à la folie (ivy)

traits de caractère elle est douce, ivy. une rose qui éclos au sol et fane sous la violence. elle brûle d'aider les autres quand son cas semble désespéré. mais elle ne se plaint pas. ni un mot au dessus de l'autre, encore moins une plainte dansante sur les lèvres. elle ne fait que sourire, ivy. coup de grâce pour bousiller le paysage. l'intention capable de foutre à terre. et on ne parle pas de son rire, à ivy. il est vibrant et attachant. on aimerait l'entendre au réveil et avant d'pousser son dernier soupir. on voudrait le saisir et en faire un hymne à la vie. elle a la tête dans les nuages, aussi. les yeux perdus sur les lignes des bouquins à défaut de les écrire. elle se plaît quand l'imaginaire devient l'issue de secours. naïve poupée qui aime un peu trop les gens. aveuglée par ce monde qui tourne à l'envers, comme ce coeur piétiné avant l'heure. elle préfère les ce n'est pas grave, ça ira mieux demain aux le monde est fait de sang. généreuse, au point de s'oublier. le refrain de l'histoire dédié aux autres. elle ne voit que le malheur dans les yeux et les sourires pour réanimer l'émotion. elle se donne toute entière et à l'arrivée, il ne reste que les pièces du puzzle. aider les nécessiteux et s'oublier. y a plus grave dans la vie qu'elle dirait de sa voix douce. les vocalises de ces cordes éreintées. le fil prêt à lâcher. elle pourrait tomber, ivy. mais elle finirait par se relever. c'est une mécanique acquise depuis l'enfance. chuter à droite, se redresser à gauche. plier à l'arrière, oser vers l'avant. ne pas se laisser abattre comme une chienne. préférer la vie, les rires, les sourires, l'espoir. préférer le bonheur, la pureté et la rédemption. une fleur ça ne fane pas. ça s'use avec le temps, mais si on y croit aussi fort, elles se réaniment tôt ou tard. comme une plaie qui cicatrise. tel un coeur qui s'autorise à battre à nouveau.

les baisers, ils sont doux. les lèvres d'ivy, elles se baladent dans le cou du loup. un peu, beaucoup, à la folie. son rire, il se calque à la peau. c'est une traînée sentimentale qu'elle dissémine. une empreinte qu'elle force pour marquer l'évidence. elle est amoureuse, la poupée. éprise à s'en faire cramer le coeur. accrochée même quand elle oublie de respirer, parfois. dans ses bras, elle se sent forte. contre son buste, elle peut se laisser porter par chaque battement un peu. beaucoup. à la folie. quand elle lui parle de sa voix satinée au creux de l'oreille. des mots d'amour qui se reflètent dans les étoiles. des intentions aux louanges affectives. l'amour, ça lui est tombé dessus comme ça. un chapitre scellé. un autre ouvert. ses doigts fins cramponnés à un bouquin. ceux de silas aussi. les pommettes brûlantes de gêne. puis un sourire qui devient gage d'éternité. elle a souri en retour. le bleu de ses yeux pour l'attirer au rivage. sirène en exil qui n'a pas eu besoin d'un chant animal pour le forcer à ployer le ventricule. l'ouvrage prisonnier de sa paume. son âme enchaînée à la sienne ce soir-là. les souvenirs oppressants, ils sont douloureux et exquis à la fois. les paupières vacillantes, une fois, tout le temps. il faisait froid cette nuit de novembre. la fumée grisante hors de ses lèvres carmins. les mains dans les poches de son manteau. le rire fluet. et son sourire à lui. ça a été un tyran cette nuit là. un envoyé céleste bon qu'à la faire chuter. un type qui ne lui a laissé aucune chance de fuir. et elle n'avait pas désiré le faire. ivy, elle a signé pour les sentiments et la douceur. apposition de ses lèvres aux siennes pour galber les promesses. et elle y a cru. petite naïve. belle sotte qu'on aurait pu murmurer en ricanant. mais la poupée, elle n'aurait écouté personne. parce que les ficelles, c'est lui qui venait les articuler. une marionnette entre ses mains rugueuses. une amoureuse quand il s'adoucissait. elle pardonnait, ivy. elle hochait de la tête, acceptait un baiser, puis deux et s'endormait dans ses bras. elle rêvait d'une guérison. elle espérait une accalmie.

