annoying is the new sexy. (carmex)

Je cherche Rex. qu'elle répète pour la énième fois du même ton affreusement déterminé. Pour sûr que le staff de la boîte a bien saisi ce que cherchait la brune depuis près d'une demi-heure, fermement décidée à ne pas quitter les lieux tant qu'elle n'aurait pas trouvé le dit Rex. Il travaille bien ici, non ? Oui, Carmen. Mais ce que ces messieurs s'acharnent à te faire comprendre depuis vingt-huit interminables minutes, c'est qu'il n'est pas de service ce soir. Ils auraient tout aussi bien pu lui faire quitter l'établissement de force, mais à part poser cette incessante question avec une ivresse non dissimulée, on ne pouvait pas dire qu'elle posait beaucoup de problèmes. Au contraire, elle avait même tendance à attirer les clients, ce qui ne pouvait pas être mauvais pour les affaires. Elle se lance alors dans une tentative désespérée de retrouver son téléphone bien que l'effort soit perdu d'avance : elle n'a même plus son sac à main et sa robe est bien trop moulante pour permettre d'y ranger quoi que ce soit. Tant pis, elle devrait la jouer old school ce soir. Je vais chercher Rex. décrète-t-elle avec toute la détermination du monde, accordant au videur un ferme hochement de tête tandis qu'elle quitte enfin la boîte, abandonnant au passage le groupe avec qui elle était venue ainsi qu'une potentielle épaule sur laquelle dormir ce soir. Elle grimpe dans le premier taxi qu'elle trouve, prononce l'adresse familière de Rex qui traîne encore dans un coin de sa tête. Alors qu'elle s'extirpe du véhicule, le chauffeur la hèle avant qu'elle ne disparaisse, lui réclamant l'addition dûment méritée. Un nouveau problème vient s'ajouter à la liste : elle n'a pas un billet sur elle, trop habituée à se faire offrir la lune à chaque soirée. Une minute. réclame-t-elle au chauffeur avant de s'approcher de l'appartement de Rex. Elle se penche en avant -et le taxi lui dit mentalement merci pour cette parcelle de peau supplémentaire qu'elle exhibe- attrape quelques cailloux et les balance sur sa fenêtre. Rex ? On a en tout cas bien compris le thème de la soirée selon Carmen : Rex et rien d'autre.

Il a l'air agacé, Rex. Plus ou moins la réaction attendue chaque fois que Carmen venait lui poser ses caprices sous le nez avec sa moue enfantine et son minois aussi exaspérant qu'attachant. Elle savait qu'il n'avait pas complètement tourné la page. Certes, elle avait probablement tué tout résidu de sentiment restant après leur rupture avec son comportement exécrable, pourtant il n'avait jamais semblé se résoudre à l'envoyer clairement balader quand elle se pointait avec ses exigences de princesse. Alors elle en profitait. Parce qu'elle ne pouvait s'empêcher d'exploiter chaque faiblesse qu'on avait le malheur de lui montrer. Il descend donc, Rex. Il la retrouve en bas de chez lui devant le taxi et elle joint ses mains dans son dos avec ses allures de gamine un peu trop satisfaite de sa bêtise. J'ai proposé mon joli sourire en guise de paiement mais je crois que ça n'a pas suffit. provoque-t-elle quand il lui demande si elle a de quoi payer -même s'il a rapidement deviné la réponse-. La brune le laisse régler sa dette sans la moindre culpabilité, plus intéressée par la suite des événements que par le geste pourtant bienveillant de Rex. Ce dernier lui demande ce qu'elle veut d'un ton un peu rustre : pas assez pour l'ébranler, ceci dit. Hm... murmure-t-elle en faisant mine de réfléchir, posant un ongle carmin sur son menton. Un verre de vin me ferait vraiment plaisir. A ce rythme, c'était plutôt avec une paire de claques et un coup de pied au cul qu'elle risquait de rentrer chez elle, Carmen. Parce que la patience de Rex semblait bien fragile à une heure aussi tardive, plus encore que d'habitude. Elle aurait aimé qu'il se montre plus doux, mais rien n'était encore perdu. Boude pas, Rex. Je te rembourserais si c'est ce que tu veux. Est-ce qu'il me faut une excuse pour simplement profiter de ta compagnie ? Tu me manquais... On aurait presque dit qu'elle regrettait qu'il ne soit plus son petit ami. Et c'était peut-être le cas, finalement. Parce que Carmen était, comme toujours, terriblement en manque d'attention et personne n'était aussi doué que Rex pour combler ce vide. 

Il la remballe une fois de plus, estimant qu'elle a déjà trop bu pour qu'on lui autorise un énième verre de vin. Combat sans fin et choc des cultures entre un Rex bien trop sobre et une Carmen déterminée à ne pas lâcher le morceau. Elle fait la moue, encore et toujours, bien qu'elle choisisse -sûrement judicieusement- de ne pas remettre sa décision en question. Elle lui donne l'impression d'être à l'écoute, Carmen. D'avoir encore un semblant de bon sens et d'accepter d'écouter la voix de la raison qu'est Rex. Pourtant Dieu sait qu'elle est loin d'avoir retrouvé la moindre morale et qu'elle espère simplement le brosser suffisamment dans le sens du poil pour ne pas avoir à repartir de suite chez elle. Et il faut croire que ça marche. Le taxi lui est finalement offert, énième service qu'il ne devrait pas lui rendre. Ta bonté te perdra, Rex. souffle-t-elle doucement, sa remarque sonnant curieusement sincère. Elle le toise pour la première fois d'un regard presque peiné, consciente de l'enfer qu'elle déferle sur lui sans jamais s'encombrer de remords. L'instant est vif, poignant de vérité et s'envole presque aussitôt. Je ne mens jamais. ment-elle solennellement, ses mauvaises manières bien vite retrouvées. Il cède, accepte de l'inviter chez lui et Carmen le suit en trépignant presque de satisfaction. Un combat finalement remporté avec une facilité déconcertante tant Rex se déclare rapidement vaincu. Il lui propose même des couvertures, pour ne rien enlever à ses manières de gentleman. J'avais une autre idée en tête pour me réchauffer... rétorque-t-elle dans un sourire aguicheur, ne quittant pas les prunelles de Rex. Elle laisse le temps à ses mots de faire peser tous leurs sous-entendus avant de reprendre la parole, plus amusée que jamais. Ca t'embête si je vais prendre une douche ? qu'elle demande, annihilant finalement toute proposition obscène par cette chute imprévisible. Elle n'attend pas sa réponse et file dans la salle de bain, se gardant bien de lui proposer de la rejoindre -elle savait qu'il ne fallait pas trop pousser sa chance non plus, au risque de réellement terminer sa nuit sur le palier-. Elle passe une bonne quinzaine de minutes dans la salle de bain, en profite pour se laver les cheveux et débarque de nouveau dans le salon avec une serviette autour du corps et sa crinière brune humide en cascade sur ses épaules. Elle remarque à cet instant que Titanic est à l'écran et qu'il n'a, ô, joie, pas encore été lancé. Par-fait. Tu es sûr qu'un verre de vin n'est toujours pas de rigueur ? minaude-t-elle, s'installant sur le canapé et croisant ses jambes hâlées, offrant à Rex la suite d'un numéro de charme qu'il connaît déjà par coeur.