bad night. (rory)

putain de soirée de merde.
tu pisses le sang. t’as mal partout. et surtout t’es énervé.
énervé de t’être fait démolir de la sorte. d’ordinaire c’est toi qui gagnes. c’est toi qui mets les gens ko. t’as les nerfs. parce que t’aime pas perdre. t’aime pas le goût de l’échec. t’as du mal à avancer. t’as du mal à regagner ton domicile, alors tu marches assez doucement. t’as mal aux côtes, t'as mal à la tête. t’as pris de sacré coup. et la douleur, tu la ressentiras certainement encore quelques jours… mais c’est pas ce qui te saoule le plus.
t’espère croiser personne sur le chemin du retour, t’as pas envie de donner de justification concernant ton état. parce que t’as pas envie d’expliquer que t’es dans cet état parce que tu t’es battu pour de l’argent. ta nouvelle occupation, les combats de rue. parce que c’est aussi de l’argent facile. parce que tu te débrouilles bien dans la bagarre. parce que t’aimes cet instant où tu te retrouves face à un type que tu dois envoyer sur le tapis. peut-être que tu devrais simplement faire un sport de combat réglementé, se serait peut-être plus simple. mais c’est moins existant. y a davantage de règles. et les règles c’est ce que t’évites le plus. alors, tu te contentes de ces combats illégaux. et ça te procures un plaisir fou… et même si tu perds, même si tu te fais défoncer, rarement mais de temps en temps quand même, tu sais que tu y retourneras. l’appel des coups est plus fort que la douleur que tu ressens à cet instant précis.
t’as les écouteurs dans les oreilles. musique dont tu ne peux pas te passer. musique qui apaise. musique qui calme. c’est ce dont t’as besoin. et puis en avançant, tu crois au loin un petit groupe, et t’espère ne croiser personne. mais faut croire que t’aurais dû prier plus fort, parce que t’aperçoit un visage trop familier. rory. pas elle. non pas que d’ordinaire tu ne serais pas ravie de la voir. mais pas ce soir, pas dans cet état. tu sais très bien qu’elle te fera la morale et t’as clairement pas besoin de ça. t’as limite envie de faire demi-tour, mais c’est trop tard, son regard croise le tien. tu peux pas faire marche arrière. putain de soirée de merde. et pourtant, t'as le sourire aux lèvres quand t'arrive à son niveau, alors que putain, qu'est-ce que t'as mal.

soirée d'fin d'études. soirée entre potes, entre étudiants. fêter la fin d'une année scolaire. réussie ou non, de toute façon, c'est fini. au programme, tournée des bars. bien évidemment, fallait s'mettre la tête à l'envers, montrer qu'les études passent avant tout mais qu'vous n'êtes pas que des têtes pensantes. y a décidément pas qu'ça et toi, princesse, t'es bien décidée à passer une soirée fabuleuse. et quitte à t'bourrer la gueule en passant, ce n'sera pas plus mal. fardée d'une tenue d'soirée soft -genre jean et haut habillé quand même- l'maquillage plus prononcé quoi qu'toujours léger et d'bottines à p'tits talons, tu t'sens bien. à l'aise. les hostilités commencent tôt, c'pas plus mal d'ailleurs. se retrouver, loin d'toutes la pression de ces derniers jours. les cœurs sont légers, les esprits s'libèrent, les épaules s'affaissent. y a moins d'tension, c'est plus facile à vivre. rendez-vous dans ton quartier parce qu'on sait tous qu'les meilleures soirées se déroulent par chez toi. l'petit groupe s'agrandit à mesure que tout l'monde se réuni. vous êtes d'ailleurs quasiment au complet, n'manque que quelques retardataires. c'est à c'moment là qu'ton regard est attiré par cette silhouette bien trop familière. au début, tu t'dis qu't'as rêvé, qu'c'est pas lui. et puis, l'homme s'rapproche et vos regards se croisent. impossible de faire erreur. tu t'tais, tu l'interpelles pas. tu