surmonter.

t’es sur que personne peut venir le chercher là où tu le gardes au chaud ? un rire, un vrai. un rare depuis quelques temps. sans doute pas. ce n’est qu’une mission pour les plus téméraires. le sourire amusé avant que le sujet de votre discussion ne change. plus sérieuse. beaucoup moins plaisante, autant pour lui que pour toi. vos emmerdes. son père, l’enfoiré. ton ex, le salop. un soutien dans tes mots par rapport au premier sujet, tu seras toujours là pour kéziah, nana. sans jamais attendre le moindre merci, comme celui qu’il te lance. comme celui que tu envoies balader de la main. un sujet expédié rapidement en ce qui concerne le second. un truc que tu tentes d’oublier. ca va t’as rien fait à toi ? elle est là, l’inquiétude dans les vibrations de ses cordes vocales. là dans la lueur de ses iris chocolats. ça t’inspecte. espère une réponse négative. et ça ment par principe. par habitude. non, ne t’en fais pas. mensonge, sourire faux. plonge nana, encore et encore. enfonce toi dans les profondeurs plus encore. laisse toi submerger, laisse toi mourir au fond de l’eau, laisse toi te faire percuter par le poids de tes mensonges. t’es la reine de l’océan. tu possèdes la maîtrise, l’art du mensonge, que celui-ci devient presque ta vie. il se confond dans ton double jeu. si tu savais, keziah. il n’a pas touché à ton corps. c’est plus fort que ça. plus moche encore. c’est là-dedans. là où battait autrefois un coeur. vif. passionnément. heureux à l’italienne. là où se trouve maintenant un trou béant. là où l’organe s’est rétracté, périssable. incurable. bon en gros on a tous les deux des vies bien merdique en ce moment ! changement de sujet, presque, remerciement de ta part silencieux. c’est dans le regard reconnaissant, dans celui trop profond pour l’empêcher de poursuivre dans cette voie. aucune envie de discuter de lui, comme lui n’a sans doute pas envie d’évoquer son passé traumatisant. jcrois que j’ai toujours eu plus ou moins une vie merdique. ricanement sans joie alors que tu l’observes vous resservir. faut qu’on oublie d’une bonne façon ! le verre que tu attrapes, que tu viens trinquer contre le sien, tu ne peux qu’approuver. à cette gueule de bois. tu lances, le sourire complice, sincère sur tes lèvres alors que tu apportes le verre à celles-ci. et promis jte protégerai de ta groupie pendant qut’auras la tête à l’envers pour oublier. t'assures, comme si c'était devenu une habitude pour toi, comme si tu supportais bien mieux l'alcool depuis quelques temps. trop habituée à purger tes peines dans les brumes.
mais ça ne marche pas comme cela, l'oublie. ça n’est jamais arrivé. l’oubli à vie. ce n’est toujours seulement le temps de quelques heures. d’une occupation qui te fait penser à autre chose. d’un alcool dans le sang qui te retourne le cerveau.
tapie dans l’ombre, ça n’est jamais bien loin.
tapie dans tes ombres, ça t'espionne, attendant que tu redeviennes lucide.
prêt à surgir, ça te saute au cou, infiltre tes pores quand tu t'éveilles. le crâne lourd, la nausée.
pour te faire encore plus mal.  

les rires et sourires qui claquent. des vrais puis des faux, des amusés puis des sérieux, dans des regards complices et étrangers. ne tente pas l’homme téméraire que je suis ! ris keziah. t’es plus beau quand tu ris. hm. t’as l’air d’être un chaton peureux. t'es plus beau quand tes yeux expriment le bonheur. la taquinerie légère, plus ou moins loin de la vérité. keziah, c’est l’homme doux. c’est l’homme qui finalement semble avoir les griffes pour la survie d’années de galère auprès d’un père ignoble, pour la révélation au grand public de ce qu’il a subi, de ce qu’il est. malade mais présent. malade mais combattant dans les galères de sa vie. plus que toi sans doute. tu combats depuis des années sans jamais vouloir t'en débarrasser. juste pour te rappeler. juste pour avoir l'impression de n'être plus seule alors que c'est tout le contraire. ça te plonge dans la solitude, l'intérieur alors que tu repousses l'extérieur protectrice. t’es sûr ? sors ton plus beau sourire, nana. l’entraîner, le répéter devant le miroir théâtral. même face à un ami, tu te plonges dans la solitude. toujours face à la main tendue d’un ami, tu l’ignores en te laissant couler, le sourire aux lèvres. un ce n’est pas grave dans le regard ou chuchoté. un haussement d’épaules, une caresse sur l’épaule comme si tu n’avais peur de rien. allongée sur ton lit, comme si tu n’avais pas peur de la mort qui approchait. maintenue en vie par les tuyaux, t’offrais le réconfort que l’on devait te donner. même si la peur te rongeait les os, la mort te rongeait le coeur, tu rassurais l’autre. bien sûr. le ton enjoué, peut-être un peu. un timbre douteux à entendre mais le regard qui hurle qu’il laisse tomber. ne cherche pas plus loin keziah. pas tout de suite ou à jamais. pense à toi, plutôt qu’à moi. époussette ce que tu as sur ton corps plutôt que sur le mien. débarrasse toi de tes craintes, je serai là pour toi. quand tu veux. oublions. semblant de sourire heureux sur tes lèvres, l’accord dans la levée de tes lèvres sur ton visage. soulagement dans les tripes de ne pas avoir à approfondir cette discussion. parler de lui ne te déranges en rien contrairement à parler de toi. sujet d’étude beaucoup trop compliqué et vaste, bien trop noir. avoues plutôt que tu vas remplacer la groupie ! son rire s’amène contre tes oreilles. c’est d’un regard en coin que tu l’observes. expression des lèvres qui changent, reviennent pour ce que tu sais faire de mieux. jouer. plaisanter. faire semblant. ça dépend. tu me laisses être ta plus grande groupie officielle ? ricanement qui rejoint son rire, ton verre que tu termines avant de le reposer sur le comptoir. allez, allons danser un peu. son mantra encore dans le crâne, tu prends sa main pour le traîner derrière toi. le corps se trémoussant déjà, alors que tu te retournes vers lui. la démarche féline à reculons, le sourire mutin sur les lèvres, tu l’entraînes dans l’antre de la nuit. fête et alcool. danse et évasion. enfer et damnation.
oublions le temps d’un soir.
oublions le temps d’une vie.
oublie pour toujours.

@kéziah maynard