My force is a platform that you can climb on. (Peyton)

♛ My force is a platform that you can climb on.

Je te donne mes notes, je te donne mes mots Quand ta voix les emporte à ton propre tempo Une épaule fragile et solide à la fois Ce que j'imagine et ce que je crois Je te donne toutes mes différences Tous ces défauts qui sont autant de chances On sera jamais des standards, Des gens bien comme il faut Je te donne ce que j'ai, ce que je vaux...

Allongée dans ce lit immense, seule comme toujours ces dernières nuits, Isabella peine à trouver le sommeil. Luke n’est pas là, il n’est jamais là en ce moment. Elle parvient  à trouver du réconfort auprès de ses proches, bien sûr. Il y a Nikolaï, indéniablement, qui prend une place de plus en plus importante dans sa vie. Il y a aussi Toby qui est un soutien sans fail, Ayden également quand elle a besoin de rire. Mais c’est seule qu’elle se couche chaque soir. Elle se sent seule dans ce lit, dans cette chambre. Et encore, elle a de la chance, la maison n’est plus aussi vide depuis que Peyton a emménagé. Depuis son retour à New-York, la petite brune est revenue combler un creux que personne n’a su remplir en son absence. Avec sa joie de vivre, avec son sourire permanent, elle égaye le quotidien beaucoup trop triste d’Isabella ces derniers temps. Peyton n’est pas seulement sa petite sœur, elles ont un lien tellement fort toutes les deux. Elle l’a élevée comme une mère, une mère plus jeune et plus cool. Enfin, plus jeune en tout cas. Mais aujourd’hui, malgré le bonheur de l’avoir à la maison, Isa sent que ce n’est plus tout à fait pareil entre elles. Et c’est peut-être bien à cause d’elle. Comme si elle se préservait de sa propre sœur, comme si elle avait peur de souffrir encore. Au fond, il y a encore des choses qu’elle ne lui a pas dites. Comme le fait qu’elle a ressenti son départ comme un véritable abandon, comme le fait qu’elle a toujours peur de la voir repartir du jour au lendemain. Mais elle n’a aucune envie de rester éloignée de sa sœur alors qu’elle est enfin près d’elle. C’est pour cette raison que, sans plus réfléchir, la jeune femme finit par quitter sa chambre pour aller rejoindre la chambre d’amis où a élu domicile sa cadette. Elle ne frappe pas à la porte, elle l’ouvre directement avec beaucoup de délicatesse. Et avec tout autant de précaution, elle s’immisce dans le lit de Peyton. Exactement comme elle le faisait des années plus tôt. A l’époque, c’était pour oublier la souffrance infligée par leur père. Aujourd’hui, c’est celle que lui fait subir son mari qu’elle a envie d’oublier. S’asseyant doucement sur le lit, pour éviter de la réveiller, elle la contemple tendrement. Elle ne fait pas le moindre bruit. Et pourtant, malgré toutes les précautions qu’elle prend, elle voit les paupières de sa sœur se mettre à remuer avant qu’elle n’ouvre doucement les yeux. – Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller… Elle esquisse un petit sourire triste, nostalgique. Elle a l’impression de retourner dans le passé l’espace de quelques secondes. – Je vais te laisser dormir… Elle n’en a aucune envie, pourtant, mais elle ne peut pas agir comme avant. Elle n’est plus une adolescente effrayée par son père et, surtout, Peyton n’est plus une petite fille. Elle a le droit à son espace de vie, comme elle lui a promis de le faire en l’invitant à séjourner chez elle. Mais, en vérité, Isabella n’a aucune envie de s’en aller. Elle ne veut simplement pas la déranger. Mais elle a besoin d’être avec elle ce soir.

