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 days go by (avec Alma)

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Message Sujet: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mar 12 Juin - 14:48

LUNDI 22H03 ---- / L'INSOMNIA
« -Il faut sérieusement que tu arrêtes. Ça devient pathétique.
-Je vois pas de quoi tu parles.
-Arrête. On peut presque remplir une piscine, avec toute la bave que tu laisses allègrement couler pour son cul.
-Tu devrais t'occuper du tien, de cul, justement, pour changer. »

Toni vide son verre, décroche un sourire tapageur à Tess, et se décolle du canapé en cuir pour rejoindre la piste de danse. Un doigt part en l'air quand on lui adresse un 'à quand la nonnerie ?' pour seul au revoir.

JEUDI 23H47 ---- / LA FABRIQUE
Le problème, quand on vit autant de temps collé à une même personne, c'est qu'elle finit par connaître votre emploi du temps comme si c'était le sien. Alma sait donc que tous les jeudis soirs, Toni est à la Fabrique, soit pour prendre des photos pour ses réseaux sociaux, soit pour discuter avec le gérant des différents événements qu'elle doit mettre en avant. C'est peut-être de la paranoïa. Peut-être pas. Toujours est-il qu'Alma est bel et bien là et que Toni aussi. Putain de regard qui refuse de se détacher. Putain de cœur qui cogne. Putain de reins qui brûlent. Alma est définitivement beaucoup trop splendide pour la pérennité de son célibat.

SAMEDI 01H39 ---- / L'INSOMNIA
L'alcool court les veines. Attablée avec une charmante créature (courtoisie d'AOTA), Toni rit aux éclats et débite trois conneries à la minute pour combler le creux de la personnalité de son rencard. C'est même de la mauvaise foi, puisqu'au demeurant, en face d'une autre fille et dans d'autres circonstances, Paula est tout ce qu'il y a de plus exaltant. Ce n'est pas de sa faute : elles ne se conviennent simplement pas. Trop blonde. Trop petite. Trop... Posée ? Pas assez Alma, tu veux dire, Toni. Tant pis, parce qu'à défaut de s'amuser, la Assante paraît s'amuser. C'est suffisant pour l'instant. Un jour, elle finira par s'amuser vraiment, ou par oublier qu'elle fait semblant. L'un des deux.

MERCREDI 00H12 ---- / LE NUL BAR AILLEURS
C'est mardi, soir de repos. Des copines lui ont dit de venir. Des copines lui ont dit que ça sera chouette, que ça te changera les idées. Son cul, oui. Pourquoi Alma est là, d'abord ? Pourquoi Alma la poursuit, comme ça ? Toni déglutit. L'air est si épais, si brûlant, qu'elle respire difficilement. C'est intenable. Mais elle tient, balaye la foule d'un sourire increvable, avant d'attraper les mains de Kim et de Becca pour les entraîner plus loin. Elle a besoin d'un verre ou deux, de danser, beaucoup, et de rire, beaucoup aussi.

VENDREDI 19H55 ---- / L'INSOMNIA
C'est le début de la soirée, l'Insomnia est encore passablement vide. Ou c'est peut-être les gens, qui sont trop sages sans alcool dans le sang. De son coin du bar, Toni pianote activement sur son téléphone pour terminer les préparatifs de l'événement du lendemain. Un psst de son ami barman lui fait à peine lever les yeux dans sa direction.

« -Y a ta meuf qui vient d'entrer.
-C'est pas ma meuf.
-Comment tu sais de quelle meuf je cause alors, trouduc ?
-Ferme ta gueule et sers-moi une autre pinte... »

Il est tôt. Si Alma est là maintenant, elle ne finira probablement pas la soirée ici. Peut-être même qu'elle partira dans l'heure. Inutile de la regarder. Inutile de lui parler. Ça serait se tenter plus que nécessaire.