l'aurais fait en temps normal mais là, y a un truc qui cloche. et tu t'mets instinctivement à l'détailler. sa peau à beau être bien plus foncée qu'la tienne, y a des signes qui n'trompent pas. œil avisé de l'étudiante en médecine que tu es, tu n'peux pas ignorer les détails troublant l'allure spécifique de son visage. il a beau t'sourire quand il arrive à ta hauteur, rien n'y fait. tu peux pas t'taire, même avec la meilleure volonté du monde, t'es obligée d'ramener ta fraise, qu'il le veuille ou non. putain merde, kenny, qu'est-ce qui s'est passé ? t'abandonnes tes potes sans prévenir, comblant la distance qui t'séparait de lui. t'es bien consciente qu'il ne crachera pas l'morceau. gamin bien trop buté. c'pas pour rien qu'les éclats de voix sont bien trop nombreux entre vous. et pourtant, tu lui confierais ta vie sans hésiter une seule seconde. t'es moche, laisse moi r'garder. tu t'plantes devant lui, p'tit bout d'femme qu'est ridicule de croire un seul instant qu'tu pourras ralentir sa course. qui n'tente rien n'a rien paraît-il. tu supplies pas, t'agis pas non plus. tu proposes to aide, à lui d'voir s'il veut l'accepter ou non, bien qu'tu penses qu'tu t'prendras le plus gros bide que la planète puisse offrir à l'heure actuelle.

ce genre de soirée. ce genre de raclée pourrait te donner l’envie d’arrêter ces combats, mais ça te donne simplement plus de motivation. t’apprends pas vraiment toi, dès que tu perds, dès que t’es au plus mal, tu t’y replonges et tu refais la même chose en espérant que la fois d’après c’est toi qui sortiras vainqueur. alors ouais ken, t’as la haine d’avoir perdu. t’as la haine de ne pas avoir su rendre les coups correctement et cette putain d’haine, elle te dit vas-y recommences, venges toi. venges toi contre ce mec qui t’as mis au tapis. ce mec que tu ne connais pas et que tu détestes simplement parce qu’il a su te mettre minable. putain d’orgueil. putain de caractère.
t’as pas envie qu’on te voit dans cet état. t’as pas envie de devoir te justifier. de devoir expliquer quoi que ce soit. surtout ce soir. t’as simplement envie d’arriver chez toi, prendre une bonne douche, fumer un pétard pour essayer de faire disparaitre la douleur que tu ressens dans ton corps. mais c’était peine perdu à partir du moment où t’es sorti du ring, c’est toujours dans les moments où tu ne veux croiser personne que ça arrive.
rory.
trop tard pour faire marche arrière. impossible d’éviter la confrontation. un sourire lorsque t’arrive à son niveau, mais vas-y elle est pas dupe, alors elle vient vers toi, forcément. putain merde, kenny, qu'est-ce qui s'est passé ? évidement qu’elle te le demande, après tout, si ça avait été le cas inverse, c’est certain que t’aurais posé la question aussi. et elle se rapproche un peu plus, laissant le petit groupe avec lequel elle était. t’es moche, laisse moi r’garder. qu’elle dit en se mettant devant toi, t’empêcher d’avancer. déjà, j’vais te dire un truc, j’suis jamais moche. tu ne peux pas t’empêcher de faire une petite blague. enfin, blague ou pas, parce que c’est vrai que t’es beau-gosse, et les cicatrices, ça donne un air plutôt sexy. t’inquiètes pas rory, ça va, tu peux retourner avec tes potes, qu’tu lui dis toujours ce même sourire aux lèvres pour ne pas l’inquiéter ou lui donner une raison de douter. parce que de toute façon, même si ça va pas tu le dirais jamais. trop fier pour avouer quoi que ce soit. trop fier pour demander de l’aide. mais ça se voit que t’es dans un sale état, surtout pour elle l’étudiante en médecine. c’est juste quelques égratignures, c’est rien. vas-y ken, minimise un peu plus et avec un peu de chance elle te laissera filer sans te poser trop de questions.

