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| Sujet: the dark between the stars (kaz) Sam 15 Juin - 17:09 |
| ses yeux succombèrent au poids de leurs lames acides. elle serait devenue aveugle que la souffrance n'aurait pas égalé la déchirure qui lui fendait la poitrine. elle le sentait, eden, son cœur qui s'ouvrait, cette plaie qui s'amplifiait en elle, cet exorde d'un massacre intrinsèque. et kaz, il écartelait les nylons de chair, consentait à ce que le chaos environnant les diffame, les laisse rougir à sang dans l'air ambiant, consentait au risque des maladies qui s'en exposaient. il esquintait, esquintait et salissait. laissait la vie morceler le myocarde battant - qui battait plus fort en sa présence. kaz, lui, qui eut pourtant toujours été les coutures de cet organe scrofuleux. lui qui eut été le bandage, la compresse, le pansage. lui qui ne lui aurait jamais fait de mal. elle avait toujours aimé le fantôme qu'il était, eden. cette ombre qui se dissipait sur ses traces, ce spectre terrien tournaillant, aléatoire, parfois invisible. ses regards lâches et brumeux parce que déjà bouffés par ceux des autres, ses mots imprécis et ineptes parce que déjà déconnectés des cerveaux adverses. elle avait toujours aimé le fantôme qu'il était, eden, mais ce jour-là, son cœur bégaya pour l'humain qui transparaissait face à elle. "barre-toi, c'est mieux pour toi." barre-toi, kaz. ça m'plaît pas, c'que t'es entrain de faire. ça m'plaît pas, ce que t'éveille dans mes entrailles, c'que t'éveille plus haut aussi. barre-toi, c'est mieux pour moi. "tu m'verras plus, t'en fais pas." et il se barra. comme elle lui avait ordonné. la laissant toute seule dans son désarroi. la frénésie qui la posséda sur l'instant fût plus intense que grand nombre de sentiments auxquels elle pu goûter un jour. la bague, dont elle s'était désunie pour preuve du minimalisme de sa symbolique, se retrouva devant elle, aqueuse, assénée par sa peine. il ne lui fallût pas plus de quelques secondes pour qu'eden projette le bijoux de valeur le plus loin d'elle possible, le faisant virevolter à la seule force de l'élan de sa main balancée au vide. plus rien n'avait d'importance que son âme en larmes.
***
deux mois et dix-sept jours. deux mois et dix-sept jours d’absence, de rien de lui. pas une ombre. pas un souffle. rien. rien et ce n'était pas assez. parce qu'à kaz, elle continuait d'y penser. sans arrêt. comme une putain de chanson lancinante qu'on garde en tête de l'aube au crépuscule. sa mémoire retraçait sans cesse les contours de sa silhouette qui disparaissait dans la foule, sous la lumière aveuglante du soleil. les arabesques de sa démarche, le fiel sur sa langue, le fou dans ses yeux. peu importe à quoi elle s'occupait, il surgissait encore et encore. sous la douche. entrain de préparer le dîner. sur le filtre de sa cigarette. quand elle dansait. chaque jour, il surgissait, chaque jour depuis le premier où il l'avait abandonnée à la terrasse de ce café. elle a attendu, eden, attendu des semaines entières. elle ne coupait plus ses trajets par le chantier abandonné. avait prétexté se tuer au travail. être fatiguée. mimi était la seule du groupe qu'elle revoyait - parce que mimi savait. mimi sentait qu'eden trichait. elle évitait les seuils des pharmacies, les trottoirs qui abritait ses aumônes, même, dans le doute, les terrains de jeux et les parkings qui s'en approchaient de trop près. elle ne voulait plus le revoir. elle ne voulait plus jamais le revoir. parce qu'il y avait quelque chose, cette dernière fois, qui lui avait fait peur. quelque chose qui avait sollicité son cœur. quelque chose d'incontrôlable, quelque chose qu'on ne lui avait pas donné le don de maîtriser. quelque chose à la faire penser capable d'à nouveau pouvoir aimer. alors elle a attendu qu’ça passe. que ce trou béant se referme et que ses pensées dérivent ailleurs que sur le souvenir de son visage. rien n'y a fait. et puis, deux mois et dix-sept jours, ce fût assez.
trois heure trente six (am). énième insomnie. c'est peut-être la coke. c'est peut être son travail qu'elle n'a terminé qu'à deux heures. c'est peut-être la pleine lune. c'est peut-être charles. peut-être ismaël. peut-être, c'est peut-être juste elle. elle et ses désastres. elle récupère les clefs de la seule voiture qui tourne pour les colocataires - celle dont on ignore un peu tous l'appartenance. elle a enfilé une paire de baskets et un pull large-size par-dessus ses sous-vêtements, et en un rien de temps, on entend déjà le moteur de la bagnole vibrer dans l'accalmie nocturne d'une veille pluvieuse. elle passe bien vingt-cinq minutes à sonder la ville de ses plein phares, à ciseler chaque parcelle de terrain qu'il pourrait occuper, avant d'enfin le retrouver, là, sommeillant sous un porche. elle serre le frein à main, récupère un papier dans la boîte à gant et quitte la voiture, laissant le moteur vrombir et déranger le repos de kasimir. "kaz..?" incertaine, alors qu'il s'éveille. elle s'approche, le laissant lutter contre la puissance de ses phares braqués sur lui, le laissant se redresser et émerger. "j’ai pensé que je devais te le donner en main propre." elle s'approche encore, lui tend le papier - une invitation officielle au mariage. "tais-toi." avant même qu'il n'ait eût le temps de réagir à ce qu'il vient de lire sur le carton. "je vais me marier, parce que je dois le faire. c'est pas d'l'amour. crois-moi, c'est pas de l'amour." tu comprendras, un jour - peut-être ? quand je pourrai t'en parler. "mais j'aimerais que tu viennes." j’aimerais, un peu, t’infliger ça. mais j’aimerais surtout pouvoir là-bas y réfugier mes iris dans les tiennes. j'aimerais t'y voir, te savoir avec moi. trois-heures trente-six (am). la dame blanche effraie encore.
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