« Les fêtes sont comme la vie: elles naissent et meurent comme des êtres humains. Elles connaissent des moments d'apogée et des instants de déchéance. Elles ont des hauts et des bas. Comme nous, les fêtes sont sans lendemains. »Beigbeder.
T'es foutrement dans ton élément lors de ces soirées endiablées venant animer les murs de l'Atelier. Véritable poisson dans l'eau lorsque le crépuscule vient à tomber pour recouvrir New-york de son ombre. Celle où tu t'éveilles généralement, travaillant la nuitée durant. Tu fais ça depuis un moment déjà, tu finis par être une des pièces maîtresses du Bar. Gamine bleutée à la répartie aiguisée, et à l'humour bien spécial. Tu mets souvent ça sur le dos de tes origines norvégiennes, alors qu'tu n'y as jamais foutu les pieds dans l'fond. Tu t'sens plus appartenir à l'écosse de ta chère Siobbhan si on te demandait réellement ton avis. T'as été bercée par la rouquine toute ta vie, elle et son accent bien marqué. Combien même t'as perdu tes parents, tu ne sauras jamais remercier Siob assez pour tout ce qu'elle a pu faire pour toi. Te prendre sous son aile comme si t'étais sa propre fille toi la gamine devenue subitement muette et effacée. Toi qui passais le plus clair de ton temps à jouer dans les rues du queens en compagnie des enfants perdus pour découvrir Neverland toujours plus profondément.
C'est dans ce bar, que tu viens depuis enfant accompagnée de ta mère adoptive. Tu sais pas vraiment l'histoire que Phil et elle peuvent entretenir, s'ils étaient bien plus proches que ça dans le passé. Mais tu te souviens de l'atelier comme cet endroit où on te servais les meilleurs chocolats chauds qu'il t'ai été donner de pouvoir avaler lorsque tu rentrais de l'école. Tu savais que tu pouvais pousser les portes de Phil pour te réfugier du froid sur ta route pour le manoir. Parfois tu t'y attardais pour commencer tes devoirs et c'est S sur le retour après sa débauche qui venait te récupérer. Déjà à l'époque, tu ne pouvais pas t'empêcher de filer derrière le bar pour t'y planquer et observer le vieil hibou travailler. Bon à l'époque il était pas si vieux que ça, ni maintenant d'ailleurs. Mais c'est l'unique figure paternelle que tu puisses avoir, et dans l'fond lui aussi a toujours été là pour toi. Et pour les enfants parfois aussi, tu t'souviens de cette fois où il t'as surpris en train de chiper des briques de jus d'orange et les espèces de petits chocolats emballés qu'il joint parfois aux cafés des habitués. Tu t'étais remplis les poches, le manteau. Forcément qu't'étais grillée à des kilomètres. Et pourtant, lorsque tu lui as expliqué avec tes mots de gamine pourquoi t'avais fait ça, il s'est contenté d'te frotter le haut du crâne affectueusement. Pendant longtemps, t'as fais passer les autres avant toi bien trop inquiète quant à leurs bien-être Nash.
La soirée bat son plein, les clients affluent. Ça te fait du bien de voir autant d'animation alors que l'automne s'en vient venant calmer les ardeurs de l'été. Petit à petit, les touristes se feront plus discrets et les soirées ardentes moins nombreuses. Tous le monde retourne à sa petite routine, métro boulot dodo après l'excitation des vacances. T'en as pas vraiment profité de ces beaux jours cette année. Tu t'es contentée d'écrire sans relâche de ton côté, à tenter de laisser couler tes mots sur le papier pour que tu puisses laisser ta voix s'élever. Conter tes maux, tes aventures. T'en rêves aussi de ça, Nash. De pouvoir chanter. Alors tu bosses comme une acharnée jusqu'à tomber de sommeil et faire saigner le bout de tes doigts à force de frotter les cordes de tes guitares. Un client t'interpelles, et c'est dans une tornade bleutée que t'accoures prendre sa commande après avoir sauté par dessus ton bar dans une gymnastique parfaite. T'entends Phil, qui grogne dans le fond essayant de couvrir la musique du son de sa voix rocailleuse pour t'engueuler. "Un comptoir c'est pas une poutre de gym Nash!" Qu'il rouspète depuis des années sans même réussir à t'faire changer tes sales manies. Tu files en salle, prends ta commande et en profites pour récupérer quelques verres que t'apportes à ton boss un sourire goguenard sur le visage. "Allez, et rends cette serviette utile! A quoi ça sert quelle reste constamment sur ton épaule dis moi?" T'arques un sourcil en direction du quarantenaire désignant d'un coup d'menton l'bout de chiffon sur sa clavicule.
Tu t'retournes d'un geste rapide, lorsque tu vois la porte s'ouvrir de loin. Et tes opales n'peuvent pas s'empêcher sur le brun au teint hâlé qu'tu connais si bien. Ta mine mutine s'étire en un sourire de coin, alors qu'tu repasses de ton côté du bar tes doigts s'activant à préparer l'un de tes petits bébés dont tu as l'secret. Les bouteilles volent un peu, juste pour la frime, et tu t'mets à agiter ton shaker avec la dextérité d'une mixologue qui se respecte. Un verre long, un bout d'orange et un bâton de cannelle plus tard tu te retournes vers Zakir ayant rejoint le comptoir avec le plus grand des sourires. "Tu vois, t'as même plus besoin de demander. C'est pas beau ça?" Tu lui adresses un clin d’œil complice, le jeu dans ta voix. Vous êtes comme deux chats s'amusants à se chasser mutuellement, et faut dire que t'apprécies sa compagnie.