Bitter Sweet Symphony. (Tossey)

✩ There's nobody singing to me now.

Cause it's a bittersweet symphony this life Trying to make ends meet, you're a slave to the money then you die. I'll take you down the only road I've ever been down You know the one that takes you to the places where all the veins meet, yeah. No change, I can't change, I can't change, I can't change, but I'm here in my mold, I am here in my mold. But I'm a million different people from one day to the next I can't change my mold, no, no, no, no, no, no, no Well I never pray, But tonight I'm on my knees, yeah. I need to hear some sounds that recognize the pain in me, yeah. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singing to me now.…

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J’arrive. Un faible sourire se dessine sur les lèvres de Cassey à la lecture de ce dernier message avant qu’elle ne repose son téléphone portable sur la table basse. Il lui réchauffe le cœur, Toby. Et elle en a bien besoin. Depuis le retour de son premier amour dans sa vie, la jeune femme sent tout lui échapper. Elle se sent mal, nerveuse constamment, et chamboulée. C’est tout son être qui est chamboulé. Elle aurait voulu ne jamais le revoir, Owen. Mais, à la place, elle doit supporter sa présence dans cette ville. Elle doit parler de lui à sa fille… À leur fille. Elle ne veut pas cacher une chose pareille à Arya, même si elle devine sans mal que celle-ci sera tout aussi ravie par cette annonce que sa mère. Mais c’est trop dur. C’est trop dur parce qu’elle souffre encore. Elle n’a jamais cessé de souffrir. Et, en revenant dans sa vie, Owen n’a fait que raviver cette plaie encore si loin d’être cicatrisée. D’autant plus qu’il agit comme s’il n’avait rien fait de mal avec elle, comme s’il était une victime lui aussi… Alors que c’est elle qui a vécu cet abandon, elle qui a élevé leur enfant seule. Elle qui est incapable d’avoir une véritable histoire d’amour à cause de ce qu’il lui a fait subir. Elle ne devrait pas se laisser atteindre autant, pas par lui. Mais il la ramène à des souffrances trop marquantes, à des souvenirs trop douloureux, pour qu’elle puisse s’en empêcher. Elle n’a jamais contrôlé ses émotions, Cassey. Cette rancœur, cette haine, elle revient de plus belle en elle… Pour mieux la ronger. Pour mieux l’éteindre, elle, celle qui a toujours le sourire et la joie de vivre. Rejetant le plaid dans lequel elle était blottie, elle se relève pour tenter de se montrer présentable pour l’arrivée de Toby. Elle n’a pas bougé du canapé depuis le début de la journée. C’est déjà une bonne chose qu’elle ait quitté son lit. Elle va faire un tour dans la salle de bains, prendre une douche, se revitaliser un peu. Elle se sent un peu mieux malgré les pensées encore douloureuses qui ne la quittent pas. Elle enfile un jean, puis l’un des tee-shirts de sa fille, quelque chose qu’elle fait souvent quand elle a besoin de réconfort. Sauf que, cette fois, Arya est la source directe pour la ramener à ce qui lui fait mal. Elle doit vraiment oublier, elle en a besoin. Elle se dit que cela ira mieux quand Toby sera là. Il saura lui changer les idées, Toby. Avec sa lumière, avec sa tendresse, il est la personne dont elle a besoin ce soir. Elle le ressent profondément, elle a besoin de lui auprès d’elle. Elle a besoin qu’il vienne l’envelopper de sa douceur, lui faire ressentir autre chose que toute cette noirceur. Elle attend sa venue comme elle attendrait qu’un médicament fasse effet, comme un remède miracle pour soulager son mal-être. Elle se raccroche à cette idée en écoutant distraitement une émission de télé réalité complètement débile en attendant qu’il arrive. Et, enfin, il est là. Elle se lève à nouveau de son canapé pour aller lui ouvrir la porte. Un faible sourire apparaît sur ses lèvres quand elle le voit enfin. – Bonsoir toi… Elle se pousse pour le laisser passer. Mais à peine a-t-il franchi la porte qu’elle s’approche pour se blottir dans ses bras. Elle ferme les yeux pendant quelques secondes. Vulnérable Cassey, plus qu’elle ne l’a jamais été devant lui. – Merci d’être venu. Elle ne le dit pas clairement mais elle en avait vraiment besoin. Elle se recule doucement au bout d’un bref instant pour tenter de retrouver une certaine contenance. – Comment tu vas ? Lui demander, à lui, plutôt que penser à son propre état d’esprit.

