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 you're never strong enough that you don't need help (izzie)

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Message Sujet: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Jeu 22 Nov - 19:24




YOU'RE NEVER STRONG ENOUGH

THAT YOU DON'T NEED HELP

Isabella & Milo

Moins d’une semaine s’était écoulée depuis le retour du fils prodigue dans son Queens natal, et Milo, fidèle à lui-même, était déjà parvenu à s’attirer des ennuis. Son premier samedi soir au bercail n’avait pour ainsi dire rien à envier à ceux, tumultueux et scandaleux, qu’il avait eu l’habitude de vivre depuis sa plus tendre adolescence et le début de ses frasques à répétition. Très intelligemment, c’est un Milo mort saoul et complètement défoncé qui n’avait pas jugé utile de la fermer face à deux types aux airs peu commodes, au lieu de quoi il s’était ouvertement moqué d’eux en affirmant qu’ils avaient une tête à avoir un QI à deux chiffres. Il n’en avait pas fallu plus aux intéressés pour s’échauffer et s’en prendre à Milo – et si celui-ci, habitué depuis le temps à se ramasser des poings dans la figure toutes les semaines, n’eut d’abord aucun mal à parer leurs coups, voire à leur en asséner quelques-uns en retour, il finit bien entendu dans un piteux état étant donnés leur supériorité numéraire et l’état dans lequel lui se trouvait après avoir consommé tout et n’importe quoi. La situation ne tarda pas à déraper sous les cris appréciateurs des quelques spectateurs qui se délectaient de la scène – ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que le propriétaire du bar devant lequel ils échangeaient leurs coups à tour de rôle sortit, alerté par le chahut devant son établissement. Lorsque les flics arrivèrent, ce fut pour passer les menottes à un Milo dont l’œil droit n’était qu’un vaste cocard, le nez ruisselant de sang et la lèvre inférieure largement fendue. Il faut dire qu’il ne s’en tirait pas trop mal, étant donné que quelques instants plus tôt, on l’avait projeté à terre pour lui asséner quelques coups de pied en plus de ce qu’on lui avait infligé juste avant.

Milo eut l’impression de patienter pendant des heures dans sa cellule, privé de ses possessions, la tête qui tournait, et chaque centimètre carré du corps qui le lançait. De temps en temps, il crachait encore un peu de sang d’une mine dégoûtée. Finalement, on lui annonça le montant de sa caution et il répondit d’un ton égal qu’il la payerait – mais son expression indifférente mua en une moue de franche horreur lorsqu’il réalisa que ses agresseurs étaient parvenus, d’une façon ou d’une autre, à le dépouiller de son portefeuille en plus d’avoir défiguré son ravissant visage. Milo eut l’impression de vivre un réel cauchemar et comprit rapidement que ce n’était pas le flic obèse au regard méprisant qu’il avait face à lui qui ferait preuve de compréhension face à sa situation – sans doute son hostilité n’était-elle pas sans rapport avec le mépris que lui inspirait la voix traînante et pâteuse de Milo, qui trahissait à quel point il était défoncé. Il lui répondit que c’était la caution ou rien, et qu’un tour en cellule de dégrisement ne pourrait pas faire de mal aux camés dans son genre – avant d’ajouter, un sourire sarcastique aux lèvres, que s’il le voulait, il pouvait passer le coup de fil qu’il avait refusé un peu plus tôt. Milo faillit refuser une nouvelle fois ; il n’avait pas la moindre idée de qui il pourrait bien appeler, d’autant plus qu’il n’était de retour dans la ville que depuis une semaine. Mais il finit par se raviser, et, ravalant le peu de fierté qu’il lui restait dans ce moment franchement pas glorieux, il finit par accepter et donna le nom de sa grande sœur.

La sonnerie retentit pendant quelques secondes dans le vide – sans doute pendant qu’Isabella recevait un message automatique lui demandant si elle acceptait l’appel – avant de faire place à une voix familière, légèrement endormie mais aussi, si Milo ne se trompait pas, teintée d’inquiétude ; après tout, elle recevait un appel de la police à cinq heures du matin. « Izzie, c’est Milo… J’suis désolé de te faire ça, mais j’ai besoin de toi – j’suis au commissariat, on m’a pris mon portefeuille, j’aurais vraiment voulu te laisser en dehors de tout ça mais j’ai besoin de toi. S’il te plaît. » Il formula ses propos d’une voix traînante, hachée et ralentie par les morphiniques. Milo détestait ce genre de situations, il détestait dépendre d’autrui et lorsqu’il raccrocha quelques moments plus tard, il sentit ses entrailles se nouer tant il se sentait humilié à cet instant précis.

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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Sam 24 Nov - 12:26



♛ And I would have stayed up with you all night.
Where did I go wrong? I lost a friend Somewhere along in the bitterness And I would have stayed up with you all night Had I known how to save a life Let him know that you know best Cause after all, you do know best Try to slip past his defense Without granting innocence Lay down a list of what is wrong The things you've told him all along…

▼▲▼

C’est la première nuit. La première nuit qu’elle se force à passer aux côtés de son mari depuis qu’il la tient prisonnière. Jusqu’à présent, elle s’est tenue farouchement éloignée de lui. Elle ne lui laissait aucune possibilité de se rapprocher d’elle, de la toucher, elle ne lui adressait pas davantage la parole. Elle l’ignorait autant qu’il est possible d’ignorer quelqu’un que l’on haït de tout son être. Mais, depuis quelques jours, elle entreprend une toute autre stratégie. C’est depuis qu’elle a tout avoué à Nikolaï en réalité. Parler avec lui a permis à la jeune femme de se libérer un petit peu de tout ce poids qu’elle porte depuis des semaines. Et, surtout, cela lui a donné ce qu’elle n’avait plus… L’espoir. Elle a l’espoir de trouver une faille chez Luke. Une erreur, un délit même, qui lui permettrait de le faire tomber pour, enfin, lui échapper. En temps normal, jamais, elle ne voudrait lui faire une chose pareille. Elle n’aurait jamais imaginé vouloir le trahir de cette manière. Mais il ne lui laisse pas d’autre choix. En la forçant à vivre avec lui, il la prive non seulement de l’homme qu’elle aime mais, aussi, de sa liberté. Et, par la même occasion, de son bien-être. Elle va mal, Isabella. Elle s’efforce de tenir le coup. Elle continue de se lever, chaque matin, pour aller travailler. Elle voit encore ses amis, tout du moins ceux que Luke n’a pas réussi à dégoûter d’elle. Elle tente aussi, comme elle peut, de se rapprocher progressivement de lui pour retrouver sa confiance. Mais, tout cela, elle le fait sans même plus réfléchir. Elle agit par automatisme plus que par envie. Elle n’a, à vrai dire, plus envie de rien. Elle est en train de sombrer, peu à peu, sans que personne ne s’en rende compte. Sans qu’elle-même, elle ne s’en rende compte. Elle a tellement l’habitude de tout porter sur ses épaules, elle a tant l’habitude de survivre. Que, finalement, elle n’a même pas conscience qu’elle ne vit plus tout à fait. Elle parvient encore à tenir debout. Il y aura sans doute un moment où elle n’y arrivera plus mais, pas pour l’instant, pas tout de suite. C’est ce qui compte, finalement. La seule chose qui pourrait laisser entrevoir qu’elle est sur une pente glissante, ce sont ces calmants qu’elle prend de plus en plus souvent. Ces calmants qu’elle avale, instinctivement, comme un fumeur allume sa cigarette chaque fois qu’il a besoin de se détendre. Ces calmants auxquels elle devient de plus en plus dépendante. Ce soir, c’est grâce à eux sans aucun doute, qu’elle a réussi à trouver le sommeil. Sinon, auprès de Luke, elle n’y serait sûrement jamais parvenue. C’est ce qui explique, aussi, ce sommeil lourd et profond dans lequel elle est plongée. Un sommeil sans rêve mais, surtout, sans cauchemar. Car elle en a suffisamment lorsqu’elle est éveillée, Isa.

Elle n’entend pas tout de suite la sonnerie de son téléphone portable. Les médicaments, sans doute, car elle a toujours eu le sommeil bien léger. Mais la mélodie stridente, extrêmement violente comme le serait n’importe quelle sonnerie au beau milieu de la nuit, arrive enfin à la sortir des bras de Morphée. Elle se redresse tant bien que mal pour attraper le téléphone portable. Elle ne reconnaît pas le numéro de téléphone, ce qui est assez inquiétant. Mais c’est quand elle décroche qu’elle est vraiment inquiète. Milo. C’est la voix de Milo. Cette fois, elle est pleinement réveillée. – Milo, qu’est-ce qui se passe ? Il a la voix qui traîne, comme s’il était saoul, ou bien… Autre chose. Des mois. Des mois qu’ils ne se sont pas parlé tous les deux… Mais il provoque toujours ce même sentiment en elle. Cette mini-crise cardiaque qu’il est le seul à savoir déclencher. Et les mêmes réactions, aussi. – J’arrive tout de suite. dit-elle simplement avant de se lever du lit rapidement. Elle réveille Luke qui proteste mais, très vite, en comprenant qu’il ne s’agit que de son frère, il ferme à nouveau les yeux. Elle, elle n’attend pas une seconde pour rejoindre son dressing. Quelques minutes plus tard, elle est déjà en route pour le commissariat. Durant le trajet, elle se pose mille et une questions. Elle se demande ce qui est arrivé à Miles, ce qu’il a dû encore faire. Et, aussi, elle réalise qu’il est réellement à New-York. Elle ignore depuis quand, il ne lui en a même pas parlé… Elle se sent blessée. Mais c’est surtout l’angoisse qui la taraude. Il a besoin d’elle… Il l’a même dit deux fois. Et il a beau la rendre dingue, c’est tout ce qu’elle retient. Il a besoin d’elle, et elle, elle a besoin, malgré tout, de s’assurer qu’il va bien. Elle sent bien que ce n’est pas le cas, pourtant. Jamais, il ne lui aurait téléphoné s’il avait eu le choix, elle en a parfaitement conscience. Mais elle n’y réfléchit plus, elle est arrivée. Elle attrape son sac à main et sort de sa voiture pour rejoindre l’entrée du poste de police. Elle décline rapidement son identité, suivie très vite de celle de Milo. L’agent de police l’entraîne jusqu’à la cellule de dégrisement où se trouve son frère. Son petit frère. Le voir derrière les barreaux, même ceux d’une pauvre cellule de dégrisement, lui serre le cœur. Mais, surtout, elle voit l’état de son visage. Le sien, de visage, dénué de maquillage, pâlit nettement. – Comment pouvez-vous le laisser dans cet état ? – C’est un commissariat ici, m’dame, pas une infirmerie. Elle lui jette un regard noir, puis s’approche sans plus tarder de son frère, encore séparés par la cage de fer. – Milo… souffle-t-elle, bouleversée de le revoir, au milieu de toutes ses émotions.
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Dim 25 Nov - 21:46