y a des rencontres qu'on est pas prêt à affronter. l'inattendu, le variante qu'on avait pas vu dans l'décor. t'étais pas partie pour une consultation improvisée, bien au contraire. lâcher du lest, te laisser aller à d'la détente pure et dure. c'était c'que tu devais faire. cependant, t'as tout plaqué sans même y réfléchir. pour une seule âme. p'tre bien parce que c'pas un inconnu, p'tre bien parce qu'il prend beaucoup trop d'place depuis si longtemps. son visage fracassé t'a interpellé, t'as pas eu d'autre choix que d'abandonner tes projets. enfin si, on a toujours le choix à vrai dire. t'as opté pour l'histoire de toute une vie, dénigrant l'histoire de quelques années. et sans remords ni gêne d'ailleurs. déjà, j’vais te dire un truc, j’suis jamais moche. t'arques un sourcil et perds toute crédibilité lorsque tes lippes s'étirent en un sourire. c'est qu't'as vraiment pas vu ta gueule dans un miroir. réponse facile et qui ne tarde pas. poupée rieuse, moqueuse. toi et ton mètre soixante-huit, campée d'vant lui, comme si tu pouvais croire un seul instant qu'il allait prendre en considération c'que tu lui dis. c'est beau d'rêver. t’inquiètes pas rory, ça va, tu peux retourner avec tes potes. coup d’œil vers la bande joyeux lurons, compagnons d'études et d'soirée. tu devrais aller les retrouver, c'est vrai. mais quant à savoir si c'est c'que tu veux vraiment, ça, c'est une autre histoire. j'suis déçue, et blessée aussi. moi qui m'faisais une joie d'te voir ... tu es celui qui m'aura brisé l'cœur ce soir alors tâche de vivre avec ça maintenant. rien d'tout ça n'est vrai. jeu d'actrice, manipulation par la culpabilité. t'es une vraie connasse quand tu veux. enfin, ça reste bien rare. pour preuve, t'es pas capable d'assurer ou d'assumer l'rôle plus de quelques secondes. et t'voilà qu'est encore en train d'sourire en coin. t'es pas sérieuse. sauf quand il s'agit d'son état physique. c’est juste quelques égratignures, c’est rien. tu soupires. m'prends pas pour une bille kenny. qu'tu souffles, plus sérieuse que tes répliques précédentes. ce s'rait con qu't'ais l'os malaire de niqué, juste parce que t'as voulu joué l'grand garçon qui peut s'débrouiller tout seul. t'as p'tre terminé ton année d'cours mais y a pas à dire, t'es douée dans ton domaine. tu ne lui laisses pas l'choix et ta main se saisit de sa mâchoire, faut qu't'ai un meilleur angle de vue. ça n'dure pas longtemps, juste assez pour que tu vois ce que tu as besoin. quelques égratignures, mon cul ouais. qu'est-ce que t'as foutu ? et m'dit pas qu'tu t'es pris une porte, j'suis pas stupide. et la voilà, la chieuse de service. celle qui s'mêle de c'qui ne la regarde pas. tu sais qu'il va l'perdre, son sourire. et tout ça, ce s'ra de ta faute. à toi et à toi seule. t'as l’appréhension de savoir c'qu'il fabrique. t'as l'appréhension d'comprendre. et au fond, t'as p'tre bien déjà ta petite idée et même que ça n'te surprendrais pas. les conneries, il y est abonné. faudrait pas qu'il se soit lancé un nouveau défi ou alors qu'il se soit fait cassé la gueule pour tout l'reste. c'est bien difficile d'essayer d'aider quelqu'un qui n'veut pas l'être. surtout quand on y tient.

rencontre imprévue. rencontre non voulue. parce que t’as pas envie de te justifier, et tu sais bien que rory, elle va t’en poser des questions. et c’est légitime. un peu. c’est qu’t’as vraiment pas vu ta gueule dans un miroir. tu rigoles légèrement, mais tout ce que t’en ressors c’est une putain de grimace, parce que même rire te fais mal. si justement, et j’me suis trouvé pas mal en fait. tu peux pas t’empêcher de faire de l’humour. c’est plus fort que toi. et tu lui dis qu’elle peut retourner avec ses potes. couper court à la conversation tant qu’il est encore temps. j’suis déçue, et blessée aussi. moi qui m’faisais une joie d’te voir… tu es celui qui m’aura brisé l’cœur ce soir alors tâche de vivre avec ça maintenant. tu aurais presque pu croire à ses paroles, tu aurais même pu culpabiliser pour cela, tellement elle avait l’air sérieuse, un temps du moins. son sourire en coin la trahis. c’est pas contre toi de toute façon, c’est juste que j’vais rentrer et que ça va, donc c’est mieux qu’t’aille avec tes potes pour profiter de ta soirée, t’avais l’air d’bien t’amuser. tu réponds tout de même sérieusement, et c’est peut-être un peu vrai, t’as pas non plus envie de l’embêter alors qu’elle semblait passer un bon moment avant que tu n’arrives devant elle.
