starlight (opale)

samedi, 02:43 du matin
sam est affalé dans son canapé, une clope dans une main et sa manette de jeux vidéo dans l'autre. il tire machinalement sur sa cigarette, le regard dans le vague bloqué sur la cinématique de son jeu qui défile.
zoner chez lui c'est aussi une façon d'éviter les emmerdes et de rester loin de toutes les tentations qui envahissent les rues. ici il ne pourra pas craquer pour jj, vendre de l'herbe ou se faire un rail. depuis sa sortie il préfère s'isoler, c'est plus simple.
à ce moment précis il reçoit un sms de la part de son ami max.

" je viens de croiser opale près du starlight,
elle était pas en bonne compagnie.
tu devrais te ramener. "

et à ce moment précis il flippe.
tout le monde sait qu'opale est sa soeur, qu'il ne faut pas la toucher. un soir il l'a même crié au monde entier après s'être battu avec un mec qui insistait un peu trop lourdement pour ramener opale chez lui.
"le prochain qui s'approche trop près d'ma soeur j'le bute! vous avez bien compris?"
sam il était comme ça, toujours a vouloir faire peur, impressionner, menacer. jusqu'à ce qu'il passe à l'action, à ce moment là généralement il termine en prison.
il saute de son canapé, écrase sa clope a peine entamée sur la table basse, attrape son manteau et sort en trombe.
il est déterminé, et inquiet. car opale s'attire souvent des ennuis, car le starlight est l'endroit le plus pourrit du quartier, car max n'est pas réellement un lanceur d'alerte qui prend les choses à la légère alors s'il lui envoie un message, c'est que quelque chose d'inquiétant est en train de se passer.
il enfourche son vélo et pédale à toute vitesse, manquant à plusieurs reprises de se faire renverser. il slalome entre les voitures, se fait klaxoner, insulter, jusqu'à enfin arriver devant la boite. il repère opale de loin, elle est seule et a l'air quelque peu désorientée. il laisse tomber son vélo sur le bitume humide et rejoint la jeune femme avant d'attraper fermement son bras. "putain opale qu'est-ce que tu fiches ici? j't'ai déjà dit de pas trainer là, c'est un quartier d'merde tu vas t'attirer des problèmes." il connait bien le starlight, il a bossé un moment dans ses souterrains à vendre de la drogue. il y a même déjà vendu des armes. il sait qui traine ici et voir opale roder dans le coin est bien la dernière chose qu'il lui souhaite.

- you say i am loved
when i can’t feel a thing
when i think i am weak -

— @sam jones

Elle déraille, Opale. Hors de contrôle. Hors d’atteinte. Elle déraille, elle se laisse emporter par ce qu’il y a de pire en elle. Par ses travers les plus profonds. Par ses démons les plus anciens. Son traitement, elle a cessé de le prendre depuis bien longtemps déjà. Bien trop longtemps. Juste assez pour laisser son esprit s’évader, s’en aller, partir et s’enfuir. Laisser son esprit malade prendre le dessus sur toute forme de raison. Sur toute forme de conscience. Ton esprit détraqué t’emporte, une fois de plus, dans un endroit où tu n’as pas ta place, Opale. Dans un endroit qui ne t’apporteras rien de bon. Dans un endroit semblable à celui qui t’a marqué, quelques semaines plus tôt. Agressée. Elle a été agressée, un soir, en pleine rue. Frappée, laissée pour morte contre le sol froid du Queens, contre le béton, avec cette violence sans nom. Laissée pour morte, puis retrouvée, sauvée, amenée à l’hôpital. Le constat est tombé, rapidement, amnésie partielle. Perte de mémoire, mois oubliés, souvenirs effacés. Et cette putain de confusion dans ton esprit, Opale. Tu ne sais plus où tu en es, voguant entre le rêve de devenir gymnaste et ta réalité de camgirl. Tu ne sais plus où tu en es, et tu te trouves là, systématiquement ramenée à cette autodestruction qui est tienne. Et tout peut basculer, de nouveau, en une fraction de seconde. Et tout peut basculer, tout peut d’effondrer, alors qu’elle enchaîne un peu trop rapidement l’alcool et l’herbe. Tout peut basculer, mais une main agrippe son bras. Cette voix qu’elle ne reconnait que trop bien, ce regard furieux qui lui est propre, et cette inquiétude sans égale. Sam. Son frère. Son protecteur éternel. Parce que Sam, il est arrivé au pire moment de ta vie, Opale. Il est arrivé quand tu n’attendais plus rien, quand tu n’espérais plus rien. Il t’a protégé, beaucoup trop de fois, des malveillances des foyers. Il a toujours su pour ta maladie, il a toujours su pour cet esprit détraqué et il a toujours veillé sur toi. Il le fait encore, ce soir. Une fois de plus. Même après ce temps passé en prison, rien n’a changé entre eux, et c’est le plus beau. - Sam ! Je suis plus solide que tu ne le crois ! Plus solide. T’as survécu à incendie, t’as survécu à cette agression, tu survis tous les jours à la maladie, Opale. C’est ce qu’elle se répète, encore. C’est ce qu’elle se dit, toujours. Ignorant volontairement qu’elle est à deux doigts de s’écrouler, plus fragile que jamais. - T’es venu juste pour me surveiller ou je me trompe ? Qu’elle lance, plongeant ses yeux noisettes dans les siens.

