shitty night (alma)

le parc est toujours illuminé sous les étoiles, baigné dans une atmosphère romantique. trop belle, magnifique à gerber. pourtant ça serre le cœur zombifié, les souvenirs ne cessent de revenir à la surface, plus violents à chaque fois. océan déchainé par une tempête intérieure. une raison parmi tant d'autres pour oublier l'espace de quelques heures. oublier pour mieux ressentir, pour ne pas penser au manque qui ne devrait pas couler dans ses veines, mais qui est indéniablement présent. s'il s'enfonce un peu plus dans le quartier il peut apercevoir de loin la rue, celle du changement. cette rue où il aurait pu tuer pour les beaux yeux d'alma. il prend le soin de l'éviter, de faire un détour pour ne pas repasser devant le closer. les pensées sont encore trop à vif, trop frêles, elles risquent d'exploser une fois de plus. ses pas lents résonnent dans la pénombre, ils le mènent bientôt vers un de ces bars irlandais qu'il a l'habitude de côtoyer, unique moment où il devient sociable. l'odeur mêlée de transpiration et d'alcool empeste déjà le lieu. il faut ce qu'il faut. jabez ne tarde pas à trouver une place proche du bar, à proximité de ce qui lui permettra d'oublier. le whisky coule dans sa gorge sans pause, il ne tarde pas à faire son effet. le tatoué intrigue, véritable aimant pour les regards curieux auquel il répond. simplement vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise en jean, les tatouages de son visage ressortent encore plus. le verre solidement accroché à ses doigts, il se lève pour prendre sa place au milieu de la foule et il ne faut pas longtemps pour que son corps flirte dangereusement avec une sinistre inconnue. le temps se rallonge subitement, il devient éternel quand une silhouette rentre dans le bar animé. cette silhouette il a l'habitude de la reconnaitre dans le noir. cette silhouette qui le fait grimacer un instant, le palpitant devient presque douloureux. mais cette douleur il se damnerait pour la ressentir encore et encore. il n'intervient pas pourtant, il la laisse faire sa soirée en attendant une réaction, quelque chose. la boisson coule à flot, tous les corps présents dans la pièce deviennent ardents, dans un monde parallèle. tous sauf celui de jabez, toujours collé à l'inconnu et pourtant bien ailleurs. le rêve de bras qui ne sont pas les siens.

journée terminée.
tu veux plus voir le closer en peinture. c’est fini jusqu’à demain soir. un des barmen t’as offert un verre avant que tu détales. puis un second. et t’as réussi à t’échapper. le bar irlandais. là ou l’alcool est une vertu. un endroit loin d’être guindé. tu passes devant, dubitative.

t’y vas ?
t’y vas pas ?

un soupir et te voilà poussant la porte de l’établissement. t’as pas réfléchis longtemps, en vrai. parce que t’as besoin de décompresser. d’un mal que t’arrives pas à identifier. un mal qui te tiens l’bide depuis plusieurs jours. tu te tape un tout droit vers le bar. t’as pas soif mais t’as besoin de te bruler la gorge ce soir. tu commandes un verre. y a la musique qui résonne. de la musique différente du closer et ça t’fait du bien.

y a tes yeux qui s’aimantent
mais tes yeux ne mentent pas
ce crâne tatoué, orné,
même de dos, tu le reconnaitrais
l’ombre de jabez règne
l’âme de jabez qui t’saigne

t’observes. pour voir ce qu’il fait. y a une fille à coté d’lui. et y a ton cœur qui se serre en observant la scène. t’as le regard qui haine ce qu’il voit. t’avale une belle gorgée. et ça te chauffe l’estomac. jabez, l’âme solitaire. l’homme sauvage. tu l’vois pas dans c’rôle. tu l’vois pas séduire les inconnues comme ça, en soirée.  mais qui te dit que c’est une inconnue, alma ? tu penses peut-être à tord. et au fond, t’as toujours ressentit chez lui une certaine pudeur.

non, jabez, il n’est pas comme ça
jabez, il fera pas ça devant toi
mais alma, jabez, il te voit même pas

t’as ton regard qui l’foudroie
mais lui, n’sait pas
alors que toi, y a que lui qu’tu vois
lui et cette fille

l'alcool qui déferle en toi. t’as l’cœur qui bat à mille. tellement que tu te demandes pourquoi. pourquoi tu ressens ça.

