clap de fin ft. Cassey

Assis à la table de ce fast food minable, Sora demeure plutôt silencieux. Depuis qu'il a rencontré Cassey, il ne lui semblait répondre à aucune notion de temps. Il s'effaçait pour ne laisser place qu'à eux, et leur relation, peu importe comment on pouvait la définir. Pour dire vrai, encore maintenant, lui même était incapable de mettre des mots dessus. Il peut simplement dire qu'il l'aime, d'une manière comme d'une autre. Le professeur ressentait de plus en plus le souffle de la fin venir lui caresser la peau, comme un doux rappel qu'on échappait pas indéfiniment à la vie. Il finit par briser le silence, s'emparant d'une des clopes de son paquet et de le tendre vers sa Bonnie. - Tu fumes ? Partager un bédo de marijuana ne signifie pas forcément qu'elle fume la cigarette, Sora pense donc préférable de proposer. Reprenant contenance, il épluche la carte du fast-food, qui allait des salades simples aux burgers triple cheese. Il dépose finalement le menu pour plonger ses yeux dans celui de sa partenaire, un fin sourire aux lèvres. - Même si tu tiens à ton régime, je te conseille pas de te prendre une salade, j'ai aperçu une assiette, les feuilles ont l'air de tirer vachement la gueule. Echange d'une banalité affligeante, ça ressemble pas à Sora. Il se renferme, doucement, c'est toujours plus simple que d'expliquer clairement ce qui lui fout le cafard. Le moteur de leur relation, c'est la fuite continuelle. Même si ils se faisaient la promesse de se revoir, dans d'autres circonstances, rien ne dit que ce sera pareil, il y a même beaucoup de chance que ce ne soit pas le cas.

✩ But the heart wants what it wants.

You got me sippin' on Something I can't compare to nothing I've ever known, I'm hoping That after this fever I'll survive I know I'm acting a bit crazy Strung out, a little bit hazy Hand over heart, I'm praying That I'm gonna make it out alive The bed's getting cold and you're not here The future that we hold is so unclear But I'm not alive until you call And I'll bet the odds against it all Save your advice 'cause I won't hear You might be right but I don't care There's a million reasons why I should give you up But the heart wants what it wants…

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Il est silencieux. Étrangement silencieux. C’est la première fois, depuis leur rencontre, qu’il est aussi silencieux. Elle n’aurait pas la prétention de dire qu’elle le connaît par cœur, Sora. Cela ne fait pas un week-end entier qu’ils sont ensemble. Mais, pas une seconde, il a eu cet air triste, affligé. Cet air qu’elle ne reconnaît pas en lui et qui, sans qu’elle ne le contrôle, lui serre le cœur. Elle devine, plus qu’elle ne sait, ce qu’il peut bien penser. C’est la fin de leur rêve, le retour à la réalité qui s’annonce. Mais est-ce pour autant une raison de se lamenter ? Ce qu’ils ont vécu, c’était si beau. Trop, pour qu’elle puisse l’oublier. Trop, pour qu’elle puisse s’en passer. Il a créé une explosion de sentiments en elle. Mais peut-être que l’explosion a eu raison d’eux. Peut-être que c’est la fin de Bonnie & Clyde. Elle ne sait pas, Cassey. Elle sait juste que cette petite moue qu’il affiche, elle ne lui plait pas du tout. Assise face à lui, dans ce fast-food, elle secoue la tête de gauche à droite quand il lui demande si elle fume. C’est drôle, il y a des choses si intimes, si profondes, qu’il a su entrevoir en elle. Mais d’autres, tellement plus évidentes, qu’il ne sait pas encore. Qu’il ne saura peut-être jamais. Elle laisse échapper un sourire en coin face à ses paroles. Autre détail qui montre qu’il a encore tout à apprendre d’elle. Si la vie leur en laisse l’occasion. – Je ne fais pas du tout de régime, j’sais déjà quel hamburger je veux. Mais elle ne s’arrête pas sur le sujet. Elle n’a vraiment aucune envie de partager des banalités avec lui. Pas après tout ce qu’ils ont partagé. Impossible. Alors, elle relève ses grands yeux bleus vers les siens, elle veut accrocher son regard tandis qu’elle reprend finalement de sa voix légère. – Et si tu me disais plutôt ce qui te tracasse ? Elle lui sourit, tendrement, naturellement. Elle veut juste savoir ce qui lui mine le moral. Elle veut juste savoir ce qui a effacé cette lueur dans les yeux de son Clyde. Celle qui l'animait encore, quelques heures plus tôt, au sommet de cette montagne.

