She's poison but tasty - Isabella

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Son sac dans une main, un immense paquet de Toblerone dans l’autre, Isabella peut enfin quitter le centre commercial maintenant qu’elle a trouvé ce qu’elle cherchait. C’est pour sa meilleure amie qu’elle a acheté cette confiserie taille géante. Depuis quelques jours, elle ne va pas bien, Kristina, pas bien du tout. Si la Latina pensait qu’elle avait enfin trouvé un équilibre auprès de sa petite-amie, elle l’a récupérée une nouvelle fois à sa porte, en larmes. Encore. C’est une vision qu’elle ne parvient plus du tout à supporter. Elle a tenté de lui apporter son soutien, comme elle le fait à chaque fois, comme elles le font toujours. Mais elle n’en peut plus, Isa. Elle n’en peut plus de ramasser son amie la plus chère à la petite cuillère constamment, à cause de cette femme. Katheryn. Elle qui ne déteste jamais personne, elle se retrouve pour la première fois véritablement en colère à cause d’une femme qu’elle ne connaît même pas. Une femme qu’elle n’a vu qu’une seule fois, et, par hasard qui plus est. Peut-être qu’elle aurait dû s’en douter. Peut-être qu’elle aurait dû voir que quelque chose clochait. Mais elles vivaient leurs premiers mois d’amour. Cela lui paraissait normal qu’elles restent dans leur bulle. Elle aurait dû se montrer plus vigilante. Elle aurait dû se méfier plus longtemps de cette femme. Elle aurait dû… Elle aurait dû… Elle aurait dû faire quelque chose. Mais, à la place, elle ne peut qu’apporter une maigre consolation à sa meilleure amie. Lui donner le réconfort dont elle a besoin, l’oreille dont elle a besoin, si seulement elle acceptait de parler. Elle l’a accueillie chez elle et Peyton, de sorte qu’elle la voit tous les jours mais, finalement, elle n’arrive pas à la rattraper. Elle la voit couler, peu  à peu, sans rien pouvoir faire pour la sauver. Et c’est en train de la rendre dingue, Isa. Cela, combiné aux médicaments qu’elle a arrêté de prendre, c’est difficile de rester calme pour elle. Heureusement, elle y arrive, grâce à Nikolaï en partie. Mais elle s’inquiète toujours autant pour Kristina. Elle est censée la rejoindre bientôt, justement, il faut juste qu’elle attrape cet ascenseur. De justesse, elle parvient à glisser à l’intérieur. Et, tout de suite, elle se rend compte qu’elle n’aurait jamais dû. Katheryn. Son regard se pose droit sur elle, le temps de quelques secondes seulement, un regard noir, froid. Elle en veut tellement à cette femme. Elle ne devrait pas pourtant mais elle a brisé le cœur de sa meilleure amie, tellement de fois, qu’elle serait incapable de le cacher, Isa. D’autant plus que, si elle sait contenir ses mots, ses yeux ne mentent jamais. Mais elle finit par détourner les yeux, sans une parole, déjà impatiente de sortir de cette cage d’ascenseur et s’éloigner au plus vite de cette femme… Si seulement.
 

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Il aura fallu qu’elle se trouve précisément dans cet ascenseur. Elle. La femme qu’elle apprécie le moins au monde, juste là, à quelques centimètres seulement de son corps. Elle se demande comment elle peut avoir aussi peu de chance, Isabella. C’est peut-être précisément ce que pense l’autre femme de son côté. Ou peut-être qu’elle n’en a rien à faire. Elle se fiche de celle qui lui a donné tout son amour, celle qui a vécu avec elle. Ce n’est pas de la présence de la meilleure amie trop surprotectrice qu’elle va s’inquiéter. Il y a tellement de choses qu’elle pourrait lui dire, à Katheryn. Elle pourrait lui balancer tout le fond de sa pensée, comme ça, sans état d’âme. Mais elle ne le fait pas. Elle ne le fait pas parce que, malgré toute l’aversion qu’elle éprouve à son encontre, la Latina sait pertinemment qu’elle n’a aucun droit de le faire. Elle a choisi de quitter Kristina, soit. Elle en a le droit, elle était bien libre de le faire. Et peut-être qu’elle ne lui en voudrait pas autant, si c’était la première fois. Si elle ne lui avait pas brisé le cœur déjà trop de fois. Si elle avait cessé, juste une fois, de jouer avec elle. Jamais, elle n’a connu quelqu’un d’aussi égoïste, quelqu’un d’aussi changeant. Quelqu’un d’aussi monstrueux. Garde ton calme, Isa. Tu vas sortir de cet ascenseur et ne plus jamais revoir cette femme. C’est ce qu’elle se dit, c’est ce dont elle essaie de se convaincre pour se souvenir à quel point amorcer une conversation avec elle est inutile. Mais, brusquement, l’appareil subit une secousse sans qu’elle ne comprenne tout de suite ce qui se passe. Puis, l’ascenseur s’arrête net. La lumière habituelle est coupée, un dispositif d’éclairage de secours a pris sa place. Cela signifie bien ce qu’elle comprend. En panne. Il est en panne. Il ne manquait plus que ça. Elle entend déjà la grande blonde soupirer quelques mots alors que, de son côté, elle prend simplement une profonde inspiration. Elle ne lui adresse pas une parole, elle s’approche déjà du panneau d’affichage pour l’observer. Elle appuie sur le bouton d’appel une fois, deux fois. Et, enfin, elle entend la voix d’un homme. Rapidement, d’une voix posée, elle lui explique la situation. Rien dans sa voix ne laisse apparaître à quel point cela la rend dingue d’être enfermée ici, avec elle. – Nous vous envoyons un technicien le plus rapidement possible. Cela ne devrait pas prendre plus d’une heure. Une heure… Une heure, bon sang. Elle se contente de le remercier avant que le silence ne se forme à nouveau. Son regard, sombre malgré elle, scrute Katheryn pendant plusieurs secondes. Le temps va être long. Extrêmement long.