Lying is the most fun a girl can have ± Lina

les moments de panique se précipitent. ils sont vivaces. ils l'entourent de leur enveloppe, la font suffoquer sans répit. plus de but. plus de principes. ils ont été fracasser en même temps que le sable face à une vague. comme si plus rien ne compter. comme si sa vie se résumait à une page blanche où tout était encore à écrire. les ambitions misent en suspens et cette vie qui s'écoule sans qu'elle n'arrive à la rattraper. difficile à vivre lorsqu'on a plus de réel but, plus de réelles raisons. elle vogue sur des eaux inconnues et devrait se sentir pleinement libre. pourtant, lina a juste l'impression de suffoquer, de découvrir un nouveau monde. un monde auquel elle ne trouve plus aucun goût, ni aucunes lueurs affriolantes. il est juste vide. comme elle. alors, lina, elle fait ce qu'elle sait faire de mieux : la fête. sans interruption. elle cherche des âmes auxquelles se raccrocher sans répit. juste le besoin cuisant de se sentir entourer alors que tous les autres l'ont lâché. les hell's ne sont plus. juste une vaste blague, un nom qui n'évoque plus rien. le cuir sur ses épaules mit au placard pour un temps, elle n'a plus le courage de le porter et ne s'en sent plus digne.
et ça s'effrite,
au rythme des coups de gueule incessants.
elle est là, assise au comptoir d'un bar qu'elle connait sur le bout des doigts. la musique brise ses tympans mais lina ne s'en formalise pas. les tenues d'été sont de sortie et les chaires affriolantes évacuent leur frustration du moment. la température est montée d'un coup, donnant les prémices d'une soirée sur le fil. prête à exploser à chaque seconde dans les ténèbres d'une nuit estivale. elle a toujours apprécié cette époque de l'année. les âmes s'échauffent, les barrières tombent, elle n'en saisit pas les raisons exactes mais s'en délecte. le téléphone entre les doigts, elle contemple sans guetter de coeur les quelques photos qui parsèment l'objet. des souvenirs qui s'envolent et sans vraiment y réfléchir, elle les supprime. une à une. comme si elles étaient encore les derniers obstacles lui interdisant de tourner une page pourtant déjà brûlée, en cendres sous ses pieds. la cubaine cherche surtout à s'occuper l'esprit en attendant que la rouquine ne se pointe. l'attente n'est pas longue. pour une fois, lina fait preuve de patience. un trait de caractère qu'elle a apprit à exploiter avec le temps. les lèvres rougies par le carmin qu'elle y a déposé et les ongles noircis par le vernis fraichement étalé. elle tique un instant, tourne les pupilles sur le lieu endiablé avant de ranger son cellulaire dans la poche de son short trop court pour ses longues jambes. la queue de cheval fièrement dressée au sommet de son crâne, elle bouge machinalement ses phalanges contre l'acier du comptoir.
patience démesurée,
pour une amitié malmenée.
lina ne sent pas la présence dans son dos, trop occupée par son esprit tiraillé de mille et une pensées. le doigt glaciale se pose contre son coup, son ongle, elle le sent pousser sa peau dorée. un sourire amusé qui tire les traits de son visage quand elle entend la douce voix de sa russe préférée. ses doigts stoppent leur danse macabre sur le comptoir et son échine se tend bizarrement. ça te rappelle des souvenirs lointains, ceux que t'essaie jute d'oublier pour faire face à l'avenir. heureusement que j'le suis alors. qu'elle souffle, les yeux rivés sur le bar juste en face, contemplant les oscillations des bouteilles fièrement déposées. houna, elle la connait depuis au moins aussi longtemps que les hell's. les années s'effritent, elle ne saurait donner un chiffre exact. elles sont volatiles toutes les deux. passent d'une vie à une autre comme un courant d'air à peine perceptible. sans doute faites dans le même marbre macabre, les mêmes tons de couleurs qu'elles effleurent sans jamais s'y jeter. c'est effroyable quand elle y pense, parfois lina, à défaut de penser que ça pourrait avoir un sens. le corps de la rouquine se décolle du sien et vient rejoindre le tabouret qu'elle lui a gardé, tournant les pupilles vers son être ton entier. elle a le sourire fragile ce soir la cubaine. les idées moroses et l'humeur tendue. pas vraiment la tête à la fête et en même temps si. un pied d'un côté, l'autre à l'opposer. houna ne tarde pas à déposer le billet vert, commandant par la même occasion, ce qui fera leur soirée. délectera leurs gorges assoiffées. les pupilles divaguent sur le serveur, vraisemblablement effrayé par la rousse en furie. un ordre. pas un suggestion. elle a toujours été comme ça houna, insaisissable. les pupilles noircies de lina reviennent aux siennes, elle avait pas remarqué qu'elle la fixait surement depuis plusieurs secondes déjà. ses lippes s'entrouvrent, cherchent les mots qu'elle pourrait bien prononcer quand on sent déjà une gêne s'immiscée. elles n'en ont pas encore parlé, ne savent surement pas quoi en dire non plus. bon, quoi d'neuf ? combler le silence. à part l'fait que tu t'tapes toutes les nanas du queens. ce n'est clairement pas la nouvelle du jour. elle en sourit amusée, hausse un sourcil attendant les réponses aux questions les moins dévouées.

