Forget Superman, I'll be Wonderwoman (Liz & Kitty)

Octobre. Un mois bien sombre pour New York. Les feuilles tombent lentement des arbres, s’accrochant jusqu’à changer peu à peu de couleurs pour enfin se laisser tomber sur le sol frais de l’automne. Les jours deviennent plus sombres, plus gris, la pluie s’abat régulièrement sur les vitres des voitures coincées dans ces légendaires embouteillages New-Yorkais. C’est une saison froide, et pourtant si chaudes de couleurs qu’elle en illumine le cœur de Kitana chaque année. Si pour beau nombre des habitants de cette ville octobre rime avec monotonie et tristesse d’un été terminé, pour Kitana c’est un mois riche en inspiration. Peut-être est-ce son côté nostalgique qui ressort à chaque fois que son regard se pose sur les tas de feuilles empilés devant chez elle, peut-être est-ce ces gouttes de pluies qui perlent sur son visage lorsqu’elle sort de son salon, tout est pour elle signe d’expression et d’inspiration. C’est ainsi qu’en octobre, elle prend toujours plaisir à explorer sa ville, son quartier, ses habitants et leurs drôles d’habitude. Lorsque ses journées ne sont pas trop chargées, à vrai dire elles ne le sont que rarement à cette période, elle prend son long manteau et son carnet et elle retient chaque recoin de son quartier ou de sa ville pour le dessiner. Souvent la création vient lorsque l’on ne s’y attend pas.

Ainsi en ce soir d’octobre, Kitty ferma son salon de tatouage à 21H. Elle avait étonnement reçus des clients en nombre aujourd’hui, peut-être attirés par son art d’automne ? Toujours est-il qu’elle n’avait pas l’intention de rentrer chez elle maintenant. Après avoir enfilé son Perfecto noir cintré, celle-ci s’aventura dans le Queens contemporain pour choisir un bar qui saurait l’inspiré. Son premier critère était souvent la décoration et l’atmosphère que dégageait le lieu et bien entendu : les clients qui comblaient les salles. Tant qu’un visage ne l’inspirait pas, elle ne restait pas. C’est ainsi qu’elle aperçut son visage, un visage peu commun et si bien tracé que son crayon aurait pu dessiner ses traits en quelques secondes. Kitty vit une femme assise à l’intérieur de l’un de ces bars populaires du quartier, toujours bondés par des âmes égarées. Son regard se posa sur les cheveux longs brillants comme de la soie. Son corps mince, sa peau dorée, son visage fin : et pourtant quelque chose la frappa. Ses yeux dégageaient une tristesse qui lui était trop bien connus. Une sorte de désespoir, comme si elle semblait être lassée et fatiguée de tout. Kitty la fixait si intensément qu’elle en oublia d’éteindre sa cigarette avant de rentrer. Elle se fit réprimander, s’excusa avec un sourire charmeur, et entra pour se poser directement au bar. Tout en jetant des coups d’œil discrets, elle commanda un martini et sortit son carnet de dessin. Elle feuilleta ses croquis et ses nombreux dessins avant de tourner une nouvelle page vierge. Tout en sirotant son verre, elle fixait discrètement les traits de la jeune femme pendant que ses doigts traçaient des formes qui ressemblaient peu à peu à un visage de jeune femme. Elle était belle, elle était inspirante, et Kitty comptait bien profiter du spectacle pour créer une œuvre d’art. Pourtant quelque chose l’interpella. Un homme semblait s’intéresser de près à elle, si près qu’elle n’avait pas l’impression que la belle appréciait tant que cela sa compagnie. Kitty croisa les jambes, et se tourna légèrement sur le coté pour observer les deux, sirotant avec aise son Martini. Pourquoi cette femme ne le repoussait pas ? Tout semblait porter à croire qu’elle appréciait la compagnie de cet énergumène, et pourtant Kitty décelait dans le regard froid de la jeune femme une envie de fuir ce qui lui tombait sous la main. Kitty n’était pas du genre à rester sans rien faire, en particulier lorsqu’une femme se faisait embêter. Le problème est actuellement qu’elle ne savait pas si elle devait intervenir ou nom. Elle regarda donc le spectacle d’un œil attentif, fixant la belle se donner des airs sûr d’elle et de confiance pendant que Kitana y décelait un étrange contraire. Elle s'attarda quelques secondes à fixer la jeune femme, puis s'éclipsa aux toilettes pour se refaire une légère beauté. Ses yeux en amandes étaient illuminés par son maquillage doré accompagné de son légendaire rouge à lèvres rouges qui ne quittait jamais ses lèvres.  Elle adorait prendre soin d'elle, mais cette fois-ci son esprit n'était pas tranquille. Elle revint à sa place, mais ne s'assit pas sur son tabouret. Elle prit simplement son sac et son deuxième verre de martini, et avança en direction du pseudo couple. Elle vint directement près de la jeune femme, et avec un sourire provocateur déposa un baiser sur joue. Elle tourna le regard en direction de l'homme qui lui faisait face, et le questionna du regard.

- Je savais que ce n’était pas une légende et pourtant, j’ai du mal à en croire mes yeux. Essayer de draguer une femme en couple, c’est bien bas, monsieur...? dit-elle en faisant semblant d'attendre un simple nom.

Elle n'attendit pas vraiment de réponse de sa part, et le fixa d'un air dédaigneux. Puis elle se pencha sur la jeune femme, et lui murmura dans l'oreille.

- Il ne l'a peut-être pas remarqué lui mais moi je l'ai vu, dit-elle en pointant les yeux de la belle du bout des doigts puis le haut de sa tête, la détresse qu'il y'a là dedans.