when the party's over (salva)

silhouette floue déambulant dans la rue, pupilles qui se contractent en croisant les faisceaux lumineux des lampadaires. gamine seule, absente de l'euphorie générale qui règne dans le quartier, étrangère des sourires lancés après minuit. le ciel est sombre cette nuit là, d'une imperceptible couleur onyx et curieusement y'a que ren qui semble se soucier d'apercevoir voir une ou deux étoiles. mais trop souvent, elles sont cachées, par les lumières, celles qui reflètent visages de ceux qui ne veulent pas se laisser engloutir par les bras de morphée. les astres, comme les promesses d'avenirs meilleurs, certains s'éteignent doucement, certains explosent, mais à la fin, ils sont comme nous, mortels. depuis que ses yeux se sont posés sur la lettre, quelque chose a changé. tout est remonté à la surface. lentement. mais inexorablement, épée de damoclès, fatale. comme sortis d'un coma dont une simple lettre aurait tout fait basculé. foutue lettre. palpitant de ren qui s'emballe, souvent. souvenirs qui ont martelés ses pensées, souvenirs qui l'ont paralysé. rappel des reproches plus déstabilisants que des coups, ceux d'avant, qui peuplent les nuits insomnies, avec l'opale de la lune insaisissable comme compagnie. depuis que la nuit porte conseil, ren, elle trouve plus le sommeil. même les pilules prescrites n'y change rien. mais pour ça, faudrait peut être les prendre. l'aura solaire envolée, enveloppée par les questions sans réponses. c'est sensé faire aussi m a l ? foutus souvenirs. avant, elle se berçait d'illusions, ravalait sa jalousie, sa fierté, observait les autres familles, puis regardait la sienne avec un pincement au cœur et des larmes salées qui rougissaient ses joues. l'écho des désespoirs familiaux sur ses frêles épaules, les idées s’emmêlent, s'entrechoquent, le regard se perd sur les néons des vitrines. pourtant, la gamine, elle le sait, c'est pas la seule à venir maudire ses démons ici. des visages qu'elle reconnaît à force d'avoir traîner dans le coin, des regards en coin qui en disent long, comme si lorsque le soleil disparaissait, le monde ne se préoccupait plus de créer des mirages. juste quelques heures, quelques instants. y'a plus que le noir tempête dans l'esprit et la froideur de la nuit qui fait frissonner. pourtant, ren, elle continue à observer, marcher, quitte à s'user les pieds. se vider la tête, éviter de se perdre dans les abysses en s'enfonçant dans les mécanismes du temps, à ressasser le passé, comme si en parler l'aurait modifié. avec des peut-être on referait le monde, mais on avancerait pas. s'enfoncer dans les rues du queens, se perdre, plus jamais revenir, tout oublier. même l'espace d'un instant. ses lippes n'esquissent même pas un sourire bienveillant lorsqu'on vient lui demander un briquet. y'a plus que le noir tempête dans l'esprit et la froideur de la nuit, et le vent qui fait virevolter les cheveux de ren. et puis, l'épaule qui frôle celle de quelqu'un d'autre. et ce visage. ce visage que ren ne pourrait pas oublier. dont elle connaît les traits depuis des années déjà. salva. ren qui reste là, plantée devant lui, sans rien dire.

