(kindaflashback) / just wanna make you feel okay - brandy

les étés sur la plage, la maison en bord de mer, les réveils au son du chant des mouettes, les vagues qui allaient et venaient pour s'écraser contre les récifs à quelques pas du pied-à-terre. le tableau était idyllique pour une gamine qui n'avait encore rien vécu. ces instants hors du temps résumant à eux seuls tout ce qu'elle partageait encore de bon coeur avec sa famille. elle n'avait jamais su raccommoder des liens qui n'avaient que peu existé. et ce, à n'importe quelle époque. dès ses premières années de vie, elle s'était sentie en marge de tout ce que pouvait représenter les hartwell. sans doute trop dans le paraitre, à tout faire pour dévoiler un portrait de famille parfait. jusqu'à engager leurs enfants sur des terrains qu'ils avaient déjà tracés d'eux-mêmes, sans les consulter. quand à l'abri des regards, les coups de pinceaux et les couleurs qui habillaient le tableau s'effritaient à une vitesse vertigineuse. les bonnes ondes de la maison familiale étaient vacillantes, l'harmonie rarement très longtemps présente. pourtant, ils n'étaient pas fatigué de faire semblant. la mauvaise pièce continuait d'être jouée, acte après acte, jour après jour, devant les yeux d'une brandy qui s'essoufflait. c'était sans doute pour échapper à cette comédie qu'elle voguait au plus loin des siens, les opportunités trop vite saisies. elle les laissait derrière elle sans en éprouver la moindre culpabilité, ni la moindre contrariété. et là seulement, elle se sentait respirer. c'est dans un instant de liberté de cette trempe qu'elle se promène près de l'eau, que les grains de sable glissent entre ses doigts de pied, qu'elle sourit sereinement avant d'échapper un éclat de rire. du haut de son si jeune âge, elle se prend pour la reine du monde. un sentiment inédit lui donne l'impression qu'elle pourrait tout traverser sans s'amocher. il n'y avait qu'ici qu'elle sentait aussi bien. alors elle avait insisté chaque jour passant pour aller grappiller ses quelques heures de bonheur.
et ce jour-là, c'est un tout autre évènement qui ajoute un arc-en-ciel à son existence. une blondinette et son château de sable. déjà comme une forme d'art pour les plus petits. hey, tu veux venir dans mon château ? sa première réaction se matérialise sous un haussement d'épaule. tu ne la connais pas, tu ne l'avais même jamais vue et tu te rappelais vaguement qu'on t'avait souvent répété de ne pas t'adresser à des inconnus. mais est-ce que t'en avais réellement quelque chose à faire ? est-ce que t'avais déjà respecté ne serait-ce qu'une seule des règles qu'on avait tenté de t'imposer ? brandy ne serait plus brandy s'il se trouvait qu'elle commençait à se plier à de futiles recommandations. alors elle se pare de son plus joli sourire avant de s'avancer dans sa direction. tu crois qu'il sera assez solide pour me supporter moi et tous mes soucis ? le plus sérieusement du monde elle s'exprime. comme une adulte qui porterait déjà le poids du monde sur ses épaules. la gamine exprime déjà tout ce qui l'oppresse et s'en sent presque alourdit. puis comme si un courant d'air avait déjà chassé les pensées sombres, elle vient s'accroupir à hauteur de l'édifice. plus près encore de la petite fille. t'as pensé à la forteresse ? il faudrait pas que les vilains viennent prendre la princesse en otage. les préoccupations deviennent plus frivoles, plus de leur âge et le soleil qui se couchera bientôt ne les effraie pas du tout. attends, j'vais t'aider. à deux, c'est toujours mieux. elle s'empresse d'attraper un seau qu'elle s'en va remplir de sable. et de retour, elle s'escrime déjà à dresser des murs qu'elle espère solides. t'as jamais rêvé de vivre dans un château ? elle ne la regarde même pas, tellement concentrée dans sa construction, mais elle est curieuse. un peu rêveuse aussi à cet instant. ce n'est pas tant la dimension féérique qui l'intéresse, davantage le fait de posséder tout un royaume et d'être importante pour tout un peuple. parce qu'elle voudrait exister plus fort brandy, elle voudrait compter. quelque part, pour quelqu'un, pour de vrai. et c'était peut-être sa manière un peu bancale de l'imaginer. le temps d'une parenthèse.