DIMANCHE 03H41 ---- / L'INSOMNIA
Toni comate derrière le comptoir, allongée quelque part sur le parquet, à jouer avec les confettis qui traînent au sol. Une marque de peinture rose fluo lui balafre tout le visage, et une autre jaune bousille complètement ses vêtements. Elle est fatiguée, pas ivre ou pas tellement. C'est qu'elle a passé sa soirée à gérer les problèmes de stock, et une clientèle nombreuse mais exécrable. Il ne reste plus grand monde, à cette heure-ci, les derniers bourrés remballent, et la musique diminue de morceau en morceau. On a même rallumé des lumières agréables aux yeux.
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mar 12 Juin - 17:40

La louve est chienne au moment de traverser la salle. À l’inverse des attardés du soir aux fringues imbibées, aux mouvements erratiques et à la logorrhée inaudible, Alma suinte la sobriété et la pleine possession de soi. Derrière une tenue tape-à-l’œil (la courteté de sa jupe rivalise avec le plongeant couleur noyade de son décolleté), elle a l’éclat typique de celle qui observe les autres se rincer à l’alcool et à la sueur durant des heures. La mexicaine est presque aussi douée pour boire que pour le feindre. C’est pour partie son job, un des atouts de son jeu, lorsqu’on la croirait une amie intime d’un bonhomme aux poches pleines de fric qu’elle vient seulement de rencontrer. Les endroits néontiques comme l’Insomnia se prêtent aux rapprochements des êtres sous le prétexte du corps, argument dont, gracia a dios, Alma est généreusement pourvue. Elle n’est donc pas surprise, pas plus qu’effarouchée, par les assauts des carcasses ivres et débraillées. Les hommes – car ce sont toujours des hommes – convergent vers elle avec leur démarche boiteuse mais une résolution bien plus solide. Les haleines se confondent. Les phalanges se promènent. La paume qui flottait près de sa hanche est chassée d’un coup d’ongles aussi acéré que si c’était un bec. Le type la regarde, vaguement bête et hébété, susceptible, offensé. Si le club était encore plein de chair pour le protéger d’être attrapé dans son inconduite, nul doute que le bougre insisterait jusqu’à l’outrage. Alma lui sait gré de se montrer raisonnable ; un peu pour sa fatigue de toute une nuitée de travail ; un peu car elle n’a que Toni en tête et dans les tripes ; un peu, enfin, parce qu’elle serait on-ne-peut-plus capable de lui péter les doigts.

Arrivée au comptoir, la première chose qu’Alma commande, c’est : « Un shooter de ce que tu veux. » Le barman lui jette un regard qui prétend la découvrir ; comme si le gaillard n’avait pas l’habitude qu’elle se pointe ici en fin de soirée ; comme si leurs rétines ne s’étaient pas accrochées de très loin ; comme si Alma n’en avait pas spontanément déduit que Toni se trouve dans les parages. Ils ne se connaissent pas à proprement parler, ou plutôt pas très bien, ce qui ne les empêche pas, lui de verser les deux centimètres de liquide, elle de se souvenir qu’il jouera toujours dans le camp de Toni. « Dure soirée ? » C’est au barman qu’elle paraît s’adresser mais, à la périphérie, Alma est capable d’apercevoir la jeune community manager étalée sur le sol. Même dans cette tenue, dans cet état et dans le bordel environnant, elle est belle à mourir, l’italienne. On tâche cependant de ne pas trop y faire attention, de ne pas trop y trainer le regard, en ingurgitant d’un coup sur le zinc, un coup dans la gorge, tout l’alcool âpre et légèrement sucré.

La deuxième chose qu’Alma commande, c’est de l’espace. Pour rançonner son verre et les deux mètres qu’il daigne leur concéder, Alma glisse trois billets de vingt dollars sur le comptoir. À force d’appâter les flambeurs, elle en a elle-même quelques allures, pas les plus belles. Et on se figure assez vite la manière dont elle a empoché chacune de ses liasses. Du moins, si on s’en fait une fausse idée, on est plutôt conscient que ça ne provient pas du pendant légal du travail. Reste que le barman encaisse sans broncher et lui concède la distance souhaitée. À tout moment, il sera à portée de les rejoindre, des fois qu’Alma ferait ce qu’elle fait toujours : persister contre un mur. Bien sûr, c’est ce qu’elle fait. « Tu danses avec moi ? qu’elle balance par-dessus le bar, dans un encart de miroir qui réverbère un carré de mâchoire et le bord de la bouche. »
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mar 12 Juin - 19:34

Toni n'a même pas besoin de tourner la tête pour reconnaître Alma, de l'autre côté du bar. Dès les premiers mots qui chantent, les traits de la mexicaine s'imposent à l'esprit sous les paupières closes. Putain. Et l'autre vendu qui l'abandonne... Elle tente vaguement de lui foutre un coup de pied au passage, mais son manque de conviction et sa position rendent l'esquive facile. C'est un peu mesquin, un peu injuste, parce qu'il est sans doute le seul ami décent qu'elle ait sous la main, et celui qui reviendra la sauver au besoin.

