tes désirs font désordre. (ézéchiel)

il faut être folle pour accepter de rester plantée sur cette marche, trop proche d'une grenade qui menace d'exploser à tout moment. il faut être folle, inconsciente aussi. depuis la première soirée où elle a sentie son regard se poser sur son corps de danseuse l'inconscience a guidée le moindre de ses faits. elle a plongée dans la fosse aux lions les yeux fermés, le sourire au bout des lèvres. voilà le résultat, ils ne savent pas communiquer normalement alors ils se blessent pour mieux se sentir vivants ou repousser l'inévitable, elle ne sait même plus. il y a eu un court répit, quelques secondes de silence tout juste dégustées avant que la voix grave reprenne de plus belle. elle accepte finalement de lever un regard à la limite de la méprise vers lui. elle le déteste pour les mots étrangement justes qui sortent de sa bouche. elle le hait autant qu'elle se hait elle-même. ça la perturbe un moment, il y a cette envie de se lever pour le calmer en se glissant dans ses bras jusqu'à ce qu'il arrête de râler, mais aussi celle de partir, lui faire ses adieux pour retourner au closer pour oublier un coeur meurtri. elle est incapable de décider, alors elle reste immobile, se contentant seulement de consumer sa cigarette trop rapidement. ses paupières se baissent quand le brun vient s'installer à ses côtés, c'est toute une bataille intérieure qui se déroule en elle. tant pis si un blanc vient s'installer dans la conversation agitée, tant pis si elle doit mordre ses lèvres pour ne pas repartir dans les tours. une imbécile, voilà ce qu'elle est. elle n'aurait jamais dû y croire, elle n'aurait jamais dû faire ses ultimes avances pour l'attirer dans ses filets. il parait qu'il ne regrette pas, mais ça ne fait pas tout. c'est avec un peu plus de calme qu'elle repose son regard sur lui, sa cancéreuse se consume toute seule entre ses doigts sans qu'elle ne tire dessus, c'est comme le fil d'une bombe qui menace de tout dévaster une fois arrivé au bout. « c'est moi la connasse dans l'histoire c'est ça ? » elle crache une nouvelle injure entre ses lèvres serrées. elle n'a jamais su comme s'ouvrir erel, elle apprend au fil de ses expériences, à force de chuter et de se relever. « t'as jamais connu la peur toi peut-être ? » sans le vouloir c'est ses doigts qui se crispent autour de sa clope, qui manquent de l'écraser tout comme elle rêve de s'écraser le crane contre un mur. ne plus rien sentir. ne plus rien ressentir. c'est les yeux à présent secs qui plongent dans ceux d'ézéchiel. il pense peut-être l'effrayer avec la noirceur de ses pupilles mais il ne lui fera rien, elle le sait à présent. « t'es aveuglé par ta putain de colère, incapable de voir que t'as franchi des barrières que je pensais fermées. j'te fuis pas, je flippe. je sais pas faire autre chose face à ce que je ressens. » elle fulmine intérieurement, se déteste pour les mots criants de vérité qu'elle a du sortir. une dernière tentative pour ne pas le voir s'éloigner. pas ce soir. « j'espère que ça a satisfait ta curiosité. » la voilà à présent plus vulnérable face aux prochaines attaques. elle aurait du se taire, mais c'est trop tard. elle aurait du fuir loin, mais elle est là. la danseuse se redresse pour faire quelques pas en avant, refuse à nouveau d'observer une quelconque réaction sur le visage du barbu. elle reprend sa cigarette qui a largement diminuée. fumer, fuir, danser. c'est tout ce qu'elle sait faire. ressentir des sentiments trop forts, ça ne fait pas parti de son langage.

