Tobisa ~ Great day.. or not

Cela faisait trois jours que Toby avait trouvé asile chez Peyton, la soeur d'Isabella, sur l'invitation de cette dernière. Au départ, il était un peu gêné, surtout que la demoiselle dormait avec sa soeur et lui avait cédé sa chambre. Des fois, il se demandait s'il ne ferait pas mieux de retourner au presbytère... Après tout, combien de temps les vautours lui tourneraient encore autour? Cependant, il passait la journée à l'extérieur, ainsi, les deux femmes étaient tranquilles chez elles. Et puis, il n'avait peut-être plus le droit de célébrer les sacrements ou de dire la messe, mais il n'était pas prêt à laisser tomber les gens qui comptaient sur lui. Ainsi, les groupes de paroles se poursuivaient, et il continuait tout ce qui était adjoint à des associations de la paroisse, ou des aides ponctuelles à certains paroissiens. Cela le rassurait que nombreux étaient ceux qui le supportaient et qui ne croyaient guère dans toutes les accusations.
Ce matin là, il s'était levé, comme d'habitude, à six heures. Il avait prié, puis il s'était rapidement vêtu et avait rangé ses affaires. il fallait dire qu'il n'avait pas grand chose. Quelques vêtements de change, quelques affaires de toilettes, et bien évidemment, quelques livres, dont les textes sacrés, ainsi que de quoi écrire. C'était toute sa possession matérielle. Bien réveillé, sur les coups de sept heures, il s'installa dans la cuisine, afin de préparer un petit-déjeuner pour ceux qui en voudraient. Il opta pour des crêpes, qu'il fit les unes après les autres, en prenant bien soin de tout soigneusement nettoyer après son passage, de quelques coups d'éponge agiles. Il n'était pas chez lui, il ne faisait pas ce qu'il voulait... et il espérait que personne ne prendrait mal cette petite liberté qu'il s'était accordée.
Il sourit en voyant arriver Isabella sur les lieux. "Salut!" s'exclama-t-il. "Comment ça va, ce matin?" demanda-t-il avec son petit air d'enfant jovial. Il était serein. Bientôt, tout serait clair, grâce aux prélèvements, et il serait prouvé que ce n'était pas lui l'agresseur de cette pauvre femme. "J'ai fait des crêpes..." indiqua-t-il ensuite en montrant l'assiette où gisait une grande pile de ces mets.

♛ You and me can turn a whisper to a scream.

All I know is what I've been sold You can read my life like a fortune told I've seen the dream, there's no land of Oz But I got my brain and I got a heart And courage built I won't let go What we need right now is ....soul I can't do this, you can't do that they feed us lines but I won't act And all good things will come to pass But the truth is all you have to have And would you lie for it? Do you cry for it Would you die for it? Would you? I believe, I Believe With every breath that I breathe You and me can turn a whisper to a scream I believe, I believe …

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C’est aux alentours de sept heures qu’Isabella ouvre les yeux. Elle a beau avoir cessé de travailler depuis quelques temps déjà, elle ne parvient absolument pas à dormir plus tard. Son sommeil n’est pourtant pas bien régulier mais, quoi qu’elle fasse, elle ne se réveille jamais après cette heure-là. Se relevant doucement, la Latina tente de faire le moins de bruit possible pour éviter de réveiller Peyton. Voilà deux nuits qu’elle passe dans sa chambre. Cette fois, ce n’est pas à cause de ses cauchemars, ni rien dans le genre, mais parce qu’il y a Toby qu’elles hébergent à l’appartement. Encore suspect dans une histoire totalement ahurissante, le pauvre est la proie de certains médias mal intentionnés depuis quelques jours. C’est pour cette raison que, sans avoir eu besoin d’y réfléchir auparavant, elle l’a invité à passer quelques temps chez elle. Parce qu’elle ne peut pas rester indifférente, Isa. Elle ne peut pas le savoir dans une situation fâcheuse sans rien faire. Pourtant, son petit emménagement chez les sœurs Cooper n’a pas été au goût de tous. Nikolaï ne lui a pas vraiment dit quoi que ce soit mais elle a bien senti que cette idée ne lui a pas franchement plu. Mais elle n’a pas le choix, Isa. Si l’un de ses amis a besoin d’elle, c’est comme ça, elle est là. Elle veut surtout le protéger. Le préserver de paroles qui le blesseraient, le préserver tant qu’elle le pourra jusqu’à la fin de cette enquête. Puis, il ne dérange pas vraiment, Toby. Il est si discret que c’est à peine si l’on peut remarquer sa présence. Elle ne l’a d’ailleurs pas entendu se lever ce matin. Sans attendre, la belle rejoint la salle de bains pour prendre une douche. Sa blessure lui fait encore un peu mal, surtout quand elle tire beaucoup trop dessus, ce qui la rend un peu plus lente dans ses gestes quotidiens. Ce n’est donc qu’une quinzaine de minutes plus tard qu’elle rejoint la cuisine, fraîche et disposée à passer une bonne journée. Elle sent l’odeur sucrée des crêpes avant même d’entrer dans la pièce. C’est agréable, chaleureux. En voyant Toby, sourire aux lèvres, elle trouve instantanément le sourire à son tour. – Bonjour toi. Elle s’approche de lui pour déposer un baiser contre sa joue, puis va directement se servir sa dose de café vitale du matin. – Ça sent très bon. dit-elle avec une petite mine gourmande sur les lèvres. Elle l’est plutôt bien, Isa, et pourtant il n’est pas rare qu’elle saute le petit-déjeuner. Elle boit une longue gorgée de son café qui lui fait beaucoup de bien avant de prendre dans l’un des tiroirs les médicaments prescrits par son médecin. Sans se rendre compte du paradoxe, elle reprend en même temps la parole. – Je vais bien et toi ? As-tu bien dormi ? l’interroge-t-elle, soucieuse de son bien-être. Elle avale avec son café les deux antidouleurs matinaux quotidiens avant de s’installer enfin sur l’un des tabourets du comptoir.