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Au refus poli de Cassey, Sora range le paquet de clopes et s'allume sa cigarette, tirant une très grosse taffe dessus. Le rouquin s'en veut quelque peu en voyant que sa mélancolie passagère cassait l'ambiance. De toute évidence, si ça devait en être une, il n'aurait pas voulu que leur fin se passe comme ça, dans la morosité qu'engendre les regrets. Ce n'est pas digne d'eux, de ce qu'ils combattaient ensemble depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Il se montre un peu plus avenant, amusé par la remarque de la blonde. Le rire léger, il répond d'un air entendu. - Tu as raison, c'est la bonne attitude à adopter. Je comprends pas les gens qui se fixent des interdits.. On tient tellement à rien, suspendus sans cesse dans la vide, à pouvoir se casser la gueule à tout moment. C'était évident, et Sora aurait dû parier dessus, Cassey se rend compte que quelque chose démange le professeur. Il dépose sa cigarette sur le cendrier devant lui, prenant une profonde inspiration avant d'oser affronter les prunelles bleues de Cassey. - Je me demande simplement ce qu'il va advenir de nous. avoue-t-il sans détour. Autant jouer franc jeu et ne pas aborder le sujet de manière subtile. Après tout, depuis le début, ils ne sont jamais rien cachés ou encore dressés de barrières par rapport aux sentiments qui les animaient tous les deux. - Je veux dire, on s'est forgés ce quelque chose qui nous unit de manière indélébile dans le feu de l'action, un mode de vie qui s'éloigne tellement de ma routine de tous les jours, et sûrement de la tienne, je suppose. Il n'essaye absolument pas de dire qu'il ne souhaite pas que ça se transforme tout ça, on sait pas ce que l'avenir réserve, mais il est vrai qu'il doute, d'une certaine manière, de la viabilité d'une relation tempérée.

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Un petit rire s’échappe enfin des lèvres de Sora. Le premier rire depuis qu’ils sont descendus de cette montagne. Le premier rire, aussi, qui lui fait penser combien elle n’a pas envie que ce soit le dernier. Le regard posé sur lui, elle l’écoute, l’air amusée et intéressée par ses paroles. Par ses pensées si aériennes et, en même temps, tellement concrètes. Elle retrouve avec une douce nostalgie déjà présente cette façon unique qu’il a de réfléchir, celle qui lui plaît tant et l’émerveille à chaque fois. – Il y a tout ça, puis le fait que je sois trop gourmande pour m’en empêcher. déclare-t-elle dans un rire léger. Elle est le genre de femme à se dire qu’elle devrait devenir vegan, juste pour protéger les animaux, et commander le soir même une énorme entrecôte. Le genre de femme partagée entre ses ambitions idéalistes et son envie de mordre la vie à pleines dents. S’il fallait un seul mot pour la décrire, Cassey, ce serait sûrement contradictoire. Mais ce n’est pas d’un débat autour du hamburger qu’elle a envie de faire, là tout de suite, non. Ce qu’elle veut, c’est retrouver cette flamme dans le regard ombrageux de son Clyde. C’est savoir ce qui le préoccupe tant, au risque que l’entendre ne lui plaise pas. Mais il n’y a jamais eu de non-dit entre eux. Jamais de contour de la vérité. Juste eux, eux tout entiers, dans le meilleur comme dans le pire. Et c’est toujours là, même plongé dans la mélancolie, ça reste là. Je me demande simplement ce qu’il va advenir de nous. C’est donc bien ce qu’elle redoutait. Il pense à l’avenir. Il pense à l’après. Avec attention, elle l’écoute, prenant connaissance de chaque information. Chaque mot qui semble, comme, un moyen de lui dire que c’est peut-être bien terminé, tous les deux. Que c’était beau le temps que ça a duré, mais que chacun va retourner à sa vie. – Et alors ? lui demande-t-elle, sans doute sans trop de finesse. Elle le contemple toujours, les prunelles adoucies par l’émerveillement qu’il suscite en elle. – Parce qu’on va retrouver notre routine, on doit se passer de moments plus incroyables ? C’est ce dont il a envie, Sora ? Voir tout ce qu’ils ont partagé comme un moment parfait et unique, un moment parfait dans toute une vie. C’est plutôt joli, poétique. Mais Cassey, elle préfère que tout ne soit pas parfait mais qu’il soit là. Elle préfère fermer les yeux sur la vérité et rester avec lui. On ne va peut-être pas escalader des montagnes tous les jours, Sora. Ça ne veut pas dire qu’on n’atteindra plus les étoiles.