tu minimise ton état. simplement quelques égratignures. m’prends pas pour une bille kenny. ouais rory, j’savais que t’étais pas conne, mais pour une fois, fais semblant de l’être. ce s’rait con qu’t’ais l’os malaire de niqué, juste parce que t’as voulu joué l’grand garçon qui peut s’débrouiller tout seul. tu m’expliques pourquoi t’as une pote qui fait des études de médecine déjà ? tu peux même pas faire semblant, elle le saura tout de suite et si peut-être qu’un autre jour ça ne t’aurais pas dérangé, là t’as simplement envie de rentrer chez toi. quelques égratignures, mon cul ouais. qu’est-ce que t’as foutu ? et m’dit pas qu’tu t’es pris une porte, j’suis pas stupide. tu le sais ça rory, qu’elle n’est pas stupide et c’est bien dommage, aujourd’hui ça t’aurait arrangé.
non j’me suis pas pris une porte, je suis tombé dans les escalier, t’sais quand on est maladroit…
tu essayes de rigoler à la phrase, comme pour dire que ce n’est pas important, que ce n’est rien. mais vas-y ken, elle te l’a dit et tu le sais elle n’est pas stupide. et le coup des escaliers, en vrai, personne ne pourrait le croire. même pas toi.
j’rigole, tu rajoutes ensuite, essayant de réfléchir assez vite à ce que tu pourrais trouver à lui dire, j’me suis battu, comme d’hab, pour une connerie. tu t’es battu c’est vrai. pour une connerie c’est à moitié vrai.
mais est-ce que tu devrais lui dire que c’est parce que tu t’es lancé dans un nouveau truc. non t’as pas envie de lui dire, même si elle te demande de quelle connerie tu parles. parce que… parce que tu connais le point de vue de rory sur tout ce que tu fais. et ça ne rajouterait qu’un autre truc sur la liste de tout ce qu’elle pourrait avoir à te reprocher.  

il prend tout à la légère et ça t'agace d'ailleurs. les apparences sont bien trompeuses et tu es d'ailleurs la première à l'démontrer. mais ça, c'est une autre affaire qui n'a pas sa place ici. si justement, et j’me suis trouvé pas mal en fait. son entêtement t'arraches un fin sourire. tu m'fatigues. que tu soupires, abandonnant ton envie conquérante de lui en mettre plein la gueule. enfin, pour l'instant. parce que tu restes malgré tout sur ta faim. il a beau vouloir que tu retournes à ta soirée, toi, tu en as décidé autrement. tu joues la carte du cœur brisé bien qu'il n'en soit pourtant rien. poupée actrice à ses heures perdues. mauvaise actrice, faut bien dire ce qui est, pas capable de garder cet air sérieux que tu avais voulu te donner. c'est ce qui, d'ailleurs, envoie toute ta stratégie aux oubliettes. c’est pas contre toi de toute façon, c’est juste que j’vais rentrer et que ça va, donc c’est mieux qu’t’ailles avec tes potes pour profiter de ta soirée, t’avais l’air d’bien t’amuser. il te congédie en douceur, il a au moins cette décence. mais tu ne l'entends pas de cette façon. y en aura d'autres des soirées d'fin d'année. ils peuvent très bien s'débrouiller sans moi ... contrairement à toi. tu te donnes de l'importance, te jetant volontairement des fleurs. c'pas vraiment dans tes habitudes, c'plus de l'humour. remarque légère que tu voudrais pourtant qu'il arrive à prendre en compte. toi, tu l'uses, tu l'prends à la gorge à coup d'engueulades que tu provoques parce que t'as l'impression d'le perdre. lentement, mais surement. il fait de la merde et tu as décidé d'endosser le rôle de celle qui le remettra à sa place, n'hésitant pas à le ramener sur terre quand t'as la