I know you (ben)

Aujourd'hui, Soledad avait de nouveau partagé sa matinée avec son binôme, Esteban. C'était beaucoup plus simple quand elle travaillait avec lui, tout simplement parce qu'il ne lui faisait pas tant de manières et de remarques que pouvait lui faire Joe, ce vieux bougre ronchon. Esteban lui avait appris les bases mais il essayait aussi d'appuyer sur le sens pragmatique que la jeune femme devrait sérieusement cultiver pour devenir plus rapide, plus précise.

Il l'avait laissé à l'angle de la rue, devant l'un de ses restaurants préférés avant de reprendre la route. Il faut dire que Sole avait démarré tôt cette journée et, comme le week end se profilait, son chef lui avait accordé une heure. Un favoritisme? Peut être, elle ne voulait pas épiloguer dessus. Elle était bien contente d'avoir la fin de la journée à elle.

En descendant de l'ambulance, elle reçut de plein fouet la chaleur du bitume, ses joues devinrent roses. La sueur semblait parcourir sa longue crinière brune. Elle commença à marcher, décidant de flâner avant de rentrer chez elle. Elle continua sur la grande avenue, lorsqu'elle vit au loin un jeune homme qui traitait avec un gosse, peut être seize ou dix sept ans. Guère plus. Si le gosse ne lui disait absolument rien, le jeune homme lui semblait être familier. Alors qu'elle cherchait dans sa mémoire d'où elle avait pu oublier un homme plutôt mignon, elle le vit emprunter la ruelle, le gosse lui emboitant le pas.

Discrètement, elle s'engagea dans la ruelle, le perdant un instant de vue. Jusqu'à ce qu'elle le voit parler à l'oreille de l'autre. Elle s'approche doucement, déterminée à remettre un nom, un contexte à cet homme. Elle le voit soudainement sortir de sa poche le fameux sachet blanc immaculé. Elle se raidit. Le gosse tend le billet, franchement convaincu par la marchandise. Sole serre les dents, motivée à rester dans l'ombre. Si seulement... En reculant vers le mur, elle heurte une bouteille heineken, qui roule devant elle. Ni une , ni deux, les deux hommes lancent un regard, sur le qui-vive, dans la direction de la demoiselle.

Elle lève le bras droit, une mine craintive (celle qui ne la quitte que très rarement). Elle leur lance , avec une voix audible mais légèrement basse :

- Hey les gars, ne vous en faîtes pas, hein. J'vais ni ouvrir ma bouche, ni vous en coller une.

Elle lance un regard au jeune homme barbu. C'est vrai qu'il a plutôt l'air d'avoir envie de l'étrangler que la saluer. Le gamin, lui, reste sur la défensive. Elle ravale sa salive et poursuit :

- Je me disais juste que, toi je t'ai déjà vu quelque part.

Au moins , elle allait droit au but. Pratiquement ouais.