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| Sujet: f a d e / sarai. Lun 3 Juin - 23:43 |
| Le soleil est paresseux, à l’horizon. Les rayons qui se reflètent contre le bâtiment et les fenêtres, et qui transforme le bar en une petite fournaise. Iryna fait glisser le torchon contre le verre encore un peu humide et brûlant du lave-vaisselle, s’assurant qu’ils soient secs. Le mouvement est lent, un peu vague - son regard indique que ses pensées s’envolent bien loin du bar et de sa tâche. Égarée sur la lune, ses gestes sont mécaniques alors qu’elle dépose le verre sec pour attraper le prochain. Après tout, rien n’est là pour occuper son attention pendant cette belle après-midi - le bar est presque vide, tout le monde est occupé à l’extérieur. Quelques âmes sur la terrasse, certes, mais ce n’est pas tout à fait l’heure de partager une bière entre amis. Les routes doivent être remplies de motards et de cyclistes, les parcs de joggeurs et de familles, c’est la journée parfaite pour se laisser dorer au soleil et profiter de la chaleur. Iryna, elle, se dit qu’elle aimerait bien aller nager. Sentir la fraîcheur de l’eau contre sa peau, et se laisser flotter comme s’il n’y avait plus de gravité. Ça la fait sourire, juste à y penser - mais ce n’est que dans ses pensées qu’elle le fait vraiment. Mais il faut bien quelqu’un pour veiller sur le bar, et elle préfère toujours travailler, Iryna. Prouver qu’elle est disponible, qu’elle est rigoureuse. Des années de dure labeur qui finiront un jour par payer, elle en est convaincue. Alors elle est là, un peu en solitaire derrière son comptoir. Chemise attachée autour de la taille, un simple débardeur et des jeans sur le dos. Il fait chaud, dans le bar, alors elle a un verre d’eau posé à côté.
Les pensées qui voguent vers les jours précédents, le corps gisant à ses pieds. Le sommeil un peu dur à gagner, depuis. Visions cauchemardesques venant la saluer en plein milieu de la nuit. Elle s’y attendait, Iryna, au moment où elle a lacéré la peau du pervers, que ça allait la changer à jamais. Encore un peu trop sous le choc, pour comprendre comment. T’as tué un homme. Elle le sait, elle le comprend - mais ça ne s’imprime pas encore tout à fait, autrement que par ses rêves. Les mains tâchées de sang, elle a parfois la vision qu’elles le sont encore. Pourtant, elle est dénuée de regrets, et elle est convaincue que confrontée à la même situation, elle agirait pareil.
Elle relève les yeux, l’ukrainienne, quand une ombre passe la porte. Cette dernière, laissée ouverte pour que la brise puisse rafraîchir l’intérieur, laisse passer une silhouette familière. L’attention d’Iryna captée, elle pose le verre entre ses doigts avec un peu plus d’attention, avant de se tourner vers Sarai qui vient d’entrer. La peau basanée, les cheveux sombres, elle dégage ce qu’elle dégage, la reine. Iryna l’a toujours trouvée impressionnante, que de l’admiration pour la jeune Barger qu’elle suivrait profondément dans les flammes de l’enfer. Un sourire qui vient ponctuer son visage, alors qu’elle lance le torchon pour qu’il se place autour de son épaule. « Hey, Sarai. » Le sourire est sincère, mais pas non plus trop enthousiaste - elle veut se tenir, Iryna, faire une bonne impression. Mais elle fait aussi confiance à Sarai, plus qu’à beaucoup de gens dans le coin. À part peut-être Leroi, mais c’est une autre histoire. « J’te sers un verre ? Ou t’es juste de passage ? » Ne pas vouloir insister, juste à l’inviter. Après tout, elle la sait bien occupée, la reine des anges déchus.