il secoue la tête quand elle gronde à son tour.
il n'a jamais rien compris aux femmes et tout ce qui les entoure, autant qu'il n'a jamais saisit les rouages des codes sociaux. c'est interloqué qu'il la regarde, dans les yeux d'erel ça s'agite. il tente de comprendre, en vain. si elle ne met pas les mots, il ne sera pas en mesure de deviner l'homme. non, il n'a jamais connu la peur. il ne sait pas ce que ça fait, de se retrouver avec l'estomac noué. il ne sait pas ce que ça fait, d'avoir des sueurs froides, de trembler sous l'angoisse. il ne connait pas, tout ça. il n'y a que la rage qui le fait perdre ses moyens, le mettant dans une transe perpétuelle. elle parle, plus qu'elle ne fume. lui écoute plus qu'il ne l'ouvre. j'te fuis pas, je flippe. je sais pas faire autre chose face à ce que je ressens.
c'est son coeur qui répond le premier. ses battements s'accélérant au fil de sa compréhension. elle flippe, elle à la trouille. il n'est qu'un aveugle parmi les autres. si peu habitué aux échanges véritables, qu'il ne sait plus comment agir. elle s'éloigne, il se lève. reste interdit quelques secondes, ses iris fixant son dos. ok... qu'il prononce, il grogne juste ensuite. idiot. il s'avance jusqu'à elle, c'est sa main qu'il pose contre son bras pour la forcer à se retourner. j'voulais pas, te faire flipper. j'voulais pas te faire fuir. son ton est calme, plus apaisé à l'inverse de ses muscles toujours tendu. j'sais pas comment je dois faire. j'fréquente personne, jamais. il avoue sans grande difficulté, avec sincérité. j'veux juste pas que tu disparaisses. parce que ça fait trois ans qu'elle hante son champ de vision, autant de mois qu'elle caresse ses pensées. pour la première fois depuis des années, il a envie de creuser. arracher cette carapace pour qu'elle découvre en même temps que lui, ce qui se trouve dessous. il laisse sa main courir jusqu'à sa joue, puis sur sa gorge. il n'a pas oublié les marques, il aimerait les faire disparaître à l'aider de son pouce. on reprend où on en etait ? on arrête de jouer aux cons, on se laisse guider par nos sens, jusqu'à demain. jusqu'à reprendre peur, jusqu'à ce que tout s'embrouille. on s'offre quelques heures de répits. tu me racontes ton histoire ?

erel l'insaisissable, erel qui joue avec les hommes pour s'en lasser une fois obtenus, erel qui se marie deux fois pour mieux fusionner son pauvre compte en banque avec celui d'un homme plus riche. de toute sa maigre vie elle n'a jamais connue la peur en ce qui concerne une relation qui n'en est même pas une. elle n'est même pas certaine d'avoir déjà ressentie son coeur qui bat de cette façon particulière. c'est tout nouveau pour elle, ça en rajoute à la peur déjà présente, ça vient l’oppresser comme un réveil après un cauchemar. ce n'est pas simple pour elle de décaler un peu sa fierté pour laisser passer le vrai. elle le fait pourtant, juste avant de s'éloigner pour retrouver une respiration correcte après cette apnée éphémère. c'est comme une poupée de chiffon qu'elle se retrouve forcée de lui faire face une nouvelle fois pour constater que le visage du barbu n'est plus en colère. il y a autre chose, de l'apaisement peut-être. elle s'en fiche bien maintenant, il a décidé de rester, de ne pas courir à l'autre bout de la rue pour disparaitre de sa vue en même temps que de sa vie. il est temps de souffler un peu, poser les cerveaux sur le côté pour écouter les instincts primaires, ceux qui poussent erel à faire un pas de plus, celui qui lui permet de rejoindre les bras d'ézéchiel, son oreille collée à son torse pour s'assurer qu'il y a bien un coeur là-dedans, même s'il est compliqué à agripper. ça ne dure que quelques secondes. juste quelques instants où elle reprend un peu plus vie pour enfin donner une logique à ces trois années passées à tanguer entre le bien et le mal. demain tout recommencera, ils ne sont pas fait pour s'apprivoiser. en attendant l'orage est passé. elle défait volontairement cette étreinte pour mieux observer son visage, un fin sourire est venu renaitre sur les lippes de la danseuse. « viens avec moi, gueule cassée. » la colère, la peur, les angoisses, ces émotions ont