personne ne leur prête attention alors qu'ils ne sont pas seuls. mais dans le quartier ça ne choque personne q'un mec débarque en furie et attrape une fille sans prévenir. ici tu ne peux compter que sur toi. et c'est bien ça qui inquiétait sam avant de venir.
il tient le bras d'opale un peu trop fermement. il fini par le lâcher lorsqu'il se rend compte qu'elle aura probablement des bleus demain, a cause de la force avec laquelle il l'a saisi. il s'en veut mais ne dit rien, puis elle, elle n'a rien remarqué car l'alcool a probablement anesthésié la douleur.
" sam ! Je suis plus solide que tu ne le crois ! " biensur, pourtant il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour elle. elle avait déjà vécu tant de choses qu'on ne voudrait même pas souhaiter à son pire ennemie. " t’es venu juste pour me surveiller ou je me trompe ? " il était plutot venu jouer les sauveurs, en général d'autres personnes s'occupaient de la surveillance à sa place.
" non, j'suis là pour te ramener, t'as vu dans quel état tu es? t'as vu la sale gueule des mecs là bas qui te fixent? tu sais comment ça se termine ce genre de soirées? " mal placé pour parler, sam, car il a déjà été ce mauvais gars. ou bien placé au contraire car il sait de quoi sont capables les mecs qui trainent ici.
" t'es venu avec qui ce soir? pourquoi t'es pas avec tes potes? " il la mitraillait de questions mais aucune réponse ne pouvait le satisfaire. il était venu avec une seule idée en tête, sortir opale de ce trou à rats et la ramener avec lui.
comme il se sent coupable de ne pas avoir pu s'occuper d'elle pendant un an et demi il tente de compenser. mais il est insupportable, sam. trop protecteur, un brin possessif, omniprésent même. il ne fait rien dans la demi-mesure et son syndrome de superman prend rapidement le dessus dans la plupart des situations. et opale, son opale, il ne veut pas la voir souffrir. c'est une mission qu'il s'est attribué à lui-même, ça lui tient à coeur. parce qu'il n'a pas de famille, il a décidé que sa famille c'était elle.

