maybe i'm barely alive. + lyes

maybe i'm barely alive

@lyes skadden

3h05. elle claque la porte de ce bar miteux qui lui offre quelques billets à la fin du mois, pas de quoi vivre mais de quoi survivre. de quoi faire briller le toc dont elle s’habille et qu’elle fait passer pour de l’or, de quoi vendre sa misérable personne faite de mythos et de fausses promesses. tout est faux chez mila t’façon, tout est fake, tout est calculé et il ne reste pas grand chose de vraie au fond. magicienne perfectionniste, elle sait faire aimer même le plus sale de ses défauts. ils n’y voit que du feu, tous. obnubilés par ses douces formes qu’elle fait danser pour faire tourner les têtes faibles. pour faire oublier, camoufler le serpent aux morsures mortelles qu’elle est vraiment. mila elle traverse les rues, ses pas s’enchaînent dans l’assurance spectaculaire sous les lampadaires. hors normes. elle ne prend même pas la peine de lever les yeux à ces coups de klaxons qui s’éteignent à la fin.

l’immeuble délabré qui s’offre à elle. mila elle sent les regards des chiens du queens, de ceux qui aimeraient la posséder sans ménagement. qui aimerait avaler le rouge carmin sur ses lèvres, juste pour la rendre moins excitante. mila elle le sent, là, seule dans le silence qui s’étale quand elle s’approche de la grande porte. elle ne se ferme même plus à force d’avoir été trop malmenée. les murmures derrière elle, la lumière aveuglante qui lui fait briller ses opales de douleur déchirante. un soupire étouffé entre les quatre murs de cet ascenseur qu’elle ne supporte plus. ni lui, ni les bruits qui le traverse.

encore un petit effort et elle retrouverait son lit. la main dans son sac s’agite, les doigts qui remuent à l’intérieur à la recherche d’un bruit de ferraille rassurant. mais elle ne sent rien, elle n’entend rien, alors mila s’excite sur le palier. s’impatiente et se déteste d’avance à l’idée de devoir faire demi tour, elle persiste à vouloir retrouver ce qu’elle sait déjà avoir oublié. les clefs, ce petit trousseau qui pouvait la ramener à la solitude dont elle avait besoin, là, tout d’suite. - merde ! qu’elle fait grincer entre ses dents, la mâchoire contractée alors qu’elle pivote, prête à refaire le chemin en sens inverse. mais c’est une autre porte qui l’a stoppe net, celle de lyes. un prénom qu’elle a entendue quelques fois dans d’autres bouches, un visage qui l’a traumatise autant qu’il l’a transperce. elle jette un coup d’œil à l’ascenseur, puis sur la porte à nouveau en se pinçant l’intérieur de la joue d’hésitation. puis tape contre le bois, sans douceur, le masque de la poupée arrogante enfilé à nouveau. plus que jamais cette fois, quand il s’agit de lui. surtout de lui. capable de la faire valser de son regard trop familier, de la faire divaguer si elle reste trop dans les parages. mais elle a pas pu s’en empêcher mila, elle en avait envie quelque part.. - t’es seul ? alors que la silhouette imposante s’offre à elle une fois la barrière de bois anéantit. mila elle hésite pas à forcer le passage, entrer dans l’antre du sosie de ses maux. - j’ai perdue mes clefs. oubliée* en fait, mais mila elle préfère mentir. elle ment tout l’temps, toujours, mais son regard ne sait plus le faire quand il est face à elle.

