des éclairs sur ton visage (jean)

01/ la famille paradise, famille parfaite aux premières apparences. famille nombreuse, famille heureuse, c’est souvent ce qu’on dit. mais la famille paradise, elle n’est faite que de faux-semblants. des parents très modestes, le père ouvrier et la mère, mère au foyer. un enfant, il y a vingt-six ans, kaz. puis un autre, il y a vingt-cinq ans, toi. des enfants rapprochés, des enfants aimants et proches, un bonheur simple malgré le manque d’argent. puis tout a changé, l’adolescence est arrivé, pour kaz comme pour toi. les premières crises, les premiers cris, et l’amour d’un couple qui n’est plus. tes parents, ils sont restés ensemble, car séparés, tout allait être encore plus compliqué. ils ne vous l’ont jamais dit, ils font toujours semblant, mais ton frère et toi, vous étiez loin d’être dupes. et kaz, il s’est éloigné. puis il y a sept ans, est né ton petit frère shiloh. il y a cinq ans c’était autour de ta petite soeur lili, ton portrait craché. et il y a trois ans enfin, le petit dernier, sloan. des enfants pour de l’argent. c’est dégueulasse, mais c’est comme ça que tu l’as vu toi. et c’est comme ça que kaz l’a aussi ressenti, et qu’il s’est encore plus éloigné jusqu’à ne presque plus jamais revenir. ces trois enfants, ils ont permis à tes parents de vivre un peu mieux. ces trois enfants, tu les aime toi, car ils restent tes frères et soeurs, et quand tu as du temps libre, tu viens aider ta mère, qui se retrouve complètement dépassée. t’es la seconde mère. tu jongles entre tes études, ton travail et cette vie de famille que tu n’as pas demandé. 02/ kaz. kaz, kaz, kaz. kazabian. ton frère adoré. ton presque jumeau, comme tu aimes l’appeler. kazabian qui a juste un an de plus que toi. vous avez toujours été proches, vous l’êtes restés, soudés comme jamais. il sait tout de toi, ou presque. toi, tu sais tout de lui, du moins tu en es convaincue. kaz, et cette relation fusionnelle qui vous lient depuis maintenant vingt-cinq ans. kaz qui s’est éloigné de la famille, kaz avec qui tu as lié des liens encore plus forts depuis la naissance des trois derniers. kaz et jean, seuls contre le monde entier. les paradise, le jour et la nuit. l’obscurité et la douceur. le brun et la blonde. la seule chose qui vous lie physiquement, c’est votre regard. ses billes grises, céruléennes, vous avez les même. et ça vous fait souvent rire, car vos regards, c’est ce qu’il y a de plus fort, de plus pur chez vous. on vous prend souvent pour un couple, quand on vous voit ensemble, et toi, toi ça te fait rire, parce que kaz, tu pourrais pas le supporter autrement. trop sombre, trop mystérieux, trop violent. trop trop. alors que toi, t’es souvent dans le pas assez. pas assez folle, pas assez délurée, pas assez intéressante. il est ton tout, il est ton contraire. il est ton frère, et tu pourrais simplement donner ta vie pour la sienne. 03/ ta vie est rythmée. tu n’aimes pas les surprises, tu n’aimes pas les imprévus. ta vie est ordonnée, tu vas en cours, tu travailles tels jours à telles heures, tu aides ta famille, et tu danses. tu danses parce que quand tu danses, tu te sens libre. comme un oiseau. tu remplaces des baskets par des ballerines, et tu danses. dans ce club, dans ta chambre, dans la salle de bain de l’appartement que tu partages avec babi. tu es passionnée, tu voudrais en faire ton métier. mais voilà, pour l’instant ça ne marche pas, ça reste ta passion et tu aimerais qu’on te remarque, un jour. qu’on te fasse entrer dans un opéra, que tu deviennes un rat puis une étoile. mais en attendant, c’est ton autre passion qui t’as poussé à faire des études, et cette envie de t’en sortir, de ne pas rester comme tes parents. et cette deuxième passion, c’est l’histoire. rouages du passé pour préparer un meilleur avenir. tu étudies l’histoire donc. passion dévorante qui anime tes heures de cours et tes heures de temps libre. une passion que t’as transmise encore un peu plus ce professeur, andrea rosenthal. un passionné, un ancien militaire. un professeur. ton amant. 04/ andrea. ton amant, ton amour. professeur divorcé, mais toujours marié dans son coeur. il est aussi ton péché. ça a commencé par un regard, puis par des gestes entre les cours, puis c’est allé plus loin. personne n’est au courant, mise à part vous deux. et babi. parce que babi est ta colocataire, et qu’andrea, il vient souvent chez toi. et babi elle ne dit rien, parce que babi elle a découvert une autre toi, à travers cette histoire. t’es tombée littéralement amoureuse de lui. quand il vient t’embrasser sur le cou ou les lèvres, quand il vient te lire des livres historiques, quand il te raconte son histoire à lui. t’es devenue accro, jean. comme une drogue, un manque qui se fait sentir dés qu’il n’est plus à tes côtés. accro à cet homme que tu ne devrais pas approcher, parce qu’andrea il pourrait avoir des problèmes à cause de toi. il pourrait être radié de sa fonction, il pourrait tout perdre. mais lui non plus peut pas se passer de toi. tu réclames des je t’aime, qu’il ne te donnera jamais. car celle qu’il aime, ce n’est pas toi jean. celle qu’il aime, depuis toujours et surement à jamais, tu pouvais pas rivaliser avec elle. et tu sais pas comment tout ça finira. vous êtes trois dans l’histoire, et les histoires à trois, ça finit rarement bien. ça finira mal pour toi. mais tu t’en fous. tu l’aimes.