CODAGE PAR AMATIS

C'est avec grande inquiétude que Toby quitte son lieu de vie pour rejoindre celui de Cassey. Elle a beau dédramatiser la situation, il sait qu'elle ne va pas bien. Il le sent. Ils ne se connaissent pas depuis si longtemps, mais le jeune prêtre a parfois la sensation de la connaître depuis toujours, comme s'ils étaient effectivement destinés à se rencontrer. Et il parvient aisément à lire entre les lignes de ses textos, bien qu'il soit loin de se douter des faits qui peuvent la tourmenter à ce point. Mais il n'a pas besoin qu'elle lui explique. Tout ce qu'il veut, c'est être là pour elle. Juste ça. Être l'épaule sur laquelle elle peut se reposer, ou pleurer si elle le souhaite. Elle pourra lui dire toute l'histoire, juste un bout, ou rien du tout, du moment qu'il peut l'aider d'une quelconque façon. Si elle ne veut que sa présence pour le moment, il la lui donnera avec plaisir. Mais il doit avouer qu'il aimerait qu'elle lui parle, pour se libérer, et pour que, peut-être, il puisse faire quelque chose.
Alors, c'est rapidement qu'il a attrapé sa veste, enlevé son col, et chaussé ses rollers. En chemin, plein de scenarii lui prennent la tête, plus inquiétants les uns que les autres. C'est le coeur battant et l'esprit tourmenté qu'il arrive devant la porte de la blondinette. Il sonne, et elle ne tarde pas à venir lui ouvrir. Aux traits de son visage, il voit tout de suite une tristesse intense, mais aussi ce qui paraît être une sorte de.... colère? Il s'approche, elle le salue et lui saute dans les bras.
"Hey, petite perle." Ce surnom, il y tient. Car Cassey, elle est précieuse, il faut en prendre soin, non pas comme de quelqu'un de fragile ou dépendant, car c'est un femme indépendante, mais comme une perle. Comme un trésor. Comme la prunelle d'un oeil. Elle a tant de valeur. Il la serre davantage contre lui, déposant un doux baiser dans ses cheveux, passant une main sur sa joue. Toby jette un oeil à la télé. Elle est allumée sur la pire des décadences télévisuelles qui existent. Toby ne se permettrait pas de juger les téléspectateurs, mais c'est réellement le genre d'émissions que l'on ne regarde qu'à un moment où l'on désire se vider l'esprit, ou éteindre son cerveau. Ou alors, quand on est trop fatigué pour se concentrer sur autre chose. Pas le type de programme que Cassey regarderait normalement. Enfin, c'est ce qu'il pense.
Un sac en plastique à la main, il le lève, pour le montrer à la jeune femme. "Quand je vais pas bien, en ce moment, je mange mes émotions. Je sais que c'est pas bien et qu'on risque de grossir, mais ça marche pour me remonter le moral, alors..." Il sourit, tendrement, plongeant son regard dans celui de la demoiselle. "D'habitude, je mange des beignets, mais y en avait plus, alors j'ai pris des glaces pleines de sucres, d'additifs, et de colorants à partager." déclare-t-il simplement, affichant un sourire solaire. Il reprend son sérieux, sans pour autant s'écarter d'elle, la tenant toujours par la taille. "Cassey, dis-moi la vérité..." poursuit-il. "Comment te sens-tu vraiment?"

✩ There's nobody singing to me now.

Cause it's a bittersweet symphony this life Trying to make ends meet, you're a slave to the money then you die. I'll take you down the only road I've ever been down You know the one that takes you to the places where all the veins meet, yeah. No change, I can't change, I can't change, I can't change, but I'm here in my mold, I am here in my mold. But I'm a million different people from one day to the next I can't change my mold, no, no, no, no, no, no, no Well I never pray, But tonight I'm on my knees, yeah. I need to hear some sounds that recognize the pain in me, yeah. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singing to me now.…