« Non. »

Pourquoi alors tout le corps dit oui ? Ça grouille sous l'épiderme, ça déflagre du cœur aux reins, mais Toni reste parfaitement immobile, parfaitement égale. Non. La réponse sera toujours non. Tu sais pourquoi ça ne peut pas changer, Toni. Elle se redresse sur ses coudes, le regard beaucoup trop concentré sur un point invisible des étagères pour l'être vraiment.

« Pas la peine de redemander, ça sera toujours non, Alma. »

Et elle se recouche, cette fois sur le côté, en montrant le dos au bar. Il est près de quatre heures du matin, et elle a autre chose à foutre que de combattre les instincts qui émiettent des braises dans le bas ventre. Comme dormir. Comme consommer un bon litre de café pour éponger les résidus d'alcool. Comme s'insulter mentalement en italien pour avoir à ce point envie d'Alma. Elle croyait qu'avec le temps, ça deviendrait plus facile. Que dalle, ouais. La faim continue de creuser les envies sans en trouver le fond. Et la fatigue n'aide pas à se rappeler des raisons qui l'ont poussée à s'éloigner. Mais tu t'es éloignée, Toni. Toi. Il y avait forcément des raisons. Il y a des raisons.

« Fais attention sur le chemin du retour. »

L'espace d'une demi-seconde, elle pense ne pas l'avoir énoncé à voix haute. Et quand elle s'en rend finalement compte, elle décrète que tant pis, qu'elle a bien le droit de s'en soucier. Parce qu'elle s'en soucie, d'Alma. Contre sa volonté, et parfois à trop s'en tourmenter. C'est souvent inconscient, très intuitif et toujours bienveillant. Encore quelque chose qui refuse de se laisser effacer par le temps.

« D'ailleurs, je ferai mieux de rentre, moi aussi... Marmonne-t-elle pour elle. »

Il lui faut tous les efforts du monde pour se redresser correctement sur ses deux pieds. Et le triple pour se convaincre de ne surtout pas la regarder. Sa résolution tient deux secondes, et puis l’œillade tombe inexorablement vers Alma, qui ne paraît pas non plus décidée à déloger du bar. Ou de n'importe quel endroit où elle est elle, d'ailleurs. Un soupir douloureux se frotte contre la trachée.

« Alma... »

Le prénom lui entaille les lèvres, et la vue d'Alma, là, dans les bonnes lumières de l'Insomnia, termine de raviver le brasier. Il y a l'ombre d'une supplique, mais surtout un avertissement ouvert. Un avertissement qui dit quelque chose comme ose seulement insister.
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mer 13 Juin - 11:51

En dehors d’un minuscule bastion furieusement insensé, Alma n’a pas sincèrement cru que Toni accepterait. L’italienne ne consent déjà pas à la regarder. Si c’est douloureux dans les côtes, ce n’est pas pire, pas mieux, que ces huit derniers mois. Tour à tour, elles prétendent que c’en est fini ou que ça n’aurait pas dû. Chaque fois, les mêmes arguments, la même résolution ; je ne veux plus de toi, Alma ; oui mais je t’aime toujours, Toni.  Alors tant pis si c’est non et, tandis que les doigts hispaniques s’éprennent du godet vidé de tout son alcool, les pupilles lambinent partout que sur la belle. Elle a envie d’insister, Alma. Elle est le plus borné de tous les mecs : le fier, le fou, le passionné, qui ne s’arrête pas, qui aime cette fille, qui veut cette fille rien que pour lui. Elle n’arrête pas d’y croire, d’ajuster des tenues, des sourires et des regards, parce que, peut-être, dans une fenêtre tellement réduite qu’elle défie l’improbable, oui, peut-être que Toni va l’aimer encore. « J’ai rien dit, fait-elle remarquer. » N’est-ce pas la centième fois qu’elle l’invite à danser ? Si pas ce soir, ces quelques dernières semaines ? La plupart du temps, ce n’est guère mieux qu’un parpaing jeté à la mer. La mexicaine n’est pas assez naïve pour croire qu’une seule occasion suffira. En fait, sa présence à l’Insomnia, ce soir, fait comme partie d’un plan plus vaste. À terme, au bout de tous ses putain d’efforts pour exister, elle vaudrait la peine qu’on revienne sur sa décision – la foutue sentence clap-de-fin.

