road to happiness (asmée)

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{ road to happiness }
crédit/ tumblr ✯ w/@castiel browning

Tu me liras des histoires,
On ira trouver le trésor,
On ira.

Elle déambule dans les couloirs de l’université. Elle prend ses marques. Ici, à New-York depuis quelques jours seulement. Elle prend ses marques, dans un tout autre univers. Elle prend ses marques, dans un endroit qui ne ressemble en rien à celui qu’elle a quitté. Jeune actrice, étoile montante du petit écran, aujourd’hui à l’université. L’université. Elle n’y a jamais mis les pieds. Jamais. Un rôle décroché dans une série télévisée à l’âge de seize ans seulement. La vie banale, tu ne connais pas, Asmée. T’es passée d’une adolescente un peu trop exubérante à une actrice reconnue. Changement brutal. Eloignement. Eloignement d’une famille. Eloignement d’un domicile. Eloignement de toute une vie. New-York quitté il y a six ans, retrouvé aujourd’hui. Mais tout a changé. Tout. La famille n’est plus, les amis ont disparu. Tout a changé, et toi aussi, Asmée. Gamine propulsée dans un monde d’adultes. Gamine incapable de trouver ses limites, parce qu’incapable de se trouver elle-même. Parfait paradoxe entre un cœur innocent et une vie de débauche. Travers de la célébrité. Goût pour l’alcool un peu trop prononcé. Images violentes à effacer. La poupée perdue, nageant à contre-courant dans les méandres de l’océan. Au fond, il n’y a rien de pire que ce sentiment profond de ne plus savoir qui on est. De ne pas savoir qui on est. Il n’y a rien de pire que cette impression que, d’une seconde à l’autre, on pourrait s’envoler et disparaître. C’est pour cette raison que tu t’es exilée, Asmée. Pour essayer de te remettre sur pieds. C’est pour cette raison qu’on t’a conseillé des vacances, Asmée, pour éviter un nouveau scandale. Mais est-ce plus facile, en étant seule ici ? Est-ce plus facile, en se sentant plus à l’écart que jamais ? Pourtant le sourire cache. L’exubérance cache. La facilité à se lier cache aussi. Cache cette peur, celle de ne plus être à sa place. Plus jamais.
Et tu cherches.
Tu cherches ta place.
Tu cherches à te sentir connectée au monde qui t’entoure.
Elle cherche, oui. Elle cherche, comme aujourd’hui, en fouinant un peu dans l’université. Les cours n’ont pas encore commencé mais elle s’y est rendue pour finaliser son inscription. Hors de question de repartir sans avoir fait un petit tour. Sans être passée au Club informatique. Non pas qu’elle est l’âme d’une jolie geek, mais elle veut le voir, lui. Castiel, beau brun bien avec lequel elle a discuté un long moment, la dernière fois. Beau brun qui attire son attention, parce qu’il ne ressemble en rien aux hommes qu’elle a pu connaître. Le bout de son nez pointe derrière la porte, un regard à la volée, puis elle entre lorsque son regard croise le sien. - Coucou ! Le beau sourire qui vient percuter le sien, alors qu’elle reprend la parole bien rapidement. - Tu vas bien ? C’est plus fort que toi, Asmée. C’est viscérale. T’as besoin d’être entourée.

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crédit/ tumblr ✯ w/@castiel browning

