Sujet: Re: sognare ad occhi aperti ± Rebel Ven 6 Sep - 1:47
sognare ad occhi aperti
Rebel - Annalisa
«On dessine pour se trouver et on rencontre les autres. » Louis Pons
"Anna, apprends moi à tatouer!" Tu te souviens que trop bien de cette phrase dans la bouche de Jabez alors que t'étais en train de piquer son épiderme sans vergogne. Parce qu'à l'époque, tu souffrais encore de la perte de Pierre. Que t'étais cette veuve brisée aux rêves de vengeances. Il t'as sauvé la vie le zombie, alors que lui s'en pensait dénué. Et pourtant, presque une année collaboration plus tard voilà qu'il partage ta vie de la plus belle des façons. T'as d'abord été choquée de sa demande, pourquoi voulait-il apprendre et quelles étaient ses motivations. Qu'est-ce qui pouvait bien lui donner envie à son tour de venir noircir les épidermes à tour de bras. T'as pas poser plus de questions que ça. T'avais trop besoin d'une âme à martyriser à l'époque pour refuser l'idée d'avoir quelqu'un à ta botte. Quelqu'un à qui briser les poignets à force dessiner. Tu l'as prévenu que tu ne serais pas facile et qu'il aurait envie d'abandonner. T'étais bien trop rageuse à l'époque, bien trop flamboyante te laissant consumer par la rage animant tes entrailles. t pourtant vous voilà tout les deux, main dans la main.
Tu n'comptes pas être pareille avec Rebel qu'avec Jabez. Pour commencer les deux étant deux individus très différent. L'israélien lorsque tu l'as connu ne demandait qu'à se faire remettre à sa place par quelqu'un n'ayant pas peur de lui malgré ses travers. Alors tu l'as accepté tel qu'il était, lui et ses défauts. Lui et ses phalanges assassines plus que bienfaitrices. T'as su te placer au dessus de lui, lui apprendre à être rigoureux, à se donner corps et âme dans quelque chose de plus grand que sa petite personne. Parce que l'art est la meilleure manière de s'exprimer et t'es sûrement l'une des première à le clamer haut et fort sur tout les toits. Car quand t'es blessée, c'est dans l'encre ou la peinture que tu te réfugies. Parce que c'est une des rares choses qui arrive à t'apaiser, te calmer intense soit peu. Tu sais pas vraiment d'où ça vient, mais depuis longtemps c'est comme ça. Depuis bien avant new-york, bien avant naples. Car c'est peut-être ce qui t'as poussée à t'inscrire aux beaux-arts lorsque tu étais à Palerme. Ce qui t'as donner envie de défier ta famille pour suivre un cursus différent que celui-ci qui t'étais promis.
Alors tu proposes un jeu. Tout ce qu'il y a de plus simple à ton nouvel apprenti. Un jeu auquel tu te livrais il y a bien des années. Il accepte sans rechigner et c'est un large sourire qui s'étale sur ton visage lorsque tes mains viennent clapper entre elles dans un claquement sonore. "Parfait! Alors... Mh...." Tu réfléchis quelques instants quant à la requête que tu pourrais lui formuler. Le but n'étant pas de lui tendre un piège dès le début mais plutôt de voir ses zones de conforts et ce dans quoi il se sent à l'aise. D'abord, explorer ce qu'il connaît. Ensuite, apporter de nouvelles connaissances. C'est à ça que tu comptes te tenir le temps de son apprentissage qui durera le temps nécessaire. "Alors j'aimerais me faire tatouer sur un avant bras un corbeau. Un dessin ajustable à une vingtaine de centimètres. Tout le reste est libre de ton choix!" que tu ajoutes en venant designer l'espace à l'aide de tes doigts sur ton bras tendu en sa direction. Tu lui ajoutes que tu ne désires pas de couleur, et que tu lui laisses carte blanche quant au reste. L'essentiel étant que le motif représente un oiseau de mauvaise augure. Alors, le cul posé sur ton bureau, tu t'affaires à l'observer noircir sa feuille une mine satisfaite sur ton visage. T'as pensé à mettre ton chrono interne en route, ayant noté sa nature anxieuse. Tu le sais, que t'as bien fait de croire en lui. Et tu seras là pour l'accompagner, tout au long de sa lancée.
T’as l’impression que la vie s’ouvre à toi depuis quelques mois, depuis que t’as quitté la maison de ton père pour te lancer dans une vie en solitaire. Une avalanche de dominos, de première fois, de découvertes qui te rendent bien plus fort, qui te prouve que tu es capable de bien des choses que tu n’aurais jamais essayé avant. Pour cela, tu peux remercier une bonne partie des rencontres que tu as pu faire sur ton chemin - entre ceux qui te font sortir, qui te font te bouger et ceux qui te font comprendre que t’es peut-être pas sans intérêt, tu revis un peu. C’est comme si tu sortais de ta chrysalide pour devenir papillon.
T’as encore pas mal de boulot avant d’être totalement papillon. Mais ça te va comme ça. Après tout, un papillon ne vit pas bien longtemps Et tu voudrais pas te brûler les ailes.