murs décolorés se reflétant avec la couleur onyx du ciel, y'a plus que ren et les ombres qui tentent désespérément de l'attraper. souvenirs et ressentiments enfouis qui sont remontés à la surface, pupilles aqueuses qui observent la nuit tomber, et qui entraîne avec elle les illusions du matin. gamine qui a perdu son aura solaire, qui s'est envolée avec les énièmes déceptions. incompréhension qui tord les tripes, lui retourne la boîte crânienne, insomnies comme nouvelle compagnie lorsque la voûte céleste devient opaque. iris furtifs qui détaillent l'asphalte des rues criardes, atmosphère respirant l'adrénaline des soirs, sourires emplis de bienveillance qui ne quittent pas leurs lippes. et ren, enfant du chaos, perdue dans cet amas de réminiscences qui ankylosent ses pensées, la pétrifierai presque, erre dans les rues comme un simulacre. les néons des vitrines qui éclaire son visage, traits indéchiffrables, arrière goût amer depuis que ses yeux se sont posés sur la lettre. ça tourne en boucle dans sa tête, comme des rimes maudites, ça cogne dans son crâne en permanence. stigmates d'une enfance désordre, de ces familles qu'elle a toujours envié en silence. des reproches qu'ils n'ont pas eu à entendre, encore et encore, maman qui s'en servait pour faire passer sa peine, sans succès. elle aussi avait le myocarde en morceaux. elle aussi déambulait dans le queens lorsque les chimères s'effaçaient, même si ce n'était que pendant quelques instants. tout paraît maussade, l’effervescence a perdu de son éclat, abîmé lui aussi. y'a plus que le noir tempête dans l'esprit et la froideur de la nuit, les lumières des bars qui attirent les papillons de nuit cherchant un peu de réconfort. gamine qui ne cesse de marcher, quitte à s'en briser les pieds, tignasse brune virevoltant au rythme d'un vent d'été, y'a que les rires des passants qui peuvent l'arracher à son cauchemar éveillé. le palpitant qui s'emballe lorsque son épaule en frôle une autre. ce visage qu'elle reconnaît. le regard qui se plante quelques instants dans celui de salva. lui aussi, il est venu maudire ses démons? viens avec moi. sourire qui s'affiche sur le visage de son interlocuteur et ren qui se laisse entraîner dans une rue adjacente. les yeux qui trahissent que quelque chose ne va pas, gamine qui détourne la tête un instant. t'es moins belle quand tu pleures ren. le pouce de salva qui vient essuyer ses larmes salées. j'suis contente que tu sois là. parce que y'a que salva qui peut lui redonner son éclat. à nouveau, son regard reste planté dans le sien. parce que sans lui, ren, elle coulerait sans doute. ren qui esquisse un léger sourire, aimerait passer le reste de la nuit avec lui, à observer le ciel pour oublier que son cœur est meurtri par les blessures d'antan.

voûte céleste amorphe, dénuée d'astres irradiants, insouciance absente de cette atmosphère chaos. presque cauchemar éveillé, gamine perdue dans les doutes qui ne devraient être siens. des mots qui tournent en boucle dans sa boîte crânienne. encore. les doutes qui l'assaillissent, l'étoufferaient presque, les illusions qui se défont quelques instants lorsque minuit sonne, pour ensuite effacer leurs timides failles. déambulant dans la rue, simulacre osé, étrangère de leur euphorie amère. conscience abîmée, y'a que le froid de la nuit ébène qui attise les iris lucides de ren. dessein qu'elle croyait déjà certain, amertume qui s'empare de la gamine, et les pupilles qui deviennent aqueuse. la rue qui s'anime, attention qui ne se reporte pourtant pas sur les passants. et son épaule qui en frôle une autre. et ce visage dont elle connait les traits par cœur. salva. le palpitant qui s'emballe, la satisfaction de voir un visage connu. leurs yeux qui se croisent et il l'emmène dans une ruelle adjacente. il sait tout salva. il voit bien dans ses yeux que quelque chose ne va pas. parce qu'il la connaît trop bien. enfance passée ensemble, le queens comme terrain de jeux, enfants terribles à qui rien n'arrivait. eux contre le reste du monde lorsque tout leur semblait injuste. mais tout paraît maussade, presque terne cette nuit, les étoiles ont perdues leur éclat. mais le sourire de salva en vaut bien dix mille. il a toujours été là. toujours. gamin solaire, à en faire pâlir les lumières. les lippes de ren qui s'étirent en un fin sourire, ses yeux qui se plongent quelques instants dans ceux de salva, les cicatrices du passé qui d'un coup, deviennent moins lourdes, presque supportables. ancrées dans la chair, dans l'adn, ren abîmée par une famille qui a fait naufrage. larmes salées qui perlent sur les joues et salva qui les efface délicatement. qui efface les chimères envahissantes.  alors jolie ren, quel est le programme de la soirée ? elle esquisse un sourire sincère, les larmes déjà oubliées. les étoiles ne sont pas de notre côté, mais on peut conquérir la plage, s'endormir dans l'herbe, voler du bonheur aux inconnus. dis-moi ren ce qui peut te faire sourire pour de vrai. réflexion laborieuse, sourire malicieux qui s'affiche sur le visage de l'andreani. allons quelque part. où tu veux. je te suis. montre lui là tu vas chasser tes démons, là où tu regardes les étoiles sans te soucier de ce qui ne va pas, où tu regardes les passants, jalousant leur bonheur naïf. gamine qui sait qu'en présence de salva, tout s'arrange. qu'il l'emmène au bout de la terre ou sur les hauteurs de new-york, tout ira mieux. du moment qu'il est là. avec elle.