« Fais attention sur le chemin du retour.
- T’as peur pour moi ? elle demande du tac au tac. » Réaliser que Toni se soucie encore un peu d’elle lui fait beaucoup de bien. C’est respirer à plein-poumons dans une succession de demi noyades. Là-dessus, Carmen a raison : elle est pathétique. « Tu devrais m’escorter. » Par-dessus la musique plutôt veule et parce qu’elle baragouine quelque chose d’impossible à saisir, Alma n’est pas sûre que Toni l’ait entendu. Elle se figure même qu’on s’en servira de prétexte pour l’ignorer.

Un sursaut d’espoir débile ne l’en tenaille pas moins dès la seconde où Toni quitte le parquet pour se planter sur ses jambes. Il est plus probable qu’on va l’envoyer chier que la raccompagner chez elle et, d’ailleurs, Alma n’a aucune envie de rentrer dans ce clapier à putes que ses patrons appellent chez elle. « Qu’est-ce qu’il y a ? rétorque l’innocente qui a, au contraire de son expression ingénue, très bien compris qu’on la voulait voir déguerpir. J’ai pas le droit de boire un verre dans un club ? » Les phalanges jouent encore un peu avec le shooter. L’oeil dévale machinalement le comptoir jusqu’au barman. Une mesure supplémentaire ne serait pas superflue, n’est-ce que pour mater Toni dans les yeux et pas dans tout le corps. « Détends-toi, cosita linda… » Elle pousse son verre vers Toni. « Ressers-moi et je m’en vais. »
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mer 13 Juin - 23:18

Boire un verre dans un club... Boire un verre dans son club, oui. Avec n'importe qui d'autre, Toni aurait sûrement répondu d'un rictus qui raconte quelque chose comme fous-toi de ma gueule. Mais à Alma, elle se contente d'offrir sa plus franche indifférence. Parce que ça ne l'atteint pas. Parce que c'est censé ne pas l'atteindre. Longtemps, d'ailleurs, le regard de Toni se contente de jongler entre le verre et la mexicaine. Elle hésite, se demande où est le piège, et si ça l'en débarrassera réellement. Et puis merde. Elle finit par attraper le shooter d'une main et une bouteille au pif de l'autre. Le geste n'est pas tant expert que rapide : il s'agit de réduire au maximum le contact. Qu'il s'agisse d'un frôlement ou d'un soupir. De n'importe quoi qui inclurait moins de trente centimètres de distance. Trente centimètres, c'est déjà trop peu.

« Porca puttana ! Jure-t-elle en pointant Alma du doigt. T'as intérêt à te casser ensuite. »

Les yeux assassinent de moitié. Le restant est surtout content de s'attarder. Toni déverse le liquide ambré dans le récipient, le vide une première fois dans sa gorge, avant de le remplir à nouveau et de le faire glisser en direction d'Alma.

« C'est offert par la maison. »

La voix est cynique, très incisive. Tant qu'à faire. A ce stade, l'italienne n'a plus rien à cacher (elle a déjà admis qu'elle s'en souciait, et elle a déjà juré), et est, de toute façon, trop fatiguée pour continuer à s'en donner la peine. Elle pose la bouteille sur le premier emplacement vide de l'étagère et sort son portable pour commander un uber. Il lui reste 70 dollars de crédits sur les 150 de ce mois-ci. Courtoisie de la patronne. Pendant tout ce temps, sans même s'en rendre compte, le regard guette à demi Alma. Peut-être pour s'assurer qu'on ne fera pas de connerie. Peut-être pour s'assurer qu'on partira bel et bien. Peut-être simplement parce qu'elle est putain de belle, et qu'à écouter fatigue et cœur, on se laisserait bien tenter. Mais non. C'est toujours non. Ça suffit, Toni.