T’as envie de surfer sur cette vague de nouveautés qui te grisent, qui te donnent cette nouvelle sensation de confiance en toi que tu n’avais encore jamais connue. Ça te fait bizarre de te dire que t’es doué pour quelque chose, de croire en tes capacités comme tu ne l’avais encore jamais fait. Et elle t’y aide, Anna. Et elle n’est pas la seule.
Alors ça te fait quoi, au fond, de ne plus être invisible ?
Ta nouvelle patronne explique le jeu que vous allez pouvoir commencer et tu te concentres sans peine sur ce qu’elle te demande. Bien sûr, il y a cette panique insidieuse qui te cherche, qui te poke pour te tirer vers le bas, pour t’empêcher de toucher le succès du bout des doigts. Mais il s’agit de dessin, il s’agit de ton style - et s’il y a une chose sur laquelle tu ne doutes pas, c’est que t’es bon en dessin, que t’es bon dans ce style là.
Et si elle aime pas, Bel ?
Elle aimera, vilaine petite voix. Parce que c’est pour ton style qu’elle t’a choisi.
« Alors j'aimerais me faire tatouer sur un avant bras un corbeau. Un dessin ajustable à une vingtaine de centimètres. Tout le reste est libre de ton choix! » T’as déjà le cerveau qui fume à cause des idées que tu as. D’ailleurs, tu ne prends même pas le temps de lui répondre que t’as déjà attrapé une feuille et un crayon pour commencer à coucher sur le papier ce que tu vois dans ton esprit. Elle te reste le dessin libre en dehors du corbeau obligatoire et t’es persuadé que de la fumée te sort des oreilles tellement ton cerveau travaille, tellement t’entrevois de possibilités. Tu finis avec un corbeau qui tient un oeil dans son bec, le tout très détaillé. Tu passes un peu plus de temps sur l’oeil pour le rendre le plus réel possible, pour rajouter ce côté glauque que tu aimes tellement.
Et puis quand t'as fini, tu le lui tends timidement.
«On dessine pour se trouver et on rencontre les autres. » Louis Pons
T'avais quatorze ans, lorsque t'as joué la première fois à ce jeu. C'était le jour où Leonardo a finalement abdiqué, te laissant rentrer dans son shop pour la première fois de ta vie. T'avais une de ces grandes gueules à l'époque que l'on entendait que toi et uniquement toi dans toute la ruelle. T'as crié de joie si fort que Gina t'as répondue totalement hilare sa main dans la pâte à cornettos. T'es rentrée comme une furie ta pochette sous l'bras, tu t'es assises et t'as attrapé le premier crayon à ta proximité. Bon, Leo pensait clairement te mettre dans la panade en te demandant un portrait. Tu te souviens de Pierre à côté de toi qui s'est mit à rire en lui assurant qu'il n'aurait pas dû faire ça s'il comptait se débarrasser de toi. Parce que les portraits et le réalisme, c'est ce que tu as toujours fais de mieux Anna. Alors tu t'es mise à gribouiller comme demandé dans les dix minutes imparties avant de lui offrir ta feuille avec un air de défi presque insupportable sur ta gueule. Il s'est passé une main sur l'visage le tatoué, en comprenant que t'étais pas juste une sale gueule. T'en voulais, et tu lui as montré.
Tu restes studieuse, pendant que Rebel se met à dessiner. T'observes son coup de crayon, la façon qu'il peut avoir de s'y prendre. Par quoi il commence, de quel manière? Tu restes en retrait, ton bout de fesse toujours posé contre ton bureau. T'apprécies le ballet de sa main effleurant le papier pour le noircir, le dessin se profilant au fur et à mesure que ses traits de crayons viennent s’abattent sur la feuille. T'as cette mine satisfaite, qui ne te quittes pas. T'aimes la façon dont les plumes sont rangées sur l'oiseau, lui offrant un profil intéressant. Mais tu ne peux pas t'empêcher de t'intéresser à ce globe oculaire venant orner le bec du carnassier. T'observes les détails, qu'il ajoute un par un pour venir préciser le tout. T'es sidérée, lorsqu'avant la fin de ton compte à rebours ton apprenti te tend la feuille que t'inspectes avec soin. T'es plutôt impressionnée par la rapidité d'exécution dont il fait preuve et tu ne peux pas t'empêcher de l'imaginer avec un dermographe entre les mains. T'as un large sourire qui se dessine sur tes lèvres, le temps que tu prends pour admirer les détails apportés avec soin. "C'est vraiment intéressant!" Que tu lui lances en venant chercher son regard timide. Tu viens reposer la feuille sur le bureau, et commence à détailler ce que tu apprécies. Et tu finis par la seule chose que tu pourrais à la limite reprocher, c'est l'angle une fois rendu sur la peau. Rien de bien alarmant, étant donné qu'il n'a jamais tatoué pour l'instant à ta supposition.