laissées place à l'amusement qui les caractérise tant. c'est à son tour d'attraper le poignet de l'homme entre ses doigts fins pour le trainer vers son appartement. ce n'est pas aussi épuré que chez lui, mais tout est propre, dans le salon les coussins jonchent le sol pour donner un esprit cosy à son lieu de vie souvent animé par un enfant absent jusqu'à demain. elle tire le motard jusqu'à son canapé où d'un geste de la main contre son torse tâché de rouge elle le force à s'asseoir. elle avait presque oubliée les plaies qui sont venues se rajouter à son corps déjà marqué par les cicatrices, même si les dernières en date restent superficielles. « enlève ton haut, je reviens. » elle disparait dans la salle de bain seulement quelques secondes pour prendre au passage le soin de dissimuler la brosse à dent de son fils. c'est armée d'un désinfectant et de compresses qu'elle reprend la place sur les genoux du brun qu'elle n'aurait jamais du quitter. peu à peu la peau rougie par le sang séché retrouve de sa couleur que ce soit sur son torse ou son visage. elle aimerait lui demander pardon pour cette embrouille, laisser entrevoir le réel visage qui se cache derrière sa façade de prétentieuse mais elle n'est pas naïve, elle sait que le temps leur est compté avant que tout recommence.

il accepte l'étreinte ézéchiel, referme même ses bras autour d'elle.
il profite de l’accalmie qu'il sait si rare.
quelques heures, c'est tout ce qu'ils ont à s'offrir. les fauves ne restent pas sages bien longtemps, bientôt les connexions de leurs cerveaux se referont et ils se rendront compte que tout ceci n'est pas sain. que l'échec est à porté de main. il a un sourire amusé quand elle se redresse pour le regarder, c'est à son tour de se faire tirer dans l'immeuble qu'il ne connait pas. il la suit sans opposer de résistance, ravi et curieux de découvrir l'antre de la danseuse. quand elle ouvre la porte, il reste quelques secondes sur le pas. très vite il la rejoint, il n'a de cesse de zieuter tout ce qui se trouve autour d'eux. il observe chacun des meubles, les murs, les coussins sur le sol sur lesquels il a déjà envie de s'allonger pour un repos bien mérité. elle ordonne, il s’exécute, retirant son haut qu'il laisse traîner sur le sol. il faudrait le brûler. tout ce sang, c'est comme s'il se souvenait à peine de ce qu'il venait de faire. laisser un homme à moitié mort dans une ruelle, rien de plus banal pour lui. il se laisse tomber dans le canapé, la tête en arrière jusqu'à ce qu'elle revienne. ce sont ses genoux qu'elle regagne, elle joue les infirmières. il ne bouge pas quand elle désinfecte ici et là, quand elle efface les traces de la bataille. y'a déjà des hématomes qui appairessent sur sa peau légèrement hâlée. demain il aura sans doute un mal de chien à se lever. il n'y a que ses doigts qui se resserent contre la chaleur de ses cuisses quand la douleur le prend. elles sont rares les femmes qui se sont occupées de lui, trop rare. quand il était plus jeune, seulement sa mère se soucier des cicatrices qui commençaient à marquer sa peau. aujourd'hui, il les collectionne avec fierté. tu vis toute seule, ici ? qu'il demande, attrapant avec douceur son poignet pour pouvoir planter ses yeux sombres dans les siens. parce qu'une autre odeur qui n'est pas la sienne plane dans l'air. parce que cet appartement ne ressemble en rien au repère qu'il imaginait pour une strip-teaseuse. j'aimerai pas que ton mec débarque et te voit comme ça, sur moi. il sourit, taquine, j'pense que je me suis assez battu pour ce soir. qu'il enchaine, rapprochant doucement son corps du sien. c'est la chaleur qu'il cherche, pour endormir l’adrénaline qui coule encore dans ses veines. si un mec entrait, là maintenant, il serait en mesure de vriller une nouvelle fois. il le sait, quand il sent son coeur s'affoler de la sorte. tu n'es pas obligée de répondre. qu'il affirme finalement, déposant ses lèvres contre la mâchoire d'erel. il ne veut pas penser, tu n'es pas non plus, obligée de t'occuper de moi, je vais très bien. je n'ai même pas mal. il finit par se laisser tomber contre l'assise, enfonçant son dos dans le moelleux du fauteuil.