faut pas, alma.
faut pas…

dernière gorgée et tu commandes la même chose. verre vide abandonné sur le bar, verre plein en main. tu fonces. d’habitude, c’est lui qui t’attend. lui, qui te rejoint. il était où ce soir, jab ? il t’avait pourtant promis d’être là. il est de dos. te vois pas arriver, telle la biche qui s’approche du lion.

faut que j’vienne dans c’bar irlandais pour tomber sur toi.
pointe d’ironie dans la voix
t'as l'air détendue, mais tu l'es pas

tes lèvres qui s’approchent de son échine
ta voix qui dénonce
tonalité rauque
usée, fatiguée, tu l’es alma, ce soir
l’alcool aide pas et ça te fout l’bordel dans ta tête

jt’ai pas vu ce soir

j’tai pas vu ce soir au closer et tu m’as manqué, jab
mais tu te boufferas la langue, alma, plutôt que de lui avouer

mais tu comprends peut-être pourquoi à cause de la présence féminine. mais tu n’insinueras rien. par fierté. pas un regard vers l’âme féminine qui rôde à ses côtés.

c'est une fille comme une autre. juste une inconnue qui passe. juste une nana pour oublier les battements incessants. ça ne lui ressemble pas à jabez, il fuit les boites comme la peste, la foule comme le choléra. ce n'est pas dans ses habitudes d'être dans une telle situation, mais ce soir il veut oublier. se laisser enivrer par l'alcool jusqu'au black out, même si pour ça il doit finir dans les draps d'une blonde dont il ignore jusqu'au prénom. tout son corps hurle au désespoir quand il se colle à la fille. il n'est pas allé au closer ce soir, une première depuis plusieurs mois. il s'est peut-être passé quelque chose avec alma à sa sortie, il ne le saura jamais, il s'est condamné à vivre avec cette culpabilité. mais il a autant besoin d'elle que de sa liberté. fauve indomptable. « faut que j’vienne dans c’bar irlandais pour tomber sur toi. » un sursaut et les yeux deviennent clos. inutile de se retourner, il peut reconnaitre cette voix parmi des centaines d'autres. cette voix qui se veut détendue mais qui cache une pointe d’amertume. qu'est-ce qu'elle fait là ? alma c'est une fille qui travaille dans un milieu bien plus aisé, il a du mal à l'imaginer dans un miteux bar irlandais. la blonde est vite délaissée, le corps du tatoué se retourne pour faire face à la brune. « jt’ai pas vu ce soir. » ça sonne comme un reproche, ça fait froncer les sourcils de jabez. oui une promesse reste une promesse, mais la teinte de crise de jalousie n'est pas là pour lui plaire. comme le soir d'avant, il attrape le poignet d'alma entre ses doigts pour l'emmener un peu plus loin, à l'écart des regards et du vacarme ambiant. sa voix est rocailleuse, dure, l'alcool n'aidant pas. « c'est une crise de jalousie que tu me fais là ? » sa main lâche le poignet frêle d'alma. quelques instants de silence et l'air frais de la nuit vient rafraichir les idées de tout le monde. « j'étais occupé ce soir. » occupé à penser à autre chose, oublier que son cerveau ne fonctionne plus correctement.

il ne se retourne pas, jabez, quand il entend ta voix. pas parce qu’il n’a pas envie de te voir. pas parce qu’il n’a pas entendu. non. il ne se retourne pas, parce qu’il sait qui lui parle. il a reconnu ta voix, et ça te déclenche un sourire. un sourire que personne ne voit, pas même lui. il répond rien. et finalement, t’as un regard vers la blonde à côté de lui. il ne le voit non plus, et c’est tant mieux.

ses doigts qui s’referment sur ton poignet
cet étau de chair qui t’possède à nouveau
réminiscences du dernier acte
de ce soir-là au parc

l’air frais te fouette le visage. tes pupilles qui se dilatent. tu ne sais pas si c’est le noir de la nuit ou le fait de voir que jab, il a laissé sa blonde en plan. et qu’tu sens son putain de parfum qui envoute. cet fragrance qui te serre le cœur.

toi, jalouse ? tu n'réponds pas clairement à sa question.

blonde, fade, sans saveur. conclusion, qui t'est propre, mais que tu lui envoies en pleine face. parce qu'au fond, la jalousie elle te dégouline des lèvres. j’pensais que t’avais de meilleurs goûts. tes yeux, ils brûlent. cramerait tout ce qu’ils regarderaient s’ils le pouvaient. ça sonne comme un défi, alma. ça pue le défi en vrai. t'arrives pas à tricher. au fond, tu voudras jamais l’avouer, mais tu veux le rendre fou, jab. autant qu’il rend dingue ce qu’il te reste d’esprit sain.