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Sans pensée mal placée, Sora trouvait que gourmande était un qualificatif qui sied parfaitement à Cassey. Si avide qu'elle est de tout voir, tout apprendre. De forcer les expériences envers et contre tout. C'est un pêché auquel le chimiste se plie également, sans aucun remords, encore quelque chose qui ne fait que les rapprocher tous les deux. - Petite Cassey, Bonnie des temps qui ne se refuse rien. C'est un putain de luxe tu sais ? D'avoir la force de se battre pour obtenir tout ce que tu veux. Sora lui, il vacille toujours entre les deux, la peur d'obtenir ce qu'il veut et la hantise de passer à côté de l'objet de ses convoitises. En engageant la conversation sur ce sujet si important, le rouquin, il s'attendait pas à tant de flegme. D'une certaine manière, ça le rassure même, de savoir que c'était peut-être juste lui qui en faisait toute une maladie. Son sourire s'élargit un peu plus, alors qu'il se tire une autre taffe de son mégot de cigarette. - Tu te rends compte qu'il y a tellement moyen qu'on fasse tout foirer ? C'est vrai, si ça se trouve, le quotidien enlèvera de cette magie et ils n'arriveront jamais à la trouver autre part. C'est une possibilité à ne pas négliger. Sora, il veut être certain que Cassey sait dans quoi elle s'engage. Ou peut-être est-ce lui qui veut en être sûr ? Au fond, parfois, elle lui a l'air bien plus lucide sur leur situation que lui même. - Moi, j'sais pas trop où on va, mais ça me va d'être à l'aveugle, du temps que tu me guides dans tout ça. Y'a pas de garanties, pas de fausses de promesses. Sora en a déjà bien trop abusé tout au long de sa vie amoureuse, et bien trop subi aussi. Il veut juste s'accrocher du mieux qu'il peut, à elle, à sa Bonnie. Au plus profond de son âme, il en est persuadé, le jeu peut en valoir la chandelle.

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Doux sourire qui éclaire son visage. Il a le don de la sublimer, Sora. Rendre beau ce qu’elle dit, ce qu’elle fait. Ce qu’elle est. Elle se sent plus belle dans son regard. Et cela n’a rien à voir avec son apparence physique. Il lui donne cette sensation, un peu, comme s’il admirait son âme. Comme personne, absolument personne, n’a su le faire avant lui. – C’est facile, lorsque ça en vaut la peine. déclare-t-elle en plantant son regard dans le sien avec une certaine intensité, amoindrissant pourtant la force dont il parle. Elle ne se sent pas forte, Cassey. Tout au mieux, spontanée. Elle se contente de suivre ses envies, sans réfléchir, sans se retenir. Mais peut-être qu’il a raison, Clyde. Peut-être que c’est là sa plus grande qualité. Celle qui lui permet d’outrepasser ses peurs, pour approcher au plus près des étoiles. C’est certainement pour cette raison que, face aux inquiétudes du jeune homme, c’est en toute insouciance qu’elle réagit. Impassible, l’esprit tranquille alors qu’il évoque la possibilité que tout s’arrête entre eux, elle lui fait nettement savoir qu’elle se pose bien moins de questions que lui. Pas vraiment vexé, ou même blessé par sa nonchalance, le sourire de Sora s’agrandit davantage. Mais ses mots, eux, reflètent ce qui l’inquiète tant. Tu te rends compte qu’il y a tellement moyen qu’on fasse tout foirer ? Tu te rends compte, Cassey, que cette envie de vivre que vous avez prôné tout le week-end, elle ne va pas avec la réalité ? Tu te rends compte que, bientôt, tout va s’arrêter ? Non, p’t-être que non. Elle a tant envie de garder ces instants éternels. Elle a besoin de quelques instants pour réfléchir, pour comprendre tout ce que les mots de son interlocuteur impliquent. – Oui, je me rends compte. Mais, c’est vrai, et alors ? Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de toutes les chances que ça foire ? Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre des probabilités ? S’il y a seulement une chance, une seule, de retrouver cette étincelle avec lui, elle est prête à la saisir. Ses prunelles toujours ancrées dans celles de l’homme qui l’a envoûtée, elle lui adresse un tendre sourire. Il accepte de marcher les yeux fermés si elle le guide. Elle ne sait pas si elle est la meilleure pour un tel rôle, Cassey. Elle n’a pas les pieds sur terre, elle est déjà trop loin. – Tu sais, je ne sais pas non plus où on va. En fait… Je n’ai jamais su où j’allais. Elle donne peut-être l’impression de maîtriser parfaitement sa vie. C’est pas le cas. Elle ne maîtrise rien du tout. Ce ne sera sûrement pas le cas avec lui non plus. – J’ai peur moi aussi. J’ai peur que, une fois de retour dans nos vies, on ne retrouve plus cette magie. Peur que ce soit qu’une illusion, éphémère, qui se briserait dès l’instant où la réalité reprendra le dessus. Mais… Elle s’arrête. Elle le contemple, toujours, elle ne cesse jamais. Et aussi forte que vulnérable à cet instant, elle ose enfin. – Mais j’ai encore plus peur de passer à côté de toi. Et peut-être que ça durera une semaine. Un mois. Un an. Ou bien toute une vie. Elle ne sait pas, Cassey, mais elle est prête à le découvrir avec lui.