il y a longtemps qu'elle aurait du le fuir, ouvrir les yeux sur le danger qu'il représente pour toutes les personnes qui croisent son chemin. ça fait trois ans qu'elle lui tourne autour, autant d'années où le fil qui lui les relie se tisse lentement. trois années trop courtes où elle aurait du le considérer comme un client banal, un de ces mecs qu'elle rembarre sans se poser plus de questions. pourtant elle est là, soignant les blessures de guerre de la bête momentanément apaisée, oubliant presque que deux fauves ne peuvent rien faire d'autre que de se jeter à la gorge. ils vont se bouffer mutuellement, se détruire à petit feu, mais il est sûrement trop tard pour reculer. elle s'accroche comme elle peut erel, se concentre sur la petite lueur qu'elle aperçoit quand ils sont ensembles. une lumière faiblarde au milieu d'un amas de ténèbres. la chute n'en sera que plus rude, alors elle profite tant qu'il est là, docile, assez pour emporter son esprit loin d'ici. les doigts qui pensent les plaies se stoppent un instant quand il vient à lui demander si elle vit seule. est-ce qu'il sait ? est-ce qu'il sent ? il doit y avoir quelque part une trace de son fils, un dessin accroché au frigo, un jouet qui traine sous le fauteuil. amen ne vient pas assez ici pour que ce soit lui, il sait seulement créer des marques bleues sur la peau claire de la danseuse. elle repousse l'évidence, tente d'éloigner encore le jour où il  viendra à croiser son fils, par hasard ou non. elle est loin d'avoir honte du petit bout d'homme qui rend sa vie plus belle, mais elle veut le protéger contre tout et tout le monde, le préserver de ce monde dans lequel elle est tombée trop jeune. son corps se retrouve légèrement penché vers l'avant pour les rapprocher. ils ont ce besoin irrésistible de se toucher, s'appartenir pendant quelques fractions de secondes avant de mieux se déchirer. « je vis toute seule, tu connais vraiment un mec capable de supporter mon métier sans devenir fou ? » qu'elle lance à son tour, taquine. le flacon de désinfectant accompagné des cotons rougeâtres finissent sur la table basse, la blonde retire sa veste pour ne laisser que son soutien-gorge apparent pour mieux se laisser aller contre lui. elle veut juste oublier, fermer cette bulle autour d'eux avant qu'elle ne soit crevée. c'est sans vraiment y penser que ses doigts viennent parcourir le torse nu du motard. elle peut sentir toutes les cicatrices, des vestiges de rixes passées sous la pulpe de ses doigts. « je n'allais quand même pas te laisser recouvert de sang. » un sang qui n'est même pas le sien. le visage de la danseuse se pose finalement sur l'épaule du brun pour laisser à ses yeux le loisir de l'observer sans gêne. « et toi alors, une femme partage ton loft ? » elle aurait pu lui poser la question le soir où elle est entrée dans l'antre du loup, mais les corps se sont consumés trop vite, sans lui laisser de temps de s'intéresser plus que ça à son lieu de vie. les lèvres d'erel se déposent un court instant dans le cou du brun avant de rompre cette étreinte qu'elle ne voudrait jamais quitter. il faut pourtant qu'elle s'habitue à vivre sans lui, imposer cette distance qui deviendra définitive un jour ou l'autre. ses pas s'avancent en direction de sa cuisine à la recherche de deux verres à remplir, ils ont bien mérités cette pause après les émotions de la soirée. « qu'est-ce que je te sers à boire ? whisky, bière, rhum ? » il faut dire qu'après les services difficiles erel n'est jamais du genre à dire non à un verre ou deux. elle remplit le sien de whisky sans plus attendre, appréciant la vue de l’inaccessible ézéchiel dans des lieux qui lui appartiennent.

