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 (rick&sybil) god does not like you.

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Message Sujet: (rick&sybil) god does not like you.    (rick&sybil) god does not like you.  Empty Dim 18 Aoû - 20:31

God does not like you
rick & sybil

« You have to consider the possibility that God does not like you. He never wanted you. In all probability, he hates you. This is not the worst thing that can happen. We don't need Him. Fuck damnation, man, fuck redemption! If we are God's unwanted children, so be it! » Fight Club

Très vite. Trop vite. La roue qui tourne, le myocarde qui s’emballe. La frénésie sous les phalanges qui empoignent et font geindre le moteur. Mélodie d’un râle grondant sous ses tempes, le goût du sel, le goût du sang, sur la langue aride. L’adrénaline chante des louanges à ses entrailles. Elles en redemandent. Toujours plus, un peu plus. Symphonie aphone qui a besoin d’augmenter les octaves à l’infini pour être entendue, quitte à dérailler, devenir un acouphène au fond des tympans qui implosent. Course sans but, sans fin, sans rivage. Elle voudrait que cela dure toujours. Le macadam qui se déroule, la musique du moteur, rien avant, rien après. Juste cette ligne suspendue qui n’en finit plus de mourir, vers l’opacité de l’abîme que la nuit ouvre en grand pour l’avaler toute entière. Le crépuscule agonise ce soir. Le ciel revêt des atours de linceul impitoyable. Il l’enveloppe, la recouvre, l’étrangle. Robe macabre en nuances opalescentes, sous la voûte éteinte, entièrement noire, chargée d’un cataclysme qui menace de lui exploser à la gueule. Mais elle n’en a cure Sybil. La dangerosité l’attire, la fait accélérer sur la route humide. La pluie ruissèle le long de son casque, se fraie un chemin sur la courbe de son cou. Elle s’allie à la sueur, serpente contre la colonne vertébrale, sous le cuir épais de la veste. Arabesque humide, qui poursuit sa course jusqu’au bas de son dos, la fait frémir d’impatience. Erotisme dérangeant, chevillé au corps et à l’âme qui s’ébranle, à l’idée d’emprunter le sillage sans retour. Funambule sans filet, sur le fil tendu d’une réalité qui vacille. Le précipice au-dessous, le vide attirant. Des récifs sur lesquels sa carcasse se fracasserait enfin, sans échappatoire. Rien que d’y songer, sa vision se brouille. La tentation est si grande, face au virage qui s’amorce. Si grande … Si grande. Les phares de la Indian Scout projettent des ombres fantasmagoriques sur le bas-côté, aveuglent le déluge qui s’amorce à mesure que les minutes filent. L’emprise sur l’accélérateur se fige. Il ne s’agit que d’une seconde. Juste une. Infime, intime. Pour broyer l’image. C’est doux, si doux. L’appel la caresse, rejoint les failles de l’intime.

Très vite. Trop vite. Il y a eu le crissement des freins qui brûlent, les pneus qui laissent la marque de leur baiser sur le sol. Puis le déséquilibre. Le prolongement de son corps en deux roues qui lui fait défaut. La bête sauvage qui s’affole, et cabre le dos. Elle ne sait pas combien de temps elle est restée sonnée dans le fossé dégueulasse, amorphe, aphone. La bécane en travers un peu plus loin. Et son corps pour qui la boue a amorti la chute. Une chance inespérée, presque inouïe. Une chance qui se fout de sa gueule. Encore commotionnée, plongée dans une sorte de transe, Sybil se hisse sur ses jambes. Elle fait un rapide inventaire de ce qui pourrait être ou non cassé. Mais très vite, avant d’en avoir terminé avec sa foutue carcasse, elle se dirige vers le cadavre de sa bécane. Elle en oublie son mal de crâne, ses côtes probablement fêlées, les gravillons qui ont raflé le côté de son bras et de sa hanche pour aller se loger dans sa peau blême. Tout ce qui la préoccupe, c’est sa bécane, là, en travers. Comme un macchabée sur une scène de crime, mis en scène pour faire frémir. Elle frémit. Relève les yeux après avoir retiré son casque pour essayer de distinguer où elle se trouve. Il pleut des cordes, des petits torrents se forment le long de la route. Si elle y croyait, elle prétendrait que c’est le bon Dieu qui s’accorde un petit plaisir en se foutant royalement de sa gueule. Parce que quand elle plisse les yeux, c’est la lumière divine qu’elle rencontre. Celle de l’enseigne piteuse et balbutiante d’un garage de seconde zone. Ce genre de coup de mère destinée, c’est comme tomber en rade à cinquante mètres de la pompe à essence : c’est pour vous signifier à quel point vous êtes petit et insignifiant aux yeux de mère nature, qui prend joyeusement plaisir à vous tourmenter. Alors elle jure Sybil. Elle jure contre la transcendance à laquelle elle ne croit même pas. Elle enrage pour oublier la lourdeur de l’engin qu’elle soulève, qu’elle pousse. Forcenée, qui finit par arriver sur la terre promise.