sensation qu'il part trop loin. rôle bien trop important pour toi, t'en es consciente. et pourtant tu continues à t'accrocher à cette idée qu'tu pourrais y arriver. efforts vains mais tu n'baisses pas les bras pour autant. et lui, dans sa splendeur habituelle, il minimise les dégâts. probablement pour ne pas t'inquiéter. mais t'es pas dupe. ça non. jolie poupée, étudiante en médecine, qui serait incapable de passer à côté de quelques contusions qui pourraient lui valoir quelques ennuis par la suite. et tu l'vois bien qu'tu l'emmerdes avec tes remarques et questions. tu prends la place de l'intrus, d'celle qui n'a rien à foutre dans l'décor. mauvaise posture mais tu la défendras pourtant quoi qu'il arrive. non j’me suis pas pris une porte, je suis tombé dans les escalier, t’sais quand on est maladroit … soupir de lassitude. ça pourrait t'faire rire mais pas maintenant. son entêtement à faire le mariole quand il ne faut pas te fait lever les yeux au ciel. j’rigole. pas très convainquant cela dit. j’me suis battu, comme d’hab, pour une connerie. et voilà, on y est enfin. c'est déjà tout de suite plus plausible et tu acceptes donc cette justification bien plus facilement que les précédentes. vu ta gueule, j'voudrais pas voir l'autre. nouveau soupir qui glisse entre tes lippes entrouvertes. c'est déjà plus facile à avaler qu't'as connerie d'escaliers. j'veux bien qu't'es pas doué mais y a des limites. t'en rajoutes, exprès. manquerait plus que tu laisses passer sans remarque déplacée. j'veux juste être sûre que ça va. et j'me contenterais pas de ton ressenti. t'es chiante putain, mais qu'est-ce que tu peux être chiante. princesse déterminée à ne pas le laisser filer aussi aisément. tu finiras par le rendre chèvre. et encore, si tu ne finis pas toi-même complètement cinglée par sa faute. s'te plaît ? ta gueule d'ange, tes p'tits yeux d'chien battu. tu supplierais presque et d'ailleurs, c'est p'tre même ce que tu cherches à faire. toujours cette carte de la culpabilité que tu essaies de mettre en avant. sait-on jamais, sur un malentendu, ça pourrait p'tre fonctionner.

t’as ce problème là kenny, tu prends rien au sérieux. tu tournes tout à la dérisions. parce que c’est mieux que de ce prendre la tête. selon toi. c’est mieux d’en rigoler que de pleurer. c’est mieux de rigoler que de ce plaindre. alors ouais, tu dois bien de douter que ça ne plaise pas à tout le monde, mais c’est ta manière de fonctionner et ceux qui te connaissent, ils le savent très bien. tu m’fatigues. tu souris simplement alors que rory soupire. tu te doutes que tu dois êtes fatiguant. fatiguant pour les personnes qui tiennent un minimum à toi. les personnes qui ne supportent pas forcément ton mode de vie. que tu te mettes en dangers, constamment. les personnes comme rory. alors c’est peut-être pour ça que tu ne veux pas qu’elle se prenne la tête avec toi, qu’elle retourne avec ses potes. y en aura d’autres des soirées d’fin d’année. ils peuvent très bien s’débrouiller sans moi… contrairement à toi. mais rory, elle est têtue, trop. rory, elle reste même quand tu lui dis que c’est pas la peine. parce que rory, elle essaye comme elle peut de te sortir de ce mode de vie que tu as choisi, essayer de te sauver en quelque sorte. mais le problème, c’est que t’as pas envie d’être sauvé kenny. t’es bien. du moins, c’est ce que tu persuades à chaque fois que tu doutes.
mais peut-être qu’au fond t’as peur.