"Maintenant, c'est ton tour! Demandes moi ce que tu veux." Vous venez échanger vos places et c'est à présent toi qui te retrouves au bureau attendant studieuse que ton apprenti te donne sa requête. C'est beaucoup trop amusant, que de se remettre dans la peau d'un débutant. T'étais différente de Rebel, t'en as fais voir de toute les couleurs à ton maître d'apprentissage. T'étais une véritable teigne, à remettre en question le moindre de ses agissements alors que c'était toi, l'élève. Leo, c'est devenu ton daron. Par par le fruit d'un amour réciproque, ou d'une capote qui craque. Tu t'es imposée à lui, et il a fini par t'adopter. T'éduquer. Il t'as donné une chance, un travail qui est devenue une passion et bien plus encore. Tout ce que tu as: ta renommée, ton art, ta passion, tout ça c'est à cet italien bougon que tu lui dois. Alors tu feras de ton mieux, pour essayer d'être ce genre de personne pour ton apprenti. T'essaieras de l'accompagner au mieux, de lui donner les armes nécessaires pour qu'il puisse évoluer rapidement dans un cadre accueillant, chaleureux. "N'hésites pas à ne pas être tendre, t'as le droit toi d'me tendre des pièges!" que t'ajoutes en lui faisant un clin d'oeil. T'as sentis sa nature anxieuse, sa timidité... T'essaieras d'être une présence rassurante, apaisante si c'est ce dont il peut avoir besoin. Car quand tu commences quelque chose 'lisa, tu lâches pas en court de route. Et lui, tu ne le laisseras pas tomber.
Tu t’y mets et tu t’arrêtes plus. Tu sens comme une bulle se former autour de toi quand tu dessines, et en ce moment en particulier. Tu ne penses même pas à faire un dessin qui plaise, à réussir l’exercice. Ton anxiété te quitte au profit de ta passion pour le dessin, au profit de ton énergie créative. T’en oublie que c’est un exercice, que tu pourrais sans doute tout perdre si tu le loupais d’une manière ou d’une autre. T’es bien trop perdu dans ton corbeau, dans ses plumes d’un noir ébène, dans les idées qui affluent dans ton esprit et qui font courir ton crayon sur le papier.
T’as pas besoin de médicaments, toi. T’as pas besoin d’un traitement pour ce qui ronge ton cerveau et que tu sais anormale. T’as déjà le dessin, t’as déjà cette passion qui te file des ailes et qui te fait voler bien plus haut que tu ne penserais jamais aller. T’as confiance en ce que tu es capable de faire, en ce monde sombre et glauque dans lequel tu te réfugies si souvent. Il ne plaira pas à tout le monde mais personne ne peut nier que t’es doué. Personne.
Pas même toi.
« C'est vraiment intéressant! » Le verdict tombe et tes yeux brillent. Tu te laisses même aller à sourire de ce petit air timide que tu prends bien souvent sans vraiment y faire attention. La chaleur te monte aux joues, un peu et t’essaies d’en faire abstraction. C’est une chose de croire en toi et une autre de recevoir un compliment. Parce que t’aimes le mot intéressant. Il est carrément mieux qu’un c’est joli. Tu ne veux pas faire de jolies choses, toi. Tu veux créer un monde qui provoque une réaction, un sentiment ou encore une réflection. Être joli ne suffit pas.
« Maintenant, c'est ton tour! Demandes moi ce que tu veux. » Tu fronces un peu les sourcils et te met à réfléchir par la même manière, comme si cette expression pouvait t’aider à te concentrer. Pis tu penses à ce que tu aimerais te faire tatouer - à ce concept abstrait quand t’as dans le crâne depuis quelques mois sans avoir réussi à en faire un dessin. Parce que c’est ce que c’est : un concept, rien de plus, rien de moins. T’as pas la moindre idée de comment le mettre en image.
Peut-être qu’elle, elle le pourra.
« N'hésites pas à ne pas être tendre, t'as le droit toi d'me tendre des pièges! » Tu ne saurais pas comment lui tendre des pièges, pour le coup, mais ton cerveau a déjà fait son choix. « J’avais cette idée de concept à représenter, à dessiner. J’ai jamais réussi à le représenter comme je le voulais. J’me dis que toi, tu pourrais peut-être. » C’est sans doute l’une des phrases les plus longues que tu ais jamais prononcé. Comme quoi l’art, la créativité te donne des ailes qui t’aident à te sortir de ton cocon. « Ce sentiment de solitude même entouré d’une foule, ce sentiment d’être incompris même lorsque l’on choisit parfaitement ses mots. Ce sentiment que même avec tous les amis du monde, il n’y aura jamais personne qui saura, qui acceptera et comprendra ce que l’on est vraiment. » En fait, finalement, tu te dis que t’as dû lui tendre un piège sans le vouloir avec ta demande pas franchement simple. « Enfin… Si ça t’inspire quelque chose. Sinon… Je trouverai autre chose. »
Parler sans réfléchir avant. T’as pas encore compris que c’est pas une bonne idée ? Elle va te prendre pour un sacré timbré, bonhomme.
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Ven 6 Sep - 1:47
