faire taire les démons (gabin)

Tu pouvais pas rater ce rendez-vous. Ton père ne t’aurait pas laissez-le rater de toute manière, quitte à venir te chercher lui-même pour foutre ton petit cul de blanc bec dans un taxi. Sauf que papa n'est pas là, partie à l’autre bout de la terre, direction Paris et la famille qui vous attend là bas. Les oncles, les tantes, les cousins, toute la lignée des Saint-Clair qui se pavane sur la plus belle avenue du monde. Il t'a pas demandé de l’accompagner, il t’a prévenu au dernier moment, histoire de te dissuader si tu avais voulu le suivre. Tu comprends –en fait non-, il n’a pas surement pas envie de traîner son boulet de fils, de répondre d'une façon gênée quand on lui demandera ce que tu fais dans la vie. « Rien ». Non rien, tu ne fais rien, rien de bien pour lui. Mais dans un relent d’espoir il a tout de même tenu à te confier cette mission, ce rendez-vous de la plus haute importance. Enfin pas tant que ça, ton père tiens trop à ses affaires pour te confier un rendez-vous qui pourrais compromettre l’avenir de la Saint-Clair Corps. Non, non, rien avec beaucoup d’enjeux. Un dossier à remettre, une signature à poser, un contrat signer sur un coin de table. Au bas mot, l’entretien ne devrait pas durer plus de cinq minutes. T’enfile le costume hors de prix, le même offert par papa, celui que tu ne sors que pour les grandes occasions, hésite devant la bouteille de bourbon. Est-ce bien raisonnable ? Est-ce que tu te préoccupes encore de la raison ? Tu hésites un moment, la bouteille hors de prix entre tes mains encore tachées d’encre et de peinture, puis dans un geste certains tu vides le restant de la bouteille sur un lit de glace. Tu te répètes que c’est pour t’aider, pour avoir un peu plus confiance, pour être moins stressé. La réalité est tout autre. La réalité c’est que t’en a juste besoin. Un besoin viscérale, qui te prend aux tripes. Merde, t’es camé. Et parce qu’il n’y a plus rien à boire tu te décides enfin à quitter ton appartement, t’engouffrer dans le taxi qui t’attend en bas de ton immeuble, t’emmener à quelques rues d’ici. Le bureau de papa et toutes les personnes qui courbe l’échine devant toi. « Bonjour Monsieur Saint-Clair », on attrape ton manteau, on te colle un dossier entre les mains. Tu sais pas faire. Tu sais pas faire sa putain. Tu sais pas. Et tu sens la panique t’envahir un petit peu, les voix remonter dans ta tête, les murmures qui te répètent que tu n’y arriveras pas, que t’es un moins que rien. Un moins que rien Roméo. T’inspire avant d’entrer dans le bureau, de serrer les mains de ses hommes qui t’attendent déjà. T’ouvre le dossier, réparti les feuilles devant eux, sans entendre les questions qu’on te pose, les interrogation auxquels tu dois répondre. T’essaie, tant bien que mal, p'pa t’avait pas préparé à ça, p'pa t’avait pas dit que ce serait comme ça. Ils devaient juste signer. Entrer, signer, repartir. Non ils ne signent pas. Ils ajustent leurs costards en se levant. Ils reviendront quand ton père sera rentrée de voyage. Pourquoi est-ce qu'il ne signe pas ? Parce que t’es qu’un moins que rien Roméo. Tu quittes le building, refuse le taxi qui t’attend encore en bas de l’immeuble, te réfugie dans le premier bar qui croise ta route. Un whisky. Double. Sans glace cette fois-ci. Le liquide ambre pour apaiser ta peine, apaiser les voix.

t'as l'impression que cette période reviendra toujours dans ta vie. qu'il y aura toujours ce stade ou t'auras juste envie de tout foutre en l'air et de t'enfermer dans ta chambre pour le reste de ta vie. t'étais ado, maintenant t'es adulte, mais t'as l'impression que rien n'a vraiment changé. tu te sens totalement paumé, depuis quatre ans déjà même si t'as pas encore osé l'avouer. mais t'arrives pas vraiment à reprendre le dessus. tu t'es installé dans cette fichue routine pour essayer de te faire croire que tu contrôles tout, mais au final, tu contrôles pas grand chose. t'as pris une claque dans la gueule avec le retour de nate dans ta vie, comme ça, comme si c'était normal de le voir débarquer au coin de la rue alors qu'il s'est barré pendant trop de temps. et t'as ton monde qui a éclaté. un peu comme quand tu t'es retrouvé au sol. y'a un truc qui a craqué. mais à l'époque, c'était sans doute une de tes côtes.

