobain découvrir le pot aux roses, vous avez décidé de jouer les amis. Sans plus. Vous avez décidé de vous retrouver cette après midi afin de passer du temps ensemble. Loin des compos, loin de la salle de répète à la lumière trop tamisée. Loin de la tentation.
Mais elle va être à côté, la tentation.
Roscoe la personnifie.

Et il est en bas, arrivé avec le van que vous louez pour la journée afin d’aller récupérer le nouvel ampli basse qui a vu ses derniers jours la semaine passée. Mais ça va bien se passer, hein ? C’est ce que tu te répètes en boucle quand tu termines ta tasse, que tu glisses tes papiers dans la poche arrière de ton jean et ton portable dans l’autre et que tu jettes un dernier regard à ton carnet posé sur la table.
Tu n’auras pas besoin de lui aujourd’hui.

Tu descends les escaliers et te diriges vers le van avec un grand sourire, passant rapidement une main dans tes cheveux dressés sur ton crâne comme à ton habitude. « Prêts pour la mission, moussaillon ? » que tu lances en ouvrant la porte passager avant de t’engouffrer à l’intérieur de l’habitacle et de prendre ta place. Ton regard se pose sur lui et tu te souffles de te concentrer.
Tu n’auras pas besoin de ton carnet aujourd’hui, que tu te répètes en boucle.
Pis au pire… T’as toujours ton portable.