there's definitely something's strange in the neighborhood / sasha

L’adolescent esquissa un sourire en relisant le dernier sms que lui avait envoyé l’une de ses meilleures amies, Sasha Wolfe. Il adorait se chamailler avec elle, que ce soit dans la « vraie vie » ou derrière un écran. Il supposait que cela faisait partie inhérente de leur amitié, au même titre que le caractère autoritaire de Thaïs Skarsgård, le dernier membre de leur trio de chasseurs de fantômes. Il remit en place son sac à dos plein à craquer sur ses frêles épaules, puis son portable dans la poche arrière de son jean, portable qu’il n’avait pas pris la peine de désactiver avant de partir : il avait l’habitude d’explorer la ville à la recherche de fantômes et de lieux hantés en tous genres, et son oncle le savait. S’il devait appeler la police, ce ne serait que le lendemain, en découvrant que son cher neveu n’avait pas passé la nuit dans son lit. D’ici-là, le cher neveu en question aurait trouvé refuge en la personne de son grand frère. Enfin, il l’espérait. Très fort. Autrement, il aurait droit au sermon de sa vie. Un Rhimes en cavale, ça ne se faisait tout simplement pas. Ce n’était pas dans l’ordre naturel des choses. Le garçon soupira tout en regardant autour de lui; pendant qu’il discutait avec Sasha, il avait marché sans trop regardé où il allait. Le quartier dans lequel il se retrouvait à présent ne lui disait pas grand-chose, il remarquait bien que les maisons avaient l’air plus miteuses qu’ailleurs dans la ville, mais… Tiens donc. Curieuse que cette maison au bout de la rue. Elle avait l’air de dater de l’ère victorienne, avec ses tourelles et ses larges fenêtres à double battant. Une chaise berçante grinçait sur la longue galerie en bois, dont le bruit lui parvenait très clairement au-dessus du murmure de la brise froide de novembre. Pour compléter le tableau, un ruban jaune placé en croix sur la porte d’entrée dissuadait les plus téméraires de s’y aventurer. De toute évidence, cette maison avait dû être le théâtre de quelque drame sordide, quel qu’il soit, de ceux qu’on trouvait dans la rubrique faits divers du New York Times. « Hep, toi, qu’est-ce que tu fabriques? » l’interpella une voix bourrue derrière lui. Shiloh fit volte-face et se retrouva à quelques mètres d’une voiture de police, au volant de laquelle un homme peu avenant le toisait avec une méfiance qu’il n’essayait même pas de dissimuler. Le véhicule s’était approché de lui sans qu’il n’en ait conscience. Shiloh, le cœur cognant dans sa poitrine, expliqua qu’il ne faisait rien de spécial. « Hum… M’allez, rentre chez toi, petit. T’as rien à faire là. » Grimaçant face à ce surnom débile que les adultes aimaient lui balancer à tour de bras, Shiloh espéra que le policier s’éloigne, mais bien sûr, cela aurait été trop beau pour être vrai : non seulement l’homme stationna sa voiture devant l’allée menant à la maison, mais il darda sur l’adolescent un énième regard soupçonneux. Au bout de longues secondes à se défier du regard, le garçon s’éloigna. À quelques rues de là, il passa un coup de fil à sa plus ancienne partner in crime à la rescousse, Sasha : il venait de trouver une maison louche dans laquelle il devait s’être passé un truc bien glauque et sordide. En l'attendant, il ferait quelques recherches de son côté, si sa batterie voulait bien lui faire le plaisir de ne pas mourir. Et avec un peu de chance, lorsqu'elle l'aurait rejoint, le policier devrait s'être barré. Quant à son grand frère... Bien sûr, il comptait toujours le retrouver. Seulement, il ne serait pas Shiloh Rhimes s’il laissait passer une maison potentiellement hantée lui passer sous le nez. N'est-ce pas?

