beautiful crime; alma.

— This one's for the lonely
The one's that seek and find
Only to be let down
[ alma & morgan ] @greg laswell

l'eau coule et s'écoule. elle ne cesse son chemin tandis que la buée a déjà envahi la pièce en entier. surement plus d'une heure qu'il y est, perdu dans ses pensées, la tête contre le carrelage froid et les yeux fermés. il se lave de tous les mépris, de tous les crimes commis. le sang versé pour le bien ou juste pour les illusions d'un frère trop malsain. le linge sale qu'il a lavé, comme à l'accoutumer. routine cuisante, loin de cette liberté qu'il touche par moment, sans jamais la saisir entièrement. des jours entiers qu'il n'y avait pas remis les pieds, ou juste en coup de vent. l'enceinte du closer qu'il évite pour mieux se ressourcer. morgan se fatigue dans un rôle trop haut à atteindre. il croule sous les responsabilités alors que tout ce qu'il a jamais demandé, c'est d'en être libérer. inspire. expire. les yeux qu'il rouvre doucement, sortant d'une léthargie épuisante avant de couper l'eau. ses mains farfouillent dans ses cheveux, puis sa barbe de plusieurs jours avant qu'il n'attrape une serviette pour se sécher entièrement. les affaires ensanglantés sont là, posés sur le lit avec arrogance et sans plus attendre, il s'en saisit, les jette dans la machine à laver de fortune qui semble encore fonctionner malgré les années. le détachant. il n'y croit pas trop. mais il faut se laver du crime. effacer les preuves cuisantes d'un assassinat. un de plus à la lourde liste qu'il tient sagement et secrètement dans un carnet. juste au cas où. cahal le tuerait surement, s'il savait, qu'il laisse des preuves dans son dos. un moyen de garder un peu de contrôle alors que tout s'écroule à chaque mouvement qu'il fait. à chaque paroles qu'il prononce. tempête. ouragan sans fin. dévastant.
fraichement habillé,
il reprend le rôle, complètement déstabilisé.
celui du patron. du gérant d'un strip club de renom. il aurait aimer passer inaperçu lors de son arrivée mais en ouvrant la porte de son bureau, il constate qu'on l'attend sagement. un froncement de sourcil quand il croise les pupilles rondes d'un de ses videurs. elle est revenue y a plus d'une heure. il a demandé qu'on le prévienne lorsqu'elle daignerai enfin revenir, reposer son cul contre les barres en fer qui l'attendent sagement. ses pupilles la cherchent du regard parmi la foule qui s'agglutine au closer mais rien. il ne voit ni alma, ni son jolie minois. dans l'salon privé. avec un client. d'un signe de tête, il lui montre la direction. vers la droite. et morgan sent le sang frémir dans ses veines. un mouvement approbatif avant que le videur ne s'évapore comme il était venu. telle une brume qu'on aurait pas reconnu. morgan n'est pas prêt à faire face, ni même à poser des mots sur ce qu'ils ont fait. pourtant, son absence s'est fait sentir. il ne peut le nier. absorbé par ses propres occupations, ses propres démons, il l'a délaissé. elle a fini par faire pareil. la fuite comme rempart, fait tous deux dans le même marbre, le même acier. inspire, expire. encore et encore. comme si les explications avaient sonné. il était temps. mais temps de quoi au juste ? aucune raison. aucune réponse. juste cette impression vivace le long de son cuir. d'un pincement de lèvre, morgan s'avance. lentement. bravant la foule de sa carrure imposante. il bouscule quelques âmes sur son passage, se laisse envahir par la musique qui bat son plein. avec précaution, il tire sur le large rideau rouge pourpre, pénètre l'antre consumée par la luxure présente. des yeux qui divaguent encore jusqu'à trouver alma dans un coin, se déhanchant, sensuelle, face aux yeux lubriques d'un vieux. ça te donne la gerbe.
jalousie malsaine,
éphémère.
à leur hauteur, ils ne remarquent même pas sa présence. et morgan a délaissé des yeux, la silhouette d'alma, plantant ses pupilles noircies par une colère sans nom sur le type assis. un raclement de gorge. il le regarde enfin. s'interloque de sa présence. ils se connaissent, se sont déjà croisés dans l'enceinte du closer, dans les lugubres lieux qui s'invitent sous leurs pieds. il n'a pas besoin d'un mot pour que le vieux ne délaisse le sofa rouge, les yeux baissés, vraisemblablement gêné. le message est passé. comme toujours. ça l'amuse parfois, de voir le pouvoir qu'il a entre les mains avant de se rendre compte que ça n'a rien de bien. c'est juste malsain. ça lui donne des airs de son frère ainé. son cul qu'il vient finalement posé sur la banquette, juste en face de la sulfureuse. elle s'est stoppée dans ses mouvements, n'ose pas dire un mot tandis qu'il joint ses mains sous son menton, ne laissant rien paraitre. t'étais où ? il parait que ça fait des jours qu'on t'a pas vu. il en sait trop rien dans le fond. n'a qu'entendu les bruits de couloir. on lui a rapporté aussi. assassins. le rôle du patron qu'il reprend en main. s'il y a bien une chose à laquelle il vieille soigneusement, c'est que les nanas qu'il paie fasse leur boulot. à de rares exception. jusqu'à ce qu'il s'en veuille amèrement. si t'avais besoin d'vacances, suffisait de le demander. il a les émotions et le palpitant hermétique. pour le moment.