un soupir s'échappe de tes lèvres. t'as pas envie de bouger, t'as pas envie de quoi que ce soit en ce moment. mais voir elisa tourner en rond dans votre appartement avec un détecteur d'esprit te rend dingue, alors tu préfères encore enfiler tes chaussures et ta veste, abandonnant ton téléphone sur ton lit. pour une fois t'as pas envie d'être dérangé. tu te fiches de l'heure, de ce qu'il peut bien se passer. tu glisses tes doigts contre ton visage et tu fronces un peu les sourcils, tandis que tu aperçois une silhouette familière au loin. enfin. c'est juste le mec de ta frangine, quoi. tu l'aimes pas trop roméo, tu sais pas ce qu'il fait par ici. et puis ... ta journée est déjà un peu merdique, de toute façon. tu glisses tes doigts dans ta nuque et entres à ton tour dans ce bar. tu te mords l'intérieur de la joue. t'as même pas envie de boire une quelconque dose d'alcool. mauvais journée ? tu demandes finalement au brun avec un petit rictus, même si ce dernier s'évapore rapidement. pareil pour moi. je cherche pas la merde aujourd'hui, promis. tu ajoutes dans un soupir, t'adossant contre le bar. t'as rien d'autre à faire aujourd'hui, de toute manière.

T’imagine déjà le regard de ton père, les remontrances qui viendront ensuite, la déception sur son visage, la honte d’avoir pour fils un incapable comme toi. Un bon à rien comme toi. Un bon à rien. Incapable de faire signer un simple papier, un dossier tout prêt, prêt à être signé. Ce n'était pourtant pas compliqué. Tu devais juste te rendre au rendez-vous, faire bonne figure, signer le dossier, repartir. Mais non. Même la mission la plus simple il fallait la faire foirer. Tu quittes le bâtiment, esquivant les associer de ton père, ceux qui ont pour toi des tas de questions, des tas de réclamations. Ils veulent savoir Roméo, ils veulent savoir pourquoi tu foires tout. Toujours tout. Et tu fuis au lieu de répondre à ces questions, d’affronter tes problèmes, de les prendre à bras le corps. Tu dévales les escaliers, refuse le taxi, pour te rendre dans le premier bar qui croise ton chemin, t’y installer devant un verre de whisky. Tu bois quelques gorgées, font disparaître les voix, du moins tu les rends plus silencieuses, plus discrètes, t’arrive à les ranger dans un coin de ta tête, les oublier totalement quand tu termines ton verre pour en commander un nouveau. Tu remarques à peine la présence qui s’installe à côté de toi, l’ombre masculine qui prend place. Il te faut plusieurs minutes pour te rendre compte que l’ombre à côté de toi n’est autre que Gabin, le frère de ta petite amie. Le frère de ta bien-aimée. Celui qui ne t’apprécie pas, qui au fond ne tu’as surement jamais apprécié. Et pourquoi en serait-il autrement ? Pourquoi verrait-il en toi le bon parti pour prendre soin de sa sœur ? Non, bien sur que non, il ne peut voir en toi le mec parfait, toi le fils à papa, le bon à rien, l’alcoolo qui croit encore en ses rêves de gloire et de grandeur, l’artiste bidon. Et tu ricanes à sa question, un rictus mauvais qui te tord la bouche. Vous ne vous appréciez pas. C’est ainsi, ce sera surement ainsi jusqu’à ce qu’Élisa en ait marre de toi, jusqu’à ce qu’elle te quitte pour un autre. Pourtant tu acquise. Oui c’est une mauvaise journée, et oui elle continue sur la même trajectoire. Quoique. Il t’avoue être lui aussi pris dans un mauvais sentiment, et annone une trêve. Une trêve inespérée. Tu te redresses un peu, l’observant, son dos contre le bar, le regard inquiet, les sourcils froncés. Tu comprends pas tellement pourquoi il agite un drapeau blanc aujourd’hui. Qu’est-ce qui le pousse à faire ça. « C’est Élisa qui serait heureuse d’apprendre ça… », tu te tais aussitôt, te rendant compte du sujet à ne pas aborder si tu ne veux pas provoquer une nouvelle bataille. Tu finis par te racler la gorge, repose ton verre pour te tourner vers lui. « Qu’est-ce qui te contrarie aujourd’hui ? », si seulement on t’avait dit ce matin que tu taillerais le bout de gras avec Gabin Curtis aujourd’hui…