Il y a des carcasses de bagnoles, des vies mécaniques laissées en suspens, qui attendent sans doute de reprendre leurs cours ou bien d’être démantelées pour être bazardées ensuite. Sybil ne s’attarde pas sur les détails. Martiale, elle se dirige directement vers la seule lumière qu’elle distingue, derrière une vitre close. Une lumière qui crépite, comme si quelqu’un était en train de pioncer devant le poste de télé encore allumé. Elle suppose que le tenancier de ce bordel doit vivre là. Elle se voit de toute façon pas rebrousser chemin pour aller conter fleurette à quelqu’un d’autre. Elle laisse retomber la bécane sur le côté, s’approche de la porte d’entrée. Elle frappe une fois, puis deux. L’apocalypse en personne, incarnée sur le seuil de l’égaré peinard qui n’a sans doute pas demandé à être dérangé en pleine nuit. Parce que son allure est foncièrement dégueulasse. Couverte d’un alliage de boue, de sang, et d’autres matières inqualifiables, ruisselante jusqu’au bout des pieds, elle s’acharne sur la porte, comme il tarde à arriver. Elle ajoute même, excédée, plus pour elle-même que pour son hôte de fortune :
« Putain de samaritain de mes deux. »

Langage fleuri, pour une entrée sous les bons hospices de mère nature.


@Rick Marshall  (rick&sybil) god does not like you.  3794924939    
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Message Sujet: Re: (rick&sybil) god does not like you.    (rick&sybil) god does not like you.  Empty Mar 20 Aoû - 2:06

il fait sombre. il fait sombre autour de l’écran allumé. pas une lumière, à peine les étoiles qui interfèrent. ce soir la lune s’est planquée derrière les brumeuses inondées qui là-haut hurlent leurs colères infondées. pas un bruit non plus. si c’n’est les gouttes qui s’écrasent sur les carlingues gondolées. qui font danser les flaques sur le bitume cramé par les années. dehors, c’est l’calme rythmé ; la mélodie amoureuse de l’orage qui s’éprend d’l’air embué. dedans, c’est l’sommeil apaisé et les ronflements erratiques des deux canidés au pieds divan, berceau miteux d’leur maître assoupi. et sur la télé, le programme abruti qu’aucun n’avait remarqué. la bêtise humaine dans tout son grandiose ; émission stupide s’faisant des billets sur la mise en scène estropiée d’la misère loin du monde qu’on connaît. si con qu’tout l’monde s’est mis à roupiller.
et soudain à l’unisson avec le tonnerre,
l’boucan éphémère de l’étreinte au macadam.
personne l’entend d’viander puisque la bécane a hurlé avec le ciel agacé.


c’est l’calme qui est revenu, plus un bruit dans la rue. comme si rien n’c’était passé ; tout l’monde continue d’pioncer. sauf l’ombre qui se forme sur le parking. sauf la carcasse à même le sol balancée. sauf le poing devant la porte dressé.

marshall, c’est dans son garage loin d’la ville qu’il a trouvé le repos. pas de fille hystérique en mal de liberté. pas de mioche excité qui rêve de maturité - aussi attachant soit-il. et surtout pas d’fantasme matérialisé en cette femme inaccessible au coeur écorché. la coupe a depuis longtemps débordé ; ras-le-cul d’ne jamais avancer. un p’tit instant de tranquillité entre les piliers de son existence ; les carcasses de métal, les moteurs essoufflés, la graisse sur le jean essuyée et surtout, les deux malinois au style sévère qui lui servent de garde gagne-pain - officieusement plutôt, de potes à l’affection sans égale. soudain c’est le capharnaüm ; les cabots qui s'mettent à japper aux premières phalanges écrasées. insistantes, les malinois s’mettent finalement à hurler qu’un intru s’est pointé. parker la ferme. barrow pareil. les grognements du maître qui peine à s’lever du divan qu’il a marqué d’son poids endormi. le jean pas retiré, rick n’a qu’à enfiler un t-shirt et ses rangers éraflées. il se traîne douloureusement, difficilement ; la gueule enfarinée et l’blanc des yeux révélateurs. y’a pas de garde dans un garage, j’suis pas un putain d’hôpital ! la trachée encore engourdie, marshall salue d’sa voix rocailleuse l’âme paumée qui poireaute sur le pallier. pas question d’être aimable la nuit si avancée. la cabots gueulent toujours, grognent inlassablement derrière la porte au nez du visiteur noctambule.
nuit arrachée, sommeil souillé.
pas foutu d’garder une vie bien rangée
.

les malinois chassés d’une jambe, ils restent campés derrière les mollets de type qui tous les jours leur sert à bouffer. la porte s’ouvre à la volée sur le teint blafard d’une brune à l’aura agitée. c’est fermé. deux mots balancés avec la spontanéité du type qui vient d’émerger. rapidement ses yeux qui dégringolent sur la deux roues qui git juste à côté ; presque cadavre qui n’jure pas dans l’décor, avec les carcasses elle s’endort. c’est votre bécane ? l’amour des cylindrées réveillé, marshall semble finalement avoir l’coeur à aider. son index qui s’presse et la porte du garage qui s’ouvre bruyamment. il s’est passé quoi ? il s’avance qu’importe la pluie, se saisit du guidon abîmé et relève la grande blessée. son silence invite l’inconnue à lui emboîter le pas ; s’mettre à l’abri du monde qui gronde.
dans son sillage les cabots calmés
se sont venus s’coucher pas loin d’ses pieds
.
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Message Sujet: Re: (rick&sybil) god does not like you.    (rick&sybil) god does not like you.  Empty Ven 6 Sep - 11:24