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Une vague de soulagement l’envahit quand elle voit le visage doux et chaleureux de Toby devant sa porte. Une autre, plus forte encore, de bien-être la submerge quand elle se blottit dans ses bras rassurants. Comme s’il émanait une lumière réparatrice, Toby, une lumière qui parvient à éclairer un peu les ténèbres dans lesquels elle est plongée depuis le retour de son premier amour dans sa vie. Elle ferme les yeux, de longues secondes, pour tenter de s’imprégner de cette sensation agréable. La première de la journée. Il ne sait pas à quel point elle lui est reconnaissante, Cassey. Reconnaissante d’être venu, non, d’avoir accouru pour la retrouver simplement parce qu’elle, elle va mal. Elle n’est pas sûre que qui que ce soit d’autre aurait pu faire la même chose pour elle. Peut-être son frère. Mais c’est d’autant plus fort, d’autant plus touchant pour lui qui ne lui doit rien, mais qui lui donne tout. Il lui réchauffe le cœur, tout doucement, il lui rappelle qu’il est encore en état de fonctionner. Il ne sait pas le bien qu’il lui fait, Toby, simplement par sa présence. Simplement par son existence. Il déclenche un sourire, encore timide, mais plus sincère cette fois sur ses lèvres quand il prononce ce petit surnom qui devient récurrent. Il a une telle tendresse envers elle, ce n’est pas quelque chose dont elle a l’habitude. Son baiser contre ses cheveux, sa caresse contre sa joue, lui tout entier, il lui fait du bien. En se reculant doucement de leur étreinte, elle approche ses lèvres des siennes pour lui voler un doux baiser, pourtant rempli d’intensité, presque solennel. Baissant ensuite les yeux vers le sac qu’il a emmené avec lui, la belle le regarde d’un air un peu plus amusé. – T’es plus utile que les glaces ou les beignets pour remonter le moral. Mais il est adorable, vraiment adorable. Il doit se douter qu’elle ne va pas aussi bien qu’elle le prétend, Toby. Ils commencent à se connaître tous les deux. Il est tout aussi adepte du sourire radieux qui cache la souffrance qu’elle. Puis, il y a quelque chose de plus. Un peu comme si, quelque part, il arrivait à lire en elle. Peut-être que c’est un don qu’il a en lui. Avec la voie qu’il a choisie, ce ne serait pas surprenant. Ou peut-être que c’est quelque chose qu’il a avec elle, quelque chose qui se passe entre eux. Car elle a l’impression, parfois, cette impression de se sentir connectée avec lui. C’est certainement pour cette raison qu’elle se sent incapable de lui mentir, incapable de lui cacher ce qu’elle ressent derrière un sourire de façade. – Je me sens… Fatiguée de trop ressentir. La souffrance, la peine, la rancœur, la haine même, tous ces sentiments qui sont en train de la ronger. Elle n’a pas été créée pour cela, Cassey. Elle ne peut pas vivre avec autant d’émotions négatives, elles sont en train de la tuer à petits feux. Sa main qui se glisse dans la sienne, elle attire son ange jusqu’au canapé du salon. Elle éteint la télévision sans regret avant de s’asseoir à ses côtés. Elle replie les jambes pour entourer ses bras autour alors que son regard se pose sur Toby. – Je ne devrais pas être comme ça… Ça me rend malade d’être comme ça. Elle n’est pas du genre à laisser la tristesse l’envahir, Cassey. Elle n’a pas l’habitude de se replier autant sur elle-même, de se morfondre, comme une moins que rien… Elle déteste réagir ainsi. Elle déteste encore plus de le faire à cause de lui.