occupé ?
ouai, tu répètes
parce que tu crains de n’pas avoir bien entendu
mais en fait, tu sais que si , t’as très bien entendu
tu te demandes s’il a vraiment fait exprès de n’faire aucun effort pour trouver une excuse valable. quand tu m’sors un vice, fait-moi l’honneur de faire preuve d’imagination.

elle va s’impatienter, tu ferais mieux d’y retourner.
ouai, ça pue clairement la jalousie. mais tu joues avec ton minois innocent pour faire passer cela comme de l’altruisme. aucun sarcasme.

tu veux juste voir
voir ce qu’il va faire
ce qu’il va décider
tu veux qu’il l’assume
de partir ou de rester

la jalousie pour une relation qui n'existe pas. la haine envers une inconnue qui n'a pas d'importance. le regard assassin qui fusille jabez. il ne comprend pas cette réaction, mais il ne veut pas comprendre. elle est là. ça lui suffit pour afficher un sourire à peine perceptible, peu importe les conditions dans lesquelles ils se sont retrouvés. « blonde, fade, sans saveur. j’pensais que t’avais de meilleurs goûts » à cet instant, les pupilles d'alma sont plus sombres que celles de jabez, un étrange mélange entre la colère et l'envie de jouer. celles du tatoué roulent dans leur orbite, exaspéré par la situation à laquelle il ne prend pas la peine de répondre. il n'a pas de comptes à lui rendre, pour le moment. « occupé ? quand tu m’sors un vice, fait-moi l’honneur de faire preuve d’imagination. » soupir qui s'envole dans la fraicheur de la nuit. un pas en avant pour se rapprocher de la brune, mieux la surplomber de son regard à son tour noirci. « elle va s’impatienter, tu ferais mieux d’y retourner. » il n'a aucune envie de retourner vers celle qui est sûrement déjà passée à un autre homme. il prend la parole, enfin, pour une phrase toujours aussi cinglante que les mots d'alma. « arrête tes conneries alma. je suis là, c'est ce que tu voulais non ? » il n'hésite plus jab devant la moue presque enfantine de la brune. un dernier rapprochement pour que ses avants-bras se posent contre le mur, de chaque côté de son visage. elle devient prisonnière de ses bras, enfermée dans une tour maudite. les visages ne sont qu'à quelques maigres centimètres, assez pour qu'il puisse sentir son souffle chaud. « tu crois peut-être que je ne maudis pas les hommes qui profitent de toi quand tu danses ? » le ton se veut plus détendu, presque taquin, mais il n'en pense pas moins, chaque soir au closer le fait défaillir un peu plus face à une jalousie inexpliquée.

l'alcool, ça t'a toujours délié la langue.
des sens exacerbés, des mots sans retenue. tes lèvres, elles laissent tout passer. elles filtrent plus rien. damnées lippes. t'as des étoiles dans les yeux. dans tes yeux noirs. noir comme le ciel au dessus de vos têtes.  il est là, jabez, et c'est tout ce que tu voulais.

il a la prétention de te l'dire
l'ingrat,
il te devine, maintenant
et t'as l'impression d'être un livre ouvert
ça t'plait pas

l'étau se resserre. d'une manière plus étouffante. ses avant-bras, bordant ton visage. a-t-il peur que tu t'échappes ? t'as un sourire aux bord des lippes. de ceux qui se veulent satisfaits. de ceux qui se veulent provoquant. tu joues, alma, à n'en point douter. mais tu ne joues jamais seule

tu es exactement là où je voulais que tu sois
là, juste devant moi.
là, juste à ne regarder que moi

mais l'alcool, il parle pour toi, alma.
prisonnière de chairs faites de clairs et d'obscurs
prisonnière volontaire
pas si rebelle que ça
t'as son parfum qui t'envahit les narines.
ce parfum qui te revient, qui te rassure

et ça sent le danger à plein nez. mêlés aux effluves d'alcool. mais c'est trop flou dans ta tête pour que tu l'vois venir. tu te rends pas compte que ça t'brûles au creux de ton ventre.