YOU'RE NEVER STRONG ENOUGH

THAT YOU DON'T NEED HELP

Isabella & Milo

En dépit de l’intense malaise que provoquait chez Milo l’humiliation d’avoir dû demander de l’aide à sa sœur à cinq heures du matin, il ne put s’empêcher d’adresser un sourire goguenard au flic qui lui, lorsqu’il lui avait accordé le coup de téléphone, ne s’était probablement jamais attendu à ce que celui-ci s’avère utile. « Faut croire que finalement, on finira pas la nuit ensemble, toi et moi », lança Milo, tout en regagnant docilement sa cellule non sans son habituelle expression insolente. En guise de réponse, le policier le poussa dans le dos, bien plus violemment que nécessaire, pour le faire rentrer dans sa cellule. Alors qu’il s’éloignait de lui, Milo l’entendit bougonner avec véhémence, déversant un flux d’insultes à l’attention des « camés chômeurs qui en branlent pas une et qui vivent aux crochets des braves travailleurs ». Peu désireux de le corriger et de préciser qu’en réalité, il était dealeur et gagnait parfaitement sa vie sans avoir à dépendre du contribuable moyen, Milo se contenta de s’installer sur la couchette inconfortable qui constituait, à elle seule, l’intégralité du mobilier de la cellule, et attendit la venue de sa sœur. Les sentiments qu’il éprouvait en pensant à Izzie étaient partagés – il ne se sentait pas prêt à endurer son regard déçu et inquiet, ni à l’entendre le sermonner ou même, tout simplement, lui faire part de son inquiétude devant son comportement plus qu’irresponsable. Mais, d’un autre côté, Izzie était la personne qu’il aimait le plus au monde, celle dont la simple vue l’apaisait et suffisait à emplir son cœur meurtri d’une bouffée d’affection. Il avait beau s’être énormément éloigné d’elle ces dernières années et faire comme si cela ne lui posait aucun problème, il aurait été incapable de nier l’évidence : elle lui avait manqué chaque jour depuis qu’il avait mis les voiles à Seattle. Voilà près de quatre ans qu’il ne l’avait pas vue, et de nombreuses semaines qu’il ne lui avait pas même parlé. Alors, même s’il n’était guère enchanté des circonstances dans lesquelles allaient se faire leurs imminentes retrouvailles, il devait bien l’admettre : il avait hâte de revoir le joli visage, doux et familier, d’Isabella.

Il ne sut trop combien de temps s’écoula entre le coup de fil et le moment où une voix familière le tira de sa torpeur – il ne s’était d’ailleurs même pas rendu compte qu’il s’était assoupi, assommé par le mélange très intelligent entre sa bien-aimée oxycodone et les nombreux verres d’alcool qu’il avait descendus au courant de la soirée. Il ouvrit un œil en entendant le ton familier, lourd de reproches et d’inquiétude, qu’employait une Isabella furieuse en s’adressant au même flic ventru qui ne s’était pas privé d’insulter copieusement Milo depuis son arrivée au poste. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Milo, qui, lentement, se leva de sa luxueuse couchette pour venir à la rencontre de sa sœur, dont le visage était livide devant la vision peu glorieuse qu’il lui offrait. Sa démarche était encore plus claudicante qu’à l’accoutumée, et il soupçonna les brutes du bar de lui avoir cassé l’une ou l’autre côte – il n’empêchait que sa démarche de pirate n’en constituait pas moins un progrès spectaculaire depuis la dernière fois qu’il avait vu sa sœur, alité à l’hôpital, avec pour pronostic celui de passer le reste de sa vie en chaise roulante. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres abimées en entendant son prénom sortir de la bouche d’Isabella, et il lui fit face derrière ces horribles barreaux. « Salut, Iz », souffla-t-il, infiniment heureux de voir son adorable visage et réalisant pleinement combien elle lui avait manqué. Sa voix s’était déjà considérablement normalisée depuis leur coup de fil, et pour cause, il se sentait déjà bien plus proche de son état normal, à la nuance près que maintenant, il se sentait profondément épuisé et qu’il avait de plus en plus de mal à ignorer la douleur lancinante qui habitait l’ensemble de son corps. Il réprima toutefois une grimace de douleur, désireux de voir s’amenuiser l’inquiétude évidente peinte sur les traits d’Isabella. C’est pourquoi il reprit la parole sur un ton léger et taquin, usant de sa faculté extraordinaire à dédramatiser les situations les plus graves. « Fais pas cette tête, sœurette, je vais bien - c’est pas comme si je m’étais fait faucher par une voiture », plaisanta-t-il en faisant une référence douteuse à la fois où quelqu’un en avait eu après sa vie. « Bon, et si tu me faisais sortir d’ici, que je puisse te faire un câlin sans me coincer dans les barreaux ? »

Quelques minutes plus tard, le flic ventru fit sortir Milo de sa cellule non sans lui avoir adressé un dernier regard mauvais. L’intéressé ne lui accorda pas une once d’attention, les yeux rivés sur sa sœur. Il s’approcha d’Isabella, culminant à une bonne tête au-dessus d’elle, avant de la serrer contre lui, nouant ses bras autour de sa frêle silhouette dans une étreinte écrasante d’amour. Pour la première fois depuis son retour, Milo se sentit chez lui – l’espace de quelques instants, il eut même l’impression qu’ils s’étaient quittés la veille. Il finit par la relâcher, posa un baiser sur le front d’Isabella et recula d’un pas. Toute trace d’espièglerie avait disparu de ses grands yeux noisette, et son regard était enfin plus adéquat à la situation. « Merci », souffla-t-il, avant de baisser les yeux, rattrapé par la honte que lui inspiraient les événements des dernières heures. « Et désolé… », ajouta-t-il, la voix à peine audible, l’estomac noué. Il savait que, si ces trois petits mots suffiraient à lui faire comprendre l’étendue de sa reconnaissance et de son embarras, tout comme ils étaient toujours parvenus à se comprendre d’un simple regard, elle n’en allait pas moins exiger des explications, et rien ne lui faisait moins envie que de lui admettre ce qu’il avait encore fait comme conneries.


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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Jeu 29 Nov - 19:53

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Quatre ans. Quatre ans qu’elle ne l’a pas revu. Milo. C’est étrange, ce qu’elle ressent en pensant à lui. Il est la personne dont elle se sent à la fois la plus proche et la plus éloignée au monde. La personne avec laquelle elle n’entretient plus le moindre contact mais, aussi, celle qui lui manque chaque jour. Celle pour laquelle elle s’inquiète, chaque jour. Il provoque tant de sentiments en elle, Milo, des sentiments puissants, contradictoires et parfois même totalement opposés. Quand ils étaient enfants, ils étaient si proches l’un de l’autre, en permanence fourrés ensemble. Il y avait les autres, bien sûr, mais Miles était le plus âgé, juste après elle. Il était le seul avec lequel elle pouvait réellement parler. Parler des vrais sujets. Leur mère constamment au travail, leur père jamais présent, leur situation plus que difficile. Et, paradoxalement, il était la seule personne avec laquelle elle pouvait encore avoir l’illusion d’être une enfant quand elle ne l’était déjà plus. Mais les années ont passé et, malheureusement, elles les ont séparés. Aujourd’hui, elle ne sait presque rien de la vie de son propre frère. Pour preuve, elle ignorait même sa présence à New-York. Et pourtant, elle est là, devant lui.

Sans réfléchir, elle est venue. Parce qu’il est sa famille. Et, à ses yeux, c’est ainsi, la famille. Elle sera toujours présente, pour lui comme pour Peyton. C’est instinctif, c’est quelque chose qui fait partie d’elle et, peut-être que, cela fait encore un petit peu partie de lui. Car c’est à elle qu’il a téléphoné cette nuit, elle et personne d’autre. Qu’importe le temps, qu’importe la distance, ils n’ont pas d’impact sur leur relation. Peut-être devrait-elle lui en vouloir. Peut-être qu’elle devrait être en colère qu’après, des mois sans aucune nouvelle, il lui téléphone au beau milieu de la nuit pour le sortir d’une cellule de dégrisement. Peut-être, oui. Ce serait sûrement le cas avec quelqu’un d’autre. Mais… Pas avec lui. C’est idiot, sans doute, mais elle se sent même soulagée. Avec lui, elle n’est pas la femme indépendante qui, sauf forcée comme avec Luke, ne laisserait aucun homme la traiter comme lui, il le fait. Avec lui, elle ne tente pas de se protéger, elle ne l’a jamais fait. Même après tant d’incompréhensions, tant de déceptions, tant de rancœurs entre eux, jamais, elle ne le verrait autrement que comme une partie d’elle. Ils sont les deux faces d’une même pièce. Si, après tout ce temps, c’est tout de même elle qu’il appelle lorsqu’il a besoin d’aide, c’est que, peut-être, il l’aime encore. Cela, elle n’en a presque jamais douté, Isa. Leur amour dépasse tout, leur relation est si fusionnelle, peut-être même tant que c’est pour cette raison qu’elle est aussi si compliquée. Qu’elle fait parfois si mal.