maybe i'm barely alive

@mila sanchez

affalé dans ton pieu, iris scotchés sur l’écran d’ton portable, t’fais défiler les miniatures des vidéos sous tes yeux. y a rien qui t’tente, mais tu t’dis qu’c’est sans doute parce que t’les as toutes d’jà matés et qu’t’en as marre d’voir les mêmes choses sans arrêt.
à défaut d’pouvoir sortir pour t’vider les couilles, tu t’es convaincu qu’un film porno f’rait l’affaire, mais t’étais loin d’t’imaginer à quel point c’ennuyant d’se branler après avoir enchaîné les coups d’un soir pendant des s’maines.
t’fermes l’onglet en soupirant, zieutant maint’nant tes contacts alors qu’a ton index qui s’arrête sur c’lui d’bonnie.
bonnie étant pas son vrai prénom, c’dernier qu’tu connais même pas, d’ailleurs…
m’enfin, qu’t’as pas songé à lui d’mander quand vous vous êtes quittés.
la pulpe d’ton doigt qu’appuie sur c’dernier pour lui envoyer un sms alors qu’on toque à la porte.
W H A T .
T H E .
F U C K ?
tu t’lèves d’un bond et t’précipites vers la porte d’entrée pour t’foutre d’vant l’œil magique.
qu’est-ce qu’elle fout là, celle-là?
intrigué, t’ouvres la porte d’un mouv’ment – beaucoup trop – brusque.
pas d’salutations,
rien.
t’la dévisages que’ques s’condes avant qu’elle daigne ouvrir la bouche.
– t’es seul ?
– ouais.
mais non.
y a ton frangin d’pieuté dans la piaule du fond, en face d’celle d’tes vieux.
t’as juste pas envie d’passer pour l’mec qui fait du babysitting – alors qu’c’est pas mal ça, en fait – mais y a pas tell’ment d’risque qu’il s’réveille vu l’heure à laquelle il s’est endormi. il a littéral’ment gobé son poids en bonbecs et c’p’tit con avait trop d’sucre dans l’sang pour s’éteindre.
t’as du l’forcer à enfiler son putain d’pyjama des tortues ninjas parce qu’il était bien partie pour courir dans l’appart’,
complèt’ment nu,
toute la nuit.
t’as pourtant chigné comme quoi c’verity qu’a l’plus d’expérience avec l’môme, mais faut croire qu’les skadden s’sont passés l’mot pour t’faire chier.
parents absents pour l’week-end, ta charmante sœur à décidé qu’ça tombait les mêmes putains d’jours qu’son roadtrip d’tu-sais-pas-trop-où avec tu-sais-pas-trop-qui. du coup, c’toi qui s’tape la joie d’surveiller l’gamin.
t’avais d’autres trucs d’prévus, mais, au final, t’es assez content d’être cloîtré chez toi,
presque seul.
parce qu’il doit compter pour qu’un quart d’personne vu sa taille d’bestiole…
quoi qu’il équivaut à trente hyperactifs quand il dévalise les réserves d’sucreries des parents.
quoi qu’il en soit, t’as que’ques heures d’vant toi avant qu’le sale mioche s’extirpe d’sa profonde léthargie, c’qui veut dire qu’t’as suffisamment l’temps pour t’faire – enfin – ta voisine sur laquelle t’bandes d’puis un peu trop longtemps à ton goût.
c’t’à croire qu’tu d’viens un vrai putain d’gentleman, lyes! d’puis quand tu t’fais des nœuds dans la bite pour éviter d’t’envoyer en l’air avec une gonzesse? d’puis qu’elle est rentré dans ta vie, forcément.
t’grognes alors qu’la brune t’passe sous l’nez pour pénétrer à l’intérieur sans attendre qu’tu t’effaces.
OKKK…
sourcil arqué, t’fais volte-face après avoir fermé la porte derrière toi pour mater l’cul d’mila.
– j’ai perdue mes clefs.
elle t’force à l’ver les yeux pour l’interroger du r’gard.
p’is c’censé être ton problème qu’elle ait perdu ses clefs? non parce que t’en as rien à foutre et t’doutes qu’ce soit une bonne raison pour débarquer chez les gens à trois heures du mat’.
par contre, t’as fait l’même coup, la veille, à jihane alors t’es mal placé pour t’plaindre d’quoi qu’ce soit.
tu t’contentes d’croiser les bras contre ton torse pour adopter une posture qui s’veut indifférente alors que, au fond, y a tout ton corps qui s’penche vers l’avant, attiré vers elle par une force quelconque…
p’t’être par celle d’ta bite.
– t’as même trouvé une excuse bidon et tout pour cogner à ma porte? c’mignon.
t’fais la moue avant d’laisser tomber tes bras l’long d’ton corps, agacé qu’ce soit rien qu’pour ça qu’elle se r’trouve d’vant toi, là, maint’nant.
t’préfères t’dire qu’elle a manigancé tout ça exprès pour t’bouffer les lèvres,
mais t’pas d’humeur à jouer alors si elle a qu’égaré ses clefs – comme elle l’prétend – ça lui embêt’ra probablement pas qu’de les chercher.
– t’les as vu où pour la dernière fois? on va les r’trouver.
parce que ça s’rait dommage qu’elle soit coincé ici, chez toi, toute la nuit, pas vrai?
trousseau d’clefs qu’t’empoignes avant d’ouvrir à nouveau la porte pour l’inviter à sortir, oubliant presque qu’ton frangin roupille.
ça devrait aller, t’as verrouillé la porte d’sa chambre juste avant qu’mila débarque pour avoir un peu d’intimité alors il pourra pas aller bien loin.

