just an illusion (frida&lila)

C'est la main tremblante que Frida actionne la poignée de la porte. Ces derniers jours, elle n'avait que peu de bonnes surprises qui l'attendaient derrière cette dernière. Elle n'attendait personne, n'avait pas même prévu de sortir en cette soirée pourtant si belle. Assise sur son sofa, dans cet espace bien trop grand pour sa seule âme, elle avait pris l'habitude de s'installer face à un verre de vin, l'esprit s'enfuyant vers un livre plus ou moins gros selon son humeur. Elle préférait de loin cette activité plutôt que de s'abrutir devant des émissions stériles passant à la télévision à cette heure de grande écoute. D'ailleurs, Frida n'avait même pas cet outil numérique dans son cocon. De toute manière, elle passait la plupart de ses soirées derrière un bar, à attendre que des clients semi-alcoolisés viennent s'en mettre un dernier derrière la cravate. Et en journée, ses doigts creusaient souvent les touches de son piano afin de perfectionner son style et son aura. Elle n'avait donc besoin d'aucune autre distraction entre les murs de sa maison.
Lorsque la sonnette avait retenti, Frida avait déposé le livre sur la table basse de verre, et s'était levée d'un pas hésitant. Elle n'attendait aucune visite, et la plupart de ses connaissances avaient pour habitude de prévenir et non de passer à l'improviste. À pas de loup, petite souris hésitante, Frida s'approche de la porte d'entrée. La porte s'ouvre. Un visage connu, amical, presque rassurant, s'offre à la vue de Frida. Cette dernière, sceptique, arque un sourcil en signe de mystère.
— Euh, bonsoir.
Elle sourit toutefois, toujours heureuse de voir sa meilleure amie. Le sourire de Frida se faisait rare, mais il était réellement présent lorsqu'elle était en présence d'une personne aimée. Cela n'incluait pas beaucoup d'individus, mais elle se moquait du peu d'importance de ce cercle restreint. Elle s'écarte de la porte sans plus attendre et tend le bras vers l'intérieur pour lui intimer d'entrer. Une fois la jeune femme à l'intérieur, Frida referme la porte en examinant Lila sous toutes les coutures. Intriguée. Presque absorbée par l'effet de surprise. Lila n'était pas du genre à arriver à l'improviste, surtout pas le soir. Ou alors, il s'agissait d'une surprise de grande envergure et ce n'était pas encore l'anniversaire de Frida. De sa fine main, elle désigne le canapé afin d'inviter son invité à s'y installer.
— Il y a un problème ? Ça ne te ressemble pas de passer à une heure pareille.
Réellement soucieuse.
Hypnotisée par l'anormal.

tu ne cessais de repenser à ce qu’amos venait de te dire. pourquoi tu devais te méfier de frida, au juste ? tu lui avais demandé, tu avais essayé de le faire parler. mais c’était d’amos lazaridis dont il s’agissait. et amos lazaridis ne parlait pas facilement. tu te pinçais les lèvres en soupirant un peu, glissant ton téléphone dans la poche de ton jean, alors que les talons de tes bottines claquaient sur le bitume new-yorkais. tu n’avais pas prévenu que tu passerais, et il était tard. mais frida était sans doute chez elle. tu montais rapidement les étages qui te séparaient de ta meilleure amie et tu sonnais, attendant qu’elle vienne ouvrir la porte. la jolie brune terminait par venir ouvrir, et tu pouvais lire la surprise sur son visage. et tu essayais de savoir. pourquoi amos te demandait de te méfier de cette poupée ? ça n’avait aucun sens, et pourtant, parce que c’était amos qui te l’avait dit, tu doutais. tu doutais de ta meilleure amie, celle avec qui tu avais tout partagé. celle qui connaissait ton secret le plus lourd, elle qui savait tout de toi. « bonsoir. » tu soufflais en esquissant un sourire et en entrant dans l’appartement, quand elle te l’autorisait. tu déposais ton sac sur le canapé et tu te pinçais les lèvres en glissant ta main dans tes mèches blondes. la jeune femme terminait par te demander si il y avait un soucis et tu soupirais longuement. « non non je...enfin si. je viens de voir amos et… c’est stupide. » tu soufflais en fronçant les sourcils et en secouant la tête. tu étais vraiment en train de douter de ta meilleure amie parce qu’il te l’avait dit ? amos était loin d’être le plus honnête des hommes. alors pourquoi ça te perturbait tant ? tu fermais les yeux quelques instants en te pinçant les lèvres et tu soupirais. « il m’a dit qu’il fallait que je me méfie de toi. » tu murmurais alors en haussant les épaules. tu étais perdue. tout était un enfer dans ta vie en ce moment, frida était la seule personne qui t’apportait un semblant de stabilité, et voilà que tu avais l’impression que tout flanchait même avec elle. pourtant, tu ne savais pas ce qu’elle aurait pu te cacher. elle était adorable, frida. du moins, c’était ce dont tu étais persuadée, de ton côté. « est-ce qu’il a une raison pour dire ça ? » tu demandais alors en fronçant les sourcils, complètement perdue.

Elle n'avait pas l'habitude de la voir ainsi embrumée. Lila avait dans le regard un soupçon d'hystérie qui ne plaisait pas à Frida. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle allait lui annoncer, ni lui demander, mais elle commençait à en trembler d'effroi. Son sourire toujours au coin des lèvres, Frida ne se démonte pas et reste ainsi à attendre des explications. Lorsqu'elle entend le nom d'Amos, ses dents se crispent pourtant. Que vient-il faire dans l'équation ? Les traits de la belle s'embrunissent. Elle ne comprend pas où elle veut en venir. Jusqu'à ce qu'un sourire un peu étrange éclaire ses lèvres d'une nouvelle lumière à l'écoute d'une information. il m’a dit qu’il fallait que je me méfie de toi. Le salaud. Frida secoue la tête en se pinçant doucement les lèvres. L'invitant à s'installer sur le canapé blanc, elle s'y met doucement en croisant ses jambes. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien répondre ? Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il allait lui payer cet affront. Elle comptait bien aller le voir dans son bureau dès le lendemain afin de remettre tout ça au clair. Elle n'allait pas accepter qu'il essaie de lui retirer sa meilleure amie. C'était hors de question. Mais pour l'heure, elle devait garder son calme.
— Tu veux boire quelque chose ? T'as l'air pâlotte.
Elle se met un peu plus au fond du siège, afin de trouver quoi répondre à cette attaque. Attaque qui ne venait pas de Lila, mais bien d'Amos lui-même. Elle essaie de se faire le plus douce possible, ne pas laisser transparaître son agacement face à cette situation. Elle voulait une soirée calme, pas de prise de tête. C'était loupé avec son arrivée si brutale. Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle se racle la gorge avant d'enchaîner.
— Il t'a dit autre chose ? Est-ce qu'il t'a mentionné en quoi j'étais le grand méchant loup ? Je ne vois pas ce qu'il me reproche.
Elle tente un brin d'humour, en faisant son plus beau sourire. Elle n'est pas mauvaise avec Lila, elle est vraie avec elle. Et si le fond de leur histoire n'étaient qu'un mensonge, elle tient profondément à elle aujourd'hui. Ce genre d'amitié, ça ne se laisse pas tomber si facilement. Et Frida fera tout pour la garder auprès d'elle, quitte à se mettre Amos à dos. De toute manière, leur relation n'était pas des plus cordiales.
— Je veux pas paraître impolie mais ... tu es sûr de pouvoir avoir confiance en lui ?