« Quoi, pourquoi tu me regardes comme ça ? Quoi, Toni ? C'est toi qui matte. Tu veux pas que j'te ramène, non plus ? »

Comprenant après coup que sa blague risque bel et bien de lui donner une occasion pour s'inviter sur son trajet de retour, Toni se rétracte immédiatement, et réprimande Alma d'avance.

« Cazzo ! C'était une blague, Alma. C'est non. C'est toujours non. »

Elle pourrait. C'est même sur le trajet, pas très loin d'ici, en réalité. Et puis, c'est innocent, non ? Non, Toni. C'est Alma. Alma n'a rien d'innocent. Alma est l'antipode même de l'innocence. Le téléphone vibre et affiche sept minutes d'attente. Sept minutes où elle sent qu'on va tenter de la baratiner sur l'innocence en question.

C'est long, sept minutes.
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Sam 16 Juin - 18:43

Coudes ramassés contre le zinc, Alma ne se lasse jamais de la regarder ; la regarder faire, la regarder être. Tout le fiel de Toni s'écrase contre sa résistance et l’amour maladif qui écorche les entrailles et rend pénible chaque jour depuis 244, 245… 240 et quelques jours. Si on lui avait dit, à Alma, qu'elle aimerait avec désespoir, qu'elle se buterait à aimer quelqu'un qui ne soit pas son frère, ou sa sœur, ou Pallas, elle ne l'aurait pas cru. C'est étrange, d'ailleurs : elle n'était pas prête pour Toni quand même elle l'a toujours connue. Alors rien ne la fera déguerpir, pas même les gestes abruptes et pas même les injures. L'italien qui roule sous la langue participe de ces sentiments qui défoncent la poitrine toutes les secondes de toutes les heures où elles sont à portée de rétines mais distantes au toucher. « J’dégage à la seconde où ce verre est vide, s’engage, paumes en avant, celle qui n’en fera rien. » N’est-ce pas précisément ce que Toni lui reprochait au moment de la quitter ? de n’avoir aucun honneur ? si peu de morale qu’on a l’opportunisme et le profit pour panthéon ? Alma ne se verrait jamais changer. Elle veut le fric et la fille. Et, de tenir loyalement les comptes, elle serait forcée d’admettre qu’elle n’a ni l’un ni l’autre, que son piteux orgueil plié dans une poche percée. Ce n’est pas la peine que Toni s’en aperçoive, si bien que son ex petite-amie engloutit son shooter de dignité liquide après un choc sur le comptoir. En quelques minutes à l’Insomnia, elle a rattrapé son faux éthylisme de toute une nuit, Alma. Elle ferait n’importe quoi pour impressionner la belle italienne, y compris se rendre ridicule, ridicule de faim, de manque et de vulgarité.

« Quoi, pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Parce que je t’aime, geint le silence.
- Tu veux pas que j'te ramène, non plus ?
- Eh, ça, c’est une idée, s’éclaircissent soudain les prunelles. »

Alma n’avait nullement caressé l’idée mais, dès lors, toute sa figure s’emploie à célébrer une sorte de victoire, particulièrement obscure, totalement fabriquée. Comme si, de le soulever, Toni s’était elle-même piégée. Comme si elle n’avait plus le choix. Et, après tout, pourquoi pas ? Ce n’est pas qu’Alma vive réellement là où Toni croira bon de la ramener mais ce sera toujours quelques kilomètres dépensés en sa compagnie, sur la banquette arrière d’une voiture pas dégueulasse du tout… Alors, et même si – évidemment – l’on se rétracte aussitôt sous le prétexte de la plaisanterie, la mexicaine a un mouvement fataliste des épaules. « Tu pourrais faire un geste pour la planète. Et ça m’éviterait tout ce qui peut arriver à une fille, seule, le soir… » En dépits de la substance des mots, le ton demeure léger et le sourire ne va pas pour s’atténuer ; il y a quinze ans que les mauvaises rencontres n’effraient plus guère Alma, ou d’ailleurs personne dans le quartier de Corona. Le plus souvent, ce sont eux, les sales rencontres entre deux portes, au tournant du rue ou dans la confidence d’un entre-sol. « On peut partager la course, si c’est ça qui te retient. » Quoi d’autre ? suggèrent les doigts qui vont à son sac à main et règlent ses deux consommations. Ce n’est pas à propos de ça. Ça ne l’a jamais été. Comme de l'ignorer, les lèvres carmin minaudent : « Anda. C’est juste un trajet en voiture. »
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Message Sujet: Re: days go by (avec Alma)   days go by (avec Alma) Empty Mer 20 Juin - 15:14