dans ta tête, ça avait été la guerre. un cataclysme qui t’avait fait perdre la tête. le sens des réalités. des responsabilités. en vrai, t’avais pas réussi à gérer, alma, ce qui c’était passé sous les draps. ce pas de plus. cette parenthèse inattendue. le lit du patron, déserté. un morgan quasi inexistant qui avait conforté ta fuite, de ce lieu qui, était pourtant comme ta maison. une nuit seule. puis deux. puis trois. tu t’étais dit qu’il n’y en aurait pas une de plus à dormir seule dans une chambre qui n’était pas la tienne. t’avais emmené l’essentiel. une vie entre différents murs, alternant entre ton appart et celui de viggo. parce que t’aimais pas rester seule et que vig, c’était le seul que tu voulais bien voir. après quelques jour de désertation, t’avais remis les pieds au closer. non pas parce que morgan s’en était inquiété, mais parce que les filles t’avaient appelé. forcément, ton absence avait été remarqué. mais morgan, pas de nouvelles. à croire que tu étais transparente. inexistante. pas importante. au fond, ouai, t’étais peut-être déçue. la chute était rude, tant cet homme comptait dans ta vie de tous les jours. passer du tout au rien. de dormir dans ses bras à, pour unique compagnon, tes draps froids. mais c’était toi qui avait choisi, cette fois. t’étais revenue, alma. l’enfant prodige qui retourne au bercail.

une représentation privée. à croire que t’avais manqué à tout le monde. même à certains clients. tout l’monde, sauf l’âme aux yeux bleu. finalement, c’était sûrement lui qui aurait le plus compté. à croire que tu devra te contenter des yeux injectés de sang de la luxueuse clientèle du closer. tu fais ce qu’il faut faire. sans grande conviction. là, maintenant, tout de suite, tu hais ce job de merde. tu préfèrerais être à mille endroits plutôt qu’ici. désenchantée, tes hanches se balancent. tu joues le jeu de la séductrice transie du mieux que tu peux. faussement sensuelle, ton regard se meure pourtant dans l’mur en face de toi. erreur, alma. tes yeux, ils doivent se plonger dans celui qui est confortablement assis et qui a payé une belle somme pour que tu ne sois qu’à lui. alors si ton corps est bien là, à nu, ton esprit, lui, il est très loin d’ici.

un raclement de gorge qui la sort de ses abysses
elle est noire, alma, ce soir
elle joue à contre cœur l’actrice
elle a mal, alma, ce soir

le client, il sort. sans avoir besoin d’une seule parole. juste avec le regard de morgan. du sens ton palpitant qui te heurte la poitrine. qui bondit à l’intérieur. sofa rouge, délaissé. c’est morgan qui prend place devant toi. la place est encore chaude. t’étais où alma ?