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Isabella le salua en retour, déposant un baiser contre sa joue. Il sourit de plus bel. La brunette de dirigea ensuite jusqu'à la machine à café, afin de prendre son breuvage matinal, ainsi que ses médicaments et s'installant par la suite au comptoir de la cuisine. Il la regarda un instant, en silence. "Ca va, j'ai bien dormi. J'ai hâte que tout ça soit terminé et de vous libérer de ma présence..." ajouta-t-il ensuite, les joues rouges. Il ne devrait pas se sentir gêné chez Isa... Mais il ne savait pas réellement pourquoi il l'était. Peut-être parce que c'était l'appartement de Peyton, et non celui de sa meilleure amie, et que même si les deux soeurs étaient adorables, il comprendrait pertinemment qu'elles préféreraient être entre elles. D'ailleurs, dès qu'il s'approchait du presbytère, il songeait à revenir... Mais une parole mal placé, un mot méchant, de la part d'un inconnu, ou de quelqu'un qu'il connaissait pourtant, et notre abbé changeait d'avis. Ses collègues le soutenaient, mais ils n'y pouvaient rien.
Il tendit ensuite le doigt vers les tiroirs contenant les anti-douleurs d'Isa. "Tu as encore très mal?" demanda-t-il doucement, un sourire rassurant aux lèvres. Il ramassa son bol, ses couverts, son assiette, ainsi que les ustensiles utilisés pour faire les crêpes. Toby les déposa un à un dans l'évier et commença à faire la vaisselle, tout en gardant un oeil sur Isabella. "Si je nettoie pas tout de suite, ça va sécher et on va devoir frotter... Ce serait dommage d'abîmer cette poêle." Toby qui parlait de futilités, était un Toby stressé.

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A peine le retrouve-t-elle que Toby lui confie qu’il est pressé que tout soit terminé et les libérer, elle et Peyton, de sa présence. Qu’il ait envie que cette enquête soit classée, elle le comprend totalement. Mais qu’il pense être un poids pour elle, beaucoup moins. – Ta présence n’a rien de dérangeant Toby. J’ai plutôt l’impression que c’est toi qui ne te sens pas à ton aise ici. avoue-t-elle, le ton neutre, mais un peu attristée par son constat malgré tout. Elle ne comprend pas qu’il se sente aussi gêné de vivre dans son appartement. Il y a sa sœur qui pourrait l’intimider, certes, et encore que la jeune femme est un véritable courant d’air. Mais elle est censée être sa meilleure amie, il ne devrait ressentir aucun embarras à passer quelques jours dans sa demeure. Pour autant, elle espère pour lui que les choses se termineront vite pour qu’il puisse reprendre le cours de sa vie. Comme elle, elle a eu la chance de pouvoir reprendre la sienne. Si ce n’est que les récents drames ont laissé quelques traces chez la belle. Psychologiquement, elle s’en sort plutôt bien mais elle a toujours ces douleurs à cause de son opération. Une fois ses médicaments avalés, elle relève la tête vers Toby qui lui demande si elle a encore mal. – Un petit peu, oui. Le médecin m’a dit que je souffrirais sûrement durant encore quelques semaines. Mais elle s’en sortira. Elle s’en sort toujours, Isa. C’est ce qu’elle tente de faire croire en tout cas. Après une nouvelle gorgée de son café, elle approche le plat contenant les crêpes d’elle, puis attrape le sirop d’érable pour faire honneur aux élans de pâtissier de son ami. Lui, au contraire, n’est pas décidé à s’asseoir. Il est déjà en train de s’occuper de la vaisselle. – Hum, sinon, il y a également ce que l’on peut appeler un lave-vaisselle. fait-elle remarquer avec un petit sourire en coin. Mais elle sent bien qu’il n’est pas dans son état normal. Se tournant sur son tabouret, de manière à lui faire face, Isabella le contemple quelques secondes sans un mot. – Et si tu cessais de t’agiter pour me dire ce qui te préoccupe.