Et elle a mal, Isa. Elle a mal de le voir en si piteux état. Elle a mal de le voir derrière ces barreaux de fer, là où n’est pas sa place. Elle a mal de le voir encore si écorché, si torturé. Il est comme elle, au fond, tout en étant tout son opposé. C’est ce qui lui a toujours donné cette sensation d’être si proche de Milo. Ils ont tous les deux cette partie sombre en eux, peut-être parce qu’ils se souviennent de cette enfance misérable, lui comme elle. Peyton n’est pas comme eux. Elle est lumineuse, elle déborde de cette joie de vivre. Et Jim… Jim n’est plus là. Elle chasse le sentiment de tristesse qui l’envahit  à l’instant où elle voit son petit frère marcher devant elle. C’est la première fois qu’elle le voit debout depuis son accident. Sa démarche est quelque peu branlante mais elle ignore si ce sont les effets des substances qu’il a pu prendre, ou ceux de son accident. Il l’accueille d’un sourire alors qu’elle, elle est encore incapable de lui en offrir un. Elle est envahie d’émotions trop contradictoires. Elle avait oublié ce que c’était, être face à Miles. Elle pourrait sourire et pleurer à la fois. Il semble remarquer son air chamboulé parce que, très vite, il lui lance une plaisanterie loin de l’amuser. Ce n’est pas drôle, vraiment pas drôle. – Milo… Tu marches ! murmure-t-elle, quelque part entre l’admiration et l’émotion qu’elle retient encore. Elle se contente d’acquiescer d’un bref signe de tête quand il lui demande de le faire sortir. Elle n’a aucune envie de le laisser dans un environnement pareil une minute de plus. Elle suit l’officier de police qui lui demande une signature, puis l’argent de la caution qu’elle lui donne sans broncher. Tout ce qu’elle veut, c’est partir au plus vite. Avec son frère.

Et, enfin, les portes s’ouvrent. Plus rien ne les sépare, rien sauf quelques centimètres que Miles franchit en approchant sa sœur. Il la prend instinctivement dans ses bras. Il est si grand, si imposant, plus que dans son souvenir. Elle a l’impression de le redécouvrir et, en même temps, elle se sent à sa place. Une, puis deux secondes passent. A la troisième, Isabella relève à son tour les bras pour l’enlacer avec force. Elle ferme ses yeux brillants alors qu’elle ne parvient plus à le relâcher. C’est comme une bouffée d’oxygène. Il lui a tellement, tellement manqué. Il ne peut pas imaginer à quel point. C’est lui, fort heureusement, qui décide finalement de la lâcher. Elle, elle ignore quand elle l’aurait fait. Elle croise son regard, ces deux grandes prunelles noisette qui retrouvent leurs jumelles. Il la remercie, tout de suite, puis s’excuse. Elle n’a pas besoin de plus. Elle le connaît si bien, Isa. Elle sait qu’à cet instant, il est embarrassé, honteux aussi probablement. Il aurait voulu ne pas en avoir besoin. Mais elle, elle est rassurée que si. Elle ne sait pas quand elle l’aurait vu, sinon. – Arrête, ce n’est rien. déclare-t-elle d’une voix douce avant d’approcher à nouveau pour déposer un baiser contre sa joue. C’est sa manière de lui dire qu’il a bien fait. Qu’elle est heureuse de le voir. Ou bien, peut-être, qu’il lui a manqué. Sûrement un peu de tout à la fois. – Viens, on rentre. dit-elle simplement avant de prendre sa main pour l’attirer dehors, loin de ce commissariat miteux. Bien sûr, elle veut comprendre ce qui a pu se produire. Elle veut savoir, aussi, comment il va, quelle vie il mène, ou même depuis quand il est revenu à New-York. Toutes ces choses qu’une sœur devrait savoir. Mais elle ne veut pas le brusquer, elle ne veut pas tout briser. C’est le premier pas qu’il fait vers elle depuis longtemps. Alors qu’ils marchent, lentement, jusqu’à la voiture de la jeune femme, celle-ci garde les yeux rivés sur son petit frère. – Tu as mal… Tu veux qu’on aille à l’hôpital ? Tu as peut-être besoin de soins…
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Dim 9 Déc - 17:28




YOU'RE NEVER STRONG ENOUGH

THAT YOU DON'T NEED HELP

Isabella & Milo

En moins de temps qu’il n’en avait fallu pour s’en rendre compte, les voilà lancés dans le sempiternel ballet auquel ils s’adonnaient systématiquement depuis près de vingt-neuf ans. Le canevas était toujours strictement le même – Isabella manifeste son inquiétude, sa peine ou son mécontentement ; Milo minimise la chose, que ce soit par la plaisanterie ou le sarcasme, mais toujours de façon malvenue ; Izzie est tout sauf amusée par la réaction de cadet et le lui signifie soit avec douceur, soit avec courroux ; et, en fonction de son humeur et de l’attitude de sa sœur, Milo adopte alors une réaction typique parmi la petite panoplie qu’il a construite au fil des années. L’algorithme pouvait alors donner naissance aux situations les plus inattendues, même après tout ce temps passé à se connaître et à s’aimer. Pratiquement tous les scénarios possibles et imaginables s’étaient présentés au moins une fois, s’inscrivant dans un spectre qui s’étendait entre Milo qui se mettait à vociférer des horreurs à l’égard d’une sœur surprotectrice, et ce même Milo qui prenait Izzie dans ses bras en lui murmurant avec douceur des propos destinés à la rassurer. Aujourd’hui, la dispute n’était clairement pas à l’ordre du jour, et Milo n’avait nullement l’intention de laisser ses retrouvailles avec Isabella être ternies par des mots de travers ou des éclats de voix. Alors que, comme il avait pu s’en douter, après toutes ces années passées à la connaître par cœur, Izzie réagissait à sa plaisanterie de mauvais goût conformément à la troisième phase de leur protocole implicite, c’est-à-dire sans se fendre d’un sourire, Milo sentit son cœur faire un bond d’affection face à sa réaction émue. Bouleversée, elle laissa échapper une exclamation pas plus forte qu’un murmure, et il eut envie de la serrer contre lui en voyant la lueur émerveillée qui teintait ses prunelles si extraordinairement semblables aux siennes. Lui-même avait perdu depuis bien longtemps le réflexe de s’étonner du fait qu’il était, contre toute attente, parvenu à réapprendre à se servir de ses jambes. Mais il parvenait sans peine à comprendre la stupéfaction de sa sœur, qui avait dû garder pendant toutes ces années passées sans se voir une image de lui plus faible qu’il ne l’avait jamais été, paralysé sous la ceinture, tout juste l’ombre de l’homme qu’il avait été si peu de temps auparavant. Mais, fidèle à lui-même, avare dès lors qu’il s’agissait de faire dans l’émotionnel et peu désireux de perdre le peu de contenance qu’il lui restait bien que ses yeux s’étaient mis à briller face à la réaction d’Izzie, il reprit le ton de la plaisanterie pour lui répondre, cherchant désespérément à faire disparaître ce soupçon de drame qui avait déjà commencé à teinter leurs retrouvailles. « Tu me connais, j’pouvais pas donner raison aux médecins – tu sais comme je déteste avoir tort. » Comme pour ponctuer ces paroles dont la légèreté était pour le moins surprenante compte tenu du sujet auquel elles se rapportaient, ses lèvres tuméfiées s’étirèrent en un nouveau sourire. Et là, soudain, il était aisé de regarder au-delà des blessures qui le défiguraient et des traces que sa vie difficile avait marquées sur son visage – lorsqu’il souriait, il redevenait le Milo insouciant et rieur d’autrefois, ce gamin dont la joie de vivre faisait chaud au cœur et qui désormais était à peine davantage qu’un souvenir.

Et c’est comme cela qu’il se sentit à nouveau, alors qu’il serrait sa sœur de toutes ses forces dans ses bras. Ce gamin qui, lorsqu’il n’était pas fourré dans les jupons de sa mère, suivait Izzie partout où elle se rendait, à la manière d’une ombre. À l’époque où c’était elle qui le dominait d’une tête, et où il n’hésitait pas une seconde à lui demander un coup de main lorsque quelque chose n’allait pas. Avant d’être forcé de s’en remettre à l’autorité d’Isabella, Milo n’avait jamais éprouvé la moindre difficulté à lui avouer qu’il avait besoin d’elle. C’était peut-être pour ça, aussi, que la brusque volte-face dans son attitude après le décès de leur mère avait été à l’origine de tant de conflits. Sans doute Izzie avait-elle était déstabilisée, voire perplexe devant le rejet soudain de Milo face à toutes ses tentatives de lui venir en aide tant qu’il avait une autre solution à disposition, quand bien même celle-ci fût-elle dix fois plus compliquée à appliquer. Et peut-être était-ce en partie parce qu’il redevenait, l’espace de quelques temps, l’enfant qui n’avait jamais eu de mal à admettre ses faiblesses, qu’elle se précipitait toujours à sa rescousse les rares fois où il lui réclamait de l’aide, sans jamais le lui reprocher. Là encore, elle ne dérogea pas à cette habitude, balayant de quelques mots ses remerciements et ses excuses, comme s’il lui avait demandé de lui dépanner deux dollars et non de venir le sortir de prison au beau milieu de la nuit. Il ferma les yeux en sentant ses lèvres effleurer sa joue, le cœur à nouveau submergé par une bouffée d’affection, et, l’air toujours grave et penaud, il replaça une boucle brune derrière l’oreille de sa sœur avant de murmurer une nouvelle fois : « Merci. »

Il acquiesça ave ferveur lorsqu’elle l’invita à le suivre, serrant la main d’Izzie dans la sienne lorsqu’elle la lui attrapa. Le trajet jusqu’à la voiture se fit en silence, d’un pas lent dicté par la démarche claudicante et pénible de Milo. Il sentit le regard de sa sœur le darder pendant tout le long mais garda le sien rivé sur ses chaussures. Il n’osa le relever que lorsqu’elle reprit la parole, et il troqua alors instantanément son regard grave contre un air détaché, se refusant à inquiéter davantage sa sœur. C’était toujours comme ça entre eux – là où Izzie cherchait à le protéger des dangers qui semblaient pleuvoir sur lui depuis toujours, Milo faisait tout pour la protéger de lui et des tracas qu’il lui inspirait. « T’en fais pas, Iz, j’pense pas qu’ils puissent faire grand-chose pour moi – ça ira, je serai bientôt aussi beau qu’avant. » Loin de lui l’idée de rejeter l’aide de sa sœur, alors qu’il l’avait réclamée si peu de temps auparavant – quand bien même cela revenait à piétiner son égo déjà fameusement endommagé. Mais, de fait, l’hôpital était bien le dernier endroit où il voulait se rendre maintenant. Il avait besoin de quiétude, d’un moment paisible aux côtés de celle qui lui avait tant manqué ces dernières années. « On peut aller sur les baies ? » Lorsqu’ils étaient enfants et qu’ils avaient besoin de s’évader de l’atmosphère lourde qui régnait à la maison, Izzie et Milo se rendaient souvent au bord de l’eau, et avaient trouvé dans les baies du Queens un petit spot qu’ils avaient défini comme le leur au fil des années. Juste en face d’un stand de bretzels qui allait bientôt ouvrir –il n’allait pas tarder à être sept heures du matin–, où ils avaient dû dépenser une fortune sur tout ce temps, et avec une vue sur le sable et l’eau qui suffisait à leur faire oublier leurs tracas. C’est là qu’il avait envie d’aller – pas à l’hôpital, ni chez Izzie où devait les attendre un mari désapprobateur. Milo n’avait aucune idée de combien d’années s’étaient écoulées depuis qu’ils s’étaient rendus à leur QG, et se dit qu’il n’y avait pas de cadre plus adapté à ces retrouvailles dont il réalisait maintenant combien il les avait attendues.