Cela faisait plusieurs jours maintenant que Peyton avait posé ses valises chez sa grande sœur. Revenir à New-York était un changement de vie radicale et elle en avait pleinement conscience. Toutefois, se réveiller le matin et voir le visage d’Isabella lui procurait un bonheur inestimable. Elle était revenue pour sa famille, et lorsqu’elle passait des moments avec elle, elle ne le regrettait pas. Pourtant, leur relation n’était pas totalement redevenue comme elle l’était avant qu’elle ne parler. Peyton connaissait sa grande sœur et, elle voyait bien qu’il y avait un petit quelque chose qui clochait. Après tout, après plusieurs années d’absence, c’était certainement normal. Elle avait fait sa vie sans elle, Isabella, elle avait construit autre chose que le cocon familial qu’était le leur. Et Peyton ne lui en voulait pas pour cela, bien au contraire, elle était heureuse pour elle. Elle était heureuse si sa grande sœur l’était. Et elle prendrait le temps qu’il faudra, pour retrouver celle qui était comme une mère pour elle. C’était en grande partie pour elle, qu’elle était là, alors elle l’attendrait. Et puis, elle voyait bien aussi que la belle était heureuse de l’avoir à ses côtés. Elle voyait bien qu’elle l’aimait toujours autant et que cela ne changerait jamais. Ce soir encore, elle en avait la preuve. Alors qu’elle dormait dans son lit, elle sentait la présence de sa sœur, juste à ses côtés. Hei… Non, reste… Elle esquissa légèrement avant de se décaler pour lui laisser de la place. Isabella avait toujours eu l’habitude de venir se glisser dans sont lit, et Peyton avait toujours adorait cela. C’était comme un retour en arrière, entre elles. C’était une manière de se retrouver, de se réapprivoiser. Tu voulais faire comme quand j’étais petite ? Demande-t-elle malicieusement, en prenant la main d’Isabella pour l’attirer avec elle. Mais, elle se rappelait bien qu’à l’époque, Isabella avait toujours l’air si triste. Certainement comme ce soir, avec ce visage sombre qu’était le sien. Et si elle n’était plus une enfant, aujourd’hui, elle serait toujours son bébé à elle. Puis, son cœur était toujours aussi enfantin que celui qu’elle avait à l’époque. Elle n’avait pas tant évolué, toutes ces années. 

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Retrouver la petite tête brune de sa sœur lui fait un bien fou. La sentir à ses côtés l’apaise, pas seulement parce qu’elle est rassurée de savoir Peyton en sécurité, mais aussi parce qu’elle se sent elle-même en sécurité avec elle. C’est probablement parce que c’est toujours auprès d’elle qu’Isabella a trouvé refuge chaque fois qu’elle se sentait brisée par leur père. C’est toujours là, au creux de ses petits bras d’enfant, qu’elle pansait ses plaies douloureuses. Peyton n’en a aucune idée mais, jamais, elle n’aurait pu supporter ces deux années terribles sans elle. Seulement elle ne peut pas compter sur elle comme autrefois, Isa. Elle le sait bien malheureusement. Tout est différent désormais. Sa vie est différente, elle-même est différente... Et sa relation avec sa petite sœur l’est aussi, fatalement. Mais, pourtant, la voix encore ensommeillée, Peyton lui demande sans l’ombre d’une hésitation de rester à ses côtés tout en se décalant pour lui laisser de la place. Peut-être qu’elle n’a pas changé, elle. Peut-être aussi qu’il y a certaines choses qui sont immuables. Leur amour en fait partie. Qu’importe tout ce qui peut arriver, Isabella ne pourra jamais cesser d’aimer sa petite sœur. Et, malgré toutes ses appréhensions à son sujet, elle sait aussi qu’il en est de même pour la brunette. Esquissant un faible sourire, la jeune femme finit par s’exécuter silencieusement quand elle la sent attraper sa main. Elle se glisse dans le lit de sa cadette sans se faire prier. C’est ce qu’elle espérait au fond d’elle. - Tu es toujours petite. lui répond-elle avec un petit sourire en coin, juste pour la taquiner. Mais, d’une certaine façon, c’est vrai. Peyton est sa petite sœur, elle la verra toujours comme son bébé. - Tu m’as manqué, tu sais... Vraiment manqué. murmure-t-elle, sans oser la regarder, les yeux rivés sur leurs mains liées. Elle ne l’a pas dit une fois, pas avant ce soir. C’est peut-être parce qu’elle ne se sent pas très bien en ce moment, Isa. C’est peut-être parce qu’elle est plus vulnérable qu’à l’accoutumée à cause de tout ce qui lui arrive. Ou c’est peut-être simplement parce qu’elle se sent enfin prête à ouvrir son cœur à sa petite sœur.