CODAGE PAR AMATIS

Toby a tout lâché pour accourir vers Cassey, pour venir la voir dans sa souffrance, la réconforter s'il le pouvait, humblement, à son niveau. Il pouvait le voir, qu'elle souffrait réellement et cela lui retournait l'estomac d'imaginer ce qui avait pu se passer pour qu'elle réagisse de la sorte, Cassey, cette femme si forte, si pétillante depuis qu'il la connaissait. Elle l'embrasse, contre les lèvres, et il sourit encore plus tendrement qu'auparavant devant sa douce remarque. "Tu es gentille..." répond-il, rougissant instantanément. C'est paradoxal, ce rosé sur ses joues, quand on pense aux moments intimes qu'ils ont pu partagé tous les deux. Mais là, il n'est pas là en tant qu'amant, juste en tant qu'ami, en tant qu'oreiller, punching ball, bac à larmes, ou n'importe quoi d'autre qu'elle aimerait qu'il soit en cet instant. Elle se défait de leur étreinte, et le tire par la main jusqu'au canapé. Elle s'y assoit, les genoux serrés contre sa poitrine. Toby dépose le sac plastique contenant les glaces sur la table basse, ôte sa veste, et s'assoit tout contre elle, tourné dans sa direction. Il l'écoute. Elle est fatiguée de trop ressentir. Elle s'en veut d'être ainsi, elle qui aimerait rester forte en toutes circonstances. Logique, pour cette mère célibataire qui a dû mener de bien nombreuses batailles pour en arriver à sa position actuelle. Le prêtre se contente de hocher la tête, de lui sourire. Il la prend doucement par la main, avec sincérité et calme. "Mais Cassey, c'est normal de ressentir. Parfois, les sentiments font vraiment mal, et c'est d'ailleurs là qu'on se rend compte qu'ils sont sincères, qu'ils sont vrais et qu'il faut les extérioriser." déclare-t-il. Le trentenaire passe une main sous son menton, pour capter son regard, avant de lui sourire, de cette façon solaire et sereine dont lui seul possède le secret. "C'est ce qui fait que tu es humaine. Tu as tes fragilités, et il faut les accepter. Ne pas s'entêter à s'enfermer, à les fuir, mais les affronter. C'est hyper dur, j'en sais quelque chose, mais ça libère. Y a aucune honte à se retrouver submerger, à avoir peur. Absolument aucune. C'est naturel. Il n'y a aucune honte à pleurer non plus..." Il dépose un petit baiser contre son nez, puis la contemple en silence. Un échange de regards s'en suit, et subitement, il semble comprendre, découvrir quelque chose à propos de la situation. Il ouvre la bouche une fois, la referme, cherchant ses mots. Et finalement, il reprend la parole. "Ma petite perle... Qui est-ce qui t'a fait du mal?" demande-t-il finalement, toujours ses yeux azures, remplis d'inquiétude, ancrés profondément dans ceux de son interlocutrice. Cette fragilité qu'il décèle en elle le tétanise. Il ne veut pas qu'elle souffre ainsi, il ne veut pas voir cette tristesse dans son regard, cette peur, cette façon d'être submergée par les émotions. Elle semble une petite fille terrifié, ses bras enlaçant ses jambes, dans une position de défense. Dès cet instant, il aimerait être capable de tout prendre, d'aspirer ce mal-être pour le faire sien, et ainsi libérer la demoiselle de son fardeau. Mais c'est malheureusement impossible.

✩ There's nobody singing to me now.

Cause it's a bittersweet symphony this life Trying to make ends meet, you're a slave to the money then you die. I'll take you down the only road I've ever been down You know the one that takes you to the places where all the veins meet, yeah. No change, I can't change, I can't change, I can't change, but I'm here in my mold, I am here in my mold. But I'm a million different people from one day to the next I can't change my mold, no, no, no, no, no, no, no Well I never pray, But tonight I'm on my knees, yeah. I need to hear some sounds that recognize the pain in me, yeah. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singing to me now.…

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Un petit sourire en coin se dessine sur les lèvres de Cassey quand elle entend le compliment du jeune homme. Gentille, elle l’est peut-être, mais l’entendre de sa bouche à lui, lui qui est accouru pour elle ce soir, c’est amusant, attendrissant. Elle est profondément touchée de le voir à ses côtés. Loin d’y être indifférente, elle se sent entourée de tout cet amour, toute sa présence qui vient illuminer quelque peu son cœur assombri. Elle se rend compte qu’il est là pour elle à chaque instant, Toby. Qu’il s’agisse simplement de monter un meuble ou bien de reconstruire son cœur, il est toujours là. Elle ne saurait même pas lui montrer à quel point elle lui est reconnaissante. Peut-être plus tard, peut-être qu’elle tentera de lui dire, oui. Mais, là tout de suite, elle s’en sent incapable, déjà trop épuisée par ses émotions. Elle est juste fatiguée, fatiguée de ressentir autant de choses qui la rongent depuis trop longtemps. Recroquevillée sur elle-même, elle laisse échapper quelques mots révélateurs de son état à son interlocuteur qui prend tout de suite l’initiative de saisir sa main. Elle entrelace ses doigts aux siens, sans un mot, alors qu’il lui explique que la douleur est humaine, en gros. Elle l’écoute, Cassey, mais elle secoue la tête de droite à gauche en signe d’opposition. Elle sait pourtant qu’il a raison. Elle sait qu’on ne peut pas fuir ses émotions. Mais si elles deviennent si lourdes à porter, comment peut-elle faire autrement ? Tout ce poids va finir par l’écraser. – Je sais que c’est normal mais… Je t’assure, je ne devrais pas ressentir tout ça… Pas là… Pas avec lui… Surtout pas avec lui. Il ne mérite pas qu’elle se mette dans un tel état, Owen. Elle devrait lui être indifférente, elle devrait être guérie de cette blessure depuis longtemps. Elle devrait ne s’inquiéter que pour sa fille. Pas pour le fait qu’elle, elle doive désormais l’accepter dans sa vie. C’est au-dessus de ses forces. Si elle a du mal à soutenir le regard de Toby, quand il vient poser sa main sous son menton, quand il l’embrasse délicatement, elle ne peut plus le fuir. Ses yeux qui se plongent dans les siens, elle ne dit rien mais, eux, en dévoilent peut-être bien davantage. Il semble réaliser à cet instant l’intensité de sa souffrance. Elle ne sait pas trop comment, ni pourquoi, mais subitement, il a l’air plus inquiet, plus effrayé pour elle. Il comprend que quelqu’un lui a fait du mal. À ses paroles, une première larme coule instantanément sur le visage de la blondinette, comme s’il venait de casser l’une de ses barrières. Le pire étant que, non, Owen ne lui a pas fait de mal. Pas depuis vingt ans. Elle se met dans cet état pour… Pour quelqu’un qui ne devrait plus avoir aucune importance dans sa vie. – Mon… Elle soupire doucement, peine à trouver ses mots sous l’émotion. Elle ne se sent plus capable de réfléchir. – Le père d’Arya… Je l’ai revu, par hasard… Elle essuie du revers de la main cette larme qu’elle n’accepte pas. Pleurer pour lui, il en est hors de question. Elle l’a déjà trop fait. Elle resserre de ses mains tremblantes l’emprise de ses bras autour de ses jambes. – Maintenant, il veut la connaître et… Et je suis censée accepter qu’il revienne après vingt ans…