ne m’fais pas croire que ça t’intéresse. c’est froid, ce premier échange. la magie s’est évaporée. comme envolée. il a l’rôle du patron et toi, celui de l’employée. comment l’en blâmer. mais au fond, c’est pas ça que tu voulais. pas dans ces rôles là. non, morgan, ne m’fait pas croire que tu t’es levé ce matin en te demandant soudainement où j’étais. y a tes sbires qui t’ont soufflé la nouvelle. parce que t’étais pas capable de l’voir. plus capable de m’voir. il a fallu d’autres personne pour que tu t’intéresses à moi.

mais, j’suis là, c’est ce qui compte, non ?
ton corps, face au sien.
ce corps qu’il connait par cœur et qui pourtant, ne se fond pas au sien. c’est plus comme à la campagne. ça sent l’retour à la réalité. avec le sens des responsabilités. t’as cette amertume au fond d’toi. cette sensation désagréable.

des vacances. t’as envie de lui rire au nez. tu détestes quand il joue son rôle. vous étiez tellement loin de tout ça. au dessus de ça. je suis là, okay ? tu sais pas si tu cherches à le rassurer ou à éviter la conversation. y a un mélange des deux. une confusion des sens.

t’interromps une prestation avec un client, pour me dire ça ? ça pouvait pas attendre. là, d’un coup, c’était urgent de voir alma simeone ? alors que ça fait des jours que tu t’en fous. d’un coup, t’existais. mais ça pas quand tu veux, morgan mcgrath. le mettre face à sa contradiction. lui foutre le nez dedans, voilà ce que tu étais en train de faire. te reprochant de ne pas avoir travaillé, il t’interrompt en plein travail. en vrai, t’es bien contente de ne pas à continuer. que le client soit mécontent, tu t’en moques complètement. y a un silence. un moment où tu retiens ton souffle. puis ce soupire que t’expire et tes yeux qui s’penchent vers la bouteille de champagne laissée à l’abandon. tu prends ta coupe, pleine. elle se vide de moitié entre tes lèvres. t’as plus rien à dire.

morgan, ça fait des jours qu’tu t’en fous
alors viens pas faire celui qui s’inquiète
celui qui regrette
tes regrets, ils ont été entendus
n’aie crainte