Elle ignorait tout de ce que sa grande sœur pouvait bien ressentir, Peyton. Elle ne connaissait pas les choses qui pouvaient bien embuées ses pensées. Mais, il y avait quelque chose, peut-être leur lien indéfectible, qui lui permettait de comprendre que quelque chose la travaillait. Au fond d’elle, elle parvenait à le ressentir, parce qu’au-delà du lien de sœurs qu’elles avaient toutes les deux, Isabella était également comme une mère pour elle. Et le temps n’avait rien changé à cela, elle en était persuadée. Ce soir encore en était une preuve, parce qu’en réalité elles ont besoins l’une de l’autre. C’est une famille, une vraie famille. Et Peyton savait que sans cette famille elle ne serait rien. C’était ce qui l’avait construit, initialement, sa famille. Cette fratrie solide qu’ils avaient toujours connue avait été leurs forces pendant de nombreuses années. Et si, par la suite, la petite cadette avait eu besoin de se construire par elle-même, elle n’oubliait pas que son identité, c’était eux et particulièrement Isabella, qui la lui avait donnée. Alors en entendant les premières paroles de sa grande sœur, elle laissait échapper un petit rire. Bien sur qu’à ses yeux elle le serait toujours, c’était une évidence, elle avait un regard maternel sur elle. Et au fond, Peyton ne voulait pas que cela change. Elle ne voulait pas le perdre, ce regard. Je suppose que je le serai toujours oui. Elle serrait sa main dans la sienne pour confirmer un petit peu plus ses paroles. Mais en entendant les paroles suivantes de sa grande sœur, la jeune femme était instinctivement touchée. C’était la première fois depuis son retour qu’elle le lui disait, qu’elle lui disait qu’elle lui avait manqué. Et donc, en quelque sorte, qu’elle était heureuse de la retrouver. Toi aussi, Isa. Je te promets qu’il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé à toi. C’était la vérité. Elle avait vécu sa vie, là-bas, sa vie comme elle l’entendait, mais sa grande sœur était toujours dans un coin de son esprit. Et je suis vraiment heureuse d’être rentrée. Elle aurait aimé aller mieux, Peyton, c’était indéniable. Mais sa maladie n’enlevait en rien le bonheur de retrouver sa grande sœur. Et elle avait la sensation que le dire à Isabella maintenant était nécessaire. Elle avait la sensation qu’il fallait qu’elle le sache.

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Il y a ces personnes, rares, qui la connaissent, Isabella. Elles savent voir au-delà de l’apparence un peu froide, presque sans sentiment qu’elle peut renvoyer. Elles savent aussi déceler sa douceur derrière sa retenue, son cœur sans limite, derrière toutes ses réserves. Et Peyton, elle est celle qui connaît mieux cette partie d’elle. Elle y a eu droit, tout au long de sa vie, elle a pu bénéficier de tout ce qu’elle a tant de mal à dévoiler aux autres. Elle est sûrement l’une des personnes qui la connaît le mieux au monde. Parce qu’elle est sa sœur, parce qu’elle est comme sa fille. Mais c’est peut-être aussi pour cette raison qui lui est si difficile, aujourd’hui, de savoir comment se positionner face à elle. Après tous ces mois, ces années, passés loin d’elle, il lui est compliqué de savoir quel est son rôle désormais dans la vie de la petite brune. Elle ignore si elle peut encore agir comme elle l’a toujours fait, si elle doit au contraire lui laisser l’indépendance qu’elle a acquise en étant si loin d’elle. Ou peut-être doit-elle seulement trouver un juste milieu entre la Peyton d’autrefois et la femme qu’elle devient, elle qui sera toujours son bébé à ses yeux. Ce qui n’a pas l’air de la déranger, en vérité. Elle rit de bon cœur quand Isa lui affirme qu’elle est toujours petite, elle ajoute même qu’elle le sera probablement toujours. Elle sourit tendrement en l’écoutant, le cœur un petit peu réchauffé de l’apprendre. Sa main dans la sienne, elle l’imite instinctivement en la sentant resserrer leur emprise. Pour la première fois, elle se sent la force de lui confier ce qu’elle éprouve, ce qu’elle lui tait depuis trop longtemps. Elle est touchée par la réponse de sa sœur, pas si surprise, parce qu’elle sait qu’elle l’aime, Isabella. Elle n’en a jamais douté. Elle a seulement souffert de la savoir loin. Souffert aussi de se dire qu’elle a eu besoin d’être loin d’elle, pour se trouver elle-même. – Moi aussi. murmure-t-elle faiblement en la regardant. Elle marque un long silence suite aux dernières paroles de son interlocutrice, comme si elle hésitait, comme si elle avait peur. Puis elle finit par lui demander avec toute l’appréhension du monde. – Est-ce que ça signifie que tu restes ici pour de bon ? Parce que c’est bien ce qui lui fait le plus peur, Isabella. Lui ouvrir à nouveau son cœur, retrouver tout ce qu’elles ont toujours connu et… La voir partir une nouvelle fois.