CODAGE PAR AMATIS

Elle ne devrait pas ressentir cela dans cette situation, elle ne fait que le répéter, prostrée, épuisée. Si vulnérable. Lorsque les larmes finissent par couler, Toby détourne un peu la tête, comme pour lui laisser un peu d'intimité dans la déferlante de ses émotions. Lorsqu'elle reprend la parole, il la regarde tendrement et comprend très bien son désarroi. L'homme qui l'avait laissée enceinte vient de revenir dans sa vie, tant d'années plus tard. Elle était une adolescente à l'époque. Il lui a fait un enfant et s'est enfui avant l'accouchement, laissant derrière lui une jeune fille de 16 ans complètement brisée. Détruite au moment où elle était encore en train de se construire. Il observe la demoiselle en silence, puis repose sa main contre sa joue humide, dans une douce caresse. Il a mal pour elle, son empathie lui fait ressentie ce qu'elle ressent. C'est douloureux. C'est une souffrance que de refaire face à un événement, un souvenir, qui nous a terrassé.
"Je vois, un fantôme qui surgit du passé." dit-il simplement, comme pour se résumer la situation en quelques mots. Et pas n'importe quel fantôme: un esprit qu'elle aurait voulu oublier.
"Après 20 ans, il a voulu te retrouver?" demande-t-il pour mieux comprendre la situation. Que quelqu'un veuille connaître sa fille, c'est normal... mais pourquoi avait-il attendu vingt ans pour les rechercher ? Pourquoi d'un coup s'intéressait-il à elles ? Toby n'aimait pas cette idée, la crainte le submergeait qu'il puisse leur vouloir du mal. Peut-être avait-il l'impression d'avoir raté sa vie et voulait-il retenter sa chance avec la femme dont il avait possédé le coeur, espérant avoir encore de l'emprise sur elle ? Ce serait ignoble. Ou alors, peut-être voulait-il seulement se racheter et se repentir? Toby...ne juge pas pour ne pas être jugé. Ne laisse pas la jalousie te guider...Après tout, il est vrai que ce lâche a eu le coeur de Cassey et que toi, tu ne l'a pas comme tu aimerais l'avoir, en partie à cause de ça. Il pousse un petit soupire.
"Qu'est-ce que tu ressens envers lui maintenant? Ne retiens pas tes mots." Qu'elle parle pour sortir sa tristesse, sa colère et tout ce qu'elle peut avoir sur le coeur. Encore plus si les mots qu'elle désire utiliser sont virulents, violents. C'est important de tout extérioriser, d'envoyer balader son ressenti au vent, pour mieux pouvoir l'analyser. Car sa façon d'agir cache peut-être autre chose que de la haine: ce peut être des regrets, des remords... Tout ce qui aurait pu l'empêcher de pardonner et qui fait qu'à présent, elle n'est pas indifférente au retour de son amour de jeunesse. Elle le lui avait dit, c'était la seule fois où elle s'était autorisée à aimer. Depuis son abandon, elle ne voulait plus. Et c'était bien ce qui faisait du mal à Toby, en y repensant. Mais il ne montre rien. Ce n'est pas le moment. Cassey ne doit rien sentir, car elle va déjà assez mal pour ça. Alors, il lui sourit tendrement, l'invitant par les traits bienveillants et chaleureux de son visage à la confidence sans retenue. Il est prêt à tout entendre. Il l'aime, il veut son bonheur, pas ses larmes.