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Toby poussa un petit soupire, face à la remarque d'Isabella. Elle avait l'air déçue. "Isa... Je m'excuse. C'est pas à cause de toi, c'est juste que je ne peux pas m'en empêcher. Je sais bien que tu ferais tout pour moi, mais... Je sais pas. On est même pas chez toi, en fin de compte...Et j'ai toujours peur de m'imposer, de vous gêner." déclara-t-il avec un petit sourire intimidé. "Je veux pas que ma discrétion te vexe.." ajouta-t-il ensuite. Il était vrai qu'il avait un peu de mal. Il était chez Peyton, la soeur d'Isa, et au-delà de cela, il vivait avec la brunette le temps de quelques jours, et la sensation était étrange depuis qu'il lui avait avoué ses sentiments. Il s'était fait à l'idée, mais l'amour était toujours présent, il n'allait pas s'envoler du jour au lendemain.
"D'accord, j'espère que ça ira vite mieux alors.." indiqua-t-il un peu bêtement, lorsqu'elle lui parla de sa douleur et de ses blessures. Toby se dirigea vers le lavabo, commença à nettoyer les assiettes et les ustensiles de cuisine. La voix de sa meilleure amie le rappela à la raison, le sortant de sa torpeur. "Ah... Oui... C'est vrai." déclara-t-il, alors que ses joues rougirent. "Tout va bien." tenta-t-il, mais lorsque son regard croisa celui de la demoiselle, il comprit instantanément qu'il ne s'en sortirait nullement de la sorte. "En fait, je me suis dit que... Peut-être que je devrai partir, quand ce sera fini... Les gens veulent plus de moi. D'abord, les rumeurs, et maintenant ça!" expliqua-t-il doucement. "Si les gens ne viennent plus à l'église à cause de moi, de ma présence, je m'en voudrais... Ce serait terrible! Ce serait peut-être mieux pour la communauté que je parte... Je... Je ne sais plus que penser. Et si ça se trouve, avec ce scandale, je n'aurais pas le choix, de toute façon." Il haussa les épaules. "Et en plus, mon frère me déteste en ce moment..." rajouta-t-il en s'appuyant sur l'évier. Cela faisait du bien de dire ce qu'il avait sur le coeur, même s'il n'aimait pas se plaindre. Et il avait la sensation de se plaindre...

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Les yeux posés sur Toby, elle le contemple avec beaucoup d’attention. Elle écoute chacun de ses mots, sans toutefois les comprendre. Quand est-ce qu’elle a cessé de le comprendre ? Elle ne saisit pas, Isa. Elle est sa meilleure amie, elle est censée l’être. Et cet appartement, il est bien le sien. C’est elle qui l’a payé. C’est elle et Peyton qui l’ont décoré. La seule raison pour laquelle elle a mis le nom de sa sœur sur l’acte de vente, c’est parce qu’un jour ou l’autre, c’est avec Nikolaï qu’elle vivra. Et qu’il sera hors de question, pour elle, de demander à sa petite sœur de partir. Mais peut-être qu’il est simplement mal à l’aise parce que ce n’est pas chez lui, peut-être qu’il veut juste retrouver sa vie. Elle ne sait pas. – En fait, si, c’est chez moi. Mais je ne peux pas t’en vouloir d’avoir envie de retourner là où tu te sens le mieux. Mais il y a un temps où c’était près d’elle qu’il se sentait le mieux… Et vice-versa. C’est cette pensée, surtout, qui lui serre un peu le cœur. Mais elle ne lui en veut pas, elle n’a aucune raison de lui en vouloir. Elle sait à quel point ce qu’il traverse est difficile, elle n’ose même pas imaginer à quel point. Elle lui adresse un petit sourire quand la conversation s’enchaîne pour tenter de le rassurer. – Je vais déjà beaucoup mieux, ne t’en fais pas. C’est plutôt à elle de s’inquiéter. Elle le connaît, Toby. Il a l’air absent, comme, perdu dans ses pensées. Il essaie bien de se dérober mais cela ne dure qu’un instant avant qu’il ne commence enfin à se confier. Quand il parle de partir, elle ne comprend pas tout de suite. C’est son cœur qui ne veut pas comprendre. – Tu veux changer d’église ? Elle ne sait pas exactement comment cela fonctionne. Il peut sans doute demander à partir mais trouverait-il une place dans une autre église, ici à New-York ? – Je ne suis pas certaine que fuir soit la meilleure option Toby. Mais si tu penses qu’il serait plus facile pour toi de quitter le quartier, peut-être que tu devrais essayer. Le quartier, peut-être. Pas la ville. Certainement pas la ville.