son visage qui se rapproche du tien et tu sens son souffle s'échouer sur ta poitrine. aucun contact. et pourtant t'as envie que ses bras, ils te serrent. qu'ils t'ensserrent.

toi. jaloux. je n'en crois pas un mot.

tes yeux qui l'fussillent.
tes yeux qui ne regardent que lui.
le monde autour, il n'existe plus.
sous ses faux-airs de mort-vivant, il aurait un cœur qui bat la dessous ?

les regards se cherchent, s'apprivoisent. le défi brûle les pupilles sombres dans un subtil mélange de colère et d'envie. le piège se referme sur alma en même temps que les bras de jabez autour du visage enfantin. « tu es exactement là où je voulais que tu sois » elle est possessive la brune. elle impose ses pensées et jabez ne peut même pas lui en vouloir, il peut seulement la dévorer du regard, un regard malsain sur les lèvres. elle est belle dans cette position, à la merci d'un rapprochement de quelques centimètres supplémentaires. « toi. jaloux. je n'en crois pas un mot. » haussement d'épaules de la part du tatoué alors que les souffles se confondent dans un tourbillon de chaleur. « non ? alors explique moi pourquoi je te raccompagne tous les soirs ? pourquoi j'ai failli tuer ce salaud ? »les visages se rapprochent dangereusement, mais les lippes de jabez terminent leur course tout proche du lobe d'oreille d'alma pour un ultime murmure, une invitation à terminer la soirée loin des regards indiscrets. « tu ne préfères pas parler de tout ça ailleurs ? » il s'embarque dans l'inconnu d'une nuit pleine de promesses, une nuit qui le dévore d'impatience mais dont l'issue est inévitable. les sentiments décuplés ne vont faire qu’accélérer sa fuite, son passage dans l'oubli pour que les idées se remettent en place. elle se blessera la fleur, ils foncent droit dans un mur, ensembles, main dans la main. en attendant une réponse, les doigts de jabez glissent sur l'avant-bras de la brune. elle n'a qu'un mot à dire, un seul pour avoir une réaction instantanée .

ton bide se tord.
ta gorge se noue.
ton cœur palpite.
t’as une douleur qui nourrit tes trippes
juste parce qu'il est là
trop près de toi

y a ce monde autour de vous. ces bruits, cette musique au loin. et pourtant, tu n’entends que lui. t’as que lui dans ta ligne de mire. tes opales ne voit que lui. ce type au regard certain et aux intentions interdites. t’étouffes loin de lui alors qu’il se justifie. prouve sa jalousie. une jalousie que t’as jamais voulu voir. parce que d’habitude, alma, tu fuis c’genre de type.

une fleur, alma
une fleur abimée par la vie,
par la nuit
une fleur, mais non sans épines
la rose, qui voudrait de toi et de tes épines ?

de tes yeux dégoulinent l’envie de te fondre dans ses bras. t’as envie de ressentir son parfum. tellement que ça te brûlerait les narines. et il s’approche, tel un loup sur un agneau. ouai, l’agneau blanc et innocent, c’est censé être toi dans cette histoire. jabez, il approche ses crocs de ton oreille et tu sens ta respiration qui s’arrête. y a sa voix rauque, abyssale qui t’fait monter des idées dans la tête.

alma, fuit l’mec à l’allure de mort-vivant
ou c’est toi qui en ressortira pas vivante
toi, t’es pas faite pour ces choses-là
les relations, quelles qu’elles soient
et t’as pas envie d’gâcher celle là

t'as tes yeux plantés dans les siens
la voix éraillée

c’est pas une bonne idée, jab.

parce que tu sais que tes reins brûlent
que ton cœur il résistera pas
mais t’es faible alma
jabez, il t’rend faible

y a sa main sur ton avant-bras, mais tu t’dégages de son emprise. tu t’écartes de cet homme, de ce territoire qu’il a construit autour de toi. t’as dit que c’était une mauvaise idée, et pourtant tu réfléchis encore. parce que t’es pas en phase avec ce que tu ressens. tu te fourvoies, alma.

tu t’retournes et jabez il est là, face à toi, le regard noir qui t’mitraille
orbites noircies, ça pourrait t’effrayer mais jab, tu l’connais tellement qu’tu l’vois même plus
toi, tu vois l’intensité qu’il a dans son regard
toi, t’as l’tient dans l’sien et tu comprends que tu peux pas
tu veux pas que ça s’arrête-là

y a l’silence qui s’immisce entre vous deux
un silence où t’entend ton palpitant s’agacer dans ta poitrine
ta dent vient mordre ta lèvre inférieure
tu vas faire une connerie
là, maintenant

ta main qui saisit la sienne
une erreur que tu regrettas probablement,
demain ou un autre jour
parce que votre relation elle sera plus la même
mais là, tu t’en fiches, tu t’en fou

