(viv) shits and giggles [délai : 17/05]

01. family / Tout d'abord, y'a Ljungstrand, qui prend trop de place sur le maillot de foot. Ljungstrand ou une carrière qui prend, elle aussi, trop de place. La passion de ton père, façonnant vos vies à tous les cinq - tes deux soeurs, tendres compagnes d'infortune. La vie comme une putain de fête, tant que l'équipe gagne. Tant que ton père sait balancer le pied ou les poings. Une enfance passée sous les paparazzi et l'opinion publique. Puis, la retraite comme un tombé de rideau, les larmes des fans et les sourires navrés de ta mère. Viens alors ta mère, précieuse héritière d'un empire textile. La décadence, depuis la petite enfance, pour mode de vie. Et l'absence de talent de ton père, en la matière. D'où le crash financier, presque en douceur. Les poches pleines de rien. Outch. Enfin, y'a tes deux petites soeurs : Catrine (18ans) et Elisabet (16ans). Des princesses arrachées à leur vie de château et des caprices qu'elles y couvaient. Du drame financier, vous voilà en pleine drame familial. Ce qui explique, certains jours, ton incapacité à vivre avec eux. 02. sport / C'est pas tant que tu te sois émancipé de ta famille, pas vraiment. Parce que le sport a toujours été en toi. Qu'on l'a même encouragé - papa aurait préféré que tu suives ses traces dans le foot, mais c'était trop de pression. Ça te rendais malade, déjà gamin. Alors maman t'as plutôt enfilé des patins. Puis t'as trouvé un bâton et papa à arrêté de râler, parce que tu t'es mis à gagner. Alors non, tu t'es pas vraiment enfui de chez toi quand t'as reçu ta bourse d'étude. Mais faut le dire, t'as pas cherché à côté. C'est toi qui a voulu quitté le pays. Toi qui aura filé la même envie à tes soeurs. Oopsie. 03. outch / Qui dit sport, dit blessure. D'autant plus quand on à des défenseurs aux fesses - mais après, dur de leur reprocher, vu le matos que tu possèdes. T'as pris un bon coup, y'a deux ans. C'est là que t'as fais la connaissance de l'oxycodone, pour t'aider à aller mieux. Pour que ton genoux ne soit pas trop douloureux. T'y as pris goût, évidemment, sauf que tu devais pas. Tu pouvais pas. Ça t'auras pas empêcher, bien entendu, mais au moins tu marches droit et t'es presque aussi rapide, sur tes patins, qu'auparavant. Suffit de vouloir. 04. boytoy / Ton séjour à l'hôpital t'aura aussi permis de rencontrer des gens, aka ton médecin. T'as flirter, par habitude et par plaisir, mais tu ne t'attendais pas à ce qu'elle réponde positivement. Ça ne devait durer que le temps d'une nuit et seulement après ton rétablissement - madame ne couche pas avec ses patients, voyez-vous. C'était sans compter sur ta passion pour foutre en l'air les règles et flouer les limites. Votre histoire aura finalement duré deux mois. À hanter son lit, à lui rappeler que votre différence d'âge n'était rien et à lui piquer des feuilles de prescription. Depuis, tu vois certaines de ses ami(e)s. Ça aura commencé avec un couple et maintenant, tu joues à saute mouton, sans savoir te poser. Par plaisir, puis par intérêt - parce que faut pas se leurrer, les jolis joujoux dans ton genre, ça s'entretient. Toi, t'as le corps et l'énergie, eux ils ont l'argent. 05. money / T'as pas honte de le dire, mais c'est toi qui a demandé une compensation financière, la toute première fois, à l'un de tes amants. Parce que tes parents sont pratiquement fauché, mais que t'es comme tes soeurs : t'as jamais su réduire ton mode de vie. T'aime les belles choses, c'est plus fort que toi. T'as bien essayé de trouver un boulot, de ceux qui n'exigent pas que tu vires tes vêtements, mais ça n'a pas fonctionné. Entre tes entrainements, tes études et ton incapacité à éviter les fêtes, t'as vite abandonné. Non, c'est plus payant et pratique de fricoter avec les gens aisés. En plus, t'aime bien les personnes âgés, elles sont gentilles et généreuses. 06. addict / En plus du sport et du sexe, voir de l'argent si tu te montres très honnête, t'as développé une petite dépendance à la drogue. L'oxycodone, plus précisément. Oh, t'as bien essayé d'autres trucs, merci aux sugar daddy et mommy, mais l'oxy c'est ton péché mignon. Une jolie illusion, celle d'être un comprimé acceptable. Pour un sportif, s'entend. Après, ça aura pas pu durer. Pas quand on joue à ton niveau. Pas si on ne veut pas perdre sa bourse. T'as essayé de ralentir, mais t'as commencé à changer. Le sevrage, c'est pas ton fort. Et finalement, c'est ta mommy préférée - après la tienne de génitrice hein - qui t'as envoyé en cure de désintox. Une cure spéciale, déguisée en SPA et sachant dissimuler discrètement les petites déviances des gens riches. Un endroit plutôt sympa, en soit. Où tu t'es fais des amis. Où t'as changé de poison : la codéine, c'est plus facile à gérer. Plus facile à dissimuler, surtout. 07. party hard / Si t'as une autre passion dans la vie, c'est le plaisir. Pas seulement avec ton corps écrasé à celui d'un(e) autre. Non, toi t'aimes le contact humain. T'es un fanatique de la foule. T'aimes sentir un océan de corps t'avaler et te bousculer. Si en plus, tout le monde passe les mains sur toi ou te regarde, c'est encore mieux. Alors tu cherches les fêtes, t'invite dans celles qui n'ont pas la chance de t'avoir sur leur liste et tu te donnes tout entier. Tu danses, tu chantes, tu parles à tout le monde. T'es bien charmant, trop collant, mais t'es presque rassurant. Parce que toi, t'es pas là pour profiter d'une situation, t'es seulement là pour prendre le pouls de la fête. Pour t'en enivré.