From Bronx to Queens (Allex)

@Lex Malone j'ai trouvé que t'étais pas assez surbooké alors je t'en rajoute. La bise !

Plus tu zonais dans le Queens, plus le Bronx te paraissait étouffant. Jour après jour, tu faisais une indigestion du gris et une allergie au bitume crasseux. T’en avais marre de toujours voir les mêmes sales gueules, toujours les mêmes connards qui t’regardaient bête quand tu passais au milieu d’leur petit groupe sans t’soucier de déranger, d’heurter leur ennui dégoulinant. Tu n’savais pas trop ce qui t’étais passé par la tête la première fois que t’étais resté plus longtemps que prévu dans l’métro. Tu l’avais pourtant vue passer ta station mais t’étais pas sorti, t’avais juste regardé d’un air torve la ruelle crade, vue directe sur un gars en train d’pisser contre le mur et t’es resté planté là, sans bouger tandis que les portes se refermaient pour te mener ailleurs.
T’es sorti pas mal de temps plus tard et t’as pas trop su te l’expliquer mais tu t’es senti soulagé de te retrouver dans cette rue que tu n’connaissais pas. Croiser des gens que t’avais jamais vu, que tu reverrais plus non plus d’ailleurs.
C’est comme ça que ça avait commencé, ton histoire avec le Queens.
Tu n’as même rien dit aux pioupious, ce n’était pas comme si tu devais te justifier devant eux mais plus ça allait, plus loin tu t’enfonçais dans le quartier, découvrant des clubs plus cool que l’meilleur coin du Bronx et la thune coulait comme une putain de fuite tout droit dans tes poches.
C’est comme ça que t’avais fait sa connaissance, à Lex.
Une putain de blague ce mec. Mêmes yeux bleus, même dégaine de tocard et même prénom débile raccourci. C’était l’pote d’un client, le genre de client que t’es bien obligé de bien aimer puisqu’il t’introduisait dans ses cercles de copains et leurs soirées. C’est un peu comme ça que t’avait fini par frapper à la porte de chez Lex, entrant sans attendre qu’il t’ouvre, en bon sauvage. T’en saluais quelques-uns, t’en ignorais d’autres puis quand tu croisais ton homonyme, tu attrapais l’air de rien la bière qu’il comptait prendre. « C’est cool chez toi, tu peux chier et ouvrir ton frigo en même temps ! » te moquais-tu en guise de bonjour, le sourire moqueur au coin des lèvres, décapsulant la bière contre le coin de la table.

Encore une d’ces soirées. Celle qui commence à t’irrité, qui s’finit toujours avec une bagarre. Parfois, c’même toi qu’en fait parti. Et tu t’auto énerve pour ça, d’ailleurs. T’pourrais dire qu’c’est toi qui cherche la castagne. L’trou qu’t’as dans l’épaule en est p’t’être même la preuve. Mais tu continues d’croire qu’ce sont les autres l’problème et pas toi. Y ont qu’à pas t’chercher, c’est c’que tu t’répètes constamment. Un peu pour t’innocenter du truc. Y en a déjà deux ou trois dans ta mire, qu’t’as r’marqué aussitôt qu’ils sont entrés chez toi. T’sais qu’tu risques d’jà d’en cogner un. Et d’te prendre une raclée à ton tour. Comme l’p’tit chien rageux qu’t’es. Bière! T’as b’soin d’une bière pour décompresser. Et qu’ça saute! À peine t’ouvres la porte du frigo, y a une main qui s’glisse sous ton nez, dérobant la bouteille qui t’faisait d’l’œil. Tu grognes en l’vant l’menton, prêt à charger, pour y découvrir Al.
— C’est cool chez toi, tu peux chier et ouvrir ton frigo en même temps !
Léger sourire qui s’empare d’tes lèvres alors qu’ton r’gard s’tourne à nouveau vers les litres d’éthanol embouteillé.
— La paresse finira par m’tuer, j’te jure.
Tu t’choisis une autre bière puisque l’dealer du bronx a piqué celle qu’tu convoitais. Frigo qu’tu r’fermes pour t’appuyer contre c’dernier, un peu comme si t’jouais l’gardien des portes du réfrigérateur. Ton attention qui s’reporte sur Al. Alexander… trop bizarre. Même prénom, même gueule d’vaurien. À force d’le croiser aux soirées, pas trop eu l’choix d’lui parler. Et c’bien un des seuls qu’t’as pas eu envie d’lui mettre ton poing dans la figure. Même quand y t’pique ta bière.
— Marre du bronx? T’es plus souvent ici qu’là bas, ces derniers temps.
Simple constatation. Après, s’tu pouvais aller traîner dans les autres quartiers pour t’changer un peu les idées, tu l’ferais. Mais t’as entendu dire qu’a une gamine d’ton âge qui glande dans l’coin. Une Malone. T’as fait l’lien. P’t’être pour ça qu’tu bouges pas d’ici et qu’tu t’rends dans toutes les putains d’fêtes qui s’donnent.