les années ont défilé si vite qu'elle ne se souvient déjà plus à quel moment exact ça a foiré. à quel moment elle a cessé d'y croire. en cette foutue rébellion avec pour étendard le fameux veston en cuir, cette assurance sans nom qui les anime tous. lina l'a perdu. elle s'est fait la malle au rythme de ses battements de cils. sans raison apparente. ce n'est pas venue soudainement. non. juste avec le temps. un peu plus chaque jour. la fuite de sarai n'a été qu'une excuse de plus à son mépris général. peut être que cette vie n'est plus faite pour elle. peut être qu'elle n'est plus capable de l'assumer pleinement. que ses idéaux ont changé. qu'elle n'en a simplement plus. elle ne porte pas son cuir ce soir, l'a laissé au placard. voulant apparaitre comme une jeune femme ordinaire dans ce monde qui l'a bouffe jusqu'à dévoiler l'extraordinaire. mais y a rien qui l'attend, pas même de l'argent. les poches vides de sens. plus rien à ne se mettre sous la dent, pas un même un emploi à mi temps. les photos défilent sur le portable en même temps que son doigt qui presse le bouton. celui de supprimer ce qu'il reste du passé. elle n'y voit pas d'inconvénient, ne se laisse même pas le temps d'y penser.
la vénéneuse plaque sa phalange dans son cou,
ça l'a fait sourire tout à coup.
elle est arrivée comme ça. dans la brume épaisse d'une incompréhension, parmi les démons. les allusions corporelles, le souffle dans son dos. lina sourit. les traits tirés par cette vieille habitude qui les a une fois désarçonné. ses iris la suivent quand elle s'installe près d'elle, sur le tabouret tandis qu'elle visse ses coudes bien huilés sur le comptoir du bar en acier. le portable, elle l'a déposé avec une précaution sans nom, non loin de ses doigts fraichement manucuré. une discussion banale, voir bancale. pour dire vrai, lina a bien peur qu'elle la perce à jour. elle et ses indécisions de toujours. un truc perso tu dis ? j'peux en savoir plus ? la cubaine demande sans être certaine d'y être vraiment intéresser. ou bien qu'elle lui réponde tout simplement. c'est pour combler le silence, délié les langues tandis que déjà, la rouquine s'est laissée happer par le ténébreux qui les a si souvent délié. ez, elle ne le porte pas dans son coeur. ils ne se sont jamais appréciés et ça arrache un rire de plus à lina. un rire amer et à la fois amusé. ses doigts vacillent sur le bar. elle y fait claquer ses ongles. on a rien manigancé. et ça fait un bail que j'ai pas vu ez. une vérité demie avouée. ez, elle l'a vu y a pas si longtemps et connait la moindre de ses intentions. mais ça ne plairait certainement pas à houna de le savoir. secret inavouable parsemé parmi les rancunes tenaces qui refusent de se faire la malle. elle marche sur des oeufs lina. refuse de se mouiller. et si elle l'apprenait, que le départ de sarai, sa fuite, n'était dû qu'aux agissements incrédules de son ennemi juré ? pas le moment. pas l'instant. ni même à elle de l'avouer. le serveur revient dans son champ de vision, déposant sans le jeter un seul regard, la bouteille de vodka et les verres. houna ne se fait pas attendre, se sert le premier et le fait valser dans sa gorge dessécher. lina suit le pas. à tatillon. elle n'a aucune envie d'avoir la gueule en vrac maintenant. la liqueur coule et s'écoule lentement et c'est sur une grimace légèrement, qu'elle y trempe ses lèvres. elle n'a pas le coeur à la fête. bizarrement. et pourtant, elle est là. dans ce bar. cette boite de nuit aux sens dérisoires. comme pour se donner une façade alors que le coeur n'y est pas.
les pupilles divaguent,
elle a la vague à l'âme.
pour l'moment, j'sais pas trop. lina tranche, la voix sèche. le verre à demi vide rejoint le comptoir et ses iris se tournent vers la rousse. les jambes qu'elle croise, le corps fait volte face, se met bien en face. c'est l'bordel. mais vraiment. y avait tellement d'choses qui n'allaient pas avant la fuite de sarai. j'pense que ça a été la goutte de trop. la brune n'est pas défaitiste non, juste réaliste. même houna le sait, que le club était déjà en cendres bien avant l'évènement de trop. celui qui a causé le chaos. et un nouveau rire s'échappe d'entre ses lippes, contemplant d'un coin de l'oeil son amie. elle l'a toujours fait rire avec son franc parlé et cette façon bien à elle d'énumérer les faits. t'es pas prête à lâcher hein ? certainement que non. houna, elle a ça dans le sang. elle a les tripes pour tout assumer quand toi t'es plus capable de te regarder. ses yeux roulent sur la pièce, contemplent les âmes échouées avant de souffler. tu t'es jamais dit que parfois, si les choses sont brisées, ça servait à rien de vouloir les recoller ? lina l'a plus pensé à voix haute cette question. n'avait pas eu l'intention de l'exposer mais maintenant c'était fait.