- you say i am loved
when i can’t feel a thing
when i think i am weak -

— @sam jones

Si elle était dans un bon jour, si elle était conscience, pas imbibée par l’alcool, pas sous l’emprise acerbe de l’herbe, pas abîmée par son esprit malade, elle dirait certainement qu’il a raison. Elle dirait qu’il a raison de lui interdire de venir ici. Dans cet endroit qui ne peut que lui faire du mal. Irrécupérable. T’es irrécupérable, Opale. T’es là, à trainer, à risquer ta vie, ta santé, alors que t’es à peine libérée. Tout juste sortie de l’hôpital. Tout juste remise sur pieds. Remise sur pieds. Elle n’en est même pas certaine. Encore toute retournée par les souvenirs qui se sont effacés. Encore déstabilisée par les douleurs qui envahissent son corps. Si elle n’était pas si borderline, elle avouerait qu’il a raison. Mais tout est différent, lorsqu’elle est en crise. Lorsqu’elle est sous l’emprise de cette défaillance mentale. Sam est en colère, il lui balance des reproches, déguisés en questions. Il est en colère, et quoi qu’elle dise, il le restera. - Quel état ? Je n’ai pas le droit de m’amuser comme les autres ?! Qu’elle lâche, alors qu’elle est plus faible que jamais. Non, tu ne peux pas faire comme les autres Opale. Tu ne dois pas faire comme les autres. Ta maladie ne le permet pas. Ton état de santé ne le permet pas. - Oh Sam, arrête de crier s’il te plait, tu me fais mal au crâne. Elle encaisse toutes ses paroles, les hommes qui la fixent, les menaces sur les fins de soirées, ses amis absents, elle encaisse tout. Parce qu’il s’agit de Sam. Il s’agit du seul homme ayant une quelconque importance dans sa vie. Il s’agit du seul homme ayant réellement pris soin d’elle depuis la mort de son père. Et la vérité, c’est qu’il a tous les droits, Sam. Il a tous les droits sur toi, Opale. - Qu’est-ce que tu veux ? Tu veux qu’on s’en aille ? Si c’est ce qu’il veut, elle est prête à le suivre. Elle réalise qu’elle est prête à le suivre, malgré cette crise. Elle doit se réhabituer à sa présence, Opale. Elle doit se réhabituer à avoir un protecteur de nouveau dans sa vie, après un an et demi d’absence. Après un an et demi à devoir se débrouiller sans lui. La vérité, elle est déconcertante, Opale. T’as toujours pu compter sur lui. Il a toujours tout donné pour toi. Et sans lui, ta vie en foyer aurait certainement été bien plus difficile encore. Bien plus dure. Mais la vérité, elle est déconcertante, parce qu’il ne pourra pas toujours être présent pour veiller sur toi.

quelques regards en coin se dirigent dans leur direction mais personne n'ose intervenir. probablement car sam est connu dans le coin, et bien qu'il n'ait pas été aperçu depuis plus d'un an, son retour doit en faire trembler plus d'un.
il n'est plus réellement certain de savoir comment s'adresser à opale. car la culpabilité le ronge, en même temps que toute une tonne de différents sentiments. il ne sait plus où donner de la tête ni comment agir. la pire issue pour lui aurait été qu'elle le rejette et qu'elle lui reproche son absence. fort heureusement pour lui ça n'avait pas été le cas, ou très peu. ça n'enlevait rien à sa culpabilité mais au moins elle ne le lui reprochait pas en plein visage et ainsi il avait l'impression qu'elle était assez forte pour s'en sortir sans lui sans pour autant se voiler la face. " si tu veux mon avis t'as pas l'air de beaucoup t'éclater là " il lui lance ça avec son ton plein d'ironie. toujours aussi mal placé pour parler mais il prenait son role fraternel bien à coeur. il a baissé d'un ton tout en restant dans la provocation parce qu'il ne sait pas vraiment comment agir autrement, c'est sa réaction habituelle.
" oui opale, viens on s'casse de là. ramasse tes affaires et je t'emmène prendre un petit dej " il enlève sa veste et la dépose sur les épaules frêles de la jeune femme avant de l'enlacer.