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C'est facile lorsque que ça en vaut la peine. Peut-être bien, en tout cas, Sora ne s'oppose pas à cette idée. Quand il y réfléchit, tout lui semble simple avec Bonnie, rien n'a d'importance si ce n'est eux, ce qu'ils signifient l'un pour l'autre. Ils vivent au rythme de leurs envies, pas pour les autres ni pour leurs impératives. Vaguement rassuré, les muscles du chimiste se détendent, il s'installe plus confortablement sur le siège du fast food. Il n'avait pas envisager de continuer leur relation comme ça, de la transposer à la morosité du quotidien, dans d'autres conditions. Mais pourquoi pas, c'est toujours mieux que d'abandonner sans essayer. Depuis le début, ils en font qu'à leur tête, au mépris du danger, ça changera pas grand chose à tout ça de se lancer dans la bataille d'une vie plus ou moins banale. Pour autant que ça puisse être le cas quand on côtoie le feu que représente la soif de vivre de Cassey. - On n'a qu'à se dire qu'on en a rien à foutre, comme on le fait si bien. Sora écrase le reste de sa cigarette dans un sourire convenu. Y'a pas de raison de se compliquer la vie, ils sont au dessus de ça, de toutes ces conventions nauséabondes, couple, pas en couple, polygamie, monogamie. Ils deviendront ce qu'ils veulent être sans se donner d'étiquette, en tentant d'avancer ensemble vers la même direction le plus longtemps possible. - C'est fou, quand je t'ai croisé près de la baie, j'aurais jamais pensé qu'on en arriverait là. Tu m'as surpris. Le professeur appelle finalement un serveur pour passer les commandes. Celui-ci se ramène immédiatement, très docile. Ils le sont de plus en plus dans ce métier, c'est aussi appréciable que déprimant. - Je vais prendre une pizza quatre fromages et un coca. Il laisse ensuite sa partenaire prendre sa commande. Alors que le serveur repart faire passer les commandes en cuisine, Sora tape dans ses mains, une idée derrière la tête et demande d'une voix enjouée.- On s'fait un action ou vérité ? C'est bon, assez de discussions sérieuses pour la soirée, ils peuvent juste décider de redevenir des gamins maintenant, ce qu'ils ont été jusqu'à présent.