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rick & sybil

« You have to consider the possibility that God does not like you. He never wanted you. In all probability, he hates you. This is not the worst thing that can happen. We don't need Him. Fuck damnation, man, fuck redemption! If we are God's unwanted children, so be it! » Fight Club

Gueule cassée. Lignes brisées. Les rouages tapageurs de la Indian Scout font grise mine. Moribonde créature, abandonnée sur un lit de terre coagulée, l’odeur d’essence sous les graviers mouillés. Sybil n’a pas meilleure allure. L’âme en nuances obscures. Elle attend sur le seuil, sans patience. Elle mémorise les détails, ce qui compose le tableau souvenir. Nature à peine endormie, nature presque morte. Nature qui aboie ses louanges, quand elle a l’outrecuidance de frapper. Concerto indocile de bêtes endiablées, savamment dressées pour aboyer en chœur, effrayer les âmes égarées. Son cœur a un loupé dans sa poitrine. Il y a peu de choses qui la mettent mal à l’aise en réalité, les peurs étranglées au fond de l’abîme, dénudées jusqu’à ne plus avoir à coexister. Mais ces bêtes-là, aux mâchoires puissantes, aux muscles aiguisés, elle s’en méfie. Elles n’obéissent qu’à un seul maître, et ce n’est pas toujours celui auquel on pense. L’instinct, c’est tout ce qui les maintient en bride. L’instinct de fauve. Sybil ne bouge pas, elle tend l’oreille. Derrière les grondements, elle reconnaît la voix homme. La voix mâle. Sa posture change. C’est le même instinct qui rôde. L’instinct de fauve. Il apparaît dans l’embrasure de la porte, un pied dans la tombe du sommeil, l’autre dans la réalité pudibonde. Elle devrait le remercier. Se confondre en excuses plates et superficielles. Se parer de l’image désincarnée de la demoiselle en détresse, en quête d’une âme secourable pour l’aider. Battre des cils. Osciller des hanches. Battre des cils encore. C’est ce qu’elles feraient, sans doute, les autres. Elle n’en sait rien Sybil. Ou alors elle le sait bien trop. Et elle crache au visage des principes sexistes. Ça ne rime à rien de battre des cils quand on a la gueule cassée. On n’oscille pas non plus quand la ligne est brisée. Alors ses mots la trouvent, la percutent, l’indisposent. Prévisible caricature d’homme retranché derrière ses bagnoles aux histoires empoussiérées. Elle lui répond avec la même amabilité.
Œil pour œil.
« Vous êtes quoi alors, si vous n’êtes pas un hôpital pour les bagnoles cassées ? Un concessionnaire de caisses rutilantes pour les mères mal baisées ? »
Ironie qui cingle, face aux carcasses qui font la gueule. Clairement, il n’est pas là pour vendre. Susurrer à l’oreille des matrones que malgré leurs trois marmots qui braillent et bavent sur le cuir de banquette arrière, elles pourraient bien s’accorder le plaisir d’une décapotable. Un luxe tapageur, pour l’illusion d’une jeunesse recrachée sur des bavoirs dégueulasses. Son regard s’abaisse vers les malinois maintenus en brides, planqués derrière les jambes du maître.
Dent pour dent.
« Nan j’l’ai trouvée par terre, en travers de la route. Un hasard vraiment. »
Tu déconnes Sybil. Tu déconnes. Il va te laisser là, dans ton costume post-apo qui schlingue. L’allure réarrangée par mère nature. Elle tâche de respirer un peu mieux. De distinguer quelque chose, derrière le rideau de pluie qui tombe sans discontinuer. Elle le voit qui s’approche de sa dulcinée. Qui lui fait du gringue, à moitié. Peut-être que sous la caricature il y a une passion qui pulse, un intérêt déclenché. Elle rejoint le sillage qu’il amorce, étudie sa manière d’empoigner sa bécane, craignant presque qu’il ne l’abîme davantage. Maternelle Sybil, envers les choses qui comptent. Qui comptent vraiment. Dans le garage, la pluie continue de marteler les vitres. Le clapotis invente des airs sur la tôle. Elle aime ces airs-là, partout les mêmes, jamais entièrement semblables toutefois.
« Un virage trop serré. J’ai glissé, à cause de la flotte. »
Avare d’explications, il se doute certainement qu’elle ne l’a pas amorcé en douceur, le fameux virage. Elle fait quelques pas de côté, ravale un peu la distance qui les sépare. Trempée jusqu’aux os, elle tremble. Tressaillement des nerfs qui se souviennent de la chute, le genou qui flanche d’avoir été éraflé. Machinalement elle essore ses cheveux, s’arrête dans une contemplation sceptique de sa bécane.
« Vous pensez pouvoir la réparer ? »

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