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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Dim 16 Déc - 17:44

♛ And I would have stayed up with you all night.
Where did I go wrong? I lost a friend Somewhere along in the bitterness And I would have stayed up with you all night Had I known how to save a life Let him know that you know best Cause after all, you do know best Try to slip past his defense Without granting innocence Lay down a list of what is wrong The things you've told him all along…

▼▲▼

Il paraît que les relations les plus fortes sont aussi les plus imprévisibles. Ils pourraient bien en être la preuve, tous les deux. Depuis si longtemps, trop longtemps, elle ne sait jamais quel tournant risque de prendre chacun des échanges qu’elle se risque à avoir avec Milo. Il est son frère, le seul frère qui lui reste. Elle l’aime d’un amour inconditionnel mais, parfois, l’amour ne suffit pas. Son amour n’a pas su le retenir. Au contraire, elle a ce douloureux sentiment d’être celle qui l’a poussé à fuir. A force de l’étouffer, à force de s’inquiéter pour lui en permanence, elle lui a sûrement donné la sensation de le traiter comme un enfant. Alors qu’au fond, il a toujours été celui dont elle s’est sentie le plus proche. Ils se sont toujours compris mieux que personne, mieux que le reste du monde, pour en arriver brutalement au moment où ils ne se comprenaient plus du tout. C’est un drôle de paradoxe, c’est cette impression d’être à la fois si connectée à lui mais, aussi, tellement différente. Pour autant, elle n’a jamais cessé d’espérer le revoir. Et, cette nuit, dans des circonstances fâcheuses, elle le retrouve enfin. Il a ce même sourire espiègle, presque insolent, mais elle décèle aussi cette brillance dans ses grands yeux noirs. Ses yeux strictement identiques aux siens. Plus que le bonheur de le retrouver, elle assiste avec émotion à ce doux miracle. Debout, sur ses jambes, il avance vers elle. Il vacille, un peu, mais ne perd jamais son équilibre. Tout son cœur est envahi par cette lumière euphorique, cette joie de le voir marcher lorsque tous les médecins de New-York les préparaient à l’inverse. Elle ignorait que son état de santé s’était autant amélioré. Elle ignorait tout, mais pourtant, elle ne lui en veut pas. Elle est trop heureuse de retrouver le Milo qu’elle a connu. Que ce soit physiquement, ou mentalement. Il garde ce côté léger, insouciant. Ce qu’elle ne sait pas être, Isa. Mais cela lui fait tellement de bien. Tout autant que son sourire. Le sourire de son frère, il lui avait tellement manqué.  Elle a l’impression d’être à nouveau chez elle. – Et tu n’imagines pas à quel point j’en suis heureuse. lui assure-t-elle avec tendresse. Il est déterminé, Miles. Elle n’en a jamais douté. Elle n’a jamais perdu l’espoir de le revoir debout mais, indéniablement, elle est chamboulée de le voir de ses propres yeux. Chamboulée de le retrouver tout court.

Les retrouvailles sont teintées de douceur et de tendresse. Il y a toujours cette émotion vive dans le cœur d’Isabella, alors qu’elle le serre contre elle, avec toute la force dont elle est capable. Elle ne sait pas combien de temps va durer cet instant d’osmose. Entre eux, tout peut très vite basculer d’une seconde à l’autre. Mais elle ne veut surtout pas gâcher ce moment. Elle ne veut pas gâcher les retrouvailles qu’elle a attendues durant tellement de temps. Elle ne veut pas davantage qu’il s’inquiète de lui avoir téléphoné. Elle sera toujours là pour lui, Miles le sait. Quant à la jeune femme, elle devine sans mal combien cet appel a été difficile à passer pour lui. C’est pour cette raison qu’elle refuse de le brusquer. Elle ne veut pas le sermonner, encore moins lui faire regretter d’avoir pensé à elle. C’est la première fois qu’il fait un pas vers elle depuis des années, elle n’a aucune envie qu’il regrette de l’avoir fait. Même si, peut-être, elle va devoir prendre sur elle et oublier, quelques instants, son côté surprotecteur et préoccupé pour son petit frère. A la place, elle prend sa main pour qu’ils quittent ce commissariat, triste lieu pour des retrouvailles. De la même manière, elle accepte son choix de sauter le passage à l’hôpital. Son inquiétude est palpable, elle se lit dans ses yeux. Mais elle acquiesce sans broncher. – Tu es toujours le plus beau. lui dit-elle avec un faible sourire. Elle déverrouille les portières de la voiture, sans savoir encore leur lieu de destination. Elle ne s’attend aucunement  à la demande de son frère mais, tout de suite, elle comprend. Elle pense au même endroit que lui, ce petit coin à l’écart dans les baies du Queens, c’était leur endroit. Leur cachette secrète quand ils voulaient fuir la maison et leurs problèmes. C’est le plus bel endroit qu’il aurait pu proposer, pour leurs retrouvailles. – Je te vois venir avec les bretzels. rétorque-t-elle avec un sourire en coin sur les lèvres. Ils s’installent dans la voiture et, instinctivement, elle allume la radio. Ils ont passé tellement de temps à écouter de la musique, tous les deux. Parfois, à débattre sur quel groupe était meilleur qu’un autre, parfois à chanter à tue-tête, ou d’autres fois encore, sans prononcer une parole. C’est de cette manière que le trajet se passe, avec la musique qui les accompagne. Qui les réhabitue tout doucement l’un à l’autre. Qui lui donne, à elle, le temps de réaliser que son frère est bien à New-York, sur le siège juste à côté du sien.

Ce n’est qu’après quelques minutes qu’elle arrête la voiture, en face de leur repère. Rien ne semble avoir changé, presque rien. Mais, elle, pourtant, elle a l’impression que tout a changé depuis cette époque. Elle sent un vent de nostalgie la frapper malgré elle alors qu’elle suit son frère jusqu’au bord de l’eau. Elle attend qu’il s’installe sur le sable, uniquement pour être certaine qu’il n’a pas besoin d’aide – Non, bien sûr que non – avant de s’asseoir à son tour à ses côtés. Son regard se pose sur l’horizon pendant plusieurs secondes sans qu’elle ne dise rien. Elle se perd un peu dans ses pensées. Elle pense à Miles, à Peyton, à Jim. A eux. Elle pense à tout ce que son frère a dû vivre depuis la dernière fois qu’elle l’a vu. Toutes ces questions qui reviennent, des questions sur la vie qu’il mène. Elle ne sait absolument rien… Tout comme lui, il ignore tout. Mais elle ne va rien lui demander, pas tout de suite. A la place, elle va faire ce qu’elle ne fait jamais. Parler d’elle.   – Tu avais raison. Pour Luke. Il n’est pas fait pour moi. admet-elle d’une voix posée, le ton tranquille. Bien plus que ne l’est son couple, sa vie amoureuse, son existence tout entière. Elle ne sait pas pourquoi elle se confie de cette manière à Miles. Elle tente d’amoindrir la gravité de sa situation avec Peyton, avec Kristina, avec Nikolaï même. Avec tout le monde. Mais c’est avec transparence qu’elle avoue le contraire au frère auquel elle n’a pas dit un mot depuis des mois. Elle ne veut pas de mensonge, pas avec Miles. Elle a besoin qu’il soit sincère avec elle, mais peut-être doit-elle l’être la première. – J’ai rencontré un autre homme mais Luke m’empêche de le quitter, parce qu’il a le pouvoir de s’en prendre à lui. Je n’arrête pas de dire que j’arrive à gérer, je le répète constamment, alors qu’en fait… Ce n'est pas vrai. Ça ne va pas du tout. Elle se tait enfin. C’était difficile, mais elle a tout dit. Enfin, elle ose tourner la tête vers le jeune homme pour croiser son regard. – Et toi, comment vas-tu ?
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Lun 4 Fév - 2:36




YOU'RE NEVER STRONG ENOUGH

THAT YOU DON'T NEED HELP

Isabella & Milo

Isabella ne broncha pas face au refus de Milo de se rendre à l’hôpital, et ce dernier lui en fut infiniment reconnaissant. Il avait remarqué la lueur dubitative dans son regard, et, à vrai dire, il se serait inquiété de ne pas la déceler dans les prunelles de sa grande sœur, protectrice et soucieuse comme elle l’était. Mais, visiblement, elle avait décidé de s’effacer au profit de son jugement à lui, et cette pensée lui mit du baume au cœur, car il réalisait pertinemment l’effort que cela avait dû coûter à Izzie. À sa réponse, il esquissa un sourire, s’exprimant à nouveau de ce ton désinvolte et taquin qui contrastait avec celui, plus solennel, de sa sœur. « Je sais que tu dis ça uniquement parce qu’on a la même tête, mais j’accepte quand même le compliment », plaisanta-t-il en lui adressant un clin d’œil, avant de s’engouffrer dans la voiture d’Isabella. Son cœur s’emplit de joie lorsqu’elle accepta de se rendre aux baies, et il arbora son air le plus innocent lorsqu’elle évoqua les bretzels, se fendant à nouveau de ce sourire qui le rajeunissait de dix ans. Le trajet se fit dans un silence brisé uniquement par la musique qui s’échappait des haut-parleurs de la voiture, et Milo se sentit bien plus apaisé qu’il ne l’avait été depuis des mois, se complaisant dans la quiétude réconfortante qu’ils avaient autrefois eu l’habitude de partager entre deux disputes ridicules. Lorsque la main d’Izzie s’empara du levier de vitesse, il posa la sienne par-dessus, étreignant ses doigts avec douceur, dessinant d’un air absent des arabesques du bout du pouce sur sa peau.

Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit familier où ils avaient autrefois eu l’habitude de se rendre régulièrement, Milo fut frappé d’un élan de mélancolie alors qu’il réalisait combien les choses avaient changé depuis les premières fois qu’Isabella et lui s’étaient installés sur cette même plage. Leur famille avait volé en éclats, emportant avec eux les rêves et ambitions qu’avait nourri le Milo enfant, alors loin de se douter de la voie sombre et dangereuse qu’il emprunterait quelques années plus tard. Oui, tout avait changé, si ce n’est cet endroit, qui était rigoureusement identique à l’image qu’il en avait conservée. Milo et Izzie foulèrent le sable jusqu’au point précis où ils s’installaient systématiquement, et il se laissa alors tomber à terre, non sans avoir remarqué que sa sœur attendait de s’assurer qu’il fût correctement installé avant d’en faire autant. Il lui lança un regard amusé par-dessus son épaule et lui lança d’un ton taquin : « Tu sais, je vais pas me briser en mille morceaux. » Lorsqu’elle finit par prendre place à ses côtés, ils se plongèrent à nouveau dans ce silence familier, aucun des deux ne semblant éprouver le besoin de le briser tandis qu’ils profitaient de la présence de l’autre. Milo ne savait trop à quoi pensait Izzie, mais, désireux de respecter les pensées potentiellement pénibles auxquelles elle était en proie, il garda les yeux rivés sur le paysage qui s’étendait devant eux, son esprit à lui divaguant vers ses souvenirs du temps où tout allait bien.

Finalement, Izzie prit la parole, et Milo tourna aussitôt le regard vers elle. D’abord surpris de l’entendre se confier, elle qui gardait d’ordinaire jalousement ses tracas, il se contenta ensuite d’un regard en guise de réponse, l’invitant à poursuivre. Luke avait été au cœur de bon nombre de conflits entre les deux Cooper, et c’est pourquoi il avait fini par être relégué au stade de sujet presque tabou. Milo ne l’avait rencontré qu’une seule fois, au début de sa relation avec Isabella. Il était alors encore en chaise roulante, et avait fait le voyage précisément pour rencontrer le futur mari de sa sœur. L’impression que lui avait fait son beau-frère en devenir avait été des plus mauvaises, et Milo avait détesté à peu près tout ce qu’il avait pu voir chez Luke, sans forcément parvenir à mettre des mots sur son ressenti. Il avait tenté de faire comprendre ce qu’il pensait de Luke à Isabella, qui n’avait évidemment pas été des plus réceptives – s’ensuivit une dispute des plus violentes, la première d’une longue série, qui se solda par le refus de Miles de se rendre au mariage de sa sœur. Depuis, il n’avait plus jamais remis les pieds à New York, jusqu’à maintenant. Et maintenant, Izzie lui donnait raison, mais, loin de s’en réjouir, Milo attendait de comprendre ce qui avait bien pu se passer entre les deux époux, redoutant que sa sœur lui annonçât quelque chose de grave. Et son cœur de se briser en entendant la suite de l’histoire. Aussitôt, il s’en voulut de ne pas avoir été là, de savoir qu’Izzie avait dû affronter cette situation seule, qu’elle était d’ailleurs toujours en train de l’affronter sans l’aide de quiconque. Il n’était pas étonné d’apprendre qu’elle avait continué à faire figure forte pour ne pas effrayer son entourage – c’était du Isabella tout craché, et c’était d’ailleurs un trait de caractère qu’ils partageaient. Mais, tout comme Isabella était attristée lorsqu’elle voyait son petit frère garder ses tracas pour lui, Milo fut profondément peiné de réaliser dans quelle solitude Izzie avait dû évoluer ces derniers temps. Et cette peine se lisait nettement dans ses grandes prunelles noisette, qui ne quittèrent pas une seule seconde celles de sa sœur. « Viens là », murmura-t-il, en passant un bras autour de ses frêles épaules, tout en serrant de sa main libre celle d’Isabella. Il posa un baiser sur le haut de sa tête, avant de la serrer contre lui. « Je suis désolé que t’aies eu à traverser ça seule. J’aurais dû être là. Et je suis là, maintenant. Je te laisserai plus jamais seule », chuchota-t-il, le ton lourd de chagrin. Il la serra un peu plus longtemps contre lui, avant de la relâcher. Il s’apprêta à la questionner par rapport à la bombe qu’elle venait de lâcher, mais visiblement, Izzie estimait avoir suffisamment parlé d’elle, et ce fut au tour de Milo de passer sur le grill.

La question d’Isabella fut d’abord accueillie par un silence hésitant. Comment il allait ? Mal, indubitablement. Mais comment dire à sa grande sœur que, là où sa santé physique s’était progressivement améliorée, sa santé mentale ne cessait de dégringoler depuis son départ ? Qu’il avait replongé dans chacun des vices dont il s’était si difficilement éloigné lorsqu’il sortait avec Carmen, et que ses assuétudes avaient au moins triplé depuis son départ ? Que son rythme de vie était calqué sur la prise de ses pilules d’oxycodone, qui étaient bon gré mal gré devenues sa principale source de réconfort ? Que sa jambe le faisait souffrir chaque instant de chaque jour depuis quatre ans ? Qu’il était revenu à New York dans l’espoir de se débarrasser de ce sentiment de vide écrasant que suscitait son existence, mais que, depuis son retour, le seul moyen qu’il avait trouvé de combler celui-ci était de se défoncer la gueule jusqu’à en oublier son propre prénom ? Que ce n’était, finalement, pas sans raison qu’elle l’avait retrouvé au commissariat plutôt qu’ailleurs ? C’était tout bonnement impossible d’admettre ne fût-ce qu’une seule de ces vérités à Isabella. D’une part, parce qu’il se sentait incapable d’affronter son regard où se mêleraient inquiétude et déception ; et, d’autre part, parce qu’il était tout simplement incapable de s’avouer, à lui-même, la moitié de ces faits durs et graves. « Ça va », finit-il par articuler, le regard à nouveau perdu au loin. Son ton était neutre, un peu trop neutre pour paraître tout à fait naturel. Mais, soudain, là où il était incapable de se confier par rapport à l’écrasante majorité de ses tourments, il ressentit le besoin presque urgent de lui parler d’un événement en particulier. « Je… j’ai revu Carmen, l’autre jour », murmura-t-il au bout de quelques instants supplémentaires de silence. Sa lèvre inférieure trembla imperceptiblement. Il ramena ses genoux à son torse, croisant les bras par-dessus, le regard toujours résolument rivé devant lui. Il ne sut trop comment poursuivre. « Je sais pas trop si j’ai envie d’en parler », admit-il, toujours aussi avare d’épanchements sentimentaux. Et pourtant, il ne tarda pas à reprendre la parole. « C’est juste que… je sais pas, je pensais pas que ce serait aussi dur. Je croyais que j’étais passé à autre chose, tu sais ? » Il baissa les yeux, la voix légèrement tremblante. « Je sais pas, ça faisait quatre ans que mon cœur faisait grève… et il a fallu que la première fois que je ressente à nouveau quelque chose, ce soit à cause de cette… cette… » Il ne sut trop comment terminer sa phrase, désireux d’une part de la traiter de tous les noms, conscient, d’autre part, qu’il n’en penserait pas un mot, car il était tout simplement incapable de la détester. Alors, il se réfugia à nouveau dans le silence. Il avait envie d’en savoir plus sur la situation d’Isabella, qui avait suscité chez lui une immense inquiétude qu’il n’avait d’ordinaire pas l’habitude de ressentir, d’autant plus qu’Isabella n’était généralement pas du genre à se fourrer dans des situations problématiques. C’est pourquoi, au terme de quelques instants d’hésitation –après tout, si elle avait changé de sujet aussi rapidement, c’est qu’elle avait dû avoir envie de parler d’autre chose–, il posa à nouveau les prunelles sur Izzie, et lui demanda doucement : « Qu’est-ce que tu vas faire, avec Luke ? »
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Dim 10 Fév - 19:12

♛ And I would have stayed up with you all night.
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Un rire léger, cristallin, s’échappe des lèvres d’Isabella aux paroles de son frère. Ce frère qui aurait pu être son jumeau. Ils sont si différents dans leurs tempéraments mais, c’est indéniable, ils se ressemblent énormément tous les deux. Et par sa petite plaisanterie, il arrive surtout au doux miracle de lui faire oublier ses inquiétudes, ne serait-ce que quelques instants. Néanmoins, pendant qu’elle conduit jusqu’à leur lieu de prédilection, elle ne peut empêcher son regard de se tourner de temps à autre vers Miles comme pour s’assurer qu’il va bien. Elle sourit tendrement lorsqu’elle sent sa main venir se poser contre la sienne, profitant du doux contact entre eux. Elle sait que c’est sa manière à lui d’exprimer qu’il est heureux de la voir. Et qu’elle lui a manqué, elle aussi. C’est l’un des trajets en voiture les plus doux de sa vie, à Isa. Et, enfin, ils sont dans leur antre. Chez eux. Il ne s’agit pas de l’appartement défraîchi dans laquelle ils ont grandi mais ici, sur cette plage, ce petit coin de plage où ils ont tant de fois refait le monde ensemble. Alors qu’elle laisse son petit frère s’installer le premier, comme pour s’assurer une énième fois de son état, celui-ci lui affirme qu’il ne va pas se briser en mille morceaux. S’il savait. S’il savait le nombre de fois où elle a eu peur qu’il ne se brise définitivement. Elle a encore peur en vérité. Mais elle évite de trop l’exprimer, parce qu’elle l’a tant couvé autrefois qu’il a fini par la fuir. Parce qu’elle sait qu’il ne supporte pas qu’elle joue le rôle de mère avec lui. Elle sait que c’est d’une sœur qu’il a besoin. Et, après tout ce temps, il est peut-être venu celui de l’écouter.