un peu,
beaucoup,
à la folie,
à la vie, à la mort.

les ecchymoses, elles sont partout. sur la peau claire et fanée par la violence. sur les ventricules atrophiés de l'affront. les erreurs glissées ci et là dans une empreinte animale. pour un mot de travers. ou un regard trop insistant. pour des excuses qu'elle ne comprend même plus, ivy. le corps recroquevillé à terre trop souvent. les supplications, elles ont brûlé ses lèvres toutes ces fois. chercher la paix au milieu des combats, chercher l'amour quand la haine se dessinait autour du cou. le violet imprégné jusqu'à la moelle. le rouge pour ternir le visage de la poupée. elle n'était plus que chiffon. des ruines écrasées aux pieds du petit-ami. aime-moi ce soir. aime-moi à l'envers. aime-moi demain. aime-moi en dehors de la folie. aime-moi en dehors du temps. causer, elle a essayé de le faire, ivy. retrouver un semblant d'amour dans ses yeux, la main glissée près du visage. apaiser l'animal. éteindre l'incendie. quand les larmes brûlaient l'échine chaque nuit. elle tremblait, la gamine. endormie là dans ses bras, elle implorait un dieu de passage pour ne pas terminer dans le caniveau. le pardon, il a été accordé sans l'once d'une hésitation. la victime éprise du tyran. l'amour plus fort que les coups. sans doute plus fort que le courage aussi. une répétition pathétique comme les mots des proches. la famille pour guider la raison. quand la folie portait le prénom du monstre.
s i l a s. les lettres scandées sous le palais. t u v a s m e t u e r. il l'a fait. autant qu'il l'a aimée.

si tu m'aimes,
prends garde à toi.

l'amour fou. l'amour sombre. l'amour violence. l'amour ecchymose. les sentiments, ils marquent autant que la peau. et ivy, elle a arrêté de rêver. peut-être que ça ne servait plus à rien. de poser une main sur le visage du monstre et d'espérer. de l'embrasser avec tendresse pour cicatriser la haine. il paraît qu'on ne change pas. il se murmure que les coups pleuvent une fois et ne s'arrêtent pas. il se dit qu'un homme qui malmène sa compagne, recommencera au moindre mot de travers. les excuses ne sont balbutiées que pour la forme. les désolés forment des symphonies qu'ivy n'entendait plus. d'elle, il ne restait que des ruines. un corps en vrac. un coeur à terre. silas, il n'a fait que le piétiner. et c'était encore plus douloureux que les coups. on ordonne la fuite, l'abandon. on implore pour que la vie redémarre. mais sans l'autre dans l'équation, elle s'est perdue aussi. cinq ans passent. elle quitte la ville, elle revient. elle est profanée par les crises d'angoisses. elle ne vit plus, ivy. elle fait semblant. sursaut quand le carillon de la porte résonne. même réplique quand une main s'appose sur son épaule au milieu de la rue. les paupières scellées avec la crainte de les rouvrir. non, ne reviens pas, non, s'il te plaît, non épargne-moi. à chaque fois, silas absent du décor. et la contradiction pousse sur la corde raide. le manque ou la peur. la question égosillée par les doutes. ne pas y répondre, pour ne pas se confronter à la vérité. ne pas murmurer sous l'sourire angélique. ne pas l'avouer, qu'elle l'aime encore un peu. ne pas l'admettre, qu'elle est terrifiée aussi.

si tu m'aimes,
paraît que moi aussi.
a d i e u.