(..)

la porte qui s’claque derrière vous
ton monde à sa vue
ta vie résumée dans cet appart
t’allumes une lumière.
une seule
en fait, t’aime pas les hautes lumières
de celles qui t’aveuglent
en réalité, tu détestes celles du closer, lorsqu’elles sont braqués sur toi. à t’éblouir. t’as l’alcool qui est redescendu. tu poses tes clefs d’un geste non chalant sur la table. peu de personne viennent ici.

tu te retournes, face à jab qui découvre ce que peu ont vus. la rose, elle a des épines. elle est pas vraiment sociable. le monde, elle cesse de le voir lorsqu’elle part du closer. tes fesses se posent sur l’rebord de la table, tes mains, posées de chaque côté, t’observes jabez d’un œil spectateur. t’as d’l’alcool là bas, si tu veux. mouvement d’menton vers les bouteilles posées dans un coin d’ton salon. mais toi, t’sais pas si t’en veux. parce que t’as repris tes esprits et que tes pensées obscures, elles sont toujours là. pas envie d’être enivrée pour ressentir c’que tu veux ressentir
tu veux vivre l'instant
sans artifice
sans additif

t’es loin.
viens, jab, parce que là où tu es, t’es bien trop loin
viens, avant que j’me raisonne
tes yeux se fondent dans les siens. ça t’fait toujours un truc étrange quand il te regarde. il a cette façon, cet air dans l’regard. ce truc qui te surprend encore.

tu t'mens alma
à te dire que jab il t'fait rien
que ses yeux braqués sur toi, ça t'touche pas

le mal est fait, le pas de trop bloque tout retour en arrière. l'issue sera fatale, elle va les condamner à s'aimanter pour peut-être mieux s'oublier. jabez devient entreprenant, attrape le bras de la brune, resserre son piège autour d'elle. elle est foutue, mais il est encore plus mal à l'idée d'un lendemain où tout tombera dans l'oubli ou l'indifférence. c'est un jeu trop ancré dans l'esprit du tatoué pour que ça change, mais il pense égoïstement que ça ne l'empêchera pas de prendre du bon temps. pourtant elle se dégage de son emprise alma. « c’est pas une bonne idée, jab. » non, certainement pas. jabez il ne sait rien faire de sage, rien qui rentre dans les normes imposées. il a juste des envies foireuses, tordues, mais des idées qui le font vivre un peu plus, le sortant de sa coquille extérieure de mort-vivant. il suit alma du regard, les sourcils à présent froncés dans l'incompréhension la plus totale. fuir avant la fuite. le silence s'impose sans poser de questions, lourd, intenable. l'air devient presque étouffant, des centaines de questions se bousculent, elles resteront sans réponse. pourquoi ce refus, pourquoi maintenant. c'est lui qui s'occupe d'endosser le rôle du connard, pas elle. c'est lui le zombie, elle est une fleur. le suspens prend fin quand les deux épidermes se frôlent à nouveau, direction l'appartement d'alma. « peu de personne viennent ici. » hochement de menton alors que les pupilles sombrent scrutent le moindre détail de l'appartement. il se sent comme un privilégié, un vip du closer qui est autorisé à aller plus loin. « t’as d’l’alcool là bas, si tu veux. » de l'alcool pour oublier. ou de l'alcool pour décupler les sens comme avec sa tatoueuse. peu importe, le temps presse, comme un gamin qui veut profiter de son nouveau jouet avant de le laisser dans un coin. « t’es loin. » le regard replonge dans celui de la brune en un instant. juste le temps d'afficher un sourire au coin des lèvres avant que les corps se rapprochent une nouvelle fois, mêlant les souffles arides. le temps défile, il ne faut pas perdre le temps avant que le jour se lève, que tout ce cocon se brise. « et maintenant ? » la voix qui résonne est prédatrice, assoiffé d'en connaitre plus sur son anatomie. les doigts ne tremblent plus quand il s'agit de glisser dans le dos d'alma. les lèvres tremblent encore moins pour embrasser les siennes dans un long frisson. le début des hostilités est lancé.