il est sincère, dans chacune de ses paroles.
il veut tout savoir, la découvrir sous un autre jour. hors du closer, elle n'est plus india, elle devient erel. et d'elle, il veut tout connaitre. elle préfère ironiser la situation, il ne se retient pas de ricaner doucement. j'sais pas... tu vois, moi, ton boulot m'dérange pas. qu'il affirme alors qu'elle se presse toujours plus contre lui. rien ne l'inquiète dans ce qu'elle fait, s'ils venaient à se fréquenter de façon régulière, il est certain qu'il resterait des plus calme face à sa vie nocturne. qui est-il pour juger une femme qui se déshabille pour gagner de l'argent ? quand lui n'est qu'un tueur sanguinaire. il frisonne quand les doigts de la blonde glissent contre les cicatrices, il suit leurs mouvements des yeux, se rappelle à mesure qu'elle les caresses de chacune des situations. un coup de couteau mal venu. l'impact d'une balle l'ayant traversé de part en part. une chute à moto. elles sont nombreuses les marques, retracent une histoire qui n'est pas belle à voir. ses doigts à lui se perdent dans le dos de la femme, descendent le long de la colone vertébrale pour ne faire que la remonter ensuite. c'est elle qui vient à poser la question à dix milles dollars, il n'a pas le temps de répondre qu'elle s'est déjà redressée. de son déchanché il ne rate rien. un whisky. qu'il annonce, en se redressant à son tour. quelques pas suffisent pour qu'il la rejoigne et s'empare du verre qu'elle vient de lui servir. il avale les gorgées sans grimacer. il se sert déjà un deuxième verre.
je partage mon loft en ce moment, oui. mais ça n'est pas, il cherche ses mots, il ne saurait pas qualifier correctement ce qui le lie à lina, c'est mon bras droit, qui vit chez moi en ce moment. il lui fallait un endroit où crécher. depuis quelques mois, les départs nous touchent plus que prévu. par nous, il veut dire les hell's angel, ceux qu'il est censé diriger d'une main de fer. à part ça, personne ne partage mon loft. non. il aurait pu dire que son bras droit était une femme, mais il le passe sous silence sans réellement en comprendre la raison. pour ne pas essuyer des questions, pour ne pas révéler qu'il s'agit d'une ex trop longtemps aimé. je ne sors jamais, avec personne. j'préfére garder les idées claires. qu'il continue, plongeant ses yeux sombres dans les siens. mais avec toi, j'ai le cerveau qui part en vrille.