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Y’a ce truc qu’elle ne connaît qu’avec lui. C’est cette envie d’être avec lui, pleinement avec lui, à cent pour cent, intégralement. Ce n’est pas anodin, encore moins à l’époque actuelle. Le monde qui les entoure n’a plus d’importance, son portable non plus, les réseaux, rien n’en a. Même pas sa propre famille. Elle oublie tout à son contact. Elle a l’impression que l’univers lui-même pourrait s’écrouler, elle ne s’en rendrait pas compte. Pas si elle est avec lui. C’est quelque chose de troublant, excitant, diablement attirant. Il lui fait oublier son monde pour le devenir, lui à part entière, Sora. C’est peut-être bien pour cette raison qu’elle n’a pas peur de l’avenir. Elle sait que, peu importe le lieu où ils se trouveront, il lui inspirera toujours ce sentiment unique qu’il n’y a plus qu’eux qui existent. Il provoquera toujours cette flamme en elle. Flamme de désir et d’envie, pour, une explosion de vie. Ses mots, lancés avec bien plus d’insouciance, font naître un sourire malicieux sur le visage de la jeune femme. – On en a rien à foutre. répète-t-elle de sa voix sucrée, contente de le retrouver. Contente de la retrouver, cette lueur dans ses yeux. Elle ne veut pas penser à tout ce qu’une telle relation peut signifier. La promesse de n’pas se faire de promesse. L’engagement de ne s’engager à rien d’autre qu’à vivre. Vivre ensemble, intensément, fougueusement, comme ils le font depuis leur rencontre. Et, justement, comme s’il lisait une nouvelle fois dans ses pensées, son Clyde vient lui parler de ce moment. Cette nuit-là. Elle non plus, elle n’aurait jamais cru qu’ils en arriveraient à cet instant. Elle n’aurait jamais cru pouvoir trouver quelqu’un d’aussi fou qu’elle. Tu m’as surpris. Ces mots-là, particulièrement, la touchent en plein cœur. Avec un autre, elle sourirait. Elle le charmerait. Elle prétendrait espérer qu’il s’agisse d’une belle surprise. Mais elle en est si loin avec lui. Elle ne flirte pas avec lui, elle ne joue pas, à moins qu’ils décident ensemble du jeu. C’est avec celui qui ne lui a rien promis qu’elle a le sentiment de vivre une histoire si authentique. – Tu continues de me surprendre à chaque instant depuis cette nuit-là. lui confie-t-elle, son regard océan rivé sur le sien. Elle se laisse tomber sur le dossier de sa chaise sans le quitter des yeux alors qu’il appelle un serveur. Il commande une pizza, elle prend un cheeseburger, comme promis, avant de se retrouver à nouveau en tête à tête avec lui. On s’fait un action ou vérité ? Tout de suite, un sourire amusé apparaît sur les lèvres de la jolie blonde. – Je dis : Action. rétorque-t-elle, en guise d’acceptation, curieuse de savoir ce qu’il pourrait bien lui demander. Elle a l’étrange impression qu’elle pourrait dire oui à n’importe quoi. Comme des enfants, ils s’mettent à jouer. Et, comme des enfants, ils retrouvent ce monde, celui qui n’appartient qu’à eux.

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Il se sentit tellement léger Sora, à la confirmation de Cassey. A un point que ça en était presque indescriptible. C'est comme si le monde était à ses pieds, que rien ne lui était impossible. Pas de promesses, pas d'illusions, ils se donnent juste une chance d'exister autrement, dans un autre univers que le leur, une réalité alternative où le spectaculaire côtoie la banalité. Quelque chose qui leur était jusqu'à présent inconnu. Clyde, il ne cache pas qu'il est flatté en entendant qu'il est plein de surprises. Y'a pas de doute pour lui, il s'agit d'une des plus belles déclarations qu'il puisse entendre, et ça prend tout son sens quand ça sort des belles lèvres de la blonde. - J'avais délaissé les étoiles, assis sur mon banc, totalement amorphe. Puis tu t'es ramenée avec ta putain d'envie de vivre, ton sourire malicieux et cette lueur de gamine au fond des yeux et t'as tout chamboulé. Sora, il arrive pas à arrêter les déclarations. Qu'elle se rassure, il s'apprête pas à la demander au mariage, même si, sur un coup d'tête, il en serait totalement capable. Il voulait simplement qu'elle le sache, au cas où. Joueuse comme à son habitude, Cassey accepte immédiatement le jeu et lance les débats. Sora tente de réfléchir à un gage, quelque chose de pas trop difficile pour commencer, mais d'assez exigeant pour connaître certaines de ses limites. Il finit par demander, dans une flegme et un détachement incroyable. - Décroche moi le numéro du serveur qui va nous apporter notre plat ! On s'en servira un jour pour lui faire un canular. Ce sera sa punition pour avoir succombé aux charmes de Cassey alors qu'elle était accompagnée. Sora, il adore les canulars téléphoniques, ça lui rappelle plein de bons souvenirs, et des moins bons aussi.