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| Sujet: Re: f a d e / sarai. Sam 15 Juin - 13:57 |
| f a d e. iryna & sarai Les chaises raclent le sol, église terminée, Sarai claironnant la fin d'un ordre acéré. Elle est lunaire ce soir, l'astre solaire mordant les vitraux pour éclairer la table de son kaléidoscope de couleur. Elle fait la sourde, encore. Aux insultes, aux grognements intempestifs, aux marmonnements qui doivent chuchoter qu'elle ne fera pas long feu, qu'elle est un peu plus faible chaque jour qui passe, que faudrait un homme, un vrai, pour diriger tout ce merdier, pas une femme à la jambe morte. La porte claque, emportant avec elle ses hommes de l'Enfer et il n'y a que le silence pour l'entourer, ses pensées virevoltant vers une myriade de souvenirs qui étincellent de nostalgie ou d'aigreur. Les coudes posés sur la table, elle passe ses mains dans la chevelure trop longue, lâche un soupir qui résonne d'une lassitude immense, d'une fatigue que quelques heures de sommeils n'arriveront pas à rengorger. Rien qui ne puisse soigner les plaies rouvertes, les vieilles lésions dans lesquelles on plonge si souvent les doigts pour essayer de la faire flancher. On tire sur les points faibles, on essaie d'exploser les nervures qui plissent déjà son être mais il en faudra toujours plus pour qu'elle touche le sol. Bien plus que quelques vents d'injures et de promesses de mort pour qu'elle abdique le trône. La souveraine aux yeux remplis d'horreurs qui s'enlacent dans la chaleur d'un début d'été, priant pour l'oubli, qui se décide à quitter la pièce à son tour, dansant sur sa jambe faible, l'habitude prise mais la douleur toujours présente. Elle sait où aller pour calmer les maux, elle sait où se perdre pour dévorer les pensées malignes et vicieuses qui tentent de lui voler son essence. En chemin, on l'arrête, on lui parle de problèmes qu'elle promet de régler plus tard, les régulières des vieux bikers la sommant de se reposer, d'y aller moins fort, de prendre soin d'elle, parfois de manger plus et de boire moins. Sarai qui promet encore, d'un sourire bancale. Sarai qui ment. Sarai qui déteste ça. Sourire pour rassurer. Sourire pour faire taire. Sourire sans essayer d'y croire. Alors elle prend la fuite, étouffe sous les regards qui espèrent d'elle l'accomplissement divin, qui voit en elle quelque chose de fort et puissant. Pas aujourd'hui. Sous la nuit qui s'impose, elle devient l'humaine, simple mortel au cœur battant trop fort, aux poumons encrassés, au ventre vide. Vide de vie. Vide de tout. Ses pieds passent la porte du bar encore vide de monde à cette heure. Elle entend les rires de quelques motards profitant sûrement de la chaleur pour réparer leurs bécanes, des femmes tentant de siroter leur bière tranquillement, des débuts de disputes qui seront vite oubliées et des discussions banales. C'est là-dedans qu'elle a toujours baignée, dans une atmosphère candide pouvant tourner au cauchemar à tout moment. Car certains rires finissent par devenir assassins et caustiques, car certaines disputes ne se règlent que d'un coup de poignard et ne s'oublient jamais, car des femmes finissent par retourner dans leur baraque sous les ordres de leurs maris, cachant les bleus sous leurs jolis vêtements. Tout n'est que nuance et paradoxe, de la poudre balancés aux yeux des naïfs, elle ne le sait que trop bien. Son regard passe sur les chaises encore inoccupées pour mieux atteindre le bar où elle aperçoit enfin la blondeur d'Iryna, sans croiser son regard car celui-ci se perd dans le vide. Elle en profite pour approcher, se débarrassant du cuir qui tient trop chaud, révélant la simplicité d'un t-shirt trop blanc. Iryna sort de sa transe, de ses pensées que Sarai devine macabres. J'aurais aimé que tu ne saches jamais ce que ça fait d'enlever la vie. Salut. qu'elle murmure avec une certaine retenue qu'elle n'explique pas. Peut-être pour ne pas la brusquer. Peut-être parce qu'elle n'a jamais su faire dans la délicatesse. Hey, Sarai. Joli sourire offert, le plus doux des présents après une matinée où elle n'a rien vu de plus que des gueules cassées. Les commissures des lèvres font un effort, se relèvent rien qu'un peu pour lui répondre avec sincérité. Elle est douce Iryna, un peu cassée, comme toutes celles qu'elle a voulu sauver de la débauche qu'on paye. Le mot pute que Sarai refuse d'encore entendre. Pas ici. Pas maintenant que c'est elle qui règne. J’te sers un verre ? Ou t’es juste de passage ? Elle s'appuie contre le bar, l'observant encore un instant J'veux bien un gin. J'ai b'soin d'une pause je crois. C'est dit à la va-vite, comme un aveu honteux qu'elle ne veut pas assumer. Les doigts tapotent la surface alors que le silence revient. À peine un instant car elle ne le supporte pas longtemps. Toi, ça va ? Depuis que tes mains ont été gantelées du sang d'un autre. Depuis que tu nous as débarrassés d'une raclure de plus. Désolée, j'ai pas pu passer plus tôt. Elle secoue un peu la tête, l'air coupable bien caché derrière un autre sourire fêlé, l'excuse, reflet de mille autres pardon imprononçables. J'ai pas su te protéger du crime. J'ai pas su t'empêcher de rejoindre l'obscurité. Et j'suppose qu'un désolé soigne rarement les nuits blanches qui viennent ensuite.
@iryna markov |
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