son boulot ne le dérange pas. il parle comme s'il pouvait se mettre à la place des hommes qui ont eu un semblant de relation avec la danseuse. il parle comme si c'était possible. erel le sait parfaitement, ce n'est qu'une douce illusion pour l'aider à tenir debout quand ses épaules deviennent trop lourdes, mais si elle s'approche trop l'illusion disparait aussitôt. elle se contente seulement de sourire légèrement en guise de réponse, préférant quitter cette étreinte dangereuse pour aller se servir un verre. une unique dose qui se terminera en deux verres, voir trois si tout se passe bien, si le naturel ne revient pas au galop avant. elle trempe sans se faire prier ses lèvres dans son verre de whisky alors que le barbu avale le sien d'une traite pour s'en servir un second, comme si l'alcool pouvait l'aider à répondre à une simple question. la blonde vient s'appuyer contre le comptoir de la cuisine, fronce légèrement les sourcils quand elle l'écoute, quand elle le surprend à chercher ses mots pour se justifier d'une présence chez lui. elle a demandé si une femme vit avec lui sous son toit, pas s'il a un simple colocataire alors les déductions se font toutes seules. elle pourrait se mordre la lèvre pour ne pas rétorquer, faire taire son palpitant qui s'emballe pour une peur qu'elle ne comprend pas elle-même. en quelques pas elle se rapproche du corps du motard en laissant un espace infime entre eux. juste assez pour sentir le souffle mourir contre son épiderme. « les idées claires comme celles qui te poussent à déformer le visage d'un homme ? » elle lance ça comme une bombe à retardement, une piqure de rappel malgré l’intonation qui se veut taquine. les images restent fidèlement ancrées dans sa tête, celle d'un homme à la peau ensanglantée, à l'agonie, sûrement mort à l'heure qu'il est. mais au moins le brun ne s'est pas fait prendre pour cette fois, c'est le principal. l'alcool boisé finit de couler dans la gorge d'erel, elle ne tarde pas à le remplir pour la seconde fois. « mais j'ai pas le droit de t'en vouloir, je serai sûrement à sa place sans toi. » étendue sur le sol, souillée, inerte, une simple carcasse offerte à qui voudrait bien l'aider à ne pas sombrer dans les bras d'hadès. elle est forcée de comprendre, elle a moins de force physique, mais pour sauver une âme aussi attirante que malsaine elle pourrait bien plonger sous les balles. juste pour une gueule qu'elle aime autant qu'elle déteste. le whisky vient l'aider pour faire taire ses pensées, les enfouir jusqu'au prochain jour, pour le moment l'heure tourne, elle défile trop vite, enclenche leur compte à rebours. elle veut profiter de ce temps qui coule erel, s’enivrer jusqu'à la prochain destruction. la danseuse est faible, bien incapable de jouer l’inaccessible en brisant la distance qui les sépare, incapable de faire taire son cerveau retourné. « on est pas là pour penser à nos boulots, change-nous les idées. » c'est une lueur de défi qui brille dans ses pupilles azur qu'elle perd dans celles d'ézéchiel, bien plus sombres. il peut inventer ce qu'il veut, faire ce qui lui plait, du moment que ça éloigne les pensées maussades pendant quelques heures. même un sommeil bien mérité peut lui convenir, pour une fois ce n'est pas à elle d'engager une danse.

les idées claires comme celles qui te poussent à déformer le visage d'un homme ? elle le prend à son propre jeu. c'est au pied du mur qu'il se retrouve, conscient d'être par moment victime de ses émotions les plus dévastatrices. s'il avait réussi à avoir les idées claires, il aurait garder son sang froid et l'homme ne se serait pas retrouvé gisant dans une marre de son propre sang. il serre les dents, s'accroche à son verre alors que les iris de la jeune femme le transpercent. mais j'ai pas le droit de t'en vouloir, je serai sûrement à sa place sans toi. peut-être que oui, peut-être que non. peut-être que les circonstances auraient été différentes. peut-être qu'un videur serait sorti à temps. peut-être que l'agresseur aurait pris peur. ce ne sont que des suppositions, des suppositions qui n'aident pas ézéchiel à penser correctement. pourtant, il ne s'en veut pas le moins du monde. et si cela était à refaire, il agirait de la même façon. il laisserait sa rage dormante s'abbatre sur cette homme, mais cette fois, il s'assurerait de sa mort. elle s'approche de nouveau, l'insouciante. et quand elle parle, il laisse ses mains abimées s'échouer dans son dos pour descendre jusqu'aux creux de ses reins. ils ne sont pas là pour s'accrocher à leurs boulots, mais bien l'un à l'autre. sans grand effort, il la soulève et la pose sur le meuble de cuisine. ses mains de part et d'autres de ses cuisses maintenant, il se glisse entre elle. un sourire doux accroché à sa gueule amochée. pourquoi ? qu'il demande, approchant son nez du sien, laissant sa barbe chatouiller son épiderme. pourquoi tu n'as pas peur de moi ? il se le demande avec trop de sincérité pour garder cette question enfouie en lui. n'importe quelle femme doté de bon sens prendrait la fuite face à un homme tel que lui. il n'est que sang et chaos. aucune bonne onde ne se dégage de lui. son aura est depuis longtemps comparable à celui de satan. il n'est pas beau parleur, il n'est pas joueur. moins doux qu'un lion féroce. je n'existe que pour rendre ce monde plus mauvais qu'il ne l'est déjà. qu'il ajoute à quelques centimètres de ses lèvres. il reste statique quelques secondes, avant de se reculer pour pouvoir planter ses yeux sombres dans les siens.