Elle est transparente, Asmée. Emotionnellement transparente. Si bien que, lorsqu’elle va mal, lorsqu’elle va bien, elle est incapable de le cacher. Elle est comme une enfant, se baladant le cœur entre les mains. Elle est comme une enfant, incapable de mentir ou tricher. Un comble, pour une actrice comme elle. Qui incarne un personnage à la télévision depuis six ans. Incarnait. Un comble, de ne pas savoir jouer la comédie dans sa propre vie. Mais c’est également ce qui la rend différente. Cette facilité à s’offrir au monde. C’est également ce qui la rend vulnérable, beaucoup plus que les autres. Beaucoup plus que ses camarades. Beaucoup plus que les autres jeunes femmes de son âge. Parce qu’elle, c’est dans un monde artificiel qu’elle a dû grandir. Grandir et apprendre à se construire. Bienvenue dans la vraie vie, Asmée. Bienvenue dans le vrai monde, à vingt deux ans. Et si en apparence, tout l’oppose à Castiel, peut-être qu’ils sont beaucoup plus proches qu’ils ne le pensent. Parce qu’elle parvient à voir, immédiatement, que quelque chose ne va pas. Quoi qu’il dise. Quoi qu’il prétende. Sa réponse est beaucoup trop expéditive, son regard beaucoup trop fuyant, pour ne pas cacher quoi que ce soit. - Je vais bien, merci. Qu’elle répond d’abord, laissant croire qu’elle ne s’attardera pas sur son cas. Et c’est pourtant un sourire aux lèvres, s’approchant de lui pour s’asseoir sur le bureau, qu’elle reprend. - Et toi ? Qu’est-ce qui ne va pas… ? Ignorant totalement sa réponse. Parce que ce ne sont pas les mots qui comptent. Les mots ne peuvent être que mensonges. Et t’es bien placée pour le savoir, Asmée. Toi qui construis ta vie sur une illusion. Tes parents qui t’ont élevée avec des illusions. - Et n'essaie pas de faire semblant, on ne se connait pas énormément mais ça crève les yeux que tu n’es pas au mieux de ta forme. Qu’elle ponctue, avec une petite moue adorable. Elle peut se montrer taquine, la gamine solaire, mais elle sait se montrer téméraire. D’autant plus lorsque sa sensibilité parle, comme aujourd’hui. Avec lui. Après tout, il est un ami en devenir, Castiel. Il a été présent pour elle, l’autre jour, lorsqu’elle faisait le tour de l’université. Parce que t’as peur, Asmée. Beaucoup plus que tu ne veux bien le montrer. T’as peur de ne pas être prête pour cette vie. Cette vie, ni aucune autre.

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crédit/ tumblr ✯ w/@castiel browning

Elle n’a pas envie de le gêner, elle n’a pas envie de le mettre mal à l’aise, et encore moins le forcer à parler s’il ne le souhaite pas. Elle n’a pas envie de le forcer à penser à des choses désagréables, douloureuses. Mais elle a cette innocence qui la pousse à être honnête. Cette innocence qui lui fait remarquer que, pour lui, tout ne se passe peut-être pas pour le mieux. Et ça fait partie de la vie réelle, Asmée. C’est le quotidien, avoir des amis et être présente pour eux. Pour des problèmes, des vrais problèmes, autres que des caprices de starlettes.

Et elle ne peut pas l’obliger à lui parler, l’obliger à se confier, mais elle peut l’aider à ne pas tenter de lui mentir. Elle peut lui éviter de se cacher derrière des faux semblants, derrière une façade, une apparence. Ce qu’elle fait, en déclarant qu’elle voit clair à travers la profondeur de ses yeux tristes. Une réussite, puisque Castiel reprend la parole, avouant à demi-mots ce qui trotte dans son esprit, cette fois. - Oh… L’amour. Le couple. Ce sont deux choses qu’elle ne connait pas, Asmée. Deux choses qu’elle n’a jamais réellement eu l’occasion d’expérimenter. Parce que chaque fois, ton cœur s’emballe. Pour l’un. Pour l’autre. Parce que chaque fois, tout s’essouffle. Parce que ta carrière n’a jamais laissé place à quoi que ce soit d’autre. Elle n’a jamais eu d’histoires sérieuses, Asmée. Elle n’a pas d’histoires à raconter. Pas d’autres que celles qui sont sous le feu de la célébrité.

Est-ce que tu t’es perdue,
Cherchant désespérément à exister ?

Elle n’est pas une experte, mais elle peut être là. Elle peut être là, simplement pour l’écouter. Simplement pour être l’oreille attentive dont il a peut-être besoin. Elle peut écouter, sans juger, sans conseiller. - Et… Qu’est-ce qui s’est passé ? Pour que vous vous disputiez ? Au fond, elle ne sait rien de Castiel. Elle ne sait rien de la femme qui partage sa vie. Elle ne sait rien de leur couple. Tout ce qu’elle sait, c’est ce qu’elle voit, de ses yeux opales. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il a l’air gentil. Profondément gentil. Et qu’il ne mérite certainement pas de souffrir à cause d’une femme. Si ce n’est pas lui qui a fait l’erreur. Parce que les infidélités, tu ne connais que trop bien, ta mère ayant soupçonné ton père de trop nombreuses fois de se perdre dans les cuisses d’autres femmes.