Alors elle ne dit rien, Isa. Elle garde ses inquiétudes pour elle, pour éviter de le braquer, pour éviter de le perdre une nouvelle fois. Elle se contente de s’installer à ses côtés sur ce petit bout de paradis qui n’appartient qu’à eux depuis qu’ils sont enfants. Il y a tant de choses, trop de choses, qui ont changé depuis ce temps-là. Mais il y en a qui ne bougent pas. Qui restent intactes malgré les années qui passent. Les vagues ont pu tout balayer depuis toutes ces années, tout sauf l’amour qui les unit. Se retrouver dans cet endroit lui donne la sensation de renouer avec leur passé, leur enfance et, par la même occasion, avec cette complicité si particulière entre eux. Le silence n’est pas une gêne, pas entre eux. Elle pourrait rester des heures auprès de son frère, juste, à profiter de sa présence si précieuse. Sa présence trop rare. Mais elle a aussi besoin de connaître un peu plus la vie qu’il mène. Ce soir, il s’est battu, il a fini dans un poste de police. Elle ne veut pas lui faire la leçon, elle ne sait même pas à vrai dire si elle en a encore le droit après des mois sans le voir. Seulement, elle ne peut pas rester indifférente. Elle ne peut pas faire comme si elle n’avait pas besoin de savoir. Mais, plutôt que lui demander de se confier à elle, la jeune femme choisit une autre alternative. Celle de faire ce qu’elle ne fait jamais à personne. Se livrer à lui.

C’est ainsi qu’elle lui explique tout ce qui se passe en ce moment dans sa vie. Tous ces problèmes qui lui sont tombés dessus, des problèmes dont elle a parfois l’impression d’être la seule responsable. Elle a joué avec le feu, elle s’est brûlée. Et, elle se retrouve maintenant, au centre d’un incendie dont elle ne maîtrise rien. Elle se sent prisonnière de l’homme qu’elle a choisi d’épouser. Celui-là même que Milo avait pourtant tout de suite détesté, celui-là même qui avait provoqué tant de conflits entre les deux Cooper. A l’époque, elle s’était braquée, Isa. Elle en avait voulu au frère qui l’avait fuie si loin de venir juger le seul homme qui lui offrait de l’amour quand, lui, n’était plus capable de lui en donner du tout. Elle avait eu le sentiment qu’il la jugeait, elle, alors qu’il n’était plus là. Alors qu’il l’avait abandonnée. Mais  peut-être qu’elle aurait dû l’écouter. Peut-être que, finalement, elle a toujours eu bien plus besoin de lui encore qu’elle ne le croyait. Et il semble s’en rendre compte, Milo, il semble le deviner parce que sa première réaction de l’attirer dans ses bras. Elle se laisse faire, Isa, elle blottit sa tête sur le torse de son petit frère et ferme les yeux quelques secondes. Quelques secondes de douceur. Elle en a besoin. Elle serre sa main dans la sienne, fortement, pour lui faire comprendre ce qu’elle n’arrive pas à dire avec des mots. Elle tente de se concentrer sur le bruit des vagues, se focaliser dessus, pour éviter de laisser l’émotion la submerger. Mais ses paroles viennent balayer tout le reste, elles viennent l’atteindre en plein cœur alors qu’elle laisse une larme, une seule, couler le long de sa joue. – Tu m’as trop manqué Milo. murmure-t-elle faiblement, parce que ce n’est pas facile d’avouer avec autant de transparence ses sentiments. Cela l’est encore moins de le faire face à son petit frère.

L’émotion est palpable, un peu trop pour la Latina, qui tente péniblement de se reprendre. Elle ne se laisse pas faiblir, jamais. C’est la première fois qu’elle pleure, même à peine, devant l’un des membres de sa famille depuis la mort de sa mère. Elle ne s’y autorisait plus, jusqu’à cette nuit, mais c’est peut-être parce qu’elle arrive au bout de ses limites. C’est peut-être aussi parce qu’il n’a sans doute plus besoin qu’elle le protège. C’est peut-être simplement parce qu’il lui a beaucoup trop manqué pour qu’elle tente de préserver les apparences avec lui. Mais elle a aussi besoin de savoir ce qu’il en est pour lui. Elle a besoin de savoir qu’il maîtrise mieux son existence qu’elle ne le fait avec la sienne. Alors elle tente de retrouver une certaine contenance. Elle essuie avec délicatesse la larme qu’elle a laissée s’échapper pour porter son attention sur lui. Uniquement sur lui. Il n’a pas changé, Miles. Il a toujours autant de mal à dévoiler ses sentiments. Comme elle. Il ne lui dira probablement pas tout, pour l’épargner, exactement comme elle le fait avec lui. Elle le devine seulement au son de sa voix. Mais il commence tout doucement à lui parler. Et il choisit, comme sujet, celle qui avait réussi à briser son cœur. L’on ne peut pas dire que son aînée porte Carmen dans son cœur. Leur couple a eu un rôle extrêmement positif sur lui. Et, pour cela, Isa lui en a toujours été reconnaissante. Mais elle a fini par provoquer tout autant de souffrance chez son frère qu’elle ne lui avait donné du bonheur. Et il lui suffit de poser son regard sur lui pour se rendre compte que c’est encore une page si loin d’être tournée. Ses prunelles assombries, encore brillantes d’émotion, contemplent celui qu’elle a toujours voulu protéger. Il lui paraît si vulnérable à cet instant, comme un enfant abandonné, comme l’enfant qu’il était. Son cœur se serre de douleur en l’écoutant. Instinctivement, elle pose sa main contre son genou en signe de réconfort, de présence. Elle aurait beaucoup de manières de terminer la phrase de son interlocuteur mais elle l’en épargne. Il a suffisamment mal pour qu’elle en rajoute. – Peut-être que c’est une bonne chose si as ressenti à nouveau quelque chose… Pas pour elle, mais pour toi. Je refuse d’accepter que ton cœur ne fonctionne plus à cause d’elle, ou n’importe qui d’autre. affirme-t-elle d’une voix douce, qui contraste avec l’élan de protection qui lui donne envie d’aller se charger elle-même de Carmen. Et, à son tour, elle se rapproche  à nouveau de lui pour glisser son bras autour de sa taille. – Est-ce que tu veux que j’aille m’en occuper ? demande-t-elle finalement, faible sourire aux lèvres, uniquement pour espérer lui faire retrouver son si beau sourire. Elle déteste sa souffrance. Elle la prendrait, pour elle seule, si elle pouvait.

Un petit silence s’installe à nouveau. Et tandis qu’elle parle au cœur annihilé de son frère, c’est des problèmes d’Isabella que lui semble s’inquiéter. Car il vient l’interrompre pour lui parler à nouveau de Luke. – J’ai découvert que son entreprise n’était pas aussi blanche que je le croyais.  La tête posée contre l’épaule de Milo, elle contemple à nouveau les vagues qui s’échouent sur la plage alors qu’elle reprend au bout de quelques secondes. – Nikolaï… L’homme que j’aime, il est enquêteur de police. J’essaie de constituer un dossier contre Luke avec lui. Elle se tourne enfin vers son petit frère pour pouvoir plonger ses prunelles dans leurs jumelles. – Je vais faire ce que les Cooper font toujours. Je vais survivre. lui dit-elle avec un petit sourire en coin retrouvant cette détermination qui est la sienne. Et ce n’est pas seulement pour elle qu’elle le dit, c’est aussi pour lui. Le retrouver lui a insufflé une nouvelle force. Une force qu’il a, lui aussi, elle le sait.  
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Dim 19 Mai - 17:25




YOU'RE NEVER STRONG ENOUGH

THAT YOU DON'T NEED HELP


La profonde tendresse qu’étaient en train de partager les deux Cooper était à deux doigts de faire oublier à Milo qu’en ce moment, rien n’allait dans sa vie, tout comme elle parvenait presque à lui donner l’impression qu’entre sa sœur et lui, n’avaient jamais existé tous ces sentiments douloureux qui les avaient tant fait souffrir tous les deux. Cette illusion ne cessait de faire des allers et venues, et, alors qu’il avait senti son cœur se fendre en apprenant combien Isabella avait traversé de moments difficiles en son absence, il le sentait maintenant se réchauffer grâce à cette simple, mais puissante étreinte qu’ils partagèrent pendant ce qui aurait aussi bien être une fraction de seconde qu’une éternité. Isabella avait cette faculté prodigieuse de susciter chez lui une panoplie de sentiments radicalement opposés, qui partageaient systématiquement une intensité considérable. Plus d’une fois, cela avait été un vif agacement. Maintenant, c’était un profond apaisement qui venait panser ses nombreuses blessures et lui donnait l’impression d’enfin parvenir à prendre une bouffée d’air qui lui avait désespérément manqué pendant trop longtemps. Il n’y avait qu’elle qui parvenait à le calmer de la sorte, sans même avoir à faire quoi que ce soit pour que cela se produise. Et cette fois-ci, le temps de leur étreinte, n’échappa pas à cette règle – Milo en était venu à oublier tous ses soucis, comme cela avait été le cas dans la voiture ou même lors de la première étreinte qu’ils avaient partagée un peu plus tôt, quand bien même celle-ci s’était déroulée dans un poste de police. Mais cette bulle d’insouciance implosa une nouvelle fois lorsqu’Izzie reprit la parole, d’une voix si faible qu’il avait du mal à croire qu’il pût réellement s’agir d’elle. Il fut une nouvelle fois frappé par sa souffrance, et se sentit gagné par une intense rage à l’égard de l’homme qui la lui avait infligée, mais aussi par une profonde culpabilité de ne pas avoir été présent pour en limiter les dégâts. Au-delà du ton déchirant des paroles d’Izzie, Milo fut aussi immensément touché par leur fond, et pour la première fois, il prit pleinement conscience de l’impact qu’avaient eues les quatre années de séparation qu’il leur avait imposées. Il réalisa combien il s’était senti perdu sans sa sœur à ses côtés pour le guider, alors même qu’il avait toujours rejeté l’aide qu’elle lui avait proposée à tant de reprises. Et il réalisa combien il avait dû la blesser, et dans quelle solitude il l’avait plongée, en l’abandonnant sans l’avoir consultée, et en s’abstenant de prendre des nouvelles aussi souvent qu’il l’aurait dû. Il sentit une boule se former dans sa gorge et il pinça les lèvres tout en prenant une inspiration profonde – et s’il avait vu la première larme que sa sœur laissa échapper en sa présence en plus d’une décennie, il ne serait fort probablement pas parvenu à garder sa contenance. Il la serra un peu plus fort contre lui, s’accordant quelques secondes supplémentaires de silence afin de s’assurer que sa voix ne risquerait pas de chavirer au moment où il reprendrait la parole. Lorsqu’il finit par répondre, il fut soulagé de constater que sa voix était lourde d’émotion, mais ferme. « Toi aussi, Iz. Je m’en veux tellement de t’avoir abandonnée. Je te lâche plus, c’est promis », murmura-t-il, en déposant un baiser sur le sommet du crâne de l’intéressée.

