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| Sujet: yeux vides (nuria) Dim 22 Sep - 17:00 |
| Adossée à l’encadrement de la porte, tu guettes le changement sans te résoudre à le provoquer. Tu hésites à froisser les draps entre tes doigts pour rendre la scène plus vivante mais tu abandonnes, le silence accompagne tes souvenirs et menace de t'abimer. La broderie abandonnée au coin de la pièce ne verra jamais son dernier fil et tu regrettes d’avoir si souvent décliné sa proposition de t’apprendre, faute de patience. Elle n’est plus là et tu es incapable de terminer l’entamé. Tu envisages de commencer à ranger ses affaires mais au dernier moment, tu te résignes, tu te résous à l’évidence. Susan ne reviendra plus alors tu refermes la porte sans un bruit par crainte de réveiller la tristesse en laissant le musée de sa vie intacte. L’appartement est encore plein d’elle, de son odeur et de ses épices. de ses photos et de ses sourires. Tu traverses silencieusement le salon en jetant une oeillade sur le fauteuil qui a vécu vos discussions sans fin, son vieux fauteuil crapaud complètement défraîchi aux franges délavées par le temps. Le redouté devient réalité, le vieux fauteuil reste vide et la nostalgie t’annihile tous les sens et la solitude t’assène un ko, comparable au chaos. Un passage dans la cuisine datée, pour vérifier les plantations laissées en jachère sur le balcon arrière et tu replonges dans un autre souvenir. L’âme en peine, tu finis par sortir de la pièce pour essayer de retrouver un peu d’air. Tu t’isoles en enchaînant les postures de yoga à la recherche de sérénité mais tu abandonnes l’idée en te faufilant jusqu’à la chambre de Nuria de l’autre côté de l’appartement, un bref coup contre la porte, purement rhétorique. et tu te faufiles déjà sur son lit. Nuria, c’est ton rayon de soleil. Un brin d’espoir dans un océan de chagrin. Elle s’est pointée dans ta vie quand ton quotidien était un champ de bataille. Tu menaçais de t’effondrer et elle est arrivée avec ses convictions débordantes et tu t’es souvenue de qui tu étais avant tout ça, tu étais Nuria alors elle t’as sauvé la vie Nuria. Douceur contrastante de ta colère sourde. Elle était partie Susan, il était silencieux le marin. Et puis tu as souri, tu as ri même pour la première fois depuis des semaines. Partenaire d’infortune au bout du monde, compagne de silence et âme soeur d’aventure alors tu t’es laissée prendre quelque part entre l’optimisme et le chagrin. Tu as vu Nuria comme tu n’envisageais plus de voir personne, tu l’as vu dans son entièreté. Elle est belle comme le jour Nuria et douce comme la pluie. C’est ton parfait contraste dans sa plus totale complémentarité. Alter ego d’escales, vous avez partagé vos secrets et vos espoirs. Vous avez tout partagé au point de partager votre lit, le temps de quelques nuits. Des nuits qui se sont accumulées. Nuria, ça a été ton point d’ancrage dans la détresse. Et puis votre relation s’est mue en quelque chose d’autre, de plus intense. Alors c’est tout naturellement qu’en remettant le pied dans le Queens, tu l’as supplié de venir vivre chez toi pour tromper encore la solitude. Pour continuer de vivre à deux. Et elle a accepté Gratitude éternelle, pansement éphémère. Tu te glisses encore parfois dans ses draps quand la nuit te submerge, pour lui chuchoter ta reconnaissance mais c’est plus fort que ça entre vous. Nuria, elle est comme toi. “Tu veux sortir déjeuner ? Je t’invite.” Le genou qui remonte sous ton menton, tu l’admires Nuria, tu la bois. Elle a cet éclat d’éternité dissonant de sérénité.
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