Elles étaient différentes, Isabella et Peyton. Elles l’avaient toujours été. Isabella bien plus forte, bien plus réservée et imposante qu’elle. Mais, cette différence n’avait jamais été un frein dans leur relation, cette différence ne les avait pas éloignées l’une de l’autre, jamais. En réalité, c’était même tout le contraire, cette différence était une force. Toutes les deux étaient complémentaires, et Peyton avait toujours aimé Isabella exactement telle qu’elle était. Elle était en même temps une grande sœur extraordinaire, et à la fois une bonne mère pour elle, une bonne mère de substitution. Alors, lorsqu’elle était là, dans le même lit que sa grande sœur, Peyton réalisait plus que jamais à quel point elle avait de la chance de l’avoir. Et à quel point elle ne voulait pas la perdre. Elle sentait qu’Isabella n’allait pas au mieux, elle sentait que quelque chose clochait, et elle ne regrettait pas une seconde d’être rentrée, parce que peut-être qu’en restant encore un peu plus de temps éloignée de sa sœur, elle aurait pu finir par la perdre définitivement. Et pour rien au monde elle n’aurait souhaité que cela arrive. Elle avait besoin d’elle, réellement besoin d’elle dans sa vie. La jeune femme regardait alors sa grande sœur dans les yeux avec tendresse. Oui, oui je reste pour de bon, Isabella. C’est promis. Une partie d’elle avait des difficultés à accepter que désormais, sa vie, ses voyages, devraient êtres grandement réduits. Mais elle était sûre d’elle, elle voulait reprendre sa vie ici, à New-York près de sa famille. Après quelques secondes, elle se décida finalement à reprendre la parole. Il était temps pour elles deux de crever l’abcès. Je sais que je suis partie longtemps et… Que notre famille s’est éloignée… Mais je t’assures que de mon côté rien n’a changé, je ne me suis pas détachée de vous, de toi. Elle ignorait à quel point Isabella avait souffert, Peyton, et peut-être qu’elle s’y prenait très mal. Mais elle avait la sensation que c’était bien ce que sa grande sœur avait besoin d’entendre ce soir. Et si ce n’était pas le cas, c’était toujours une bonne chose pour elles deux, pour leur relation, de se dire ce genre de choses. Leur famille avait bien trop été détruite par le passé, et Peyton ne voulait pas laisser ce qu’il reste entre elles, entre eux, se briser.

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C’est étrange combien, tout en étant si différente d’elle, Peyton est capable de la comprendre. Elle est peut-être bien l’une des seules personnes au monde capables d’un tel exploit. C’est sans doute plus facile pour elle qui la connaît depuis toujours, elle qui a su apprendre à déceler chaque émotion, chaque pensée, chaque mot qui peut sortir d’Isabella. Il y a pourtant encore beaucoup de choses que la jeune femme n’a pas voulu lui confier, beaucoup de choses qu’elle préfère garder pour elle, simplement pour préserver sa petite sœur. Comme elle l’a toujours fait. Elle ne veut pas lui faire de mal, elle ne veut pas non plus créer un froid entre elles. Après tout ce temps passé loin l’une de l’autre, ce serait la dernière chose à faire. Tout ce qu’elle désire, désormais, c’est rattraper tout le temps perdu avec Peyton. Et peut-être que ce ne sera pas aussi difficile qu’elle le redoute, si elle se fie aux paroles de cette dernière. Une promesse, elle lui fait une promesse qui a toute son importance en lui assurant qu’elle compte réellement rester à ses côtés. Sûrement parce que, oui, elle la comprend. Elle la connaît. Elle doit sentir, plus que n’importe qui, à quel point elle en a besoin. Isa lui adresse un doux sourire, sans un mot, reconnaissante pourtant. Mais sa petite sœur n’a pas fini. Et ses paroles suivantes sont plus touchantes encore. – Je sais. Je le vois bien Peyton. déclare-t-elle dans un murmure, les yeux baissés. Elle hésite, pendant quelques secondes, mais décide enfin de faire un pas vers elle, elle aussi. – Je crois que c’est moi qui ai plus de mal à être… Comme avant. Elle se redresse un petit peu, comme fébrile, puis repose enfin son regard dans celui de sa cadette. – Je me rends compte que je mets cette distance entre nous, je t’assure que ce n’est pas volontaire. C’est juste que j’ai eu tellement de mal à accepter ton départ, peut-être même que… Je n’ai jamais su l’accepter. Elle déglutit difficilement mais garde ses prunelles ancrées dans celles de sa sœur. – Je sais que tu avais besoin de te trouver, je connais tes raisons, mais c’était difficile de me dire que tu ne pouvais le faire que loin de moi. Vraiment difficile. répète-t-elle, la gorge un peu nouée. Livrer ses faiblesses, c’est tellement loin d’être dans ses habitudes, à Isa. Mais s’il y a bien une personne avec laquelle elle peut le faire, c’est bien sa sœur.