roméo, oh roméo. tu ne l'apprécie pas, et ça, il est le premier à le savoir. mais t'aimerais bien un mec un peu mieux pour elisa. elle mérite mieux. tu te mords l'intérieur de la joue, l'observes de longues secondes. tu ne pensais pas vraiment le croiser, et tu ne sais pas non plus pourquoi tu es allé à sa rencontre. t'aurais pu faire volte-face, t'éloigner le plus vite possible, pour ne pas te prendre la tête, pour aller trouver refuge dans un autre bar, même si ce n'est pas totalement ton genre de te noyer dans l'alcool. de toute façon, tu ne le tiens pas, alors bon. autant boire un verre à la maison, et aller te coucher ensuite. c'est élisa qui serait heureuse d'apprendre ça... tu hausses les épaules, retenant un petit soupir et glissant une main contre ton visage, venant finalement t'appuyer contre le bar, la tête tournée vers le brun. sans doute, ouai. tu réponds. elle te le dit bien assez souvent, que tu devrais faire des efforts. mais t'en as pas spécialement envie. sauf peut-être ce soir. tu le connais quasiment pas roméo. tu retiens un petit soupir, celui qui sera, de toute manière la bruit vous entourant l'aurait bien rapidement étouffé. qu'est-ce qui te contrarie aujourd'hui ? tu hausses un peu les épaules, l'air de rien, tes doigts tapotant le bar quelques secondes. un serveur s'approche et, finalement, tu commandes un verre. sans doute pas la bonne idée quand on connaît ta tolérance à l'alcool. le retour d'un ex après quatre ans de silence. tu souffles en te pinçant brièvement les lèvres. c'est pas totalement faux, quand tu y penses réellement. c'est juste ça, et pleins d'autre trucs aussi. un soupir t'échappe bel et bien, cette fois. tes doigts glissent dans tes cheveux, tu payes le serveur. et toi alors ? tu demandes au brun, le détaillant un instant du regard. tu te pinces les lèvres, observes un peu la foule autour de vous. rien de bien particulier. de toute manière, tu n'as pas le cœur à te concentrer sur quoi que ce soit, aujourd'hui.

Tu sais ce qui se passera au retour de ton père, tu sais que tu devras lui expliquer, dans les moindres détails lui dire pourquoi ça a merdé, pourquoi ça n’a pas fonctionné. Tu t’imagines aisément dans son bureau, debout, à attendre la sentence comme un gamin qu’ont puni après une connerie. Parce que c’est la réalité, t’es toujours ce gamin penaud qui attend son châtiment. T’es pas foutu de lui tenir tête à ton père, tu ne seras pas foutu de trouver les bons mots, de lui expliquer que t’a fait absolument ce qu’il voulait, que les autres ont tout fait foirer. Il te croira pas de toute façon, il trouvera forcément à redire, et dans un soupire il abdiquera sur le fait de ne plus jamais rien te confier. La voilà la triste réalité. Et t’aurais pu te racheter, courir après ces mecs, les menacer, les forcer à signer mais tu n’en as rien fait. Non. Tu as acquiescé, bien gentiment, profitant de leur départ pour aller noyer ta carcasse dans l’alcool au troquet du coin. C’est tout ce que tu sais faire Roméo, Roméo le bon à rien, Roméo qui rate tout, Roméo qui se noie une fois de plus. Encore assez lucide, tu remarques immédiatement la carcasse qui s’installe à côté de toi, le visage qui ressemble à celui de ta bien-aimée. Gabin. Tu serres les dents. Tu sais le peu d’affection qu’il a pour toi, tu n'as pas vraiment envie de sa compagnie aujourd’hui. Pourtant il agite déjà le drapeau blanc, viens en paix, lui non plus n’est pas prêt à se battre. Ça te fait ricaner, la situation, la paix entre vous, tu lui fais remarquer, tu lui dis qu’Élisa en serait heureuse d’apprendre que vous avez pu avoir une conversation sans vous étriper. Tu n'as pas l’air de le convaincre, tant pis. Tu veux savoir ce qui le contrarie, toi Roméo, t’essaie de faire un pas vers lui, engagez la conversation. Puisque de toute façon vous êtes tous deux en train de noyer votre chagrin, autant vous parlez. Il t’avoue sans retenue, le retour d’un ex, après quatre ans. Tu comprends pas vraiment, tu n'as jamais eu de relation aussi importante, rien que des amours vains, destiné à disparaître après une énième crise. Tu hoches doucement la tête, tu sais pas vraiment quoi lui dire, tu réponds juste à sa question. « une énième déception pour mon père… », tu ne seras jamais le petit garçon parfait dont il a si souvent rêvé, tu ne seras jamais le descendant de son empire, sa fierté, le fiston à papa. Il a longtemps cru pouvoir te changer, il a longtemps cru qu’un jour tu deviendrais comme lui. Il s’est planté, en beauté. « J’ai beau faire tout mon possible, je le décevrais toujours », les yeux dans le vide, c’est comme une prise de conscience. Tu ne pourras jamais, jamais, jamais le satisfaire. Et c’est ainsi. Tu lui accordes un regard, te redresse un peu. « Peut-être que la vie t’offre une nouvelle chance avec… cet ex… », tu hausse les épaules, qu’est-ce que tu’en sais toi ? qu’est-ce que tu connais du destin et des chances ? Et de l’amour en général…