sur le chemin il garde son bras au tour des épaules d'opale, il ne veut pas qu'elle ait froid. il a laissé son vélo au club alors qu'ils s'éloignent sous la bruine automnale. la balade est silencieuse. il pense à ce qu'il a manqué, à tout ce qu'elle a bien pu vivre pendant qu'il était à l'ombre. il n'ose pas rompre le silence, il hésite longuement. ça n'a rien d'un silence gênant, c'est comme s'ils conversaient sans même ouvrir la bouche. rien qu'en se touchant ils pouvaient se comprendre. mais certaines questions nécessitaient des réponses audibles, alors après une dizaine de minutes à errer dans le froid sam ouvre enfin la bouche. " est-ce que tu vas me dire ce que tu faisais dans cet endroit? " cette question le taraudait. il ne l'avait jamais vu trainer là bas car il le lui avait toujours déconseillé. c'était son ancien qg, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il savait ce qu'il se tramait dans cet endroit, et jamais il n'aurait souhaité y croiser opale.

- you say i am loved
when i can’t feel a thing
when i think i am weak -

— @sam jones

Il n’y a rien à faire. Il n’y a rien à dire. Sam est décidé, il veut l’emmener loin d’ici, loin de ce monde crasse, loin de ce monde dangereux, de ce qu’il y a de pire en elle. Il veut l’emmener loin d’ici, en sécurité, comme toujours. Il s’est toujours assurer qu’elle soit en sécurité, Sam. Et elle s’en souvient encore, Opale. Il veillait sur elle, en foyer. Il attendait qu’elle soit bien dans sa chambre, qu’elle s’endorme. Il était aux aguets, dès qu’un garçon s’approchait d’un peu trop près d’elle. T’as cette image de lui, Opale. Cette image intarissable. L’image d’un homme parfait, l’image du seul homme de ta vie. L’image de celui qui n’a jamais eu le cœur de t’abandonner. Et ce peu importe tes travers, et ce peu importe cette maladie qui te ronge. Alors elle se laisse guider, sans gémir, sans rien dire. Elle se laisse guider, un peu plus au chaud sous sa veste, un peu plus au chaud dans ses bras. Le silence s’installe entre eux, et ce n’est peut-être pas plus mal. Ils peuvent profiter l’un de l’autre, comme jamais ils n’ont pu le faire depuis longtemps, très longtemps. Et tu réalises combien il t’a manqué, tout ce temps durant lequel il était enfermé, Opale. Tu réalises que sans lui, t’es entièrement incomplète. Et ce n’est que lorsqu’il pose cette question, de nouveau, qu’elle se décide finalement à répondre. Qu’elle se sent obligée de répondre. - Je ne fais pas toujours ce qu’il faut des fois. Tu le sais bien. Référence à son cerveau détraqué. Référence à son esprit perdu. Et pourtant, elle ne s’arrête pas là. Elle lui livre quelque chose, quelque chose qu’elle ferait peut-être mieux de garder pour elle. - J’ai été agressée, un soir, un peu avant ta sortie. Elle s’enfonce sûrement, Opale. Elle s’enfonce sûrement, en lui prouvant combien elle est capable de se mettre en danger. Mais t’es incapable de lui mentir, Opale. Et tu le sais. T’es incapable de lui cacher quoi que ce soit, pas à lui. - Tu vois, j’ai déjà tout vécu, tu n’as pas à t’en faire… Elle esquisse un faible sourire. Parce qu’au fond, il est vrai qu’elle a survécu à tout, Opale. Elle a survécu à la maladie. Elle a survécu à la mort de sa famille. A son agression. A cette perte de mémoire qui est venue l’envahir.

