(( nos âmes en couleur )) ft rebel

Les jours de repos, tu en profites pour aller cavaler, convoler dans les rues du Queens. Tu passes d’un quartier à un autre. Celui qui capture les moments des autres, des moments joyeux, surprenant parfois, est ton appareil photo. Un vieux modèle, t’as les moyens de te payer le nouveau, mais t’as toujours aimé celui-ci sans doute, car il est le tout premier et qu’il t’a été offert par ton père quand t’avait que douze ans. T’étais un mioche, un mioche loin de savoir qu’il serait tant passionné qu’il détruirait sa propre relation avec son père. Tu le sais, tu ne peux pas réparer tout ce qui a été dit ou même fait. Mais t’assume, sans trop le faire. Tu ne sourcilles pas, tu ne trembles pas et lève les épaules quand on te parle de lui, mais t’as le cœur qui se fissure et le myocarde qui déclare carrément forfait. C’est ainsi, tu le sais. C’est comme mort, tu ne retourneras sans doute jamais voir ton père, ta mère, ta famille. Te reste Belly avec qui tu passes ton temps, mais ce n’est jamais la même chose, jamais. Tu parcours les rues, prenant des clichés, parfois cachés, parfois t’offres un sourire, puis parfois tu as des questions. Pourquoi ? Surtout quand tu prends en photo des enfants avec des pères ou des mères. Tu ne prends jamais la face des personnes, tu prends de dos, tu les captures dans des moments qui laissent imaginer tant de chose et toi tu aspires leur bonheur. Tu le voudrais bien, être un putain d’égoïste et leur voler pour ne plus jamais leur rendre. Eux leur corps nage dans le bonheur et le tien il se meurt, se noie lentement, mais surement te laissant boire la tasse, laissant périr ta relation avec ton cher père. Tu as ton matériel sur toi, un petit sac où tout est posé, tu penses à photographier, à te divertir des âmes des autres, te nourrir de leur émoi. Les opales cachés derrière le viseur, tu captures les sourires, les moments d’insouciance. Puis ton appareil se baisse et tu observes de tes prunelles le visage de cette petite plume si mignonne, tu l’approches, elle a le nez écrasé contre la vitre de la boulangerie, les opales rivés sur les croissants. Le sourire qui s’emporte sur ton visage, tu entres dans la boulangerie pour lui en offrir un, tu le vois bien ce n’est pas forcément de la gourmandise, mais bien plus de la faim, elle ose à peine le prendre puis le prends avant de murmurer un merci avant de s’enfuir. Ta tête qui se relève , tes prunelles qui se pose sur Rebel, que tu ne pensais pas croiser aujourd’hui, t’es peu bavard avec lui, mais tu aimes bien l’avoir avec toi sans vraiment te l’expliquer, c’est un sourire que tu échanges avec lui et quelque pas que tu fais dans sa direction. «   Tu fais quoi là ?   » Que tu demandes tout en laissant flirter tes opales dans les alentours.

Toutes ses âmes tu t’en nourris, tu cajoles leur bonheur, tes iris caressant leurs âmes torturées. C’est si plaisant et un véritable cadeau à la fois. Tes opales qui ne cessent de dévorer cet enfant, les yeux appelant la gourmandise, tu as ton appareil capturant l’instant, si belle, si pure. Comme beaucoup d’enfant, capturer les instants des uns et des autres de cette façon fini par devenir parfois les tiens. Tu te ballades au gré de ton envie, ne sachant pas où tu vas, où tu arriveras. C’est souvent comme ça quand tu as l’intention de capturer des instants dans les rues, parfois ce n’est que des feuilles virevoltant dans les airs. Tu ne sais jamais comment se déroulera ton art. loin de tes préoccupations qui pourrissent ton esprit, tu te sens au mieux. Libérée de poids qui ne font qu’empêcher les miracles de se produire. Puis comme là, tu t’en vas offrir des choses à une parfaite petite inconnue dans la rue, t’as toujours été ainsi, toujours été prête à donner de toi-même pour aider les autres. Le sourire qui s’installe sur vos visages, un merci presque inaudible, ton cœur qui s’emballe sous ses pommettes si mignonnes qui s’impose avec ses lèvres qui s’étirent. Si mignonne. Tu te souviens que trop bien de toutes les fois où tu avais eu envie d’offrir un petit quelques choses à manger aux gosses qui se délecter de leurs iris des bonnes choses installés dans les étales des marchés. Le froid devrait effrayer que très peu habitué à des températures de ce style dans ta bourgade, ce sont souvent des hivers plutôt chauds, à t’en brûler les ailes en soirée. Mais depuis que tu as débarqué ici, tu es incapable d’abandonner les buildings de la grosse pomme, de ton Queens, tu es loin d’avoir envie de regarder de tes opales bleutés la beauté de la mer chavirant le cœur des habitants de ta ville natale pour le grisâtre, le gris qui attire ton intention, tout comme les visages souvent moroses des habitants, une mine d’exploitation, de quoi refaire ton âme, donner du délice à cette dernier comme un bon chocolat.
Puis tu le vois Rebel. Tu traînes avec lui, l’art qui passionne et envoute. Le silence règne entre vous, et toi le taciturne ça te va parfaitement. T’aimes bien l’avoir prés de toi, sans même savoir pourquoi. T’as même pas cherché à l’expliquer, car finalement tu t’en contre fiche. Le sourire qui englobe ton visage, tes iris dans les siennes, tu cherches à déterminer ce qu’il va dire. Un mot. Ça te fait rire. Il est dans un mutisme que tu ne connais que trop bien, mais bien plus blottit que toi, en tout cas. « Croissant je vois que les gourmands courent les rues aujourd’hui ! » Tu ris un peu, fixant Rebel ,puis la petite fille qui se régale tout en te fixant. « Sont aussi bon que ça ? j’aurais dû m’en prendre un aussi … » que tu lâches en finissant par approcher un peu plus de bel’. « Moi , appareil photo … » Devines. Il ne peut que se douter de ce que tu fais dans les quartiers du Queens, si tu ne peins pas, tu ne dessines pas les formes exquises des cambrures d’une femme, c’est que tu mitrailles avec délices. « Alors, tu vas en faire quoi de ton croissant et après, tu vas finir où ? » Que tu demandes, les yeux qui nagent dans les siens.