pour une fois que vous arrivez à vous parler, avec le brun. c'est incroyable, quand même. sans doute qu'élisa ne va pas te croire quand tu le lui raconteras. tu n'en sais trop rien. tu te mords l'intérieur de la joue, fait tourner ton verre dans ta main un court instant, avant de laisser le liquide salvateur glisser entre tes lèvres. il ne faudra plus longtemps avant que tu ne sois plus tellement en état de penser à tout tes soucis. un des avantages de pas franchement tenir l'alcool : t'as pas besoin de beaucoup boire pour être bourré. tu retournes la question à roméo, après avoir soufflé le retour de nate, après ces quatre longues années d'absences. et putain, c'est dur. une énième déception pour mon père… tu restes silencieux un instant, t'as pas ce souci, toi. même si tes rapports avec ton père son compliques. tu ne sais pas trop quoi dire au brun, après tout. tu fermes les yeux un court instant, préfère rester silencieux. j'ai beau faire tout mon possible, je le décevrais toujours. tu tournes un peu la tête vers le brun. tu te pinces les lèvres un instant et retiens un petit soupir. dit lui qu'il t'en demande trop. t'en sais strictement rien, tu connais pas roméo, tu connais pas son père, tu connais rien du pseudo-mec de ta frangine. tu te mords l'intérieur de la joue et retiens un faible soupir. ouais, non, j'en sais rien. tu ajoutes dans un soupir, fermant les yeux quelques secondes. tu restes silencieux de longues secondes, avant de tourner la tête en direction du brun. peut-être que la vie t'offre une nouvelle chance avec... cet ex... tu hausses les épaules. peut-être, ouais. tu te contentes de souffler, buvant une nouvelle gorgée dans ton verre. enfin bon, il s'est quand même barré sans rien dire. et reviens comme une fleur. tu ajoutes dans un long soupir, haussant les épaules. c'est juste ... compliqué à gérer. tu souffles finalement, haussant un peu les épaules face au brun, un sourire triste sur le bord des lèvres. c'est quand même dingue, qu'il n'y ait qu'une situation comme celle-là, à vous morfondre, pour vous permettre de vous rapprocher un minimum.