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il a cumulé les absences inopinées et le besoin de se retrouver. cet état de léthargie dans lequel il se complait. des tonnes de responsabilités qui l'ont fait fuir. lâchement. il aimerai s'en défendre, trouver des excuses. surement bancales. mais la vérité, c'est que morgan n'en a pas. il a juste eu besoin d'une bouffée d'oxygène et de se remettre en question sur son état. le bordel de cahal n'a pas aidé, à croire qu'il a toujours été là pour l'enfoncer. que ce soit par les mots comme par les actes, ou ce qu'il voulait bien lui demander. pourquoi avoir accepter, une nouvelle fois, de se salir les mains pour les siens ? ceux qui l'ont toujours rejeté ? il ne sait pas. n'a pas les réponses sous le coudes. surement un besoin de fidélité et cette foutue loyauté dont il ne défera jamais. on ne change pas une âme si facilement, ni même un comportement. il l'a toujours fait morgan. que ce soit pour l'armée ou bien son sang qu'il a toujours renié. il n'a jamais reculé devant les obstacles alors qu'au contraire, parfois, il a juste baissé les bras. des énigmes qui parcourent son échine, qu'il traine dans son sillage depuis qu'il a poussé son premier cris. sa vie bancale, encore assaillit par les innombrables conneries qui semblent le suivre coûte que coûte. ella et cette rupture tardive mais vitale. les émois de son frangin et ses affaires qui le suivent. un mariage dont il ne connait pas le nom et ce n'est pas le pire encore. ça il arrive à le gérer. en faisant en sorte qu'il n'existe simplement pas. quant à alma, il ne sait tout simplement pas. une erreur. un besoin. un pré sentiment. des tas de noms qu'il pourrait lui donner alors qu'il n'en est rien. pas de quoi se prendre la tête alors que tout le reste est plus insurmontable que cette partie de jambes en l'air.
tu sais que ça te touche plus profondément,
mais tu le renie lâchement.
les cheveux encore humides d'une douce salvatrice et des crimes qu'il a délaissé derrière lui. le closer aux abois des nuits passées loin de lui. il n'en a pas souffert. la machine tourne toujours autant, avec la même énergie qu'avant. les strings relevés, les regards éméchés. et les billets étalés sur les comptoirs salis par les alcools ingurgités. il a les pupilles qui valsent sur les horizons, contemplent quelques visages connus, d'autres moins. se laisse happer par l'ambiance qui née tout à coup avant de la délaisser. il a l'esprit ailleurs, sur les cheveux brins qu'il voit même pas, mais qu'il devine déjà. les rétines brumeuses d'une retrouvaille qu'il n'est pas prêt à assumer mais qu'il doit pourtant effectuer. le videur s'en est allé, l'a laissé comme un con aveugle de bons sens. il enfouit ses mains dans ses poches, entame la valse de retrouver la beauté vénéneuse dans un coin reculé du club. il sait où la trouver, n'a pas besoin de chercher bien longtemps. ses mains rejoignent le rideau rouge et ses rétines, celles du client fièrement posé sur les sofas qui leur sont réservés. pas de besoin de mots, ni même de gestes. la scène surréaliste et pourtant bien réelle. un raclement de gorge, morgan se pince le nez et lui fait comprendre que son tour est terminé. il ne sourcille pas, ne demande pas son reste et c'est sur un silence plomb qu'il délaisse sa place pour la donner à mcgrath. ses pupilles à la rencontre des siennes, dans cette salle obscure seulement bercée par quelques néons aux couleurs criardes. il a fermé ses émotions, se contente de prendre en main son rôle de patron. les questions qu'il pose, qu'il impose. c'est brut, sec et efficace. on dirait ton frère. on dirait un sale type sans état d'âme, qui se fiche pas mal de faire du mal. le venin ne tarde pas à s'écouler et pour tout dire, morgan n'en attendait pas moins. ça le fait même sourire un brin, tout en joignant ses mains, entremêlant ses doigts entre les siens. il hausse un sourcil, détourne parfois le regard tout en cherchant finalement, dans le fond de sa poche, son paquet de cloque. au rythme de ses paroles, morgan attrape une cancéreuse, la coince entre ses lippes avant d'allumer ce qui le tuera jamais. ça fait des jours que j'me demande où t'es. commence pas à m'faire ton cérémonial s'il te plait. il est trop sec pour être sincère. s'en veut chaque fois qu'il ouvre un peu plus la bouche. mais il n'arrive pas à s'en empêcher. comme une vieille rengaine qu'il a déjà vécu mille fois. la fumée s'infiltre dans ses poumons, obnubile le ton. et j'dois mettre cette absence sur le compte de quoi exactement ? des explications que lui ne donne pas et pourtant, qu'il attend d'elle. comme si elle lui était redevable d'avoir encore le droit de travailler au sein de son club. mais c'est pas l'tien.
son dos qu'il repose contre le sofa,
tira une bouffée du tube comme un malfrat.
elle s'approche alma. il se tend automatiquement tout en la dévisageant. la coupe de champagne l'attend fièrement et c'est en une seule gorgée qu'elle vide le verre de moitié. j'ai été prit ces derniers jours. j'prends les devants tant que j'suis là. ça, elle avait dû le remarquer. de ces paroles, il ne retient que le venin qu'elle peine à dissimuler. les arrières pensées cumulées et les regards qui ne trompent pas, tandis que de ses doigts, il tapote la cendre dans un cendrier. tu veux entendre quoi au juste ? la vérité ? le mensonge ? des illusions. il lui servira bien ce qu'elle voudra. ne s'en froisse pas. morgan ne tourne pas autour du pot bien longtemps, déteste se prendre les méninges pour des histoires pareilles. que j'suis désolé ? que je m'en tape ? il colore sa vie des rôles qu'il joue à défaut d'être celui dont il pourrait être fier pour une fois. ce rôle là, il l'a abandonné y a bien des années, l'a laissé dans ce lit où sa dulcinée s'était échouée. vas-y dis moi. après tout, c'est pas ta meuf qui est venue la voir un soir. lui faire savoir, que tout c'était mal. c'est bien viggo qui s'est ramené, clamant haut et fort le territoire qu'il s'est autoproclamé. ses rétines reviennent aux siennes, il penche légèrement la tête sur le côté et balance un de ses bras sur l'accoudoir du canapé.