peur de ne pas pouvoir faire autre chose que tout ce que tu fais actuellement. alors ouais, tu repousses toute aide que l’on veut bien t’apporter.
j’peux me débrouiller tout seul aussi. je suis grand, j'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi. qu’tu lui lances presque comme un gosse qui a envie qu’on le laisse grandir. qu’on le laisse se débrouiller, qu’on le laisse faire ce qu’il veut. tout cela sur une mine boudeuse, un semblant, pour plaisanter. mais avec une part de vérité à l’intérieur. tu es grand, capable de faire tes propres choix et de les assumer aussi, même quand ça fait mal. mais peut-être que parfois, tu devrais accepter son aide.
tu tentes une blague, une petite, mais visiblement ça ne la fait pas rire non, elle soupire, certainement agacé par ta bêtise. et tu t’empresses d’ailleurs de dire que tu rigoles. un petit peu. tu lui avoue à moitié ce qu’il t’es arrivé. sans trop en dire, juste ce dont elle doit ce douter. vu ta gueule, j’voudrais pas voir l’autre. ouais l’autre aussi est amoché, mais c’est toi qu’a perdu. c’est toi qui l’est davantage et putain que ça te saoule. et ça se verrait presque sur ton visage, tu soupires en y pensant même. c’est déjà plus facile à avaler qu’t’as connerie d’escaliers. j’veux bien qu’t’es pas doué mais y a des limites. évidemment, elle était obligée de rajouter quelque chose, une petite pique. à laquelle tu ne répondras pas. pas aujourd’hui. pas ce soir. tu lèves juste les yeux au ciel, c’est tout. j’veux juste être sûre que ça va. et j’me contenterais pas de ton ressenti. elle insiste. un peu plus. et t’sais qu’elle te laissera pas partir comme ça. parce que rory, ce n’est pas son genre, trop déterminé lorsqu’elle veut quelque chose. s’te plaît ? cette fois, c’est toi qui soupire en voyant sa petite tête.
et faut croire que tout de suite, t’as peut-être pas envie de batailler. t’es peut-être trop mal pour le faire.
bon ok, tu finis par céder, en soupirant de plus belle. mais tu vas perdre ton temps, j’te dis que ça va, c’est rien, parce qu’en effet, tu devrais voir l’autre. une fois de plus du minimise, et tu lances un petit mensonge au passage, plus pour ne pas qu’elle s’inquiète trop pour toi. parce que c’est toi qui te fourres dans les problèmes tout seul, alors tu ne mérites pas que quelqu’un s’inquiète pour ta face.

tu pousses, tu bouscules, tu piques, tu titilles. ça n'marche jamais, on n'va pas se mentir. tu cherches la p'tite bête en permanence, quitte à t'retrouver au sol bien trop souvent. t'en prends pour ton grade à chaque fois et pourtant tu n'te démontes pas. jamais. tenacité, persévérance que l'on te connait si bien. ça agace autant qu'ça impressionne. ça dépend du contexte et de la place que l'on a durant le duel. tu prends bien souvent plus de coups que tu n'en donnes mais toujours tu t'relèves, jamais tu n'restes à terre. j’peux me débrouiller tout seul aussi. je suis grand, j'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi. gamin boudeur. tu sais bien qu'il est grand, qu'il n'doit pas vraiment avoir besoin d'toi. et pourtant, tu persistes à vouloir lui offrir ton aide. parce que tu l'vois sombrer, tu l'vois faire n'importe quoi et s'complaire dans ses conneries. chemin d'vie bien différent de celui qu'il aurait pu avoir. t'en es persuadée. toi qui as tendance à voir les points positifs chez les gens, quitte à effacer les côtés qui te déplaisent. du genre à vivre dans un monde de bisounours et d'licornes. c'est étrange d'ailleurs, pour une gamine avec une capacité de réflexion développée et des études poussées en médecines. femme-enfant qui n'cache pas son adoration pour les dessins-animés et autres chef d’œuvres de chez disney. et bah tu vois, c'est exactement le genre de phrase que sortirait quelqu'un qui a justement besoin d'aide. psychologue du dimanche. tes yeux plissés, tes lippes pincées. ton léger et pourtant teinté d'sincérité. poupée blessée de constater qu'les mains tendues ne sont jamais prises. ou alors bien trop rarement. et pourtant, vous vous connaissez depuis si longtemps. tu