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Un fantôme qui surgit du passé. S’il n’était que cela. S’il n’était qu’un fantôme. Il a été un fantôme durant toutes ces années, il la hantait, il l’empêchait de se laisser à nouveau aller à une véritable histoire. Mais il est on ne peut plus réel à présent qu’il est de retour dans sa vie. Il rend ses émotions plus réelles aussi, plus fortes, comme si en ressurgissant après tout ce temps, il avait aussi fait remonter à la surface toute la douleur qu’elle avait réussi à enfouir en elle. Douleur qui l’a foudroyée sur place à l’instant exact où son regard a recroisé le sien, vingt ans trop tard. Le pire étant que, non, il n’a pas voulu la retrouver… Les retrouver. Non. C’est à cause d’un simple hasard. Elle aurait pu poursuivre sa vie tranquillement si seulement elle n’était pas chez elle ce soir-là. Si seulement il ne travaillait pas. Cela aurait été tellement plus facile. Tellement moins douloureux. À la question de Toby, la belle secoue négativement la tête. – Pas du tout, c’est juste le hasard… Il n’aurait jamais fait la démarche sinon, même pas pour Arya. Et c’est ce qui fait le plus mal. Car il aura beau dire tout ce qu’il veut, Owen, il aurait continué sa vie sans se poser aucune question s’il ne l’avait pas croisée par hasard. Il n’aurait jamais pris la peine de rencontrer sa fille. Il n’aurait jamais pris la peine de s’excuser. De toute façon, il ne l’a pas fait, il a tout rejeté sur son père. C’est ce qu’elle est en train de penser, là tout de suite, remuant cette nouvelle souffrance alors que Toby lui demande ce qu’elle ressent. La réponse est instantanée, évidente. – Je le déteste. Elle prend une profonde inspiration. – Je le déteste parce qu’il débarque comme si c’était normal, il ne se rend même pas compte du mal qu’il a fait ! Il ne se rend même pas compte que notre fille a dû grandir sans père et qu’aujourd’hui encore, elle est traumatisée à l’idée d’être abandonnée par tout le monde ! Il ne se rend pas compte qu’il m’a bousillée ! Il se trouve des excuses complètement foireuses juste pour ne pas assumer que c’est un enfoiré. Ses mots sont durs. Mais ils sont à la hauteur du ressentiment qui l’habite. À la hauteur de sa souffrance. Et elle ne s’arrête pas là, Cassey. – Il a osé me dire que c’est à cause de mon père qu’il est parti, comme s’il n’était qu’une victime alors qu’il l’a parfaitement choisi ! Ah, et il était soi-disant mourant, pourtant ça ne l’a pas empêché de devenir pompier ! C’est un menteur en plus d’être un lâche, je n’ai aucune envie qu’il approche ma fille. Et elle se tait enfin. Elle se rend compte de tout ce qu’elle vient de dire. Quelque part, cela la libère d’un certain poids qui commençait à s’accumuler. Mais cela ne la fait pas se sentir mieux pour autant. Au contraire, elle sent à nouveau les larmes lui monter aux yeux alors qu’elle les repose enfin sur lui, Toby. Le seul homme qui ne lui a jamais fait de mal. – J’ai peur qu’il lui fasse du mal. C’est bien ce qui l’effraie le plus. Qu’il fasse du mal à son bébé comme il lui en a fait à elle.