Voilà tout ce que tu sais faire Roméo, gâcher les beaux projets de ton paternel et noyez ton chagrin dans le whisky de mauvaise qualité. C’est d’un triste, d’un pathétique. Tu’aurais surement pu arranger les choses, rattraper les hommes et leurs expliquer, appeler ton père, lui demander des conseils, préparer cet entretien bien avant qu’il a lieu. Tu’aurais surement pu faire quelque chose Roméo, comme les forcer à signer, jouer au grand méchant, les menacer. Tu’as vu ton père le faire si souvent quand tu’étais gosse, il doit surement te rester quelques notions de « tyran ». Ouais, tu’aurais surement pu rendre ton père fière de toi cette fois là, pourtant tu n’en n'as rien fait, rien du tout. Et quand il reviendra, c’est la déception que tu pourras lire dans ses yeux. Mais pour le moment c’est l’alcool qui t’aide à surmonter tout ça, qui t’aide à chasser les voix qui te répètent sans cesse que tu ne serais qu’un bon à rien. Elles ont tellement raison. Et au fond du trou tu ne t’attendais pas à rencontrer Gabin, pas ici, pas comme ça, pas dans le même état que toi. Il tire le drapeau blanc, range les hostilités et entame la conversation. Lui non plus n’a pas passé une bonne journée, il te raconte, brièvement, l’histoire avec son ex, tu lui racontes en retour, lui parle de ton père, de la déception, de ce qu’il peut te demander, de ce qu’il peut espérer encore et toujours. Et il te répond finalement Gabin, te conseil de lui dire qu’il t’en demande trop. Tu ricanes, un rictus amusé au bord des lèvres. Comme si ça pouvait suffire, comme si ton père pouvait se contenter de cela . Finalement il abdique, parce qu’il ne connaît rien à votre relation. Et tu te sens autoriser à faire un commentaire à ton tour, sur son histoire d’ex, de retour dans sa vie. Tu vides ton verre, le pose devant toi, tes yeux qui l’observent longuement quand il t’explique. L’ex s’est barré, sans rien dire, pour revenir soudainement comme une fleur. Puis il termine en concluant que c’est juste compliqué à gérer, et t’imagine bien. Enfin non t’imagine pas. Tu n'as jamais vécu ça en réalité. Tu hausse les épaules, toi Roméo le romantique, comment tu pourrais lui donner des conseils ? « Peut-être que… », tu hésites un instant, « qu’il avait de bonnes raisons de s’en aller ? », tu fais signe au serveur, lui montre ton verre pour qu’il te réserve, « comme il en a eu pour revenir sans doute », tu sais pas en vérité, peut-être pas, peut-être qu’il a toutes les fautes, toutes les responsabilités, et puis au fond tu connais rien à cette histoire, c’est surtout pour lui faire la conversation, lui montrer que tu n’es pas si mauvais que ça, ni pour lui, ni pour Elisa, ni pour toi.

conseils ridicule, dont il se fiche sans doute, roméo. ouais, sans doute que c'est ridicule de simplement dire à son père que c'est trop. tu connais pas ce genre de situation, t'as toujours eu des parents qui ont été la pour te soutenir. en même temps faut dire que t'as pas non plus une histoire comme tout l'monde, que t'as juste été victime de tout ça à un moment donné et que, sans l'aide de tes parents, de ta fratrie, de nate, t'en serais pas là. tu ne serais même plus là. tu fermes les yeux un instant, rongé par le doute, par tout ces questions. pourquoi est-ce qu'il est revenu, nate ? pourquoi après tant de temps.
tu ne devrais pas boire, tu ne tiens pas l'alcool, c'est ridicule pour un mec de tenir aussi peu l'alcool. peut-être que… qu’il avait de bonnes raisons de s’en aller ? comme il en a eu pour revenir sans doute. tu te pinces les lèvres un instant, restant silencieux quelques secondes de plus, portant finalement le verre à tes lèvres. elle va t'en vouloir, élisa, si tu rentres bourré. et elle saura mieux que quiconque que ça ne va pas, en ce moment. elle le sait déjà, de toute manière. sans doute, oui. tu hausses les épaules, glissant une main dans tes cheveux bruns. c'est sa vie après tout. t'étais seulement de passage. après six ans de relation, t'étais peut-être pas si important, pour que nate s'envole à l'autre bout du monde en coupant les ponts. tu te mords l'intérieur de la joue un instant, un soupir glisse sur tes lèvres, et ton regard se perd dans ton verre. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant, avant de tourner la tête vers ton vis-à-vis. j'ai rien contre toi, t'sais. tu souffles en l'observant. élisa c'est ma jumelle. un part d'moi. j'suis comme ça avec tout les mecs qui l'approchent. tu ajoutes. t'aimes juste pas voir des mecs tourner autour de ta sœur, et c'est égoïste, tellement égoïste. parce que tu ne t'es jamais empêché de vivre tranquillement ton histoire, toi. mais élisa ... élisa tu peux pas laisser quelqu'un lui faire de mal, c'est au-dessus de tes forces. t'es pas certain de pardonner un jour au mec qui osera la blesser, que ce soit roméo ou un autre. un léger soupir t'échappe, et tu glisses une main dans ton visage, haussant un peu les épaules face à ce dernier. prends soin d'elle. que ça veut surtout dire. je veille au grain.