il s’installe, morgan. comme si ce sofa était sa place. qu’il avait toujours été sa place. client délogé, client remercié. il habite désormais ce lieu tel un félin. territorial, morgan, il te regarde droit dans les yeux. mais ça t’impressionne pas. ça t’émeut plus. pas maintenant en tout cas. parce que t’as la rancœur tenace. le reproche vivace. c’est encore frais dans ta tête. l’abandon, t’as jamais aimé ça. réminiscences trop douloureuses. ça réveille les souvenirs enfouis. les émotions désuètes, que tu croyais avoir oubliées. mais qui remontent à la surface de ton âme avec une odeur écœurante. un bis repetita un peu rance.

des jours ? arrête morgan. il ose. ose dire que ça fait des jours qu’il se demande où tu es. le problème c’est qu’il s’est juste demandé. et c’est tout. arrête de m’faire croire que je compte.

j’ai pas eu un appel. pas un message. rien. alors me fait pas croire que tu t’inquiétais pour te donner bonne conscience.

y a la question qui s’pose. celle à laquelle tu t’attendais. mais t’as compris le petit jeu de morgan. il joue à celui qui pose les questions mais qui ne répond pas aux tiennes. ça t’saoule, alma. clairement. cette relation unilatérale. cette relation qui t'fait mal. t’avais pas de place pour ça. alors, toi non plus, tu réponds pas à sa question. têtue. bornée, tu l’étais, peut-être autant que lui. cette conversation qui valait rien. cette conversation de deux êtres qui n’allaient pas bien.

on s’est rien promis. j'le sais. plus une affirmation qu’une question. t’attends pas de réponse à cette allégation. on s’est rien promis et pourtant, j’pensais que nous deux c’était spécial. que nous, juste à deux, on était pas mal. toi et moi, on était pas comme les autres. j’pensais que nous, on s’ferait pas d’mal.

tu l'as plus revu. après votre nuit. après que vous vous soyez perdus. après ta peau sur la sienne. après son souffle au creux de ton cou. ouai, clairement t’as foiré, morgan. mais tirer ton coup et disparaitre. laisser la chambre vide. la pire humiliation. vous n’vous étiez rien promis. t’en attendais pas forcément beaucoup de lui. mais pas ça. pas c’coup-là. pas à toi, alma. visiblement, tu t'es trompée. sur toi. sur lui. sur vous. t’avais tout faux. tu seras pas l’premier. tu seras pas l’premier en qui j’croyais. pas l’premier à m’baiser. à m’laisser. t’as fait comme la raclure masculine que j’évite. cette qu’on assassine. putain, alma, tu te serais trompée à c’point ?

et tu t’en veux. de lui avoir laissé cette part de toi qu’il ne mérite visiblement pas. t’attends pas de savoir pour t’faire ton avis. ouai, c’est vrai, t’attends pas d’entendre ce qu’il a à dire. pour toi, c’est clair. s’il l’avait voulu, il aurait été là. avec toi. ou il aurait fait en sorte que tu saches. tu veux entendre quoi au juste ? la question te dérange, parce qu’elle est stupide. tu t’approches du fauteuil en velours. t’es pas une biche, là, alma, t’es une louve. ta poitrine dénudée, rien ne sert de la cacher. il l’a vu mille et une fois. il l’a déjà vue, et la reverra. y a le silence qui l’fait patienter. le silence ici. la musique résonnant à l’extérieur de ce huit-clos. j’veux rien savoir, morgan, j’ai déjà tout compris.