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Le cœur en alerte, elle vit ces instants avec tant d’intensité, à chaque fois. Elle s’en imprègne, elle les savoure, ces moments qui lui paraissent aussi éternels qu’ils peuvent se révéler plus éphémères. Ils lui sont si précieux. Lui, surtout, il lui devient si précieux. T’as peur de la banalité, Cassey. T’as peur d’être happée par l’ennui bien plus que par les frissons. Pourtant, avec lui, t’as l’impression que la banalité, elle n’existe pas. Avec lui, t’as l’sentiment que chaque seconde est extraordinaire. Est-ce que c’est réel, ça ? Est-ce que c’est seulement possible ? Tu sais pas, Cassey. Peut-être que t’es juste en train de rêver. Mais, si c’est le cas, tu n’veux plus jamais te réveiller. Ou, juste, dans ses bras. Elle le regarde comme s’il était la plus belle chose qu’elle n’avait jamais vue, Sora. Ses déclarations, elles, sont aussi les plus belles qu’elle a eu la chance d’entendre. Les plus authentiques. Elle le dévore des yeux, de ce même regard lumineux dont il parle, ce regard qui commence à lui être dédié. Elle n’saurait même pas quoi répondre tant il atteint ce cœur qu’elle cherche pourtant tellement à préserver. T’es pas comme les autres, Sora. T’as rien à voir avec les autres. C’est certain. Mais elle garde ses pensées pour elle, la jolie blonde. Elle se contente de lui adresser un sourire mutin bien que son regard, lui, s’avère bien plus tendre qu’elle ne doit le croire. – Je t’ai promis les étoiles, je n’ai pas oublié. lui rappelle-elle avec cette pointe de malice dans la voix. Elle pourrait le dire un nombre incalculable de fois, qu’il l’a chamboulée autant que le contraire. Elle pourrait lui dire des milliers de fois, combien elle lui est reconnaissante d’avoir brisé ce silence cette nuit-là pour lui offrir sa présence. Il ne pourrait toujours pas se rendre compte à quel point elle est heureuse, Cassey. Ni à quel point elle se sent revivre avec lui. Comme s’ils étaient devenus les rois du monde, Bonnie & Clyde. C’est peut-être bien le cas. Ils sont les rois de leur propre monde, leur propre univers, si loin de tout le reste. Action ou vérité. C’est à ça qu’il veut jouer. Un jeu qui leur sied à merveille, tous les deux, tant leurs échanges sont purs, à l’état brut, fougueux et naturels à la fois. Sans perdre de temps, la blondinette commence fort puisqu’elle veut une action. Et celle qui lui propose la fait doucement sourire. Il ne la connaît pas encore totalement, Sora. Il ne sait pas à quel point charmer un inconnu peut être facile pour elle. C’est peut-être bien ce qu’elle a fait avec lui pourtant. Mais, avec lui, elle n’a jamais provoqué la séduction. C’est lui qui l’a envoûtée. Elle lui jette un regard entendu alors que, justement, elle voit revenir le serveur accompagné de leurs deux assiettes. Ils le remercient d’un sourire mais il s’apprête déjà à partir vite, bien trop vite. – Attendez, vous n’allez pas déjà vous en aller. Elle lui offre un sourire enjôleur, un de ceux dont elle a le secret, alors que la surprise du serveur laisse peu à peu place à un certain intérêt. Les phrases s’enchaînent facilement, elle le drague sans aucune gêne, avant qu’il ne décide de lui donner de lui-même son numéro de téléphone, tout cela sous le regard de son Clyde. Elle lui sourit une dernière fois avant qu’il ne s’en aille, un immense sourire sur le visage. La belle reporte son regard sur son partenaire de crime pour laisser glisser la serviette sur laquelle le serveur a noté son numéro vers lui. – Prends-en soin. le taquine-t-elle d’une voix enfantine, à mille lieues du jeu de séduction qu’elle vient de jouer sous ses yeux. Elle attrape une frite et croque nonchalamment dedans avant de reprendre avec insouciance. – Action ou vérité ?

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