Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: reborn (ft rick) Dim 8 Sep - 19:38 |
|
il y avait de ces jours, où tu te sentais vivante, vera. plus que d’autres. et ce jour en faisait parti. oui, sentir ton palpitant se tordre dans ta poitrine. sentir cet organe tant mis en veille, ça te faisait dire que tu étais bel et bien vivante. que sommeillait en toi un cœur. un cœur que tu sentais battre. certains disaient que tu n’en avais plus. des foutaises. des inepties. il est bien là ton cœur qui bat. et tu le sens à tout rompre dans ta poitrine. tu as fait des choses bien pires pourtant. des choses immondes. mais ça, c’était bien l’une des choses les plus difficiles que tu avais eu à faire.
vingt ans. et tu te demandais même si tu allais le reconnaître. on change, en deux décennies. on se forge, on mûrir. on vieillit, aussi. dernier coup d’œil sur l’adresse griffonnée sur le morceau de papier. entre tes mains, tu le froisses. pas de doutes, l’adresse est la bonne.
la sonnerie qui retentit. le son qui prévient. toi, d’habitude, tu préviens pas. tu préviens jamais. tu entres. tu ouvres toi-même les portes. mais tu n’es plus à cuba, vera. tu es en terres inconnues. un terrain pas connu. ici tu es presque personne. à quelques détails près. les secondes sont des heures. et s’il n’était pas là. non, on t’avait dit qu’il serait là à cette heure-ci. t’entends du bruit. dernière respiration avant que l’engrenage ne débute. plus rien ne sera comme avant, tu le sais.
y a ces yeux. un océan plongé dans un regard. malgré les années tu les reconnaissais. où est-elle la puissante et forte vera valdes? restée à la havane, sans doute. là, t’es juste une femme. une mère qui veut revoir sa fille. tu veux juste la voir. à défaut, savoir qu’elle va bien. y a tant d’années qui t’ont bouffées. tant de temps qui est passé. t’as juste voulu te rattraper. essayer de corriger les erreurs passées. et c’est peut-être bien trop tard, tu le conçois.
rick ? juste pour t’en assurer. juste pour être sûre que tu ne te fourvoies pas. tes yeux qui se plissent. au fond, tu sais que c’est lui. cela ne peut-être que marshall.
|
|
Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: Re: reborn (ft rick) Lun 23 Sep - 18:11 |
| marshall est seul. marshall profite. il profite d'cette trêve imprévue. d'l'absence silencieuse de l'ingénue. sandy n'est pas là et pour une fois, le géniteur ne s'en froisse pas. au contraire. il ravale sa possessivité. il se gave des insultes qu'elle a déjà pu lui balancer. oh, elle ne s'est pas privée, la gamine. pour une photo délavée. pour une bribe d'indices sur son hérédité. putain mais d'où me viennent ces traits ? qu'elle avait hurlé à un père désabusé. il avait pas su quoi répondre ; lui servir le faux ou lui cracher l'vrai. alors il n'avait fait que se taire. et toute l'histoire avec. il avait fait tout c'qu'elle redoutait : ne pas nier mais n'surtout pas flancher. lui faire renifler l'parfum poudré d'cette mère effacée mais n'pas lui révéler si elle pourra un jour y goûter. non. vera, elle reviendra pas. c'est c'qu'il pensait -mais aussi c'qu'il redoutait. vera. vera elle est bien là.
alors il fait bon être seul en cette soirée paumée dans c'qui s'apparente à une fin d'été. il regrette juste, s'est battu contre sa fragilité d'savoir ses deux cabots seuls dans c'garage éloigné. deux cerbères aux sales gueules acérées, deux molosses qu'on n'peut adopter. qu'on n'peut définitivement pas enlacer. rick il s'passionne pour le dangereux. pour le vénéneux. ça sent l'amérique dans le salon ; le parfum gras d'un fast food amélioré, d'un hamburger fait maison. ouais, marshall a la fibre culinaire, ce p'tit truc qu'on n's'imagine pas, ce p'tit truc qu'il planque au plus profond d'son intimité. une envie d'se laisser dériver tout en s'accrochant au luxe dont il avait un jour goûté. un besoin d'tout abandonner et pourtant aussi, d'revenir vers la vie qu'il avait laissé tomber. oh, marshall, il a trempé dans des trucs louches. dans des combines peu farouches. marshall laissait couler entre ses doigts l'or gris de c'que certains appellent paranoïa. la ferraille et la poudre. les balles et l'hémoglobine qui roule. rick il te vendait d'quoi te protéger. rick, il t'refourguait toutes la mort que t'avais envie d'semer. l’horreur planquée derrière un treillis bien repassé. l’macabre assumé dans ses besoins de diriger. les pulsions d’sentir encore leurs gorges sous ses phalanges abîmées. oh vera, elle rime avec on s’retrouvera.
un point s’écrase plusieurs fois que la porte. marshall s’y attend pas -ou peut-être que si- lorsqu’il lève la tête. un verre d’alcool brun calé au fond d’sa paume, il s’approche de la poignée, ouvre la porte sur celle qu’inconsciemment, il attendait. vera ? écho d’la stupeur qu’elle vient de lui balancer ; c’est ça voix qui n’a jamais changée. y’a toute son échine qui tremble. parce que vera, elle, elle a changée. vingt ans dans les dents et le noir dans ses yeux encore plus sombre. pourtant il succombe, marshall, un seul mot prononcé et cette putain d’alchimie qui s’est jamais vraiment barrée. j’ai failli t’attendre. les fils de sa toile toujours bien tendu, rick savait que la cubaine s’était déjà pointée. il s’écarte pour la laisser entrer. elle fait un peu, puis deux. et lorsqu’il peut enfin sentir son parfum, il laisse tomber le couperet. mais ça fait vingt que j’poireaute. il referme la porte, passe devant elle et s’affaire à lui servir un verre similaire. oh, ils ont les retrouvailles acerbes, bonnie et clyde. oh, c’est pour n’pas qu’le passé les assène. |
|