Les paroles d’Isabella étaient comme un cou de massue sur la tête de sa petite sœur. Elle n’était pas idiote, elle savait bien que son départ n’avait pas été facile pour la jolie latina. Elle savait bien qu’elle avait toujours eu ce rôle de mère pour elle, et qu’une mère a toujours mal en voyant partir ses enfants. Elle savait bien que leur famille avait toujours été la chose la plus importante pour elle. Mais, de là à imaginer que son départ était resté une souffrance si grande dans son cœur, non, jamais. Parce qu’en aucun cas elle n’avait eu l’attention, l’envie de la faire souffrir. Et, une partie de ses paroles était totalement fausse. Ce n’était pas elle qui l’empêchait de se trouver, d’évoluer, c’était simplement New-York. C’était simplement cette vie, toutes ces blessures qu’elles avaient eu à soigner l’une comme l’autre. Et Peyton avait eu la sensation que, si jamais elle restait vivre ici, elle ne parviendrait pas à se construire. Elle resterait éternellement bloquée dans cette souffrance, et peut-être même qu’elle ne serait pas devenue la jeune femme qu’elle était aujourd’hui. Mais, elle avait été égoïste, puisqu’elle avait abandonnée Isabella dans cette même souffrance. Et si l’idée de se construire impliquait détruire sa grande sœur, jamais, jamais elle n’aurait fait ce choix. Parce que sa famille était tout pour elle, c’était tout ce qu’il y avait de plus important à ses yeux. Oh… Se redressant à son tour, Peyton était incapable de regarder sa grande sœur. Elle n’était pas blessée par les paroles de cette dernière parce qu’elles étaient justes, mais elle avait mal en pensant qu’elle avait empiré les choses, qu’elle l’avait fait souffrir plus que jamais. Pourquoi tu ne m’as jamais dit tout ça, Isabella… ? Avant que je parte ou… Même après… ? Cela aurait tout changé. Tout. Leur relation n’en aurait pas souffert. Et elle savait combien Isabella était réservée face à ses émotions, elle le savait mieux que personne, mais elle était sa petite sœur. Et elle ferait toujours tout pour elle. Elle aurait tellement de choses à lui dire, tellement de choses pour la rassurer, tellement de choses qui pourraient changer ces idées horribles qu’elle avait en elle. Mais, elle voulait tout d’abord entendre sa réponse. Elle voulait comprendre, parce qu’elles étaient une famille, une famille indestructible.