pensais t'être fait une jolie p'tite place au cœur d'sa vie mais plus l'temps passe et plus tu t'dis que tu t'étais simplement bercée d'illusions. jusqu'à c'qu'une petite lueur d'espoir naisse au beau milieu d'ses iris. les blagues, les vannes, l'humour. lot commun de ces échanges, bien trop souvent avant qu'ça parte en vrille. tu gardes pourtant cette ligne de conduite, ne voulant pas te donner en spectacle en pleine rue. c'pas non plus l'but de la manœuvre. tu vois bien qu'tu l'agaces pourtant. les soupirs, yeux qui flirtent avec le ciel bien trop souvent. et toi, t'insistes encore, quitte à l'soudoyer du regard. ouais, tu joues d'ton visage d'ange et d'tes yeux d'biches. bon ok, mais tu vas perdre ton temps, j’te dis que ça va, c’est rien, parce qu’en effet, tu devrais voir l’autre. c'est à ton tour de reprendre la symphonie des soupirs. ouais bah jusqu'à preuve du contraire, t'es pas toubib' alors laisse-moi faire, tu s'ras mignon. légèrement excédée mais en même temps, fallait pas qu'tu t'attendes à mieux qu'ça. question d'habitude on dira. on y va ou tu préfères que j't'examines sur l'trottoir ? clairement, tu t'imposes. t'as pas vraiment l'choix. c'est ça où tu l'laisses filer sans rien dire. sourire en coin qui s'installe sur ton visage. perfidie volontaire, presque nécessaire.

tu n’as pas besoin d’aide, c’est ce que tu dis. c’est ce que tu te persuades. alors que peut-être que t’en as besoin au final. peut-être que t’en as besoin pour te sortir de ton petit monde. pour te faire prendre conscience de ce que tu fais. du danger que ça a pour toi. même si tu ne le vois pas forcément et  mais tu l’admettras jamais. tu n’admettras jamais avoir besoin d’aide.
parce que kenny, tu penses sérieusement pas en avoir besoin. alors ouais, tu la refuses sans cesse, même quand ça vient de tes proches. de ceux que tu connais depuis toujours ou presque. même quand c’est rory.
et bah tu vois, c’est exactement le genre de phrase que sortirait quelqu’un qui a justement besoin d’aide. ça te fait presque rire. mais tu te retiens, tu te retiens pour ne pas avoir trop mal. et en même temps ça t’agaces. que certaines personnes pensent pour toi que tu aies besoin d’aide.
à ce que je saches tu ne veux pas devenir psy, mais médecin non ? petite pause alors que tu la regardes avant de poursuivre, alors ne fais pas la psy avec moi, j’en n’ai pas b’soin. peut-être un peu dur. peut-être un ton beaucoup trop froid. sans t’en rendre compte. sans le vouloir réellement. et même si tu le dis pas, tu t’en veux d’agir comme ça avec elle. alors qu’elle est pleine de bonne volonté. et surtout qu’elle continue d’être là pour toi, même quand tu lui dis qu’elle peut partir. est-ce que ça t’agaces vraiment kenny ou tu lui en es plutôt reconnaissant de rester malgré ton sale caractère ?
tu cèdes finalement. parce que tu sais qu’elle est aussi très têtue la demoiselle, alors tu cèdes pour ne pas avoir à te battre. sans oublier de lui dire que se serait une perte de temps.
ouais bah jusqu’à preuve du contraire, t’es pas toubib’ alors laisse-moi faire, tu s’ras mignon. tu souris légèrement malgré toi. si elle, n’est pas psy, toi c’est sûr que tu n’es pas médecin. on y va ou tu préfères que j’t’examines sur l’trottoir ? quand tu la regardes, t’as ce regard contradictoire. un petit mélange d’agacement, genre tu lâcheras pas l’affaire rory avec un autre de gratitude. tu sais que t’es têtue comme fille. plus une affirmation qu’une question que tu lui lances, alors que tu commences déjà à avancer sans l’attendre. t’es lente, accélères non ? réponse à sa question alors que tu te tournes vers elle. tu plaisantes. tu la taquines. parce qu’au fond, c’est toi qui as du mal à avancer correctement.
et alors que tu l’observes en l’attendant, tu te demandes pourquoi elle continue d’essayer de te sauver. même si tu sais que personne n’est parfait, à côté de toi, rory elle semble l'être, parfaite. alors que toi… toi t’as l’air du pauvre type qui se fourre dans les problèmes constamment. du mauvais gars que rory ne devrait pas fréquenter.  

