ritalin club (shabh/tadhg/neo)

Le jour, la nuit, tu sais plus vraiment. vous avez pas ouvert les rideaux pour pas être témoins de l’apocalypse. le capitalisme bouffe encore la classe moyenne, appauvrissant ceux d'en dessous, défaillant système qui ne profite à personne. ouvrir les yeux, c'est se faire jeter en plein visage qu'on vaut rien, qu'on ferait mieux de crever. Neo aimerait avoir confiance, mais il reste avec ce cynisme, cette envie de refaire le monde sans savoir où commencer. Il aime pas ouvrir les yeux, à moins que ça soit pour tomber sur la bouille de Tadhg. C'est probablement la seule raison pour laquelle il revient à la réalité, bien des matin. Neo grogne un peu, pas certain de vouloir se réveiller, frottant son nez contre l'épaule de Tadhg. Ils se sont encore endormis emmêlés, ils savent plus faire autrement, à force.

Neo s'étire un peu, manquant de pousser Tadhg en dehors du divan définitivement trop petit pour deux hommes. Parce que même s'ils semblent avoir tout stoppé à seize ans, l'année de leur rencontre, ils ont continué de pousser comme de la mauvaise herbe. Ses tatouages s'étirent avec le mouvent de ses bras, petite manie de s'encrer avec le temps, pouvant compter les années par les bouts de beau qui servent de canevas. C'est pas tous des oeuvres d'art, mais ça te plait, d'avoir quelque chose de gravé, de savoir que même si tu vires dingues, t'auras encore une partie de toi à tout jamais. T'as probablement réveillé Tadhg à gigoter comme un vers. T'en profites pour rouler par dessus lui et t'extirper du divan, tombant dans les méandres de votre festin de la vieille. T'avais commandé trop de nourriture, mais ça va, ça fera de quoi déjeuner, ou peut-être souper, l'heure et le nom de ça donne à un repas, c'est pas dans tes priorités. Neo attrape un dumpling froid entre deux doigts et l'enfonce dans sa bouche, fermant les yeux.

Il rigole tout seul, peut-être parce que c'est une bonne journée. Tadhg est là, et ils sont ensemble c'est tout ce qui compte. « je vais me doucher. » déclare Neo, voulant profiter des commodités de l'endroit. leur pote est pas revenu depuis le freak out de tadhg. L'endroit en porte encore les marques. Ça sera pas bien long avant qu'ils doivent trouver un autre toit. Ça sera pas la première ni la dernière fois qu'ils seront dans cette situation. Neo attends pas que l'eau réchauffe avant de s'y glisser. Du savon un peu partout, l'eau qui lui tombe dans les yeux. La réalisation qu'il a pas apporté de vêtements propres pour se changer. Il trouve une serviette dans l'armoire, ça fera. Tous leurs trucs sont dans le salon.  

Une serviette nouée à sa taille, Neo revient vers le salon pour trouver Tadhg qui se frotte les yeux, enfin pleinement réveillé. « Ton tour. » déclare Neo, ébouriffant ses cheveux blonds pour éclabousser d'eau froide Tadhg. « allez, je vais t'aider si t'as besoin. » propose la grande brindille, essayant de faire comme si ça ne lui faisait rien, comme si c'était normal d'être tout à l'envers à l'idée de lui enlever ses vêtements. « ça sera peut-être la dernière douche pour un moment, allez. » tente de l'encourager Neo, de plus en plus certain qu'il faudra y aller par la force. Ça risque d'être aussi facile que de donner son bain à un chat de ruelle. Neo agrippe Tadhg par le col de son chandail, pour le tirer vers lui et la salle de bain, sauf qu'il glisse par l'encolure, se retrouvant aveuglé par le tissus, et Neo ne peut pas s'empêcher de rigoler. « attends, bouges pas, je vais te sortir de là, mais arrêtes de te tortiller. » gronde Neo, se disant que ça sera pas de tout repos. Sauf que le t-shirt de Tadhg décide de céder à ce moment là, et la gravité se la joue destin cruel, alors que Neo tombe de tout son long sur Tadhg, l'écrasant au plancher. Et le blond cherche son souffle, mais c'est pas la chute qui l'empêche de respirer, mais la jolie gueule de Tadhg, si proche, si troublante, son torse nu contre le sien, peau à peau, coeur à coeur, âme à âme. Et Neo sens son coeur qui veut sortir de sa poitrine, rejoindre celui de Tadhg. Il pourrait poser ses lèvres sur les siennes, juste là, il pourrait pas bouger, Tadhg, pas dans l'état où il est. Et ça le trouble trop, de penser le goûter, tellement qu'il en remarque que trop tard, qu'ils sont plus seuls.

Dans l'entrée, il y a Shabh, accotée au mur, un sourcil élevé. La porte était pas barrée. Neo ne pourrait pas dire depuis combien de temps elle est là, mais elle a pas changé. Ça pourrait être gênant, comme situation, si c'était quelqu'un d'autre qui en avait été témoin, mais Shabh sait qu'ils sont proches, comme des frères, qu'ils partagent tout, que c'était qu'une folie qui a mal tourné. C'est normal, pas vrai. Neo se relève comme s'il avait été électrocuté, parcourant les quelques mètres qui le séparent de Shabh pour la serrer dans ses bras, assez fort pour lui fêler une côte. « tiens, enfin une gueule que ça fait plaisir de revoir. » gronde Neo, ne voulant pas parler de ce qu'elle vient de voir, ne voulant pas assimiler la proximité troublante de Tadhg, pas le moins du monde gêné d'être en serviette. Shabh, c'est un bro, et ça sera toujours facile avec elle. « ne crois pas que ça te sauve d'une douche. » finit par commenter Neo, se retournant vers Tadhg, hésitant. Il serait dans la merde, si le brun pouvait lire dans ses pensées, s'il devinait la connerie qui le hante. Il essaie aussi de ne pas penser à la nuit qu'ils ont passé dehors, Tadhg et Shabh, à son âme esseulée, à la paranoïa d'être abandonné. C'est pas leur problème à eux, s'il est détraqué. C'est pas le moment de sombrer. Il faut célébrer. Ça fait un bail qu'ils ont pas été tous au même endroit. « bon, quand est-ce que t'avoues que je t'ai manqué ? » demande Neo à Shabh, certain qu'elle va lui foutre une claque, avec sa fausse gueule de charmeur qui marche jamais. c'est plus facile de se concentrer sur elle, d'oublier qu'il aurait pu faire une connerie, qu'il était si proche de glisser. C'est pas facile quand la ligne entre son coeur et sa tête danse dans tous les sens. C'est juste que son meilleur ami est la personne la plus importante dans vie, c'est tout, qu'il se dit.