CODAGE PAR AMATIS

Elle avait de la haine à son encontre, ce qui n'était pas étonnant, vu ce qu'il lui avait fait subir. Et de ce qu'elle semblait dire, il n'était pas venu exprès pour s'excuser, ou retrouver sa fille. C'était tout bonnement le hasard qui l'avait mené sur le chemin de Cassey. Et il avait agi comme si de rien était, il ne s'était pas excuser, il n'avait fait que trouver des prétextes à son comportement, du moins, aux yeux de la blondinette. Bien évidemment, Toby était de son côté, mais il ne doutait pas que l'avis de la jeune femme était biaisé par la haine, mais aussi la crainte de le voir détruire sa vie à nouveau. Et c'était le comportement normal de tout être humain. Elle voulait se protéger, elle et sa fille, mais toute cette histoire lui remontait à la gorge. Elle ne parvenait pas à rester indifférente, était trop fière pour fuir, mais trop tétanisée pour affronter nettement le problème.
Toby l'enlaça, voyant les larmes lui monter de nouveau aux yeux. Cela lui déchirait terriblement le coeur. Il la serra contre lui, lui caressa les cheveux, avec extrême tendresse, cette douceur qui émanait de lui habituellement encerclant la demoiselle, dans une bulle protectrice. "Cassey.." souffla-t-il, déposant un petit baiser contre son front. Il s'écarta légèrement et lui sourit de nouveau.
"Je suis de ceux qui pensent que les rencontres n'arrivent pas par hasard... Et je te comprends, tu as toutes les raisons de lui en vouloir. Il t'a fait énormément de mal. Mais à force de la haïr autant, de le détester de cette façon, c'est toi-même que tu abîmes, Cassey... Pas lui. Tu es une personne formidable, et... c'est tout. Tu as élevé ta fille seul, il n'est que le père biologique, c'est tout. Tu n'es pas obligée de l'accepter dans ta vie, et personne ne te blâmera si tu décides de le repousser." L'acte de pardon n'était pas un acte venant des émotions, mais de la raison, de la volonté. Cependant, la demoiselle ne semblait pas prête à y arriver. Et c'était bien normal, vues les circonstances. "Cependant, c'est le géniteur de ta fille et... je pense, mais je peux me tromper, que chaque être humain, chaque enfant, pour grandir et avancer, quelque que soit son âge, a parfois besoin de connaître ses origines. C'est... peut-être le cas d'Arya..." déclare-t-il, tendrement. Il ne lui donne que des conseils, pour la calmer, pas des ordres. Il ne dit pas non plus que c'est la meilleure solution, puisqu'il ne connaît pas la fille de Cassey, il n'a jamais eu le plaisir de la rencontrer. "Est-ce que tu en as parlé à ta fille? Peut-être que tu devrais la laisser choisir..." déclare-t-il. "Et je répète, tu n'es pas obligé de l'accueillir comme un ami, les bras grands ouverts. Tu n'es pas obligée de le laisser entrer dans ta vie, connaître ta vie, partager quoi que ce soit avec lui. Mais une rencontre pour ta fille, ça ne mange pas de pain, ça lui ferait peut-être du bien. " ajoute-t-il. "J'avoue que je suis un peu nul pour le coup, pour te remonter le moral...J'aimerais tellement qu'il soit pas venu, parce que je suis certain qu'il ne mérite pas ta crainte,
qu'il ne mérite rien de toi..." déclare-t-il. Puis, tentant de détendre l'atmosphère, il continue. "T'es sûre que tu préfères pas la glace finalement?" demande-t-il naturellement, en riant très légèrement.

✩ There's nobody singing to me now.

Cause it's a bittersweet symphony this life Trying to make ends meet, you're a slave to the money then you die. I'll take you down the only road I've ever been down You know the one that takes you to the places where all the veins meet, yeah. No change, I can't change, I can't change, I can't change, but I'm here in my mold, I am here in my mold. But I'm a million different people from one day to the next I can't change my mold, no, no, no, no, no, no, no Well I never pray, But tonight I'm on my knees, yeah. I need to hear some sounds that recognize the pain in me, yeah. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singing to me now.…