@Sasha Wolfe

shiloh et sasha. sasha et shiloh. deux entités indéniablement liées.
sasha serait sans doute devenue folle sans shiloh. il était robin quand elle était batman. il était belle quand elle était rebelle (et tant pis pour bulle). il était bonnie, elle était clyde. (ou l'inverse)
il pouvait même être batman s'il le voulait, elle deviendrait son robin. après tout, les rôles n'étaient pas forcément censés demeurer les mêmes. tout ce qui comptait, c'est qu'ils soient tous les deux. (et sasha se fichait bien que mademoiselle thaïs je-sais-tout et j'ordonne-tout approuve).
c'est pourquoi, après avoir discuté quelques minutes par textos, sasha ne tenait pas en place. savoir que shiloh était loin d'elle, dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, la rendait totalement folle. elle tentait de se maîtriser mais elle avait toujours ressenti un instinct protecteur particulièrement fort avec shiloh.
perdue dans sa chambre de l'énorme maison richissime de ses parents – qu'elle détestait de tout son être, par ailleurs (mais elle ne savait pas comment vivre sans être sous leur toit) – elle tournait en rond comme un lion en cage. elle pose les yeux sur un vieux bouquin poussiéreux qui trône dans sa bibliothèque personnelle et se dirige vers lui à pas de loups. sasha est une sorcière de salem, elle le sait, elle le sent. alors comme les sorcières à leurs époques, elle se décide à feuilleter ce vieux bouquin pour proférer une incantation qui portera chance à shiloh.
elle scande dans quelques murmures incompréhensibles des paroles divines censées protéger son meilleur ami, les bras levés vers le ciel, le corps en transe. elle ferait tout pour lui. et elle est bien vite – et violemment – tirée de ses sortilèges par la sonnerie de son téléphone portable. elle saute dessus pour voir le nom de shiloh s'afficher, avec une photo bien stupide.
- shiloh ?!
elle entend sa voix. c'est le destin : elle pense à lui et il l'appelle. peut-être est-elle parvenue à lui faire entendre raison par textos, quelques minutes avant ? ne jamais sortir sans elle. ne surtout pas chasser les fantômes sans elle.
alors quand il lui décrit la maison qui semble être la priorité des forces de l'ordre, sasha en frissonne de tout son corps.
- j'arrive tout de suite.
si sasha est une sorcière de salem, elle est bien loin d'harry potter et de ses petits copains… alors elle ne possède aucune baguette magique, et encore moins de balais volants ou de voitures volantes… dommage pour elle. elle descend les escaliers quatre à quatre, nie totalement ses parents qui balancent quelques phrases au vent – tels que des que fais-tu? ou des où vas-tu ? - pour sauter sur son vélo et partir dans la nuit retrouver shiloh.
elle arrive près des lieux en évitant scrupuleusement les lumières des lampes torches des policiers et, à bout de souffle, s'arrête devant shiloh. elle laisse tomber son vélo et, malgré le fait qu'ils ne soient pas tactiles ni l'un ni l'autre, elle lui saute – brièvement – dans les bras.
- je t'avais dit de pas partir sans moi.
elle grogne en se reculant, en profite pour balancer son poing dans l'épaule de son meilleur ami. et puis elle sautille légèrement d'un pied sur l'autre en le détaillant du regard, la curiosité brillant de mille feux dans ses opales sombres.
- raconte. t'as trouvé des infos ?
elle se tourne vers la maison et passe ses mains sur ses bras. emmitouflée dans un manteau chaud, sasha wolfe ne ressent nullement le froid. ce n'est que son intuition qui file à toute allure pour fuir les faits déplaisants qui se sont déroulés dans cet endroit angoissant.
- je sens qu'il s'est passé des choses… horribles ici. des choses peu communes, en tout cas.
elle marque une pause, se retourne de nouveau vers shiloh et déclare, un grand sourire sur le visage :
- qu'est-ce qu'on attend pour y aller ? de toute façon, on s'en fiche des flics ! ils nous verront même pas. ils nous entendront encore moins. on est pas batman et robin pour rien.
elle termine en lui donnant un petit coup dans les côtes, toute en complicité. elle fait confiance à shiloh comme s'il était une autre partie d'elle-même, et rien ne les a jamais arrêtés. ce n'est pas comme si ça allait commencer aujourd'hui !