les ressentis comme deux a(i)mants qui s'attirent pour mieux se fuir. les émotions qui fusent, partagées entre la colère et le besoin, une part de rancune, une petite voix qui lui intime de fuir loin, mais un autre fragment qui lui hurle de rester pour profiter avant l’effondrement, avant que toute cette histoire éclate en mille morceaux. il y a un reproche franc, des remerciements l'instant d'après. deux facettes d'une même personne, deux opposés parce qu'elle ne sait pas accueillir les pensées convenablement. ce ne sont que des parasites qui viennent embrouiller son esprit qui est clair en temps normal. sauf qu'il est là, trop proche pour que son encéphale fonctionne sans risquer de disjoncter. c'est encore plus le cas quand la main se glisse dans la chute de ses reins trop souvent empoignée par des hommes qui ne sont pas lui. en un instant la danseuse se retrouve assise sur un plan de travail, ses jambes venant entourer sans sourciller la taille du barbu tout en l'écoutant, buvant presque ses paroles dans une naïveté qui ne lui ressemble pas. c'est tout naturellement que sa tête se penche légèrement sur le côté, intriguée par ce point de vue. elle connait ses récits macabres, elle a pu avoir un aperçu de sa férocité un peu plus tôt dans la soirée, mais à aucun moment elle ne s'est méfiée du grand méchant loup. par excès de confiance ou bien parce qu'elle est aveuglée par ce palpitant qui n'en finit plus de se serrer dès que les lèvres se frôlent sans céder à la dangereuse tentation d'un baiser. « je suis censée avoir peur ? tu me ferais du mal, ézéchiel ? » c'est une réelle interrogation qui vient se rajouter à celles déjà présentes. les pupilles se cherchent pour lire quelque chose dans son esprit, tenter d’apercevoir de la sincérité voir même de la haine dans les yeux sombres du motard. tout ce qu'elle parvient à voir c'est la douceur qui le caractérise quand ils ne sont que tous les deux. de toutes façons ils sont déjà condamnés à se détruire mutuellement quand leurs caractères seront décidés à se réveiller après cette trêve. le feu peut brûler, ce n'est pas une raison pour ne pas se réchauffer avec. la main d'erel vient glisser sur la nuque du barbu pour rester là, à la frontière entre ses cheveux qui sont apparemment aussi sombres que son esprit. un simple contact, une nécessité pour la strip-teaseuse ignorante. sa main libre revient chercher un verre dans lequel elle vient tremper ses lippes avides de cet alcool pour ne pas trop penser, faire taire cette voix qui résonne toujours dans sa tête, celle qui implore une nouvelle fuite. « le monde n'est pas si mauvais, c'est toi qui le voit avec un œil sombre. » elle n'est pas la plus solaire erel, encore moins la plus positive, mais elle sait capturer les beaux moments quand ils se présentent à elle, refusant de voir cette vie toute blanche ou toute noire, mais plutôt dans une nuance de couleurs plus ou moins vives. il n'y a qu'à voir le sourire qui s'affiche sur son visage qui parait constamment amusé. « tu comptes dormir ici ? » un sujet plus léger qui vient réchauffer son esprit, la pousse à poser son verre sur le plan de travail pour doucement resserrer l'étreinte de ses jambes. elle ne compte pas le laisser partir, pas ce soir, pas tant que tout va bien dans cette relation qu'elle ne comprend pas bien.