Il était clairement plus facile, pour leurs deux caractères fiers et orgueilleux, de garder la face une fois leur câlin terminé. Si Milo était d’un naturel tactile, il n’en demeurait pas moins soulagé lorsqu’ils se relâchèrent, tant cette étreinte avait été chargée en émotions, bien plus révélatrice de ce qu’ils avaient sur le cœur que les longs discours qu’ils auraient pu tenir pour tenter de mettre des mots sur ce qu’ils ressentaient. Cela n’empêchait que la déclaration d’Isabella avait profondément bouleversé son frère, qui se sentait quelque peu submergé par la vague d’émotions qui s’abattait sur lui depuis qu’elle était venue le chercher dans sa cellule, lui qui ne s’était en rien préparé à ressentir quoi que ce fût d’aussi fort alors qu’il avait pris l’habitude de placer une sourdine sur le moindre de ses affects. Il en était d’autant plus déstabilisé qu’il avait traversé une autre de ces tempêtes émotionnelles quelques jours plus tôt, lorsque son entrevue avec Carmen lui avait fait perdre tout contrôle sur chacun des sentiments qu’il gardait d’ordinaire jalousement. L’expérience avait été si pénible et désagréable qu’il s’était promis de ne plus se laisser prendre de court de la sorte, et voilà que, moins d’une semaine plus tard, il se retrouvait pris dans un tourbillon d’émotions tout aussi intenses et déroutantes – à la différence près que cette fois-ci, ces émotions étaient loin d’être aussi malvenues qu’elles ne l’avaient été avec Carmen. Loin de la boule qui lui nouait les entrailles lorsqu’il avait revu celle dont il avait été si amoureux pendant plusieurs années, cette fois-ci, c’était une chaleur diffuse qui se répandait dans tout son être lorsqu’il posait les yeux sur la seule personne qui avait toujours été là pour lui malgré le nombre incalculable de fois où il l’avait rejetée.

Le geste discret qu’effectua Isabella pour essuyer la larme qu’elle avait laissé couler avait beau être extrêmement discret, il n’en échappa pas moins à Milo, qui sentit son cœur se serrer une nouvelle fois en réalisant que c’était son comportement des dernières années qui était en cause. Il eut toutefois la délicatesse de prétendre ne rien avoir remarqué, conscient que sa sœur était en train de s’évertuer à faire passer inaperçu ce petit débordement, afin de conserver la façade de femme forte qu’elle affichait depuis le décès de leur mère. Peut-être était-ce, involontairement, aussi pour cela qu’il décida d’élaborer un peu plus qu’il ne l’aurait fait d’ordinaire lorsqu’il évoqua Carmen. Comme s’il devait bien à sa sœur cette diversion qui lui permettrait de se remettre des émotions qu’il provoquait chez elle. Et apparemment, cela fonctionna à merveille – immédiatement, Izzie reprit son rôle de grande sœur, en lui donnant son avis de cette façon qui lui était propre, manifestant sans l’ombre d’un doute combien le bien de son frère lui tenait à cœur. Il lui lança un petit sourire, attendri par le souci manifeste qu’elle lui accordait systématiquement, comme s’il était un enfant qu’elle parviendrait encore à préserver, et non un toxicomane presque trentenaire chez qui il restait peu de dégâts à réparer. « Tu m’énerves à tout le temps avoir raison. J’préfère quand t’es pas là et que je peux continuer à me voiler la face en paix », plaisanta-t-il, fermant les yeux l’espace d’un instant en sentant la légère étreinte de sa sœur, qui avait, à son tour, pris l’initiative de partager un de ces moments de tendresse dont ils avaient le secret. À sa question suivante, le sourire de Milo s’élargit et ses sourcils se relevèrent légèrement. « Tu lui casserais un ongle rien que pour les beaux yeux de ton petit frère ? », s’enquit-il, feignant, l’espace d’un instant, de réellement envisager cette solution.

La situation ne tarda toutefois pas à retrouver son sérieux, et Milo d’écarquiller les yeux en entendant ce qu’avait à lui révéler Izzie. « Ouille, t’es sérieuse ? » Il ne savait pas ce qu’elle sous-entendait par « aussi blanche qu’il ne le croyait », mais il était bien placé pour savoir que lorsqu’il s’agissait d’enfreindre la loi, nombreux étaient ceux qui n’hésitaient pas à aller jusqu’au bout, quitte à blesser considérablement ceux qui risquaient de porter préjudice à leurs activités. Savoir qu’Izzie était en train de s’embarquer dans une histoire pareille ne le rassurait pas pour un sou, et s’il eut chaud au cœur en voyant la détermination sur son visage, affichant à nouveau l’air fort, presque féroce, qu’il lui connaissait si bien, il ne parvint pas pour autant à ignorer le sentiment d’appréhension qui était venu le prendre aux tripes. « Évidemment que tu vas survivre, t’es la plus forte de nous tous », lança-t-il, le sourire aux lèvres mais le regard grave. Il hésita l’espace d’une seconde, réalisant combien il était mal placé pour faire la leçon à sa sœur alors qu’il était systématiquement celui qui faisait toutes les conneries et que ça ne l’avait jamais empêché de rejeter en bloc tous les conseils qu’Izzie avait bien pu lui donner au fil des années. Mais l’hésitation s’évanouit presque immédiatement, supplantée par la crainte de voir sa sœur s’attirer des ennuis alors qu’il venait de la retrouver – il refusait de la reperdre si rapidement. « Fais gaffe, Iz. Je sais que Nikolaï sait probablement ce qu’il fait… mais ne trempe pas trop là-dedans. Je sais comment ça se passe, dans ce genre de milieux. Les gens reculent devant rien pour protéger leurs secrets. Et s’il t’arrive quelque chose… » Il ne parvint pas à terminer sa phrase, soudain gagné par une terreur sans nom, incapable de réellement concevoir qu’il pût lui arriver quelque chose. « J’viens de te retrouver, c’est hors de question que je te perde à nouveau. Alors fais gaffe, agis comme tu le fais toujours, et nous fais pas, genre, une Milo. » Sa faible tentative de plaisanterie ne suffit toutefois pas à chasser l’air ouvertement inquiet qu’affichait son beau visage – décidément, il avait énormément de mal à accepter que quelqu’un d’autre de sa fratrie ne trempe dans des affaires aussi risquées que celles dans lesquelles lui avait l’habitude de tremper quotidiennement. « Et si j’peux faire quoi que ce soit pour me rendre utile, hésite pas. Surtout si ça peut te protéger. » L’air grave et solennel qu’il arborait était loin d’être habituel et témoignait de sa volonté à lui venir en aide pour la mettre à l’abri – pour enfin parer les coups qu’elle avait dû encaisser, seule, pendant que lui l’avait délaissée.
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Message Sujet: Re: you're never strong enough that you don't need help (izzie)   you're never strong enough that you don't need help (izzie) Empty Jeu 30 Mai - 16:28

♛ And I would have stayed up with you all night.
Where did I go wrong? I lost a friend Somewhere along in the bitterness And I would have stayed up with you all night Had I known how to save a life Let him know that you know best Cause after all, you do know best Try to slip past his defense Without granting innocence Lay down a list of what is wrong The things you've told him all along…

