we had guns and drums (celio)

(1986) né à ragusa, capitale du grand banditisme en sicile, famille connue déjà dans toute l'italie à cette période-là. franzone, nom qui fait trembler les murs, après lequel les familles vont se cacher, les enfants cessent de jouer, les femmes tombent à genoux prêtes à tout, les hommes supplient pour la grâce. nom après lequel personne ne bronche, qui fait régner l'ordre autant que le désordre. père parrain de la pègre, mère silencieuse et obéissante, petite sœur préservée comme une douce fleur. élevé dans le seul et unique but d'un jour reprendre les rennes, d'avoir sa propre branche, j'ai été élevé à la dure, à coups de bâtons, voire de ceinture. entrainé au tir, entrainé à l'endurcissement, au manque de pitié, à la gestion d'affaires d'une poigne de fer, à la loyauté, au silence.
(2004) installé à albany aux usa, dix-huit ans à peine, suivi de leo, le bras droit, le meilleur ami de toujours, le fidèle compagnon, le seul en qui je peux avoir une confiance aveugle, prêt à tout, dans l'unique but de monter mon affaire, de faire mes preuves à papa, de lancer les affaires de drogues jusqu'ici. import, export, et un empire rapidement construit, un nom répandu dans toutes les bouches les plus sales, des enveloppes pleines grassement données aux noms intéressants contre leur silence, une balle dans le genou gentiment tirée si le silence n'était pas respecté. c'est le far west, bébé.
(2011) une rencontre pour tout faire s'écrouler. simple dealeuse, devenue mon amour, ma femme en devenir, ma pute, ma chienne. celle qui se faisait aimer, dorloter, couvrir de cadeaux et autres bijoux, combler à n'en plus pouvoir, quand elle était docile. celle qui se prenait des revers de main droite et autres coups si elle parlait trop fort ou désobéissait. j'y peux rien, moi, on m'a appris à traiter les femmes comme ça. fais-toi respecter, petit, c'est ce qu'on m'a toujours dit. jusqu'au coup de trop. enceinte, la gamine, poussée dans les escaliers, amochée, elle a perdu le bébé, mon bébé, et elle s'est vengée. elle s'est vengée d'un tas de coups de couteau dans l'abdomen. sauvé in-extremis, alité des semaines durant, empire tombé, perdu, les concurrents qui en ont profité pour me faire tomber. et aussitôt remis sur pieds, elle a goûté mon courroux, elle s'est prix le retour de flamme à coups de batte de baseball, à coups de poings, à coups de pieds, pour finir avec une balle entre les deux yeux. pas d'pitié, pas d'quartier.
(2012) le retour de l'enfant roi, déplacé à new-york. besoin de renouveau, j'en ai abandonné le trafic de drogue. j'en ai pas abandonné le trafic tout court pour autant. grande déception du paternel, j'ai de nouveau eu besoin de faire mes preuves, me construire un nouvel empire, me refaire ma place. pourtant seul héritier prévu au plan, j'me suis plus retrouvé à la première place du tout. et le seul à ne pas m'avoir abandonné fut leo. changement de plans. le trafic d'armes, c'est bien. le trafic d'armes, ça fait tout un paquet de fric. tout un paquet de fric a besoin d'un endroit pour être blanchi proprement. des bars et des clubs ont été acheté. deuxième activité professionnelle. les armes, j'les vends à toutes sortes de types. de celui qui traine dans la rue pour se protéger, à celui qui a décidé de buter tout le monde sur son passage. mes armes voyagent partout dans le pays. j'suis désolé si elles sont tombées dans les mains de ceux qui ont tué ta famille. non, j'suis pas désolé. continue de te plaindre, et tu la rejoindras rapidement, ta famille.
(2016) milo. milo a fait son apparition, dans ma vie. milo, un p'tit garçon qui me ressemble comme deux gouttes d'eau, physiquement comme caractériellement. ce p'tit gars qui est mien à vue d'oeil, sans qu'un test de paternité n'ait jamais été fait. milo, dont la mère, qui n'était qu'un coup d'un soir, a été jugée trop incapable pour s'occuper de mon fils, pour l'élever correctement. mère dont les droits de garde ont été retirés brutalement, sans juge, sans avocat, juste par moi. la loi, je la fais moi. milo, il ne la reverra jamais, sa maman. mais c'est pas grave, parce qu'il m'a moi. celio, père célibataire, trafiquant d'armes, amateur de belles voitures et de femmes.
(2016) puis y a eu pippa. pippa elle était belle, solaire, elle était douce avec ses brins de colère, mais surtout ses larmes sur les joues, les joues souvent creusées, salées. pippa, cette magicienne des ordinateurs, pippa pour qui j'aurais donné ma vie, fut un temps, bêtement. pippa qui est tombée pour moi, pour qui j'aurais pu tomber, aussi. pippa, simple employée du business, à la base, capable de me retrouver n'importe qui ou n'importe quoi en un simple claquement de doigts, qui n'a jamais posé de questions sur ce qu'elle devait faire. parfaite, cette pippa. puis pippa en voyage au brésil, retrouvée kidnappée, violentée et que sais-je d'autre. pippa rentrée à la maison, beaucoup trop amochée pour me laisser indifférent. pippa vengée en un voyage. on ne touche pas aux miens, jamais. pippa, elle m'a aidé à m'occuper de milo, au tout début, parce que putain, j'avais aucune idée de ce que je devais faire d'un gosse, moi. et puis tout a dégénéré, avec pippa. elle s'est trop accrochée à moi, beaucoup trop. le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'avait même aucune idée en quoi il ne fallait pas qu'elle fasse ça. alors pippa, je l'ai tenue éloignée de moi. trois ans maintenant que j'ai disparu de ses radars, trois ans que je l'ai faite disparaître des miens également, trop tenté sinon, de me rapprocher d'elle.
(2019) empire toujours présent, empire de plus en plus développé. rien qui ne cesse, tout qui grandit. et putain, milo, c'est celui qui grandit le plus vite. cinq ans le gamin. cinq ans déjà, et l'an prochain, il rentre à l'école. j'ai tenu bon, pippa, j'l'ai toujours pas revue, j'sais pas ce qu'elle fait. elle est toujours probablement à son ancien boulot, j'en ai aucune idée. le paternel, lui, n'veut toujours pas se décider à passer l'arme à gauche pour me laisser le trône. et moi, à force, je m'y fais, à new-york.
(boring facts) un staff américain, cesare. deux tattoos (une pieuvre au creux de la hanche, cosa nostra, et trois singes de la sagesse à l'avant-bras, l'omerta). une arme à feu fétiche, un beretta argenté gravé à mes initiales. une arme blanche fétiche, une batte de baseball en aluminium (c'est pas de ma faute, on m'a dit que je devais m'imprégner des coutumes américaines, et il paraît que le baseball est un des sports nationaux). de nombreux véhicules dans un immense garage (ford mustang gt, aston martin vanquish, audi r8, maserati ghibli, bmw x6m, jeep wrangler, porsche 911 turbo s, corvette z06, volkswagen scirocco et quelques range rover evoque noirs pour le business).