clairement, tu t'imposes. y a pas trop l'choix à vrai dire, sinon tu fais une croix sur lui et ça, c'est hors de question. enfin, c't'un peu radical comme solution mais tu ne peux clairement pas te contenter de l'laisser filer sans y mettre ton petit grain d'sel. tu t'improvises psychologue l'espace d'une petite réplique. quoi qu't'es douée pour écouter les autres parler et les conseiller dans la mesure du possible. conseils que tu n'appliques pourtant pas à toi-même mais ça, c'est autre chose. à ce que je saches tu ne veux pas devenir psy, mais médecin non ? alors ne fais pas la psy avec moi, j’en n’ai pas b’soin. t'encaisses le coup avec difficulté, on n'va pas s'mentir. la remarque trop sèche. tu l'as agacé, ça y est. cela dit, tu n'as pas dit ton dernier mot et, dans un élan d'on n'sait trop quoi, ton regard  s'assombrit. j'te signale qu'y a des cours de psycho en médecine alors garde ton caractère de merde pour quelqu'un qui l'mérite. faux. y a pas de cours de ce genre en médecine générale. mais ça, il n'est pas censé le savoir. tu lui réponds sur l'même ton qu'il a employé. p'tre que ça le fera réagir sur sa manière de s'comporter avec toi. t'en doutes mais, on n'sait jamais, paraît qu'sur un malentendu, tout est envisageable. t'façon, il fini par céder face à ton insistance. tu n'lâches pas l'affaire rory. jamais. c'pas dans ton caractère de baisser les bras au moindre petit obstacle. encore moins quand il s'agit d'quelqu'un à qui tu tiens. tu reviens sur le fait qu't'es plus à même de t'occuper d'ses blessures que lui. à croire qu'il faut lui rappeler toutes les cinq minutes que, la spécialiste, c'est toi. et puis, tu l'piques encore une fois en lui forçant la main. examen sur l'trottoir ou ailleurs. à lui d'choisir. tu sais que t’es têtue comme fille. un immense sourire illumine ton visage de gamine. contente d'avoir réussi à embobiner ton monde. petit caprice que tu sembles lui réserver. et pourtant, c'toi la plus âgée. t’es lente, accélères non ? soupir, yeux qui flirtent avec le ciel qui d'vient de plus en plus noir. obscurité d'la nuit qui commence à reprendre ses droits sur la ville. j'te laisse une longueur d'avance papy. parce qu'à c'rythme là, j'serai rendue avant toi. taquinerie à laquelle tu réponds sans hésitation. en quelques pas, tu l'as rejoint et tu enroules ton bras autour du sien. et puis, vous avancez, l'un à côté d'l'autre, en direction d'son appartement, probablement. qoi qu't'en sais rien, il t'aura p'tre jeté avant. comme souvent. tu vas vraiment pas m'dire c'qui s'est réellement passé, hein ? la voix qui s'est radoucie. tu n'lui en voudras pas, c'pas la question. c'juste que tu t'inquiètes pour lui, en permanence. et ça t'fait toujours un pincement au cœur de l'voir tout amoché pour des conneries qu'tu comprendras probablement jamais. c'besoin de s'mettre en danger pour se sentir vivant. y a d'autres moyens que ça et toi, jolie poupée, t'essaies d'lui faire capter qu'c'est pas la meilleure des solutions. mais tes mots finissent toujours par s'casser la gueule contre l'silence. alors t'encaisses et tu réessaies. plus tard. l'temps qu'la pilule passe. comme d'habitude.