can see your halo. (maxine)

Cette femme, son ange, comment l’oublier. Elle s’est interposée entre elle et l’obscurité. Entre elle et les ténèbres de la nuit. Elle s’est interposée, pour la protéger d’elle-même. Pour la tirer de cette mauvaise passe, de l’alcool coulant un peu trop dans ses veines. Et lorsqu’elle aurait pu la raccompagner, tout bonnement, elle lui a offert son canapé. Elle lui a offert un toit, beaucoup plus rassurant que celui qui est pourtant le sien. Parce que tu sais, Asmée. Tu sais que cette femme, elle n’était pas là pour te juger, contrairement à ce que tes parents auraient fait. Entre une mère qui n’a jamais été fière d’elle et un père qui, au contraire, n’a toujours su que l’exhiber. Elle s’est perdue. Elle s’est perdue pour donner un sens à sa vie. Et aujourd’hui, elle ne se retrouve plus. Elle ne sait plus qui elle est, ni ce qu’elle veut. La seule chose dont tu es persuadée, Asmée, c’est que tu dois la remercier, cette douce et belle inconnue. Cette femme à l’instinct bien trop protecteur, bien trop maternel. Tu le sais, parce que tu as cette innocence en toi, cette gratitude enfantine, et la jolie envie de la revoir.
L’envie d’en découvrir davantage sur elle. L’envie de savoir ce qui se cache derrière cette jolie blonde. Parce qu’elle a laissé cette impression, Maxine, celle de renfermer beaucoup trop de secrets. Une vie qui n’a pas toujours été si rose. Elle a ce sentiment, parce que cette femme, aussi douce soit-elle, semblait s’inquiéter. Elle semblait vraiment s’inquiéter pour elle. Comme un ange aurait pu le faire. Ou comme une femme ayant déjà vécu aurait pu le faire. Mais ce qu’elle a fait pour toi, tu ne peux pas l’oublier, Asmée. Parce qu’elle t’a aidé lorsque peu de personnes n’auraient pu tendre la main. Pas avec autant de bonté. Pas avec autant de bienveillance. Elle se dirige alors jusqu’à chez elle, l’astre, beau bouquet de fleurs à la main. Et une fois devant sa demeure, elle sonne, légèrement anxieuse, attendant qu’elle ne vienne lui ouvrir. - Bonsoir... Qu'elle lâche, doux sourire sur les lèvres, lorsque la blonde se présente à elle.

(c) calaveras.

Les choses se bousculent dans ta tête, dans ta vie Maxine. Elle renaît et toi, tu la suis, un peu effrayée, un peu actrice. Tu essayes d'y remettre de l'ordre, malgré ces hommes que tu tolères à nouveau mais qui ne s'attardent pas. Tu es toujours cette âme perdue, cette âme blessée, sans étoile pour te guider.

Tu essayes malgré tout. Tu compartimentes ta vie, grâce à la vente de cette toile à un amant qui t'as permis d'investir un véritable atelier et de t'attaquer à tes insomnies. Ainsi la pièce qui te servait à peindre est presque vide hormis des cartons et quelques toiles emballées. Celles d'Hannah. L'un de ses portraits a d'ailleurs trouvé place sur le mur, puisque tu n'y penses plus autant de temps, tu arrives à le supporter. Comme si c'était sa chambre. T'as envisagé d'y mettre un lit, pour en faire une chambre d'ami... Mais pour qui ? Tu as trop d'hommes dans ta vie et en même temps, tu ne ressens qu'une terrifiante solitude. Solitude que t'aimes assez, paradoxalement.

Tu as souvent pensé à la jeune fille que tu as aidé une nuit, te demandant si elle allait bien, emplie d'une bienveillance maternelle. Tu te demandes si tu la reverras un jour, si elle osera... Tu comprendrais qu'elle ne le fasse pas. Être redevable est sentiment étrange, même si de ton côté, tu n'as pas l'impression d'avoir fait grand chose. Et comme un peu trop régulièrement, tu t'enfiles du vin sans compter ce soir là, devant un documentaire sur les vastes étendues gelées du nord lorsque quelqu'un sonne à la porte. Instinctivement, tu penses à Tomás, il serait bien le seul à passer ainsi à l'improviste. Tu en es tellement sûre que tu serais capable de te mettre dans une situation embarrassante en ouvrant la porte. Grand bien t'en fasses alors que ton visage s'illumine immédiatement.

- Asmée ! Ça me fait plaisir que tu passes, je t'en pries, rentre !

La blonde referme la porte derrière elle, l'invite dans son salon très contemporain à s’assoir sur le sofa et honteuse, elle débarrasse son verre de vin et la bouteille. Elle a conscience que cela devient un problème, pour elle qui envisage d'être mère à nouveau, cette consommation est déraisonnable.

- Tu veux boire quelque chose ? Du thé ? Du jus de fruit ? De l'eau ?

Elle ne lui propose que des softs, parce qu'avec elle, il ne lui semble guère approprié de se laisser aller aux vices. Elle revient bien vite avec un plateau contenant les boissons et des fruits secs à grignoter.

- Comment vas-tu ?

(c) calaveras.