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L’amour/ c’est ce que ta mère t’a donné. Plus que ton amie. Plus que ton amant. Plus que ton père. Plus que quiconque. Il n’y avait que ta mère et toi dans cette chambre d’hôpital. Pas un seul visiteur. Dans ce studio miteux à Harlem aussi. Juste elle et toi. Vous étiez seules mais unies et cela vous suffit. Ils vous plaignent que le monde vous a tourné le dos. Mais toi, tu remercies le monde de vous avoir accordé de l’espace et du temps. Parce que c’est ce qu’il manque le plus. La mort/ c’est ce que la vie, ton amie la garce, t’a envoyée. Douze ans plus tard après qu’elle ait oublié d’envoyer les fées marraines à ton berceau. Alors la mort est venue à leur place pour s’excuser. Il a soufflé sur toi un vent nouveau. Un vent violent qui a transpercé ton abdomen. Ta mère a aussi eu le droit. En plein cœur et elle est tombée. Sans plus jamais trouver la force de se relever. Ils t’ont apporté des fleurs. Soudainement, tu n’étais plus seule. T’étais entourée de ces gens qui te prenaient dans leurs bras. Des visages que tu ne connaissais même pas. Puis le temps a fait qu’ils t’ont oublié. Seule à nouveau. Seule avec ta peau marquée. Toi, tu te souviendras toujours. Le tourment/ c’est ce qui suit la mort. Il s’est imposé à toi sans même que tu puisses refuser. Et pourtant, tu ne l’as pas vu venir. Il était si bien déguisé, il porte le visage de ton oncle. Un prêtre, bon chrétien aimé par sa communauté et l’église. Ils t’ont dit que tu ne pouvais pas tomber mieux. Qu’il t’apportera beaucoup d’amour. Mais ils étaient loin de se douter qu’il était corrompu. Pourri jusqu’à l’os. Un escroc qui détourne l’argent de ses fidèles et qui se paie des putes. Lui il t’a apporté que désolation. Ton corps se souvient encore. Marqué à jamais par sa violence et son abus. Tu en as parlé à personne. Pas même à tes cousins, qui pourtant s’en doutent fortement. La liberté/ c’est ce que tu poursuis sans cesse. Alors tu as commencé à travailler tôt. Le plus tôt possible. A quatorze ans déjà, t’avais réussi à falsifier tes pièces d’identité. Un coup de maquillage pour paraître plus âgée. Et tu bossais déjà. Des petits jobs pourris. Par-ci. Par-là. Et lorsque tu ne travaillais pas. Tu déambulais. Par-ci. Par-là. Toujours pour ne pas rentrer chez lui. Chez toi, c’est les rues. Les mauvaises odeurs, la crasse et les mauvaises fréquentations. Mais c’est dans la rue que tu as trouvé la liberté. Amos. Assise sur un banc, il t’a rejoint. Ses yeux se sont posés sur toi et il a vu tes marques à travers tes vêtements. Alors, il a pris ta main et elle t’a emmené dans son monde. La mafia grecque. Aussi pourri que le tien. Mais bien meilleur. Un chao de liberté dont t’es devenue dépendante. La tentation/ c’est que ce qui a fait tomber l’innocente Eve. Toi aussi, elle avait réussi à te charmer. Elle a profité de ton profond désarroi pour te souffler des mots doux. Confesse, il t’a murmuré au creux de l’oreille. Quitte, il t’a persuadée. Il t’a tourmenté jour après jour. Et pourtant tes pas te conduisaient toujours vers lui. Toby. Parce que t’étais incapable d’oublier. Ce que t’avait fait à cette famille était impardonnable. Tu avais tout détruit en un souffle brûlant. Ce n’était pas vraiment de ta faute. Tu ignorais leur plan. Tu n’étais qu’un messager. Le messager de la mort. Colis piégé, leur sang à jamais sur tes mains. Confesse, la tentation t'a répété. Et tu as cédé. La vie/ c’est ce qu’on a offert alors que tu pensais plus la mériter. La mort était à ta porte. Lorsque tu as essayé de tout quitter et avouer à la police. Battue par ton clan jusqu’à te noyer dans ton sang. T’as cru apercevoir l’ombre de ta mère mais c’était celui de quelqu’un d’autre. Ezra t’a offert une nouvelle vie. Il a plongé dans le fleuve des morts pour te récupérer. Toi qui ne méritais que de pourrir sur la chaussée et de mourir seule. Il a tenu ta main jusqu’à ton réveil. Il a prié pour toi alors que tu n’étais qu’une inconnue. Il s’est accroché à toi et aujourd’hui encore, il ne te lâche toujours pas. La mafia/ c’est ce qui te poursuit. Où que tu y ailles. Elle te retrouve. À ton réveil, elle était là. Assise, les bras croisés à l’autre bout de la pièce, elle te dévisageait. Un sourire au coin des lèvres, elle était heureuse de te revoir parmi le monde des mortels. Elle avait besoin de toi, autant que t’avais besoin d’elle. Pas les grecs. Eux, ils veulent plus te voir. C’était les McGrath. Une proposition. Rejoindre ses rangs contre une protection. T’as hésité. Mais elle sait te parler. Elle sait te séduire. T’as craqué. Encore une fois. T’es bien faible Jill. Mais t’as pas eu le choix. Car sans elle, t’allais mourir à la seconde où tu mettais les pieds hors de l’hôpital. Les grecs prêts à te descendre. Alors te voilà chez eux, chez toi mais à la fois pas à ta place. Car personne ne te fait encore réellement confiance.