la bonne surprise dans tout ça, c’est que tu n’avais jamais imaginé rencontrer le frère de ta “presque” petite amie dans le bar du coin de la rue. A vrai dire, tu ignorais qu’il était du genre à s’en jeter un petit en plein milieu de l’après-midi. Toi par contre, c’est une chose que tu pratiques souvent. Trop sans doute. C’est peut-être un coup de pouce du destin, un aide venu du ciel pour ta réconciliation avec Gabin. Mais au fond, est-ce qu'il y a vraiment quelques à réconcilier ? Tu t’es jamais trop disputé avec lui, t’en est jamais venu aux mains, tu n'as jamais fait quoi que ce soit de répréhensible, si ce n’est sortir avec sa soeur. Et tu sais bien que dans le monde des hommes, ça suffit. C’est une raison vraiment suffisante. Pourtant il ne semble pas vouloir être un con ce jour-là, il boit, comme toi, te parle de ses soucis, s’inquiète pour les tiens. Quelques confidences échangé, toi, ton père, la déception que tu ailles créé en lui, encore, puis ça recommencera, encore une prochaine fois. Lui, et le retour de son ex. Toi des ex t’en a pas vraiment, du moins pas assez pour avoir ce genre d’embrouilles, ce genre d’emmerde qui ne lâche jamais la tête, qui prend tout le crâne, tout l’esprit pour vous pourrir la vie. Non, toi c’est bien plus profond que ça, et tu le sais, te conforte dans ton mal-être. Tes douleurs sont tellement plus importantes que celles des autres Roméo. Tu le sais. Même dans la peine tu vaux mieux que le commun des mortels. Il te ramène à toi quand il ouvre une nouvelle fois la bouche, quand il avoue n’avoir rien contre toi, quand il te parle seulement d’Élisa, de sa jumelle, et de l’amour qu’il lui porte. T’imagine bien ouais, l’amour qu’on peut éprouver pour un membre de sa famille, t’imagine aussi qu’il ne souhaite pas un mec comme toi pour sa sœur. Peut-être même aucun mec. C’est ce qu’il te dit. T’affiche un sourire, doucement, hausse les épaules, ton verre au bord des lèvres, répond avant d’en boire une gorgée. “Je vois”, tu reposes le verre, détourne le regard un moment. Qu’est-ce que tu peux bien lui dire sur toi et Élisa ? Qu’il n’y a rien de vraiment sérieux . Qu’elle est trop bien pour toi, sans aucun doute, qu’un jour elle te quittera, comme les autres ? Que vous n’êtes pas vraiment ce genre de couple idéal, qu’au fond, vous n’êtes même pas vraiment un couple. “c’est quelqu’un de bien ta soeur”, t’affiches un sourire tendre, repose tes yeux sur lui, “je l’aime vraiment bien”, et comment lui dire ? comment lui dire à ce frère trop protecteur que malgré toute l’affection que tu peux avoir pour elle tu ne l’aimes pas comme il faut, comme un homme aime une femme, comme un homme aime sa femme.

tu sais même pas ce que tu fous là. tu tiens franchement pas l'alcool, alors à quoi bon ? t'aurais pu rester tranquillement dans ton lit, ça aurait sans doute été plus productif. mais t'en sais rien, t'as le moral à rien, vraiment rien. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant. est-ce que c'est un réel avantage que d'en être à discuter avec roméo ? t'en sais trop rien. tu te pinces les lèvres un bref instant et retiens un petit soupir, haussant un peu les épaules à ses mots. je vois. ouais, c'est pas contre lui que t'en as, c'est contre les mecs qui s'approchent un peu trop près de ta frangine. quels qu'ils soient. tu te pinces les lèvres de longues secondes, observes le brun. tu ne sais pas trop quoi penser de tout ça, de cette histoire entre lui et elisa. tu retiens un petit soupir, hausses une nouvelle fois les épaules. c'est quelqu'un de bien ta sœur. je l'aime vraiment bien. tu hoches un peu la tête, esquisses un sourire à ton tour, malgré tout. je m'en doute. tu souffles doucement, presque ... réconfortant ? t'en sais trop rien. tu te mords l'intérieur de la joue et viens tremper tes lèvres dans ton verre. l'alcool au goût puissant. je veux qu'on prenne soin d'elle, c'est tout. tu souffles face à roméo. t'es pas un mec méchant, mais tu peux rapidement montrer les crocs si quelqu'un s'en prend à ta famille. j'veux dire. la fais pas souffrir roméo. tu clarifies simplement tes propos. non, il n'a pas intérêt à la faire souffrir, d'une manière ou d'une autre. tu te pinces un bref instant les lèvres et glisses une main dans tes mèches brunes avant de te redresser un peu, ton regard se posant sur le brun.
c'est tout ce que tu lui demandes, que de prendre soin de ta frangine.