Tobisa ♥ L’innocence a parfois l’apparence du crime.

Toby, installé dans cette voiture, commençait à se poser de nouvelles questions. Il n'était pas très inquiet quant au débouché de l'affaire, puisqu'il n'était fautif en rien. Par contre, il s'inquiétait pour cette femme, qui l'accusait. Pourquoi? Comment pouvait-elle faire cela, surtout si elle avait subi un tel acte? Lorsqu'Isa affirma qu'aucune femme ne se tromperait ainsi sur le visage de son agresseur, Toby se contenta de hocher la tête. Le trajet n'était pas long, et Isa conduisait doucement, suivant les policiers à bonne distance... Elle n'avait pas l'air d'avoir hâte que son ami se jette dans la gueule du loup. La voix de la demoiselle combla subitement le vide. "Euh... et bien les policiers ont dit qu'elle s'appelait Linda McFully... Et pour le coup, je t'avoue que je n'ai plus aucun souvenir du nom qu'elle m'a donné pour se présenter. J'ai trop de pensées dans la tête pour y réfléchir..." déclara-t-il en faisant la moue.
Peu de temps après, la voiture se garait devant le poste de police. "Oui Isa, ne t'en fais pas. Si on fait ce qu'ils disent, ça devrait bien se passer, n'est-ce pas?" indiqua-t-il, arquant un sourcil, avant de sortir du véhicule. Ils rejoignirent les deux inspecteurs qui les conduisirent au troisième étage. Là on indiqua à Isa de s'asseoir sur une chaise, alors qu'un technicien indiquait à Toby de tendre les doigts. L'on prenait ses empreintes, une par une. Puis on lui tendit un chiffon pour s'essuyer, tandis que l'on complétait un fichier avec ses informations. Ce fut à cet instant que l'un des inspecteurs reprit la parole, comme pour le pousser encore un peu dans ses retranchement.
"On nous l'a fait pas à nous...Nous avons eu vent de votre réputation..." déclara-t-il, le regardant de travers, s'appuyant contre son bureau, et ne lançant pas un seul regard vers Isabella.
"Réputation? Vous voulez dire des ragots?" demanda Toby, étonné. Et voyant la réaction de son interlocuteur, il ne put s'empêcher de reprendre la parole. " Je ne savais pas que la police tirait ses informations des discussions chez le coiffeur..." Le sarcasme n'était peut-être pas la bonne façon de s'en sortir, mais les mots étaient sortis tous seuls. Il en avait marre de ces sous-entendu nauséabonds.
"On nous a parlé de nombreuses jeunes femmes dont vous avez les faveurs." répondit simplement le policier, sûr de lu, guettant le moindre haussement de sourcils ou le moindre geste de la part de Toby. On aurait dit qu'il voulait le pousser à la violence, ou à se dévoiler, à montrer un visage qu'il désirait cacher. Mais notre abbé n'avait rien à cacher.
"Peut-être qu'on devrait aller demander aux enfants de chœur ce qui se passe après la messe..." Ce fut la phrase de trop...Toby, écœuré par cette insinuation dégueulasse, serra le poing. Il n'y avait qu'Isabella qui pouvait se rendre compte, face à ce visage neutre, que Toby était en train de souffrir, réellement. Mais aussi que la colère l'emportait, et que lui, qui ne faisait pas de mal à une mouche, était à deux doigts de donner un coup de poing à son interlocuteur. Bref, de lui donner ce que l'autre attendait avec impatience: une raison de le foutre derrière les barreaux.

Isabella essayait de le rassurer, dans la voiture, par des mots tendres. Cela allait aller. Oui, c'était évident. Il l'avait dit lui-même : il avait l'innocence avec lui, quoi de mieux pour que les choses se passent de la meilleure façon possible.
"Merci Isa.." souffla-t-il, affichant un petit sourire, son coeur se calmant, et les pensées néfastes laissant place à l'espoir. Cet espoir qu'il offrait à tous à chaque homélie. Il se pencha pour déposer un petit bisou tendre contre la joue de sa meilleure amie, et ils quittèrent le véhicule, tous les deux, rejoignant les policiers.
Mais là, première ombre au tableau. L'un des deux inspecteurs avait l'air d'avoir une dent contre lui. A moins que ce ne soit un bouffeur de curés, en général. Dans tous les cas, il passa à l'offensive. Violente. Tranchante. Toby se mit à grelotter, et son poing se serra. C'était loin d'être d'un homme violent, bien au contraire, chacun le connaissait comme un modèle de douceur, mais il n'en pouvait plus d'entendre de telles inepties. C'était sordide, et terriblement injuste. Fort heureusement, Isa réagit, voyant qu'il était peut-être sur le point de commettre une grosse bêtise.
"Je croyais que c'était après moi que vous en aviez... Alors laissez-là tranquille!" rajouta Toby en s'interposant. Qu'on l'insulte lui, il pouvait encore le tolérer... Après tout, il avait l'habitude qu'on lui manque parfois grandement de respect. Mais qu'on insulte Isa, c'était trop. Il l'aimait bien trop pour laisser faire. Et puis, il était un peu honteux qu'elle se soit interposée, pour mener sa bataille. Il afficha un sourire à son amie, avant de suivre l'inspecteur. On le laissa dans une salle, où il fut rejoint par un homme qui portait des gants et qui exécuta le prélèvement ADN, à l'aide d'une sorte de coton-tige pour prendre un peu de salive. Il le fit trois fois, puis s'en alla. Toby ne resta pas seul longtemps, car les deux inspecteurs revinrent pour lui poser encore davantage de questions et lui faire signer des papiers.
Les mots à son encontre étaient violents, et il se défendait comme il le pouvait, leur rappelant qu'il était présumé innocent, et que ce qu'ils faisaient était illégal. Mais on se contentait de lui rire au nez. Ce ne fut que de très nombreuses minutes plus tard qu'il rejoignit Isabella dans la salle d'attente, exténué, le regard sombre. Il était triste, et cela se voyait comme dans un livre ouvert. "Est-ce que je renvoie l'image d'un homme mauvais?" demanda-t-il finalement à son amie, avant de hausser les épaules.