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[ alma & morgan ] @greg laswell

il n'a pas les idées claires. n'est plus que l'ombre d'un amas de poussières. des années qu'il se perd. jusqu'à cette chute inévitable dans le néant. plus rien ne semble avoir de l'importance. les journées s'assemblent et se ressemblent. il a cette lassitude dans la peau. cette nonchalance. prenant la vie comme elle vient et chaque jour comme un supplice de plus. l'existence en elle même, devient le fardeau le plus lourd à porter. tout est à l'envers. tout tourne dans le mauvais sens. comme une aiguille qui remonte l'horloge sans jamais s'arrêter, rendant l'atmosphère irrespirable pour ses poumons déglingués. il aimerai, reprendre le contrôle, tenir les rênes de cette vie qui lui file entre les doigts. il n'en a juste plus la force. se contente de contempler les désastres qu'elle fait. de loin. une cancéreuse à la bouche et la bouteille de liqueur non loin. il n'est plus qu'un simple spectateur, même pas un stupide acteur. elles sont loins, les années de désinvoltes sans se soucier des lendemains. les années où il se foutait bien, de ce que demain était fait. les années où il n'avait qu'à penser à son petit nombril. le reste, néant fluctuant. aujourd'hui, tout était différent et tout était semblable à la fois. mise à part que morgan avait prit de la bouteille, qu'il ne supportait plus rien. même pas son reflet dans le miroir. encore moins le son de sa voix. il ne supportait plus la vie qui battait sous ses cotes et ces lendemains sources d'ennuis et de mépris. tout était juste noir.
t'aimerai ne plus penser,
juste espérer. qu'un jour tu pourras t'en détacher.
la clope au bord des lèvres, le regard qui fuit et revient à l'énigme face à lui. il est dans un de ces mauvais jours. sur le fil de plusieurs émotions qui se choquent et s'entrechoquent. la colère, la déception, le besoin amère d'exister un instant. il se perd dans ce qui le tuera surement. se contente simplement d'afficher le masque de rempart. à toutes émotions. il ne montre rien. est vide de tout. un néant inébranlable au bord de l'implosion tandis qu'il prend ses aises sur le sofa bouffé par les années et les culs posés. il tire sur sa clope, pose les questions, entame cette valse dont il ne connait même pas les raisons. il aimerai avoir des réponses à lui donner. contenter son appétit de tout avoir et tout contrôler. mais la vérité, c'est que morgan n'a juste plus rien à offrir. même pas un sourire. il est lessivé. alma, elle attend une marque d'affection. un geste de sa part, contrebalançant avec ses absences et ce silence qu'il n'a pas volontairement semé, mais qu'il n'a pas, non plus, arrêté. elle le savait pourtant, qu'il était déjà brisé. qu'il ne serait pas capable de tout lui donner. toi non plus t'as pas appelé. morgan soulève les faits. n'a rien inventé. la bouffée de fumée envahit ses poumons avant qu'il ne la recrache ouvertement. les coudes vissés dans l'accoudoir du canapé et ses yeux qui retiennent chaque traits du visage de la brune. il ne sourcille pas. ne sourit même pas. il ne s'en fou pas de tout ça. aimerai juste que ça ne devienne pas un problème de plus à son palmarès déjà bien rempli, prêt à dégueuler à tous moments. ouais c'est vrai on s'est rien promis. il répète ses propres mots. se les insère profondément dans son crâne. comme pour y croire. le vouloir aussi. plus simple de l'admettre que le contraire. alors pourquoi lui faire une sérénade pareille ? si elle le savait. pourquoi se contenter de ce comportement d'éloignement, si elle même, le clame haut et fort ? difficile sont les nuances qui colorent la vie d'alma. il est perdu. elle est dans le néant total. qui jettera la pierre sur le premier. il est prêt à assumer les conséquences de ces actes. surement pas prêt pour autant à avoir toutes les responsabilités. il ne l'a pas forcé. ne l'a pas violé.
le son dans ses tympans,
t'en retiens rien de concret. juste des paroles balancées.
il sort son dos du dossier, plante ses coudes malfamés sur ses cuisses. et écrase le mégot fumant dans un cendrier après en avoir prit une grande bouffée. les lippes qu'il se mort instantanément et les yeux qui se perdent sur les tapis rouges qui bordent la pièce. ne laissent présager rien de bon. c'est con, subitement cette question. pourquoi cette couleur ? pourquoi cette odeur ? tu voulais des fleurs ? il revient aux prémices d'une discussion qui de toute façon, tourne en rond. elle ne sait pas ce qu'elle veut alma. demande du n'importe quoi, espère en tirer quelque chose de concret. de bien sous tout rapport. hors, elle sait dans quelle gueule elle s'est jetée. il n'avait rien à prouver. ne lui a même pas promit quoi que ce soit. elle non plus. dis moi c'que t'as comprit alors. ça m'intéresse. parce que tu sembles déjà tout savoir. ses pupilles bleutées reviennent aux siennes. un sourcil froncé et cette main lasse qu'il passe dans ses cheveux encore humidifié. ou j'devrai peut être le demander à viggo. il semble bien au courant contrairement à moi. il a omit de dire qu'il était passé. lui et ses attitudes mal placées dans ce lieu, qui est le sien. dans ce lieu où on n'importune pas un mcgrath. et c'est dans l'ombre de tes traits, qu'on croirai contempler l'ainé.