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À peine Toby vient-il l’enlacer que toute cette rage en elle, cette haine qu’elle ne sait plus contenir, s’évapore. Elle ne sait pas trop comment il fait, mais il y parvient. Il apaise ses tourments en l’espace de quelques secondes. Son cœur émietté recommence à battre normalement, non plus par intermittence au gré de ses élans de rancœur. Elle ferme les yeux, blottie dans ses bras, elle se laisse faire sans l’enlacer comme si elle n’avait plus la force d’en faire autant. Elle veut juste sentir son corps contre le sien. Son cœur contre le sien. Sa présence auprès d’elle. Ses caresses lui font du bien, pendant un instant, elle parvient à s’apaiser. Mais lorsqu’il évoque les rencontres, comme le fruit du destin, elle secoue la tête négativement. Elle n’a jamais cru au destin, Cassey. Si elle a retrouvé son ancien amour, c’est uniquement parce qu’elle a eu le malheur d’avoir un voisin maladroit. Sinon, elle aurait pu continuer longuement sans le revoir. Mais il a raison sur une chose, Toby. Toute cette haine, c’est elle que c’est en train de ronger. Elle qui se sent abîmée alors qu’il va parfaitement bien, Owen. Et cela ne fait qu’exacerber sa colère contre lui, sa rancœur intacte depuis vingt ans. Elle ne veut pas le revoir, non. Rien ne l’y oblige, c’est vrai. Seulement s’il recommence à avoir une place dans la vie d’Arya, elle sait pertinemment que les leurs seront liées à nouveau. Ne serait-ce qu’en entendant parler de lui, sans parler de tous les événements autour de la jeune fille. Elle ne peut pas faire comme s’ils étaient simplement des parents séparés comme tous les autres. Ce qu’il a fait était odieux, cruel. Elle ne se sent pas capable de l’accepter. Et elle sait, quelque part, qu’elle n’aura pas le choix, pour sa fille. Elle n’aura pas le choix de l’aider à supporter cette situation, à la comprendre, à l’accepter peut-être, si c’est ce dont elle a vraiment besoin comme le suppose Toby. – Je sais que c’est à elle de choisir… Je ne compte pas lui cacher la vérité. Elle n’a juste pas encore trouvé le courage de le faire. Car elle le sait, cela va lui faire du mal, c’est certain. Et cela va la rendre dingue, elle, de voir sa fille blessée à cause de cet homme. Prenant une petite inspiration, pour tenter de calmer ses émotions avant qu’elles n’éclatent de plus belle, elle n’a pas le cœur à rire à la petite plaisanterie de Toby. Elle a le cœur à vif, les sentiments trop forts, trop douloureux. – Arya ne voudra pas le voir. Je le sais. Mais ce sera à moi de m’assurer qu’elle n’en a pas besoin… Ce sera à elle de la convaincre d’y réfléchir. À elle d’être là pour elle. Pour eux. Même si cela doit lui briser le cœur. Elle ne pourra pas faire autrement. Et ce n’est pas pour Owen, certainement pas, mais pour sa fille. Pour elle, Cassey sait déjà qu’elle le fera. Passant fébrilement la main dans ses cheveux, la jeune femme finit par relever la tête vers son ange. Elle lui offre un petit sourire, le premier depuis qu’elle a craqué. – Tu n’es pas nul… C’est moi. C’est moi qui suis nulle. Il ne mérite rien, t’as raison… Même pas ma haine… Il y a pourtant bien de quoi le détester. Plus encore avec l’attitude de son ex depuis son retour. Mais il a raison, Toby, c’est elle que c’est en train de ronger, de détruire à petits feux.

CODAGE PAR AMATIS

Cassey semble s'être calmée, un peu, alors qu'elle affiche un très faible sourire à l'attention de son interlocuteur. Il la regarde, en silence un instant. Elle semble avoir un poids en moins sur le coeur, même si l'affaire semble loin de lui être indifférente. Le trentenaire sourit de nouveau, simplement, tendrement, avant de reprendre la parole. "Cassey, il n'y a pas le feu au lac. Si vraiment il veut voir sa fille, il peut attendre que tu te sentes prête à lui parler. Prends ton temps et tant pis pour lui. En vingt ans, il n'a rien fait pour vous, aucun pas vers vous, alors... Il peut bien attendre un peu plus. Il n'a pas à s'imposer à vous. C'est bon de pardonner, un jour, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut tout accepter. " déclare-t-il. Oui, la meilleure solution, la plus humaine, était de s'assurer qu'Arya voulait le voir car elle en avait besoin, et non parce qu'elle s'y sentait forcée par le destin. De même, si elle disait ne pas vouloir le rencontrer, sa mère devait s'assurer que c'était un choix réfléchi et non de rancoeur. La rancoeur était terrible, il suffisait de voir la façon dont parlait Teddy à Toby à présent. Il pousse un petit soupire, avant de recentrer son attention sur la demoiselle. Elle est encore tremblante, incertaine, au point de lui répondre que c'est elle qui est nulle dans l'histoire. Il lui caresse tendrement la joue, y dépose un petit baiser naturelle, simple, doux. 'Tu n'es pas nulle, Cassey, tu es juste humaine." répond-il finalement, gardant une main dans ses cheveux, avec douceur. "On ne peut pas demander à un coeur brisé de cicatriser sur demande." La preuve en était, en vingt ans, elle n'avait pas fait un trait franc sur son histoire, au point que la réapparition de son ancien amour la rende bancale, fébrile, fragile à ce point. Elle, la mère seule entrepreneuse, séductrice. "Mais il vrai que tu dois dépasser ta haine, pour aller mieux, toi-même. Pas pour lui, mais pour toi. Pense aussi à toi dans cette histoire." explique-t-il. Il prend un ton serein, rassurant, avant d'afficher un large sourire solaire.