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@lyes skadden

des tas de portes, toutes se ressemblent mais les petits doigts de mila n’avaient envie de se poser que sur une. la sienne. c’était la bonne excuse, le bon moment pour se plier à ses fantasmes interdits. malsains. mila qui s’imagine milles et unes choses, qui se demande si le goût de sa bouche est la même que la sienne. si sa façon de toucher lui ressemble, ou encore est-ce qu’un jour il pourrait la regarder pareil. est-ce qu’elle pourrait y lire toutes ces choses qu’on a pas le droit de dire, qui sont pourtant trop belles mais qui restent muettes dans un regard. est-ce qu’au delà de son physique, les similitudes persistent ou est-ce alors qu’un sombre mirage qui ne parle pas. qui n’est beau qu’à contempler, de loin. et mila elle a cette envie de savoir qui la ronge, ce désir permanent de flirter avec le danger.

- t’as même trouvé une excuse bidon et tout pour cogner à ma porte ? c’mignon. au milieu de son hall, mila le toise en arquant un sourcil. il avait peut-être tout vrai, à moitié du moins mais elle ne crachera jamais le morceau. ne balafrera jamais l’ego. - tu crois sincèrement que j’ai envie de toi à ce point ? elle laisse résonner un léger rire dans la pièce, silencieuse. beaucoup trop même, avant de reprendre son sérieux. elle allonge le bras, le sac qui pend enroulé dans le creux de sa main. - fouille. qu’elle balance avec nonchalance, haussant les épaules avant de s’avancer encore un peu. mila joueuse, n’est pas de celle qui s’arrête trop vite. non, elle pousse le bouchon encore un peu, la sérénade jusqu’à bousiller les neurones encore vivants de son adversaire. alors elle retire sa veste, s’approche encore plus. - fouille partout. qu’elle ordonne, l’assurance puant à plein nez quand elle sait qu’il ne trouvera rien. que la bonne excuse est enfermée dans un bar à quelques kilomètres d’ici, qu’il pourrait chercher pendant des heures et que la seule chose qu’il finirait par trouver.. c’est sa queue en érection. - t’les as vu où la dernière fois ? on va les r’trouver. elle soupire, le laisse s’agiter au milieu du couloir et déjà prêt à la foutre dehors. elle ne bouge pas, elle a pas envie de les retrouver ces putain de clefs, elle veut profiter de ce leurre parfait pour gratter un peu. le découvrir sans avoir à faire ce premier pas, sans avoir à céder réellement. sans qu’il ne le sache. - tu te fatigues, je les ai oubliées au bar et il est fermé à cette heure-ci. elle croise les bras, attendant qu’il daigne revenir en arrière et accepter sa présence. mais le venin lui brûle la langue, comme à chaque fois. comme toujours. - t’es puceau ? qu’elle glisse le rictus au coin des lèvres. - bon parce que on dirait que tu flippes de passer la nuit avec moi.