toi non plus t'as pas appelé. tu te prends cette phrase comme un affront. elle pourrait presque te faire rire si tu n'avais pas le sérieux de morgan en pleine sa tronche. trop sérieux pour être faux. trop sérieux et pourtant ça sonne faux. parce que c'est moi qui aurait dû appeler ? tes sourcils froncés ne reflètent que l'incompréhension qui t'envahit. y a pas de logique dans ses reproches. il fuit, et s’attendait à être retenu. mais t’es pas cette personne là, alma. alors, certes, vous ne vous étiez rien promis. il répète, ou le confirme. tu ne saurais saisir la nuance. toujours est-il que ça marque la distance. non, rien. ça au moins, on l'a respecté. douce ironie. qui sonne faux au creux de ton ventre. qui a un goût amer dans ta bouche. mais qui est terriblement rempli de véracité ce soir. ça pue la vérité. même si elle ne te convient pas. même si elle te fait mal.

c'est ça… des fleurs. que l'expulse d'entre tes lippes avec un dédain monstrueux. des fleurs. putain morgan, t'as rien compris. rien. tu marques une pause. t'en a rien à foutre des fleurs. toi ce que tu voulais c'est qu'il te parle. qu'il te dise. pas qu'il fuit et te laisse seule avec tes questions.

il feint ne pas comprendre ce que tu lui reproches. un comble. mis à part lui rappeler les évènements. t’avais rien de plus à dire. on passe une nuit ensemble, on revient ici et tu désertes ta propre chambre. ton propre lit. aucune nouvelle, comme disparu de la planète. alors, oui, j’ai compris. tu vas pas expliquer l’évidence. t’as compris que ça pouvait le gêner. que votre relation, elle avait changée. vous n’pouviez plus faire comme avant. faire comme s’il ne s’était rien passé. effacer le passé. la conclusion c’est qu’il n’assumait pas ce qu’il c’était passé là-bas. il a agit en lâche. et tes yeux se détachent de lui.

tu voulais que j'le prenne comment, bordel ? c'est lui qui a déserté ce lit. celui que tu considérais comme le tien. comme le vôtre. sans toi, j'avais pas de raison de rester. que tu lâches pour justifier ta fuite. comme si l'ombre de morgan justifiait ta présence en son antre. c'était pas complètement faux. alma, sans morgan, elle n'a plus lieu d'être sous ses propres draps. c’est réducteur, mais t’avais plus ta place dans cette chambre trop vide pour toi. et alma, elle aime pas être seule. il aurait dû le savoir. aurait du s’y attendre. on la laisse pas, alma.

viggo arrive dans la conversation. tu ne sais pas vraiment comment, ni pourquoi . toujours est-il que ça te met mal à l’aise. t’as pas envie de parler de lui. parce qu’il n’y a pas de lien. vig, tu veux pas le mêler à cette histoire. tu veux pas qu’il soit au milieu. et d’ailleurs, pourquoi le serait-il. quel est le rapport avec nous deux ?