▼▲▼


Il y aura toujours les incompréhensions. Il y aura toujours les conflits, les cris, les pleurs parfois. Toutes ces émotions qui les transpercent, qui se baladent entre leurs deux cœurs, elles seront toujours là. Leur relation n’est pas simple, elle ne l’a jamais été. Ou, peut-être, quand ils étaient enfants, jeunes et innocents… Mais l’ont-ils vraiment été un jour, innocents ? Milo, il est comme elle. Il a connu les mêmes souffrances qu’elle, ou presque. Le décès de leur mère, la maladie de leur frère qui a eu raison de lui, puis toute cette misère qu’ils ont connue. À cela s’ajoute certainement l’absence d’un père dont il n’a jamais compris la raison. Il n’a jamais su, il ne saura jamais. Il est hors de question qu’elle leur avoue, à lui, à Peyton, ce qu’il lui faisait subir. Hors de question de les laisser porter ce fardeau avec elle. C’est sa douleur, la sienne uniquement, la seule dont elle a pu les préserver. Car c’est ce qu’elle a toujours voulu, Isa. Protéger les siens et prendre soin d’eux, c’était la seule chose qui lui importait. La seule chose, aussi, qui lui permettait de tenir. Parce que, malgré tous les ressentiments qui peuvent éclater parfois, il y a autre chose qui sera toujours là entre eux. C’est cet amour. Cet amour incommensurable. Cet amour qui les lie les uns aux autres comme les doigts d’une seule main. Milo, elle donnerait sa vie pour lui. Sans hésiter une seule seconde, elle l’offrirait, pour le maintenir en vie, lui. Il est son petit frère, le seul petit frère qu’elle a encore. Elle n’a pas sauvé Jim mais lui… Lui, elle ne supporterait pas de le perdre. Son absence, déjà, a laissé un vide immense dans son cœur que personne n’a jamais su combler. Personne avant lui en cet instant même. Lui qu’elle a tant attendu, lui qu’elle a tant espéré. Lui qui est enfin à ses côtés. Il semble se rendre compte de sa souffrance, Miles. Il semble réaliser à quel point il lui a manqué. Vraiment manqué. Comme une toxicomane, elle a dû apprendre à vivre sans lui, mais le manque, lui, ne l’a jamais quittée avant ce soir. C’est blottie dans ses bras qu’elle sent ce vide ce combler enfin dans son cœur meurtri. Elle a la sensation de le retrouver, lui. Pas celui avec qui elle se dispute constamment, pas celui qui ne la comprend pas, juste lui, son frère. Il a ce pouvoir dingue sur elle, Milo, celui d’éveiller toutes les émotions possibles en elle. Il l’a souvent mise dans des états incroyables. Il l’a mise en colère comme personne d’autre, il l’a rendue folle de rage comme personne ne pourrait le soupçonner. Mais il est aussi la première personne qu’elle a aimée. Celui qu’elle attendait avec tant d’impatience, alors qu’elle était âgée de trois petites années seulement. Celui dont elle s’est occupée autant qu’elle s’est amusée avec lui. Celui qui lui a appris ce que c’était de s’inquiéter pour quelqu’un, de veiller sur quelqu’un. D’aimer quelqu’un. C’est certainement pour cette raison qu’il sait réveiller en elle tant de sentiments si opposés les uns aux autres. De l’amour à la haine, il n’y a parfois eu qu’un pas. Mais c’est l’amour qui a triomphé à chaque fois. Et c’est l’amour qui triomphe cette fois encore alors qu’ils sont là, tous les deux, sur la plage de leur enfance, dans les bras l’un de l’autre. Apaisée, grâce à lui, elle profite de cette douce étreinte tout en écoutant les paroles remplies de douceur et de promesses de son cadet. Toi aussi, Iz. Je m’en veux tellement de t’avoir abandonnée. Je te lâche plus, c’est promis. Ses mots la touchent. Plus que de raison. Ils la touchent et, pourtant, son cœur trop abîmé de toutes ces années d’absence n’ose pas totalement y croire. Elle a trop peur d’y croire. Comme cela a été le cas pour Peyton qui, à son retour, a dû attendre que sa grande sœur lui revienne peu à peu. Mais c’est pire encore avec Miles. Il est si imprévisible, si insaisissable. Il se met constamment en danger, si bien qu’elle a toujours peur pour lui. Tellement peur de le perdre alors que leur relation ne tient déjà qu’à un fil. – Tu en as eu besoin et… Et je le conçois, Miles… Mais quatre ans, quatre ans loin de toi, c’était beaucoup trop. Elle déglutit difficilement alors qu’elle peine à contenir son émotion. Seulement elle ne veut pas craquer. Ouvrir son cœur de cette façon vient déjà de considérablement l’épuiser. Mais elle en avait besoin. Ils en avaient tous les deux besoin.

L’émotion intense, menaçant à tout moment d’éclater, met de longues secondes à se stabiliser. Et, au fond, elle fait du bien. Elle éveille dans le cœur d’Isabella cette douce chaleur éteinte depuis trop longtemps. Elle a la sensation d’avoir retrouvé son frère. Cela fait tellement longtemps, tellement longtemps qu’elle n’osait plus l’espérer. Mais peut-être ont-ils trouvé un moyen d’obtenir un nouveau départ. Peut-être que, cette nuit, c’est une nouvelle chance qui s’offre à eux. Celle de renouer une relation qui a toujours été si intense mais si bancale, si forte et si fragile à la fois. Peut-être est-il le temps de la renforcer enfin. C’est ce qu’ils tentent de faire, timidement, les deux Cooper. Ils font tout pour échapper à toute l’émotion qui menace de les submerger pour se retrouver un peu plus. C’est le jeune homme, désormais, qui lui en confie davantage sur sa vie. Il ne parle pas de son métier, elle ne se risquera pas à lui poser la question. Elle ne veut pas tout gâcher entre eux, pas maintenant. Elle veut le retrouver pleinement. Recréer quelque chose entre eux. Récupérer sa confiance et lui accorder la sienne. Elle sait que, pour y arriver, elle ne doit pas retourner dans ses travers. Elle ne veut pas lui faire la morale, lui avouer combien elle s’inquiète pour lui. Elle ne veut pas jouer le rôle de sa mère, pas cette fois. Non, ce soir, elle n’est que sa sœur. Une sœur toujours aussi surprotectrice mais une sœur. La grande sœur qui, visiblement, ne peut oublier totalement son instinct. Elle essaie de le rassurer, face à Carmen, elle essaie d’apaiser sa douleur sans pour autant accepter qu’il fasse taire son cœur. Ils sont toujours les mêmes, finalement, lui qui veut fuir sa réalité et elle qui tente de l’y ramener pour mieux l’en libérer. Tu m’énerves à tout le temps avoir raison. J’préfère quand t’es pas là et que je peux continuer à me voiler la face en paix. Peut-être que c’est vrai. Peut-être qu’il le dit en plaisantant mais qu’il y a une part de vérité. Elle en a sans doute trop exigé de lui. Elle attendait qu’il soit un pilier, pour elle, comme elle l’était pour le restant de leur famille. Mais elle le confrontait à une réalité brutale, une qu’il était si jeune pour assumer, plus encore qu’elle. – Sauf que je suis là justement pour t’éviter de te voiler la face. lui répond-elle avec un faible sourire. Elle est sa grande sœur, à Milo, qu’il le veuille ou non. Elle ne peut pas faire autrement que lui remettre les idées en place. Comme elle ne peut pas retenir son envie de le protéger. Plus encore contre celle qui lui a brisé le cœur beaucoup trop violemment. Tu lui casserais un ongle rien que pour les beaux yeux de ton petit frère ? S’il savait. S’il savait. – Tu ne peux pas imaginer tout ce que je ferais pour toi. Ou peut-être que si, il en a une vague idée. Il n’a plus besoin d’elle pour la sortir des ennuis dans lesquels il se trouve maintenant. Ou la preuve que si, ce soir. Mais c’était pire encore par le passé. C’était pire encore toutes ces fois où c’est elle qui a fini par faire des choses immorales, des choses illégales, seulement pour le sauver des griffes d’un quelconque criminel. Il est certainement la seule personne au monde à savoir tout ce dont elle est capable, Isa. Le seul qui peut se douter qu’elle serait capable de tuer, par amour. Capable de tout, pour lui.

Mais c’est, en ce moment, elle qui doit affronter un mal bien plus terrible que ce qu’elle n’aurait jamais pu croire. Luke, l’homme qu’elle a épousé, l’homme qu’elle a aimé. Ouille, t’es sérieuse ? Elle acquiesce simplement d’un bref signe de tête. Elle n’aurait jamais pu soupçonner tout ce qu’il cachait en lui. Milo lui-même ne semblait pas l’imaginer, même lui qui ne l’a jamais apprécié. Elle ne sait pas comment elle va faire pour l’affronter, la Latina. Elle sait juste qu’elle doit l’affronter. Qu’elle doit se battre contre lui, ne serait-ce que pour retrouver sa liberté. Évidemment que tu vas survivre, t’es la plus forte de nous tous. Un faible sourire se dessine sur les lèvres de la belle. Elle n’est pas sûre que ce soit vrai. – Non, chacun de nous l’est à sa manière. Mais c’est touchant de l’entendre la rassurer comme il le fait. Touchant de se dire que, malgré tout ce qu’ils ont vécu tous les deux, il est toujours là, à ses côtés. Prêt à la soutenir. Et, semble-t-il, inquiet pour elle. Fais gaffe, Iz. Je sais que Nikolaï sait probablement ce qu’il fait… mais ne trempe pas trop là-dedans. Je sais comment ça se passe, dans ce genre de milieux. Les gens reculent devant rien pour protéger leurs secrets. Et s’il t’arrive quelque chose… Avec attention, elle écoute chacun de ses mots. Loin de s’offusquer qu’il se permette de lui donner des conseils, elle s’en imprègne. C’est la première fois qu’il agit de cette façon avec elle, la première fois qu’il semble vouloir la protéger. Elle ne sait pas si c’est lui qui a muri, qui a pris du recul sur leur relation… Ou bien si c’est elle qui se révèle bien plus vulnérable qu’avant devant lui. C’est probablement un peu des deux. – Je ne peux pas faire autrement Milo… Il la tient, Luke. Elle n’a pas le choix. J’viens de te retrouver, c’est hors de question que je te perde à nouveau. Alors fais gaffe, agis comme tu le fais toujours, et nous fais pas, genre, une Milo. Un tendre sourire apparaît sur son visage. Mais elle perçoit tellement son inquiétude, cela lui serre le cœur. C’est précisément pour cette raison qu’elle refuse constamment de parler de ses problèmes, Isa. Ce soir, elle a eu un moment de faiblesse, face à son petit frère qu’elle retrouve enfin. Mais elle refuse de l’inquiéter. Encore moins de le mettre en danger. Et si j’peux faire quoi que ce soit pour me rendre utile, hésite pas. Surtout si ça peut te protéger. Elle secoue la tête négativement. Hors de question de le mêler à cette histoire. – Non, je… Je refuse que tu prennes le moindre risque pour moi. Moi, il ne me fera pas de mal, mais les autres… Non, elle ne veut pas imaginer. Elle ne le supporterait pas. – Je vais faire attention, je te le promets. Je ferais attention, comme toujours, je prendrais juste une dose d’obstination de mon petit frère. Elle le regarde tendrement. Obstinés, ils le sont sans doute un peu tous dans la famille. C’est ainsi quand la vie nous force à devoir survivre. Elle glisse sa main dans la sienne avec délicatesse. – La seule chose que je te demande, c’est… De ne plus t’en aller, de ne plus cesser de donner signe de vie… S’il-te-plaît.


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