leur pas est lent et les bruits de la ville résonnent autour d'eux jusqu'à ce que sam ose briser le silence qui s'était tranquillement immiscé. le grand frère protecteur revenait petit à petit mais la situation n'avait rien de simple. il avait l'impression d'avoir perdu tout légitimité après été loin si longtemps. opale répond. "faire ce qu'il faut", ils étaient de toute évidence tout les deux dépassés par ce concept, sam lui-même étant champion toutes catégories dans l'art des conneries. d'autant plus mal placé pour donner des conseils avisés. il hausse les épaules, un léger sourire en coin quand il réalise qu'il n'a pas vraiment le droit de le lui reprocher.
mais la prochaine phrase d'opale lui fait l'effet d'une bombe. le pas ralenti jusqu'à ce que sam se stop net. d'un seul coup une multitude d'images toutes plus insupportables les unes que les autres se mettent à défiler dans sa tête. opale se faisant agresser. opale sans défenses, malmenée. il s'interdit d'imaginer le pire mais son cerveau part en vrille, il sert le poing mais se sent démuni, impuissant face à cet évènement tragique qu'il a manqué. " Tu vois, j’ai déjà tout vécu, tu n’as pas à t’en faire… " il l'arrête, comment peut-elle esquisser un sourire après une tel souvenir?  " mais qu'est-ce que tu racontes opale ?! " à cet instant sa jauge de culpabilité explose, s'il avait été présent les choses auraient-elles été différentes? il s'en veut terriblement, il sait qu'il s'en voudra encore longtemps. il lui attrape le bras pour la ramener face à lui " qui t'a fait ça? " il lui demande, froidement, fermement. il articule lentement, son ton est bas. il se controle. sinon il aurait pu en pleurer, de culpabilité, toujours hanté par les images qu'il venait de se créer. pauvre opale, son opale. qu'avait-il fait ?!
plus le temps passait et plus il réalisait tout ce qu'il avait manqué pendant son passage en prison, sans cesse à se répété "et si j'avais été là?". peut-être aurait-il pu faire en sorte que les choses se passent différemment. protéger opale, venir en aide à tant d'autres. lui qui avait jusque là prêté si peu d'attention à son entourage, il commençait à amèrement regretter.

- you say i am loved
when i can’t feel a thing
when i think i am weak -

— @sam jones

Il aura toujours sa place, Sam. Il aura toujours cette place de grand frère. Cette place du seul homme capable de la protéger. Il aura toujours sa place, malgré son absence. Et elle ne pourra jamais lui en vouloir d’avoir été absent. Elle ne pourra jamais lui reprocher ses erreurs, parce qu’il ne l’a jamais fait avec elle. Il a toujours été bon avec toi, Opale. Il a toujours été droit. Il t’a toujours aimé, peu importe tes crises. Il t’a toujours aimé, en dépit de la noirceur de ton âme. Alors il pourrait bien partir des mois, il pourrait bien partir des années, sans que cela ne change quoi que ce soit à l’amour qu’ils se portent. Dans un an, dans cinq ans, dans dix ans, il aura toujours cette même place au creux de son cœur. Et réciproquement. Elle n’a aucun doute, Opale. Elle n’a aucun doute, et sa réaction lorsqu’elle évoque son agression en est une preuve supplémentaire. Tu vois bien que cela le rend malade, Opale. Tu vois bien tout ce qui se trame dans sa tête, en un seul regard. Tu le vois, tu le sens. - Je ne sais pas… Je ne le connaissais pas… Je ne me souviens plus de son visage… Qu’elle lâche, plus vulnérable que jamais. Parce que cette agression, c’est ce qui lui reste de pire. Cette agression, elle n’est qu’un coup bas supplémentaire de la vie. Une blessure qu’elle inflige désormais à son frère. Blessure beaucoup trop forte. Beaucoup trop douloureuse pour lui. Et elle réalise qu’elle aurait sûrement mieux fait de se taire. - Sam… Il ne bouge plus. Il ne bouge plus et elle, elle s’approche de lui. Doucement mais sûrement. Elle s’approche et se glisse doucement dans ses bras. C’est tout ce qu’elle peut faire, pour lui faire sentir qu’elle est là. Bien en vie. Qu’elle est là, devant lui, contre lui. - Il y a eu plus de peur que de mal… Ce n’est qu’une demi mensonge, Opale. Parce que tu es en vie. Tu vas t’en sortir, tu vas t’en remettre. Mais il y a cette perte de mémoire. Il y a ces souvenirs tragiquement effacés. - Je ne veux pas te voir dans cet état… Pas pour elle. Surtout pas pour elle. Parce qu’elle ne pourrait pas supporter de le voir souffrir par sa faute.