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@mila sanchez

pique lancée alors qu’elle t’dévisage, sourcil arqué. impossible d’déceler si y a bel et bien une part d’vérité dans l’expression d’mila et, ça…
ça t’agace.
– tu crois sincèrement que j’ai envie de toi à ce point ?
elle s’met à rire alors qu’t’avales d’travers, l’visage fermé, les bras qui longent ton corps.
en temps normal, t’aurais balancé une remarque déplacé, rien qu’pour pousser ton arrogance à son apogée, mais, au lieu d’ça, t’restes muet.
tes iris qui s’détachent pas des siens lorsqu’elle r’prend son sérieux et qu’elle déploie une d’ses ailes dans ta direction.
t’prends même pas la peine d’analyser c’qu’elle t’tend, trop occupé à tenter d’la sonder d’un simple batt’ment d’cil.
– fouille.
elle s’avance.
t’bouges pas.
y a qu’tes doigts qui tâtent l’objet qu’elle t’ordonne d’passer au peigne fin avant d’le poser à tes pieds, ton r’gard toujours scotché sur elle.
p’is t’es satisfait d’pas avoir succombé à ta curiosité malsaine lorsqu’elle s’débarrasse d’sa veste, ayant rien raté du spectacle qu’elle t’offre.
d’mi sourire qu’étire légèrement tes lippes lorsqu’elle avale davantage la distance qui sépare vos deux carcasses.
elle osera pas.
– fouille partout.
si, elle a osé.
c’t’une invitation à palper ses courbes, ça ou t’rêves?
tes yeux qui tombent une s’conde sur son décolleté plongeant, ouverture provocante qui t’donne un pas pire aperçu d’sa chair satiné.
s’rais-tu en train d’perdre à ton propre jeu, skadden?
hors.
de.
question.
t’fais mine d’soupirer pour maquiller ton envie flagrante d’lui obéir, elle qui r’vendique une fouille approfondie pour détruire tes allusions concernant la véritable raison d’sa présence ici.
chez toi.
sur tes terres.
son parfum qui s’imprègne dans toutes les étoffes d’ta piaule et, ça, t’apprécies pas des masses.
t’vas pas pisser dans tous les recoins d’son putain d’appart’ pour marquer ton territoire, toi.
connasse, va!
masque d’indifférence qu’t’agrafes à ton visage alors qu’tu réfléchis à une échappatoire, r’fusant d’être à sa merci, un vulgaire jouet parmi tant d’autres.
parce qu’tu refuses qu’on t’vois comme ça, qu’on t’utilise uniquement pour passer l’temps, chasser l’ennuie pour, ensuite, qu’on s’débarrasse d’toi.
pour un plus beau.
un plus grand.
un plus fort.
non, t’es pas l’genre d’type qu’on néglige.
t’es c’lui qu’on réclame encore et toujours. c’lui qu’on s’lasse pas. parce que t’es comme une drogue, skadden.
nocif et euphorisant.
on t’veut pas pour c’que t’peux faire, on t’veut pour c’que t’es incapable d’faire.
d’aimer.
démonstrations affectives dont on t’a privé, oppression sentimentale dont t’arrives pas à t’détacher.
c’pas plus mal.
ça fait juste d’toi un beau salopard qu’on aime baiser, mais dont on tombe jamais amoureux.
ça t’évite les ennuies.
ça t’évite d’devoir faire des efforts conséquents pour assoupir les envies d’une autre personne qu’toi-même.
ça t’évite d’tomber, toi aussi.
t’empoignes tes clefs pour l’inviter à sortir, elle et son insolence qui t’fait froncer les sourcils, grognement sourd qui menace d’s’extirper d’ton gosier.
– tu te fatigues, je les ai oubliées au bar et il est fermé à cette heure-ci.
mauvais, t’fais volte-face pour la toiser.
elle qui croise ses bras contre sa poitrine qui s’gonfle.
toi qui serre les dents, la mâchoire qui s’crispe machinalement.
ça va plus.
ça va pas du tout.
t’es coincé.
prisonnier d’sa toile qu’elle a finement tissé.
– t’es puceau ?
t’hausses un sourcil, ret’nant un rire amer.
elle est pas sérieuse… si?
t’la fusilles du r’gard, hésitant à l’harponner par la tignasse pour l’expulser violemment en dehors d’chez toi.
ou pour lui prouver qu’t’es loin d’être puceau.
au lieu d’ça, y a un d’mi sourire qu’étire tes lippes avant qu’t’y plantes tes crocs pour calmer la flopée d’pensées vagabondes qui s’immisce dans ton esprit scabreux.
– bon parce que on dirait que tu flippes de passer la nuit avec moi.
oui et non.
l’seul truc qui t’fait flipper, c’est qu’ton frangin finisse par s’réveiller.
pour c’qu’est du reste, disons qu’c’est plutôt d’l’agacement que d’la peur, pour être franc.
parce que t’aimes pas quand c’trop facile.
et, là… elle t’donne bien l’impression qu’t’aurais qu’à claquer des doigts pour qu’elle s’foute à poil et qu’elle écarte ses jambes.
des putes, y en a à tous les coins d’rues si t’avais uniquement envie d’te mettre.
toi, skadden, t’veux jouer.
jouer jusqu’à c’que vos corps s’enflamment.
jouer jusqu’à c’qu’un violent brasier crépite dans ton bas ventre.
jouer jusqu’à c’qu’elle d’vienne qu’un vulgaire tas d’cendre sans grande importance.
tu t’mets à rire.
elle qu’est bien loin d’la vérité.
même pas qu’elle l’effleure.
– p’t’être bien qu’je suis encore puceau.
t’rétorques en haussant les épaules.
porte qu’tu r’fermes enfin derrière toi, clefs qu’tu balances sur l’canapé alors qu’tu t’approches d’mila.
sourire arrogant qui fend l’air lorsqu’tu parviens à sa hauteur et qu’tu t’stoppes brusquement, tes opales qui détaillent son épiderme avec une attention particulière.
– qu’est-ce qu’ça chang’rait, qu’je l’sois ou pas? c’pas ça qui t’empêch’rait d’mouiller ta p’tite culotte.
murmure indécent qui tranche l’silence alors qu’la pulpe d’tes doigts frôle l’épaule dénué d’la brune.
sa peau est douce sous la tienne qui s’effrite, abîmé par tes coups d’poings fougueux et tes querelles nocturnes.
menton qu’tu soulèves brièv’ment pour la défier du r’gard alors qu’a tes iris bien ancrés dans les siens.
proximité bien trop dangereuse pour deux corps en désaccord.