Un geste pour la planète, hein ? Pour une fille, seule, le soir, qui plus est ? Bien sûr. Toni manque encore d'égrainer un rictus cynique.

« Tu sais ce qui me retiens. »

S'il y a bien une fille, seule, le soir, qui n'a pas besoin d'être raccompagnée, c'est Alma. Et oui, Toni s'inquiète, oui, à choisir, elle la reconduirait mille fois. Mais non. Non, ce n'est pas juste un trajet en voiture. Avec Alma, ce n'est jamais juste quelque chose. Alors pourquoi est-ce que son esprit commence à flancher en essayant de se convaincre du contraire ? Six minutes. Il lui a suffi de soixante secondes pour presser un d'accord que ses lèvres retiennent de toutes leurs forces. Et Toni déteste ça. Elle déteste qu'après huit mois et autant de refus, Alma continue sans relâche. Encore. Encore. Encore. Elle déteste surtout qu'Alma ait gardé cette attraction, cette influence qui persiste à lui faire considérer de la reprendre. De lui dire oui. A peu près pire : plus le temps passe, et plus cette emprise grandit, ou est-ce ses défenses qui faiblissent. Dans tous les cas, la lutte devient épuisante. Et parfois, comme maintenant, il serait tellement, tellement facile de céder. De tenir lui la porte. De s'asseoir côte à côte. De l'embrasser. Oui, ça serait tellement facile.

« Où tu crèches en ce moment, de t'façon ? Ne me dis pas que c'est toujours la même piaule ? »

Pour ne pas dire taudis. La dernière fois qu'elle a vérifié, ce n'était effectivement pas très loin d'ici. Et connaissant Alma, ça n'a sans doute pas changer. Mais la réalisation la frappe un peu : elles n'ont pas eu une seule vraie conversation depuis leur séparation. C'est une des choses qui lui fait le plus mal : elle n'a pas perdu qu'une amante, elle a aussi perdu sa meilleure amie. Ça l'a laissée seule. Beaucoup trop seule. Et le paradoxe, c'est qu'elle n'est pas prête à combler ce vide avec quelqu'un d'autre qu'Alma. Pas encore. Peut-être jamais. Sûrement jamais. Elle se rend compte trop tard que ce manque doit se sentir quelque part, dans ses yeux ou dans son timbre, car le silence s'épaissit de plusieurs crans.

Quatre minutes.

Toni opte pour le détournement d'attention. Elle attrape un chiffon qui traîne sur une étagère, essuie négligemment la trace de peinture qui balafre son visage, et saute par dessus le comptoir.

« Allons-y. Le chauffeur n'est plus très loin. »

Si elle en vient à accepter plutôt qu'à continuer cette discussion, c'est que la situation est critique. Elle voudrait juste en finir. Passer au lendemain. Retourner à l'ignorer, ou à tenter de le faire. Pour l'instant, elle est trop fatiguée pour répliquer. Alors elle se protège du mieux qu'elle peut. La persévérance, c'est quelque chose qu'on doit bien à Alma. Pour une fois, pour la première fois en deux cent cinquante jours, elle sera récompensée. Maigre prix pour tant d'efforts.

« Ne dis rien. Sinon tu rentres à pieds. Prévient-elle d'un index moralisateur. »

Pas de jubilation, pas de moquerie, de signe de victoire ou de tentative de drague. C'est juste un trajet en voiture. Et c'est tout.

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