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Toby était mal à l'aise. Ce devait certainement être à cause de ce qu'il vivait en ce moment, de cette affaire et du stress qui en résultait. Il avait beau dire qu'il se fichait de ce que l'on pouvait penser de lui, mais, à présent, on lui avait fait du mal. Alors, il se sentait mal. "Tu sais que je t'adore et que ça n'a rien à voir avec toi..." dit-il doucement, avant d'afficher un petit sourire. Puis, la conversation s'enfonça dans des détails plus profonds, dans les craintes du trentenaire. Partit d'ici, il ne le voulait pas, mais cela s'avérerait peut-être la dernière et seule solution, que ce soit de sa part, ou même de celle de sa hiérarchie. Un scandale de ce type, n'était jamais bon pour personne. Il y avait des gens qui comptaient sur lui, qui l'aimaient, et il ne voulait pas les quitter. Mais peut-être n'aurait-il plus le choix bientôt.
"Ce ne serait pas une fuite..." souffla-t-il. Non, pas une fuite à proprement parler.
"Je suis là pour aider les gens à vivre leur Foi, pour les accompagner. Et s'ils ne veulent plus de moi comme pasteur, je n'ai plus ma place ici." Il poussa un soupire, fortement. Avant de réaliser. Subitement. D'un coup. Ce qui lui faisait le plus de mal et le touchait jusque dans ses entrailles. "Je n'ai peut-être même plus de raison d'être..." dit-il, sur un ton bas, presque un chuchotement. Son regard se posa de nouveau sur les plaques de cuisson. Il y avait fait tomber un peu de pâte à crêpes. Il attrapa deux feuilles d'essuie-tout qu'il imbiba avec un peu d'eau, avant de nettoyer, sereinement, comme s'il n'avait pas raconté des choses graves, avant de reprendre la parole. "Et... quand on est 'muté', on ne change pas que de quartiers." déclara-t-il. "Tu crois que je suis arrivé comment à New-York, depuis mon village italien?" demanda-t-il, de façon bien évidemment rhétorique.

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Elle lui adresse un faible sourire. Faible sourire pour lui dire qu’elle sait, oui. Alors qu’en réalité, non, elle ne sait pas. Elle a tout à fait l’impression que cela a à voir avec elle, justement, avec eux. Mais c’est encore tellement compliqué entre eux. Ils ne se sont retrouvés que récemment, elle refuse de ternir leur relation, elle veut leur laisser le temps de trouver un nouvel équilibre. Stabiliser ce qui a été, autrefois, la partie la plus sûre de sa vie. Elle ne souhaite pas mettre à mal leur amitié, pas plus qu’il ne pense qu’elle lui en veut de ressentir ce qu’il ressent. Car c’est cela, l’amitié, la leur en tout cas. Pour Isabella, c’est faire passer les émotions de Toby avant les siennes. Et c’est pourquoi elle met déjà de côté son ressenti pour se concentrer sur lui. Lui et ses pensées si tortueuses. Lui et ses pensées si sombres. Il est tellement différent de celui qu’il a toujours été, tellement… Écorché. Elle déteste le voir ainsi alors qu’il est l’homme le plus souriant qu’elle connaisse. Elle déteste savoir qu’il souffre autant sans pouvoir apaiser sa douleur. Les yeux posés sur lui, elle l’écoute avec attention, loin d’être d’accord avec lui néanmoins. Elle comprend qu’il ait du mal à se sentir à sa place à cette église, mais… Mais c’est chez lui. Et elle est là, elle. Je n’ai peut-être même plus de raison d’être. C’est quand elle entend précisément ces mots-là qu’elle se lève instantanément. – Mais comment peux-tu dire une chose pareille.. ? Il n’est pas seulement un prêtre, il est aussi lui, Toby. Il est tellement loin d’être uniquement un homme d’église. Ce n’est pas son métier qui fait de lui la personne qu’il est. C’est la personne qu’il est qui l’a poussé à faire un tel métier. Elle veut lui dire tout cela, Isa. Elle se rapproche de lui pour lui dire, pour le prendre dans ses bras, ou bien le secouer, elle ne sait pas encore. Mais elle s’arrête net quand elle entend ses propos suivants. Il songe à quitter New-York. Vraiment. – Tu veux partir ? Elle dit « partir » mais, au ton chancelant de sa voix, c’est plutôt un autre mot qui semble résonner. L’abandonner. Elle n’a pas du tout l’air de la jeune femme assurée et forte qu’elle est habituellement, non. À cet instant, elle a l’air d’une enfant apeurée. Une enfant qui a peur de l’être, abandonnée.