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[ alma & morgan ] @greg laswell

le don de se mettre dans n'importe quelle situation. bonne ou mauvaise. il ne peut déjà plus les compter, refuse de les laisser couler. morgan est un de ces hommes qui ne savent jamais ce qu'ils veulent. il n'a pas toujours été comme ça. la vie l'a façonné. les années l'ont armé. après la vie, il n'attend plus. après les gens non plus. il passe d'une émotions à une autre. de la léthargie chroniques aux prémices d'une violence inassouvie. de ces instants où il renie tout en bloque, aux fois où il a senti sur ses épaules, le poids de la culpabilité naissante. celle qui le bouffe de l'intérieur. celle dont il est finalement, incapable de s'en détacher. ce soir, il est à la lueur d'un entre deux. renier. éviter. s'en vouloir aussi. parce qu'à alma, il y tient un peu. sait qu'il s'est mal comporté. aimerai s'en excuser. mais y a le poids de l'adversité et de ses yeux ténébreux qui lui font face. le poids du on sait rien promis qui l'agace. il n'a jamais été un de ces types qui usent et abusent de ses charmes. qui jette ce qu'ils prennent après un premier regard. non. morgan est un hermétique à tout et à tout le monde et lorsqu'on creuse, qu'on entre dans son jardin secret, c'est que la confiance est née. alors, il est divisé. entre l'envie de comprendre ses intentions et celle de s'excuser. de toi, tu veux pas qu'on approche. t'as choisi cette vie solitaire et rien d'autre. le mutisme s'empare de sa bouche. morgan la contemple de ses yeux bleutés, fronce les sourcils par moment.
le genre de situation que t'aime pas affronter,
ça te donnerait presque envie de t'en aller.
les coudes plantés sur ses genoux défaillants, il l'a pas lâché du regard. essaie de comprendre ses intentions. ce qu'elle cherche dans le fond. il affabule viggo d'une situation dont il n'est même pas l'acteur, ni même le spectateur. la tête qu'il secoue vivement avant de lâcher un souffle d'agacement. il a des choses plus importantes à gérer. ton alcoolisme cuisant. la dépression qui te colle à la peau depuis des années et cette effroyable vérité. le sang sur tes mains et cette fraternité acerbe. les pupilles divaguent rapidement de alma à la bouteille de champagne qui traine là. elle l'attend sagement. il se mord la lippe supérieure avant de taire sa pulsion et de détacher une de ses mains, frottant son visage frénétiquement. j'avais des trucs à faire alma. des choses que t'imagines même pas. bien loin d'une partie de jambes en l'air dont il se souviendrait même pas. bien loin des suppositions qu'elle croit. ça n'a rien à voir avec toi. ni même avec ce qui s'est passé. le blond n'a pas fui. n'y a même pas pensé. il a juste été pris et épris. de son passé. de ce qu'il tente d'oublier pour mieux se saouler. ses iris remontent jusqu'à la brune avant qu'il ne daigne se lever. et le sol qu'il retrouve de ses deux pieds. un alcool. bien fort. plus que le champagne qui trône là. il ira se fumer la gueule jusqu'à en perdre la voix. et viggo est passé l'autre jour. il t'cherchait. a fait des allusions. j'ai rapidement comprit que tu lui avais tout raconter. ce n'est pas de la jalousie. ni même du mépris. il constate simplement. énumère les faits. alma est encore son amie même si ces derniers temps, il ne l'a surement pas assez montré.
les mains que tu fourres dans tes poches,
à défaut de pouvoir la toucher.
écoute, j'crois que t'as des problèmes à régler. l'éternel rengaine de celui qui donne des leçons alors que lui même ne se remet pas en question. elle clame haut et fort son mécontentement et combien son silence l'avait blessé. il s'en défend. elle et viggo, ça crève les yeux. pense ce que tu veux alma. de moi. de ce qu'il s'est passé. j'pensais que tu m'connaissais assez pour pas t'faire de jugements. un moment il est là. l'instant d'après, il disparait. cette danse frénétique qui rythme sa vie et ses journées. un haussement d'épaules et il reste planter là, la fixant longuement. attendant des réponses qu'il ne veut pas et la fin de cette guerre silencieuse qu'il n'est pas prêt à supporter ni même à digérer.