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Elle sent combien ses confessions chamboulent sa sœur, Isa. Elle sent combien elles lui font du mal. C’est tout ce qu’elle voulait éviter, tout ce qu’elle a voulu empêcher durant toutes ces années où elle n’a rien dit. Pour rien au monde, elle n’accepterait de la faire souffrir. Elle la fera toujours passer avant tout, avant tous les autres, avant elle-même. Elle serait prête à tous les sacrifices pour Peyton. Parce qu’elle est sa petite sœur, son bébé, son trésor le plus précieux. Elle ne supporte pas l’idée de la savoir malheureuse. Elle préférerait encore vivre avec cette douleur, ce vide en elle, que voir malheureuse celle qu’elle considère comme la fille qu’elle n’a pas. Pire encore, elle n’aurait jamais pu se pardonner d’être à l’origine du mal-être de la petite brune. Son bonheur est tout ce qui lui importe. Et s’il impliquait de partir à l’autre bout du monde, elle ne pouvait que se résoudre à la laisser faire, Isabella. D’autant plus que, en toute objectivité, elle a conscience que cela ne pouvait que lui faire du bien. Peyton a toujours été la petite dernière, la petite protégée de toute la famille. Elle devait déployer ses propres ailes, loin d’eux, loin de leurs drames familiaux, et… Loin d’elle, par la même occasion. Puis, peut-être que c’est sa faute, au fond. Peut-être qu’à trop les couver, c’est elle qui les a tous poussés à s’éloigner. Ben a su suffisamment le faire comprendre pour qu’elle garde cette idée dans sa tête. Elle sait tout cela, Isabella. Son esprit rationnel est là pour là pour lui rappeler toutes ces choses. Mais elle oublie sa raison quand il s’agit de ceux qu’elle aime. Quand il s’agit de Peyton, il n’y a plus que son cœur qui parle. Surement qu’elle l’aime trop. Et, parce qu’elle l’aime trop, elle se déteste de lui faire du mal en ce moment. La jeune fille a les yeux baissés, comme si elle n’arrivait plus à la regarder, comme si elle prenait conscience de tant de choses qu’elle ne soupçonnait pas. Un tendre sourire, plein d’amour, vient se dessiner sur les lèvres de la Latina quand elle entend sa question. Et, comme une évidence, elle lui répond. – Parce que tu serais restée. C’est peut-être compliqué à comprendre mais elle a toujours été une femme complexe, Isa. Elle n’aurait tout simplement jamais pu penser à elle avant de penser à sa sœur. C’est l’essence même de leur relation, de son amour pour elle. Attrapant délicatement son menton, elle la pousse à relever la tête pour pouvoir plonger son regard dans le sien. – Tu avais besoin de partir. J’aurais été extrêmement égoïste de te retenir alors que je savais que c’est ce que tu voulais. Elle lui caresse la joue un instant, tendrement. – Tu es ma petite sœur Peyton, ne l’oublie pas. Ton bien-être passera toujours avant tout pour moi.

Elle est blessée, Peyton, c’est une évidence. Et ce n’est pas Isabella qui la blesse, mais bien l’idée d’avoir pu être égoïste avec la personne qui compte le plus à ses yeux. Jamais elle n’a voulu l’abandonner, et elle s’en veut terriblement de ne pas avoir comprit que sa grande sœur souffrait, elle aussi. La belle latina est forte, elle est même la personne la plus forte que Peyton connaisse, mais même les personnes les plus fortes ont leurs faiblesses. Et, celle d’Isabella, c’est sa famille. Une famille qui s’est détournée d’elle, alors qu’elle, elle a toujours tout fait pour eux, pour les protéger et pour qu’ils ne manquent de rien. Voilà, la dure réalité. Et peut-être que le retour de Peyton à New-York est une bénédiction, en réalité. Peut-être qu’elle peut désormais se rattraper, se racheter auprès de sa sœur. Et ce même si, en entendant ses paroles, la jeune femme comprend bien que celle qu’elle considère comme sa mère, ne lui en veut absolument pas. Après tout, une mère, c’est ça. Une mère pardonne toujours à son enfant. Comme Isabella le fait avec elle aujourd’hui, comme elle le fera toujours. Alors après quelques secondes, Peyton se rapproche légèrement et la prend dans ses bras. Je suis désolée. Elle le serre dans ses bras, lui dire qu’elle est désolée n’effacera pas toutes ces années passées loin l’une de l’autre. Mais, elle a besoin de le lui dire, parce que c’est ce qu’elle ressent. Tu es la personne que j’aime le plus au monde, Isa. Et je n’ai jamais voulu m’éloigner de toi, et encore moins te faire souffrir. C’est peut-être stupide à dire, parce que c’est une évidence. Pourtant, cela prend tout son sens. Parce que c’est ce qu’elle a fait, sans le vouloir. Et Peyton veut qu’Isabella sache que ce n’était pas du tout son intention. Elle se détache alors de ses bras, restant tout près d’elle tout de même, avant de reprendre la parole. Je n’avais pas réalisé que… Que tu pouvais avoir besoin de moi… Toi aussi. Isabella a toujours été si adulte, si forte, si déterminée. C’est elle qui a toujours su assurer ce rôle. Et, à un moment, elle a certainement eu besoin que les rôles s’inversent, sauf que Peyton, elle, était déjà partie. Mais maintenant qu’elle est ici, cela ne se reproduira pas. Elle veut l’assurer à Isabella. Elle ne compte pas repartir de sitôt.

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