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Les pensées de Toby se faisaient sombres. Quelque chose avait fini par exploser en lui, par se casser. Cela avait commencé après sa déclaration d'amour à Isa, cette histoire avec Nikolaï. Et même s'il allait mieux, s'il était à présent heureux que sa Isa ait trouvé un homme qui lui corresponde, il y avait cette fêlure, quelque part, qu'il ne parvenait pas à réparer. Elle était là et elle lui faisait dire des bêtises. Elle s'accumulait, et s'élargissait.
"Tu as raison, je dis des bêtises..." souffla-t-il doucement, offrant un sourire à sa meilleure amie. "Et évidemment que je ne veux pas partir, je ne veux pas être loin de toi... de vous tous..." ajouta-t-il ensuite, toujours avec ce tout petit sourire, mais une lueur pas moins triste dans le regard. "J'en ai juste assez qu'on me jette des cailloux au visage." indiqua-t-il. "Je n'ai jamais rien attendu. Je n'attends ni gratitude, ni rien, de la part de qui que ce soit. Mais pourquoi est-ce qu'on me traite si mal? D'abord, toutes ces rumeurs, et maintenant ça... Ca me donne l'impression d'être la personne à abattre." souffla-t-il. Sans compter les lettres de menace. Puis, il finit par afficher un sourire fébrile, de nouveau. "Mais je présume qu'il vaut mieux être lynché et détesté pour avoir fait le bien et ce qui semblait juste, que d'être aimé pour avoir fait le mal..." finit-il par conclure. Il vînt ensuite serrer simplement son amie dans ses bras. Il avait besoin de ce contact. Comme avant. Exactement comme avant.

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Les yeux posés fixement sur Toby, elle le regarde, tentant de décrypter ce qu’il pense vraiment. Croit-il réellement ne plus avoir sa place au sein de son église ? Plus sa place… Du tout ? Elle ne peut pas l’envisager, elle n’y arrive pas. Elle n’a aucune envie de le perdre. Pas une nouvelle fois. Elle sent une petite vague, très brève, de soulagement l’envahir quand il assure ne pas vouloir s’éloigner. Mais ce n’est que momentané car elle le voit bien, Isa. Elle voit combien il souffre, combien il a mal. Et elle déteste tellement le voir ainsi. Elle se rapproche de lui, pour poser sa main sur la sienne, elle accroche son regard. – Toby, c’est faux ! Il n’est pas la personne à abattre… Du moins, pas pour la plupart des gens. Tous ceux qui le connaissent vraiment, tous ceux qui le côtoient savent qu’il ne ferait jamais de mal autour de lui. C’est le contraire. C’est parce qu’il nuit à ceux qui font du mal qu’il en est là, voilà tout. Elle se rapproche pour le prendre dans ses bras et, au même moment, par un même instinct, c’est lui qui vient le faire. La jeune femme enlace immédiatement ses bras autour du corps de son ami. Tout son corps répond au sien, comme naturellement, comme avant. Cela fait tellement longtemps qu’ils n’ont pas eu un tel contact qu’elle sent l’émotion l’envahir en même temps que l’odeur de Toby. Elle glisse sa main contre sa nuque pour le serrer un peu plus fort contre elle. – Écoute-moi, Toby. Tu es aussi aimé pour tout ce que tu fais de bien. Et plus important encore, tu es aimé pour ce que tu es. Elle ne veut pas qu’il en doute, qu’il doute de lui-même… Elle ne veut pas qu’il se perde. Elle se recule, juste à peine, juste assez pour plonger ses prunelles dans les siennes. – Je t’assure qu’il y a plus de gens qui t’apprécient que les rares qui te détestent… Et moi, je t’aime, ne l’oublie pas. murmure-t-elle faiblement. Première fois qu’elle lui dit, yeux dans les yeux, depuis tout ce qu’ils ont traversé.

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