une énième soirée à s'occuper des corvées des sons of the harpy. la lassitude qui tend tous les muscles un par un, le besoin pressent d'échapper à ses obligations. il n'a jamais rien demandé, n'a fait que suivre les ordres d'une marâtre dont il n'a jamais eu que faire. une marâtre qui n'a jamais rien voulu lui dire sur ce passé qui lui manque si terriblement, sept années d'une vie encore si courte. et son père qu'il n'a jamais connu, et sly qui fait tout pour plaire à sa mère quand elle n'a jamais eu une once de compassion envers lui.
soit.
ses gars comptent sur lui, et sly ne peut plus faire machine arrière. pourtant, il y a des soirées comme celle-ci où sly a tout envie de laisser tomber, et où il rentre à l'appartement qu'il partage avec carmen en ne souhaitant qu'une chose : être tranquille et se perdre dans ses draps frais. après avoir passé le plus gros de la soirée dans une boîte de nuit à faire videur et à refourguer des petits sachets de drogue ni vu ni connu pour se faire quelques clients en plus, sly ne demande que du calme – et peut-être une bonne douche chaude.
mais avec carmen standford, c'est le genre de choses impossibles. il ne paie pas le loyer, alors il est censé faire preuve d'une patience à toute épreuve. sauf que ce soir, sa patience a déjà atteint ses limites. alors, quand il passe la porte et qu'il la voit dos à lui, il ose espérer pendant quelques millièmes de seconde qu'il pourra éviter son courroux en filant sur la pointe des pieds jusqu'à sa chambre – et tant pis pour la douche. mais il n'a pas le temps de prendre une goulée d'air qu'elle lui tombe déjà dessus.
Ca t'ennuie de me resservir ?
il soupire. bien sûr que ça l'ennuie… mais puisqu'il est debout et que le roi fou sait être gentleman quand il le faut, il attrape son verre – non sans qu'elle ait eu le temps de le tapoter avec impatience, dévorant un peu plus de cette patience dont il commence à manquer cruellement – pour le remplir à la bouteille de vin qui trône sur le plan de travail. il lui apporte rapidement, et fait l'affront de demander :
- ce sera tout pour madame ?
non sans une once d'ironie. il se pose à côté d'elle sur le canapé, sans grâce, se retire ses chaussures. il se fiche bien de ne pas plaire à carmen, tout ce qui compte c'est un sommeil bien mérité.
- t'as passé une bonne journée ?
il se plaît quand même à demander, même si leurs rapports sont complexes et qu'ils se parlent assez peu au final. il espère juste qu'elle sera aussi désagréable que d'habitude et qu'il n'aura pas à lui expliquer la raison de sa lassitude grandissante.
carmen standford est un démon.